N« 26.
DIMANCHE 27 JUIN.
1869.
ABONNEMENTS.
Paris.» . Un an : 1 5 fr.
—.Six mois : 8 fr.
Départements .... Un an : 18 fr.
— .... Six mois : 10 fr.
Un numéro : 20 cent.
Pour l’étranger, le port en sus.
Rédaction, 55, rue Vivienne.
Comptes rendus et annonces des ventes
publiques de tableaux, dessins, estampes,
bronzes, ivoires, médailles, livres rares,
autographes, émaux, porcelaines, armes,
objets de curiosité, etc.
Revue des Arts industriels.
DE LA
PUBLICITÉ DONNÉE AUX ACQUISITIONS
DU'MINISTÈRE DES BEAUX-ARTS.
Une mesure excellente serait d’ouvrir,
après la fermeture du Salon, une expo-
sition des œuvres achetées par l’État pour
les musées de Paris et de la province.
Les artistes y trouveraient une récom-
pense ou un encouragement bien supé-
rieurs aux médailles, l’administration y
puiserait la force nécessaire pour résis-
ter à des influences qui souvent déter-
minent des acquisitions insignifiantes ou
ridicules, et par suite l’art y gagnerait
considérablement. Mais le ministère des
Beaux-Arts n’aime pas à fonctionner au
grand jour; lié trop intimement au mi-
nistère de la maison de l’Empereur, il se
croit partie intégrante de l’administra-
tion privée de la couronne, responsable
de sb. gestion vis-à-vis du chef de l’État
seulement, et, volontiers, il requerrait
contre les journaux l’application de la loi
Guilloutet. C est là une erreur profonde,
vestige de 1 ancien temps, qui se modi-
fiera certainement parla discussion.
Alors que la fortune des nations était
concentrée en quelques mains puissantes,
on a pu s’imaginer que la peinture et la
sculpture étaient de simples arts d’agré-
ment ou de faste, susceptibles seulement
de se développer au milieu des cours
dont ils relevaient l’éclat. Lorsque les ex-
positions se faisaient encore au Louvre et
aux frais de la liste civile, lorsque Louis-
Philippe prélevait annuellement, sur sa
cassette particulière, près de deux mil-
lions pour commander des œuvres desti-
nées à nos musées ou monuments publics,
on a pu continuer à penser que la nation
n’avait rien ou presque rien à voir dans
l’administration des choses d’art. Mais il
n’en est plus ainsi, et, sur ce point,
comme sur bien d’autres, lesidées de tous
se sont fort modifiées. Instruits par les
expositions universelles, nous savons au-
jourd’hui que la prospérité de la plupart
de nos grandes industries dépend beau-
coup des artistes qui, par leur goût,
exercent une action prépondérante sur
nos fabriques de bronze, de céramique,
de meubles, de papiers peints, d'étoffes.
CHRONIQUE
DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
GUIDE SPÉCIAL DES ARTISTES ET DES AMATEURS
JOURNAL POLITIQUE PARAISSANT Le'DIMANCHE
ABONNEMENTS.
Pour l’étranger, le porc en sus,
. ' i.
Administration, 55, rue Vivienne.
Correspondances étrangères. — Nouvelles
des galeries publiques, des ateliers. —
Bibliographie des livres, articles de revues
et estampes, publiés en France et à
f
l’Etranger.
Expositions de Province et de l’Ètianger.
de verreries, d’orfèvrerie... 11 n’est donc
plus permis, au xixe siècle, de regarder
les arts comme uniquement propres
à charmer les loisirs des grands et
à augmenter la splendeur du trône ; il
faut les prendre pour ce qu’ils sont : un
des éléments les plus puissants de la ri-
chesse nationale. A ce titre, ils relèvent
directement de l’État, chargé de veiller
à tous les grands intérêts du pays ; et de
fait, c’est l’État et le public qui, de nos
jours, en sont les seuls véritables sou-
tiens. Les expositions annuelles ne se font
plus dans la résidence impériale du
Louvre, ni aux frais de la liste civile ;
elles se tiennent dans le monument natio-
nal du palais des Champs-Élysées, et la
Chambre voté tous les ans les fonds né-
cessaires à leur installation. En dépit des
étiquettes placées sous les tableaux don-
nés aux musées et aux églises, les acqui-
sitions faites à la suite des Salons ne sont
point dues à la munificence personnelle
de l’Empereur, mais aux crédits alloués
par la Chambre. L’administration des
Beaux-Arts est donc une institution essen-
tiellement nationale, soumise aux investi-
gations de tous, responsable de la direc-
tion qu’elle imprime au goût par ses
commandes ou ses acquisitions, et devant
compte au public de l’emploi des fonds
que les contribuables lui fournissent.
