N» 22.
DIMANCHE 30 MAL
1869.
Comptes rendus et annonces des ventes
publiques de tableaux, dessins, estampes,
bronzes, ivoires, médailles, livres rares,
autographes, émaux, porcelaines, armes,
objets de curiosité, etc.
Revue des Arts industriels.
CHRONIQUE
DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
. GUIDE 'SPÉCIAL DES ARTISTES ET DES AMATEURS
ABONNEMENTS.
Paris.Un an : 15 fr.
—.Six mqis : 8 fr.
Départements .... Un an : 18 fr.
— .... Six mois : 10 fr.
Un numéro : 20 cent.
Pour l’étranger, le port en sus.
Rédaction, 55, rue Vivienne.
ABONNEMENTS.
Paris. ....... Un an : 15 fr
—.Six mois : 8 fr
Départements . . . . Un an : 18 fr.
— .... Six mois : 10
Un numéro : 20 cent.
Pour l’étranger , le port en sus.
Administration, 55, rue Vivienne.
Correspondances étrangères. — Nouvelles
des galeries publiques, des ateliers. —
Bibliographie des livres, articles de revues
et estampes, publiés en France et à
l’Étranger.
Expositions de Province et de PEt: anger.
JOURNAL POLITIQUE PARAISSANT LE DIMANCHE
LES MEDAILLES ET LES DÉCORATIONS
Au moment où paraîtront ces lignes,
le Salon de 1869 sera fermé pour quel-
ques jours. Lorsqu’il s’ouvrira de nou-
veau, des remaniements considérables
auront fait droit aux plus pressantes récla-
mations des artistes. Quelques tableaux
auront descendu jusqu’à la cimaise ;
d’autres auront obtenu des voisins moins
tapageurs ou moins glacials. Malheu-
reusement, le travail du jury des récom-
penses — qui devrait surtout être un
jury de classement — sera terminé, et
les désavantages que donne un mauvais
jour ou un déplorable entourage auront
pesé de tout leur poids dans la distribu-
tion des médailles.
N’est-ce pas l’occasion de se demander
quelle est la valeur, quelle est l’utilité de
ces médailles, ou, pour parler plus franc,
quels n’en sont pas les inconvénients.
Pour notre part, nous pensons que
l’école en général, et les artistes en par-
ticulier n’en retirent aucun avantage.
Quoiqu’elles affectent les apparences du
libéralisme, elles ne tendent, en réalité,
qu’à constituer une sorte de groupe aris-
tocratique qui, ne possédant aucun pri-
vilège spécial, s’accroîtra sans profit, et
nécessitera un jour un nouvel ordre de
récompenses.
L’avantage réel de ces médailles est
de gratifier de ZiOO francs un jeune artiste
qui débute. La valeur honorifique en est
faible. Isolément elles ne comptent guère,
et lorsqu’elles ont été obtenues trois fois,
elles rejettent l’artiste dans un purga-
toire d’un caractère fort singulier : l’ar-
tiste, exposa-t-il vingt chefs-d’œuvre, ne
peut plus concourir pour la médaille ; il
mûrit pour la décoration. Naturellement
c’est l’administration qui se réserve de
déterminer le moment précis de cette
maturité. Il y a dans la vie des pêches et
des poires une période analogue, celle
où le fruit doit tomber de lui-même dans
la main du jardinier.
Donc, pour des médailles « d’une seule
espèce » ainsi que le dit le règlement
dans un français un peu négligé, le jury
aura trois variétés de mérites à apprécier :
pour la première médaille, il doit se
montrer purement « paternel, » laisser
venir à lui les petits artistes et leur don-
ner cette médaille comme un grand papa
distribue des croquignoles ; pour la se-
conde médaille, il doit se montrer «jus-
te, » chercher si l’artiste est en progrès
sur lui-même, et faire intervenir dans
son jugement le souvenir des œuvres an-
térieures; pour la médaille accordée une
troisième fois, il faut que ce même jury
soit « sévère, mais juste, » comme les
chefs d’institution dans la distribution
des prix : il ne doit pas oublier qu’il
« couronne » la carrière d’un artiste, et
par son jugement, le désigne à l’attention
du pouvoir. On voit au prix de quelles
difficultés fonctionne un engrenage en
apparence très-simple !
Dans la pratique, ces médailles of-
frent de grands inconvénients, sur-
tout, elles asservissent les caractères;
car, si ce n’est pas un grand avantage
d’avoir une médaille, il arrive un moment
où c’est presque un affront personnel de
ne la point avoir. Or, l’homme qui pour-
suit en silence son but, qui ne sollicite
ni ses professeurs, ni ses parents, — on a
vu dans les jurys des parents terribles !
— ni ses amis, ni les amis de ses amis,
cet homme est certain qu’il sera oublié
au dépouillement d’un scrutin, dont les
listes ne s’établissent et ne s’unifient
qu’à la suite de concessions réciproques.
Au lieu de tendre à fondre trois unités
en une trinité à laquelle le public n’en-
tend goutte, et de laisser à un jury sans
tradition, puisqu’il se renouvelle annuel-
lement par le suffrage universel, le soin
de classer les mérites de ses pairs, l’ad-
ministration ferait sagement, pensons-
nous, en supprimant un ordre de récom-
pense, dont l’intérêt diminue d’années
en années. Les artistes ne font pas
d’efforts, avant le salon, en vue de cette
distinction; après le salon, leur œuvre
n’en vaut pas cent francs de plus. Tout
se borne donc à faire jouer les influences
dont on peut disposer et encore le jeu
n’est-il point égal pour les artistes de la
province et de l’étranger.
Qu’on les remplace en accordant au
jury le droit.de choisir et de désigner les
quelques œuvres exceptionnelles en tous
les genres qu’il juge dignes de devoir
être acquises par l’Etat. "Enfin, comme
la question ainsi limitée à un encoura-
gement payé, aurait quelque chose d’un
peu trop pratique, que l’administration
autorise aussi le jury à dresser, à la fin
de ses opérations, une liste des exposants
les plus dignes de la décoration. Gela ne
lierait point les mains du pouvoir, qui a
toujours son droit de veto et qui, en de-
hors des salons, peut déporer les artistes
pour des travaux décoratifs ouministériels,
mais cela donnerait au corps des artistes,
de la gravité, et les amènerait à traiter
un jour leurs affaires eux-mêmes.
Pu. Burty.
EXPOSITION
ARTISTIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE DE CHARTRES,
EN 1869.
A une époque où la décentralisation est à
l'ordre du jour, où l’on encourage par tous
les moyens possibles les efforts de l’initiative
individuelle, il n’est pas sans intérêt d’étu-
dier les expositions de province, qui en sont
une éclatante manifestation. Jamais il n’en
a été fait autant que depuis quelques années,
et, en ce moment, bon nombre de villes con-
voquent leurs habitants à ces fêtes de l’in-
telligence. Chartres qui, en 1858, avait été
une des premières à organiser une exposi-
tion artistique et archéologique, n’a pas
voulu rester en arrière d’un mouvement
si heureux pour l’éducation du goût. Sur
la puissante initiative de la Société archéolo-
gique d’Eure-et-Loir, elle offre à ses visi-
teurs, outre les produits des temps anciens
et de l’art moderne, ceux de l’industrie lo-
cale ; exposition universelle au petit pied,
bien pâle après la grande manifestation pari-
sienne de 1867, mais offrant cependant à
l’artiste et à l’archéologue un intérêt réel,
que plus d’un déjà s’est applaudi d’avoir
étudié, et qui prend surtout sa source dans
ce fait saillant que c’est vraiment le résumé
artistique du pays. En effet, le département
ne comptant que très-peu de collection-
neurs, ce sont les richesses de tous qui sont
en ce moment réunies, chacun tenant à hon-
neur d’apporter sa pierre au monument.