La réunion' du ministère des Beaux-
Arts au ministère de la Maison de l’Em-
pereur, les titres et places de surintendant,
de directeur des musées impériaux, de
chambellan, de conseiller de la Maison
impériale, prodigués au fonctionnaire
chargé d’organiser les Salons et d’y
faire des achats au nom de l’État, ne
peuvent en rien modifier le caractère
essentiellement public de l’administration
des Beaux-Arts.
Cette situation mixte, difficile, loin de
soustraire cette direction au contrôle de
tous, lui fait un devoir, une nécessité
d’agir avec une prudence extrême, de
rechercher la plus grande publicité pos-
sible pour les achats, afin d’éviter
les soupçons de favoritisme, et afin de
détruire la croyance à des pressions
personnelles, particulières, agissant au
détriment de l’intérêt général. Eu tenant
une conduite différente, en redoublant de
vigilance, pour enlever au public la con-
naissance de ses acquisitions, le ministère
des Beaux-Arts se trompe sur ses devoirs
et sur l’esprit du jour. L’opinion n’admet
plus les mystères ni les ténèbres épaisses;
elle veut connaître, juger les opérations
de ses mandataires et reprendre une part
légitime d’influence dans toutes les ques-
tions qui l’intéressent. Si T administration
des Beaux-Arts veut aller contre ce cou-
rant des idées, elle trouvera les résistances
invincibles du sentiment national ; si elle
ne songe pas à prévenir les demandes de
réformes devenues nécessaires, si elle
se refuse à écouter les avis salutaires,
il lui faudra plier sous la volonté puis-
sante d’une Chambre indépendante.
Émile Galichon.
VENTE
D’UN TABLEAU D’EUGÈNE DEL AG BOI X.
NÉCESSITÉ DE DRESSER UN INVENTAIRE
DES OEUVRES D’ART DE TOUTE I.A PRANCE.
La vente d’un tableau d’Eugène Delacroix
par la fabrique d’une église de Nantua est
un fait assez grave pour que nous y reve-
nions avec quelques détails et pour que nous
en déduisions les conséquences obligées.
Cette toile capitale, représentant le martyre
de saint Sébastien, avait été donnée à l’église
sous le gouvernement de 1830, par l’entre-
mise de la famille Girod (de l’Ain). Deux
raisons paraissent en avoir motivé la vente :
l’humidité de la chapelle qui lui était nui-
sible, et l’embarras financier de la fabrique.
Au premier mal il eût été facile de porter
remède en changeant la toile de place; mais
les fabriciens jugèrent qu’il valait mieux
procéder à la guérison par une vente qui
du même coup mettrait tin à la question
d’argent.
On s’adressa tout d’abord au ministère
des Beaux-Arts, et, sur son refus, on offrit le
tableau à un marchand de Paris qui le paya
21,000 francs, et donna en outre une grande
toile représentant saint Miche', patron de la
ville. Cette vente souleva de justes réclama-
tions de la part des amateurs nantuatiens, et
une pétition fut adressée au conseil munici-
pal, qui la prit en considération, à la majo-
mma une commis-
la réintégration dp
Ce fait ne présente pas seulement la situa-
tion piquante d’un donataire offrant au do-
nateur de lui restituer son présent moyen-
nant finance, il soulève encore des ques-
tions de principe curieuses à examiner.
Une fabrique peut-elle disposer d’une œuvre
d’art donnée par l’État sans être soumise
au vélo de la municipalité lésée ? En se
dessaisissant d’un morceau précieux, concédé
dans un but déterminé, le donataire n’en-
court-il pas la révocation du don pour
cause d’inexécution des conditions sous les-
quelles il a été fait? Tels sont les points de
droit qu’il serait intéressant de soumettre à
la décision d’un tribunal.