Quatre cabinets seulement sont présents,
ceux de MM. Marcille et à’ve pour la pein-
ture, du major Filz et de M. Tellod pour la
curiosité, auxquels ont bien voulu se joindre
quelques amateurs de Paris, MM. Marcotte,
Féral de Cussac, Rohault de Fleury et Le-
maître,
Telle qu’elle est, cette exposition est riche.
Indépendamment des écoles d’Italie, d’Es-
pagne, qui sont représentées par des œuvres
signées du Tintoret, Cari Maratte.Ie Sodoma,
Sébastien Ricci, Mantegna, Canaletti,MurilIo,
Zurbaran, de celles d’Allemagne, de Hol-
lande, des Flandres, avec Rubens, Rem-
brandt, Van Dyck, Van Eyck, Van Goyen,
Hobbéma, Bloemard et Van Dael, on y trouve
les maîtres français depuis Clouet jusqu’à
nos jours. Après le Guaspre et Lesueur ap-
paraissent ces artistes charmants du xvme siè-
cle, qui ont si vivement brillé par leur es-
prit tout gaulois, Watteau, Boucher, Greuze,
Fragonard, Nattier, Oudry, Desportes, Char-
din, qui 11e compte pas moins de quatorze
toiles de genre ou de nature morte. Tout a
été dit sur ces maîtres pleins de verve ; citer
l’Écureuse, le Tonnelier, T Antiquaire ou le
Peintre, c’est rappeler à chacun une an-
cienne connaissance, et il ne reste plus qu’à
saluer quatre pastels de La Tour avant de
passer au siècle suivant : H. Vernet, Drouais,
Léopold Robert, Géricault, Prud’hon, repré-
sentés par trente dessins ou peintures, Ma-
rilhat, Brascassat, Trayon, Flandrin, tels sont
les hommes qui accompagnent Ingres, avec
six portraits à la mine de plomb, et l'Oda-
lisque et son esclave, que tout le monde a vu
lors de "son exposition posthume.
L’école moderne est surtout riche en
paysagistes. Les Ruines de Pierrefonds de
M. Corot, les Environs de Fontainebleau de
Paul Huet, les dessins de M. Belle! , puis
MM. Appian, Achard, Aligny, Dupré, Baudit,
Renouville, Nazon, Noël, Harpignies, Légé,
et tant d’autres ont envoyé des scènes pleines
de fraîcheur et de verdure, d’harmonie,
d’impressions diverses de la nature. A côté
d’eux des peintres de genre, MM. Comte,
Compte-Calix, Vetter, Ribot, Dehaussy, Si-
rouy et d’autres encore sont venus animer
de leurs compositions aimables et variées
ces salles bien éclairées, où nulle place n’est
mauvaise pour les tableaux, et dans les-
quelles se donne rendez-vous la population
tout entière. Les sculpteurs aussi ont voulu
contribuer à l’éclat de cette exposition, et
MM. Carpeaux, Frison, Doublemard, Mène,
Fromanger, ont envoyé des reproductions
d’œuvres remarquées aux expositions de
Paris. Que de talents aimés du public et des
amateurs ! Comment louer encore des artistes
que la critique parisienne ne cesse de signa-
ler au goût de tous !
A côté de l’art, marche l’archéologie. D’a-
bord des objets gallo-romains trouvés dans
le pays, statuettes, poteries, etc.; puis des
collections de faïences et porcelaines de
France , d’Italie, d’Allemagne ou d’Orient;
DIMANCHE 30 MAL
1869.
Comptes rendus et annonces des ventes
publiques de tableaux, dessins, estampes,
bronzes, ivoires, médailles, livres rares,
autographes, émaux, porcelaines, armes,
objets de curiosité, etc.
Revue des Arts industriels.
CHRONIQUE
DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
. GUIDE 'SPÉCIAL DES ARTISTES ET DES AMATEURS
ABONNEMENTS.
Paris.Un an : 15 fr.
—.Six mqis : 8 fr.
Départements .... Un an : 18 fr.
— .... Six mois : 10 fr.
Un numéro : 20 cent.
Pour l’étranger, le port en sus.