Mais, quel que soit l’arrêt que provoque-
rait un semblable litige, le fait seul de la
vente, après tant d’autres que nous pour-
rions citer, crée pour l’avenir à l’adminis-
tration des Beaux-Arts et aux sociétés sa-
vantes le devoir impérieux d’empêcher le
retour de semblables abus. En donnant une
œuvre d’art, l’administration devra doréna-
vant imposer par écrit l’interdiction formelle
de l’aliéner et l’obligation nécessaire de la
placer dans des conditions favorables à sa
■ conservation. La transgression de l’un ou de
l’autre de ces deux points entraînerait de
droit la révocation du don.
Aux Sociétés d’archéologie incombe la
charge de surveiller. Cet exemple leur ap-
prend une fois de plus que leur sollicitude
ne doit pas s’étendre uniquement aux édi-
fices, mais encore aux objets mobiliers qu’ils
renferment. Toutes les fois que la conser-
vation d’un morceau précieux se trouve me-
nacée, leur devoir est d’avertir immédiate-
ment la presse. Mais il ne faut pas seulement
arrêter le mal, il faut surtout le prévenir, et
lé meilleur moyen pour arriver à ce but
serait de dresser un inventaire général des
objets d’art placés dans les monuments pu-
blics de toute la France. Ce travail considé-
rable est loin d’être inexécutable ; fractionné
par départements, par communes, il est
même d’une exécution facile. Il n’y a point
de ville où l’on ne puisse trouver un archi-
viste, un bibliothécaire ou des amateurs ca-
pables de donner des renseignements sur
leur localité; il n’y a point de département
qui ne compte une ou plusieurs sociétés
savantes, et il existe heureusement une re-
vue : la Gazette des Beaux-Arts, pour servir
de lien commun, tenir au courant de tous
les efforts et se charger de la publication de
l’inventaire. Que des sociétés savantes, que
des amateurs veuillent bien nous faire par-
venir leur adhésion à cette idée, et nous
trouverons aisément les moyens pratiques
pwr commencer et mener h bien un travail
sion atm. <10 p
DIMANCHE 27 JUIN.
1869.
ABONNEMENTS.
Paris.» . Un an : 1 5 fr.
—.Six mois : 8 fr.
Départements .... Un an : 18 fr.
— .... Six mois : 10 fr.
Un numéro : 20 cent.
Pour l’étranger, le port en sus.
Rédaction, 55, rue Vivienne.
Comptes rendus et annonces des ventes
publiques de tableaux, dessins, estampes,
bronzes, ivoires, médailles, livres rares,
autographes, émaux, porcelaines, armes,
objets de curiosité, etc.
Revue des Arts industriels.
DE LA
PUBLICITÉ DONNÉE AUX ACQUISITIONS
DU'MINISTÈRE DES BEAUX-ARTS.
Une mesure excellente serait d’ouvrir,
après la fermeture du Salon, une expo-
sition des œuvres achetées par l’État pour
les musées de Paris et de la province.
Les artistes y trouveraient une récom-
pense ou un encouragement bien supé-
rieurs aux médailles, l’administration y
puiserait la force nécessaire pour résis-
ter à des influences qui souvent déter-
minent des acquisitions insignifiantes ou
ridicules, et par suite l’art y gagnerait
considérablement. Mais le ministère des
Beaux-Arts n’aime pas à fonctionner au
grand jour; lié trop intimement au mi-
nistère de la maison de l’Empereur, il se
croit partie intégrante de l’administra-
tion privée de la couronne, responsable
de sb. gestion vis-à-vis du chef de l’État
seulement, et, volontiers, il requerrait
contre les journaux l’application de la loi
Guilloutet. C est là une erreur profonde,
vestige de 1 ancien temps, qui se modi-
fiera certainement parla discussion.