Rédaction, 55, rue Vivienne.
ABONNEMENTS.
Paris. ....... Un an : 15 fr
—.Six mois : 8 fr
Départements . . . . Un an : 18 fr.
— .... Six mois : 10
Un numéro : 20 cent.
Pour l’étranger , le port en sus.
Administration, 55, rue Vivienne.
Correspondances étrangères. — Nouvelles
des galeries publiques, des ateliers. —
Bibliographie des livres, articles de revues
et estampes, publiés en France et à
l’Étranger.
Expositions de Province et de PEt: anger.
JOURNAL POLITIQUE PARAISSANT LE DIMANCHE
LES MEDAILLES ET LES DÉCORATIONS
Au moment où paraîtront ces lignes,
le Salon de 1869 sera fermé pour quel-
ques jours. Lorsqu’il s’ouvrira de nou-
veau, des remaniements considérables
auront fait droit aux plus pressantes récla-
mations des artistes. Quelques tableaux
auront descendu jusqu’à la cimaise ;
d’autres auront obtenu des voisins moins
tapageurs ou moins glacials. Malheu-
reusement, le travail du jury des récom-
penses — qui devrait surtout être un
jury de classement — sera terminé, et
les désavantages que donne un mauvais
jour ou un déplorable entourage auront
pesé de tout leur poids dans la distribu-
tion des médailles.
N’est-ce pas l’occasion de se demander
quelle est la valeur, quelle est l’utilité de
ces médailles, ou, pour parler plus franc,
quels n’en sont pas les inconvénients.
Pour notre part, nous pensons que
l’école en général, et les artistes en par-
ticulier n’en retirent aucun avantage.
Quoiqu’elles affectent les apparences du
libéralisme, elles ne tendent, en réalité,
qu’à constituer une sorte de groupe aris-
tocratique qui, ne possédant aucun pri-
vilège spécial, s’accroîtra sans profit, et
nécessitera un jour un nouvel ordre de
récompenses.
L’avantage réel de ces médailles est
de gratifier de ZiOO francs un jeune artiste
qui débute. La valeur honorifique en est
faible. Isolément elles ne comptent guère,
et lorsqu’elles ont été obtenues trois fois,
elles rejettent l’artiste dans un purga-
toire d’un caractère fort singulier : l’ar-
tiste, exposa-t-il vingt chefs-d’œuvre, ne
peut plus concourir pour la médaille ; il
mûrit pour la décoration. Naturellement
c’est l’administration qui se réserve de
déterminer le moment précis de cette
maturité. Il y a dans la vie des pêches et
des poires une période analogue, celle
où le fruit doit tomber de lui-même dans
la main du jardinier.
Donc, pour des médailles « d’une seule
espèce » ainsi que le dit le règlement
dans un français un peu négligé, le jury
aura trois variétés de mérites à apprécier :
pour la première médaille, il doit se
montrer purement « paternel, » laisser
venir à lui les petits artistes et leur don-
ner cette médaille comme un grand papa
distribue des croquignoles ; pour la se-
conde médaille, il doit se montrer «jus-
te, » chercher si l’artiste est en progrès
sur lui-même, et faire intervenir dans
son jugement le souvenir des œuvres an-
térieures; pour la médaille accordée une
troisième fois, il faut que ce même jury
soit « sévère, mais juste, » comme les
chefs d’institution dans la distribution
des prix : il ne doit pas oublier qu’il
« couronne » la carrière d’un artiste, et
par son jugement, le désigne à l’attention
du pouvoir. On voit au prix de quelles
difficultés fonctionne un engrenage en
apparence très-simple !
Dans la pratique, ces médailles of-
frent de grands inconvénients, sur-
tout, elles asservissent les caractères;
car, si ce n’est pas un grand avantage
d’avoir une médaille, il arrive un moment
où c’est presque un affront personnel de
ne la point avoir. Or, l’homme qui pour-
suit en silence son but, qui ne sollicite
ni ses professeurs, ni ses parents, — on a
vu dans les jurys des parents terribles !