Alors que la fortune des nations était
concentrée en quelques mains puissantes,
on a pu s’imaginer que la peinture et la
sculpture étaient de simples arts d’agré-
ment ou de faste, susceptibles seulement
de se développer au milieu des cours
dont ils relevaient l’éclat. Lorsque les ex-
positions se faisaient encore au Louvre et
aux frais de la liste civile, lorsque Louis-
Philippe prélevait annuellement, sur sa
cassette particulière, près de deux mil-
lions pour commander des œuvres desti-
nées à nos musées ou monuments publics,
on a pu continuer à penser que la nation
n’avait rien ou presque rien à voir dans
l’administration des choses d’art. Mais il
n’en est plus ainsi, et, sur ce point,
comme sur bien d’autres, lesidées de tous
se sont fort modifiées. Instruits par les
expositions universelles, nous savons au-
jourd’hui que la prospérité de la plupart
de nos grandes industries dépend beau-
coup des artistes qui, par leur goût,
exercent une action prépondérante sur
nos fabriques de bronze, de céramique,
de meubles, de papiers peints, d'étoffes.
CHRONIQUE
DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
GUIDE SPÉCIAL DES ARTISTES ET DES AMATEURS
JOURNAL POLITIQUE PARAISSANT Le'DIMANCHE
ABONNEMENTS.
Pour l’étranger, le porc en sus,
. ' i.
Administration, 55, rue Vivienne.
Correspondances étrangères. — Nouvelles
des galeries publiques, des ateliers. —
Bibliographie des livres, articles de revues
et estampes, publiés en France et à
f
l’Etranger.
Expositions de Province et de l’Ètianger.
de verreries, d’orfèvrerie... 11 n’est donc
plus permis, au xixe siècle, de regarder
les arts comme uniquement propres
à charmer les loisirs des grands et
à augmenter la splendeur du trône ; il
faut les prendre pour ce qu’ils sont : un
des éléments les plus puissants de la ri-
chesse nationale. A ce titre, ils relèvent
directement de l’État, chargé de veiller
à tous les grands intérêts du pays ; et de
fait, c’est l’État et le public qui, de nos
jours, en sont les seuls véritables sou-
tiens. Les expositions annuelles ne se font
plus dans la résidence impériale du
Louvre, ni aux frais de la liste civile ;
elles se tiennent dans le monument natio-
nal du palais des Champs-Élysées, et la
Chambre voté tous les ans les fonds né-
cessaires à leur installation. En dépit des
étiquettes placées sous les tableaux don-
nés aux musées et aux églises, les acqui-
sitions faites à la suite des Salons ne sont
point dues à la munificence personnelle
de l’Empereur, mais aux crédits alloués
par la Chambre. L’administration des
Beaux-Arts est donc une institution essen-
tiellement nationale, soumise aux investi-
gations de tous, responsable de la direc-
tion qu’elle imprime au goût par ses
commandes ou ses acquisitions, et devant
compte au public de l’emploi des fonds
que les contribuables lui fournissent.
La réunion' du ministère des Beaux-
Arts au ministère de la Maison de l’Em-
pereur, les titres et places de surintendant,
de directeur des musées impériaux, de
chambellan, de conseiller de la Maison
impériale, prodigués au fonctionnaire
chargé d’organiser les Salons et d’y
faire des achats au nom de l’État, ne
peuvent en rien modifier le caractère
essentiellement public de l’administration
des Beaux-Arts.
Cette situation mixte, difficile, loin de
soustraire cette direction au contrôle de
tous, lui fait un devoir, une nécessité
d’agir avec une prudence extrême, de
rechercher la plus grande publicité pos-
sible pour les achats, afin d’éviter
les soupçons de favoritisme, et afin de
détruire la croyance à des pressions
personnelles, particulières, agissant au
détriment de l’intérêt général. Eu tenant
une conduite différente, en redoublant de
vigilance, pour enlever au public la con-
naissance de ses acquisitions, le ministère
des Beaux-Arts se trompe sur ses devoirs
et sur l’esprit du jour. L’opinion n’admet
plus les mystères ni les ténèbres épaisses;
elle veut connaître, juger les opérations
de ses mandataires et reprendre une part
légitime d’influence dans toutes les ques-
tions qui l’intéressent. Si T administration
des Beaux-Arts veut aller contre ce cou-
rant des idées, elle trouvera les résistances
invincibles du sentiment national ; si elle
ne songe pas à prévenir les demandes de
réformes devenues nécessaires, si elle
se refuse à écouter les avis salutaires,
il lui faudra plier sous la volonté puis-
sante d’une Chambre indépendante.
Émile Galichon.
VENTE
D’UN TABLEAU D’EUGÈNE DEL AG BOI X.
NÉCESSITÉ DE DRESSER UN INVENTAIRE
DES OEUVRES D’ART DE TOUTE I.A PRANCE.
La vente d’un tableau d’Eugène Delacroix
par la fabrique d’une église de Nantua est
un fait assez grave pour que nous y reve-
nions avec quelques détails et pour que nous
en déduisions les conséquences obligées.
Cette toile capitale, représentant le martyre
de saint Sébastien, avait été donnée à l’église
sous le gouvernement de 1830, par l’entre-
mise de la famille Girod (de l’Ain). Deux
raisons paraissent en avoir motivé la vente :
l’humidité de la chapelle qui lui était nui-
sible, et l’embarras financier de la fabrique.
Au premier mal il eût été facile de porter
remède en changeant la toile de place; mais
les fabriciens jugèrent qu’il valait mieux
procéder à la guérison par une vente qui
du même coup mettrait tin à la question
d’argent.
On s’adressa tout d’abord au ministère
des Beaux-Arts, et, sur son refus, on offrit le
tableau à un marchand de Paris qui le paya
21,000 francs, et donna en outre une grande
toile représentant saint Miche', patron de la
ville. Cette vente souleva de justes réclama-
tions de la part des amateurs nantuatiens, et
une pétition fut adressée au conseil munici-
pal, qui la prit en considération, à la majo-
mma une commis-
la réintégration dp
Ce fait ne présente pas seulement la situa-
tion piquante d’un donataire offrant au do-
nateur de lui restituer son présent moyen-
nant finance, il soulève encore des ques-
tions de principe curieuses à examiner.
Une fabrique peut-elle disposer d’une œuvre
d’art donnée par l’État sans être soumise
au vélo de la municipalité lésée ? En se
dessaisissant d’un morceau précieux, concédé
dans un but déterminé, le donataire n’en-
court-il pas la révocation du don pour
cause d’inexécution des conditions sous les-
quelles il a été fait? Tels sont les points de
droit qu’il serait intéressant de soumettre à
la décision d’un tribunal.
Mais, quel que soit l’arrêt que provoque-
rait un semblable litige, le fait seul de la
vente, après tant d’autres que nous pour-
rions citer, crée pour l’avenir à l’adminis-
tration des Beaux-Arts et aux sociétés sa-
vantes le devoir impérieux d’empêcher le
retour de semblables abus. En donnant une
œuvre d’art, l’administration devra doréna-
vant imposer par écrit l’interdiction formelle
de l’aliéner et l’obligation nécessaire de la
placer dans des conditions favorables à sa
■ conservation. La transgression de l’un ou de
l’autre de ces deux points entraînerait de
droit la révocation du don.
Aux Sociétés d’archéologie incombe la
charge de surveiller. Cet exemple leur ap-
prend une fois de plus que leur sollicitude
ne doit pas s’étendre uniquement aux édi-
fices, mais encore aux objets mobiliers qu’ils
renferment. Toutes les fois que la conser-
vation d’un morceau précieux se trouve me-
nacée, leur devoir est d’avertir immédiate-
ment la presse. Mais il ne faut pas seulement
arrêter le mal, il faut surtout le prévenir, et
lé meilleur moyen pour arriver à ce but
serait de dresser un inventaire général des
objets d’art placés dans les monuments pu-
blics de toute la France. Ce travail considé-
rable est loin d’être inexécutable ; fractionné
par départements, par communes, il est
même d’une exécution facile. Il n’y a point
de ville où l’on ne puisse trouver un archi-
viste, un bibliothécaire ou des amateurs ca-
pables de donner des renseignements sur
leur localité; il n’y a point de département
qui ne compte une ou plusieurs sociétés
savantes, et il existe heureusement une re-
vue : la Gazette des Beaux-Arts, pour servir
de lien commun, tenir au courant de tous
les efforts et se charger de la publication de
l’inventaire. Que des sociétés savantes, que
des amateurs veuillent bien nous faire par-
venir leur adhésion à cette idée, et nous
trouverons aisément les moyens pratiques
pwr commencer et mener h bien un travail
sion atm. <10 p