— ni ses amis, ni les amis de ses amis,
cet homme est certain qu’il sera oublié
au dépouillement d’un scrutin, dont les
listes ne s’établissent et ne s’unifient
qu’à la suite de concessions réciproques.
Au lieu de tendre à fondre trois unités
en une trinité à laquelle le public n’en-
tend goutte, et de laisser à un jury sans
tradition, puisqu’il se renouvelle annuel-
lement par le suffrage universel, le soin
de classer les mérites de ses pairs, l’ad-
ministration ferait sagement, pensons-
nous, en supprimant un ordre de récom-
pense, dont l’intérêt diminue d’années
en années. Les artistes ne font pas
d’efforts, avant le salon, en vue de cette
distinction; après le salon, leur œuvre
n’en vaut pas cent francs de plus. Tout
se borne donc à faire jouer les influences
dont on peut disposer et encore le jeu
n’est-il point égal pour les artistes de la
province et de l’étranger.
Qu’on les remplace en accordant au
jury le droit.de choisir et de désigner les
quelques œuvres exceptionnelles en tous
les genres qu’il juge dignes de devoir
être acquises par l’Etat. "Enfin, comme
la question ainsi limitée à un encoura-
gement payé, aurait quelque chose d’un
peu trop pratique, que l’administration
autorise aussi le jury à dresser, à la fin
de ses opérations, une liste des exposants
les plus dignes de la décoration. Gela ne
lierait point les mains du pouvoir, qui a
toujours son droit de veto et qui, en de-
hors des salons, peut déporer les artistes
pour des travaux décoratifs ouministériels,
mais cela donnerait au corps des artistes,
de la gravité, et les amènerait à traiter
un jour leurs affaires eux-mêmes.
Pu. Burty.
EXPOSITION
ARTISTIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE DE CHARTRES,
EN 1869.
A une époque où la décentralisation est à
l'ordre du jour, où l’on encourage par tous
les moyens possibles les efforts de l’initiative
individuelle, il n’est pas sans intérêt d’étu-
dier les expositions de province, qui en sont
une éclatante manifestation. Jamais il n’en
a été fait autant que depuis quelques années,
et, en ce moment, bon nombre de villes con-
voquent leurs habitants à ces fêtes de l’in-
telligence. Chartres qui, en 1858, avait été
une des premières à organiser une exposi-
tion artistique et archéologique, n’a pas
voulu rester en arrière d’un mouvement
si heureux pour l’éducation du goût. Sur
la puissante initiative de la Société archéolo-
gique d’Eure-et-Loir, elle offre à ses visi-
teurs, outre les produits des temps anciens
et de l’art moderne, ceux de l’industrie lo-
cale ; exposition universelle au petit pied,
bien pâle après la grande manifestation pari-
sienne de 1867, mais offrant cependant à
l’artiste et à l’archéologue un intérêt réel,
que plus d’un déjà s’est applaudi d’avoir
étudié, et qui prend surtout sa source dans
ce fait saillant que c’est vraiment le résumé
artistique du pays. En effet, le département
ne comptant que très-peu de collection-
neurs, ce sont les richesses de tous qui sont
en ce moment réunies, chacun tenant à hon-
neur d’apporter sa pierre au monument.
Quatre cabinets seulement sont présents,
ceux de MM. Marcille et à’ve pour la pein-
ture, du major Filz et de M. Tellod pour la
curiosité, auxquels ont bien voulu se joindre
quelques amateurs de Paris, MM. Marcotte,
Féral de Cussac, Rohault de Fleury et Le-
maître,
Telle qu’elle est, cette exposition est riche.
Indépendamment des écoles d’Italie, d’Es-
pagne, qui sont représentées par des œuvres
signées du Tintoret, Cari Maratte.Ie Sodoma,
Sébastien Ricci, Mantegna, Canaletti,MurilIo,
Zurbaran, de celles d’Allemagne, de Hol-
lande, des Flandres, avec Rubens, Rem-
brandt, Van Dyck, Van Eyck, Van Goyen,
Hobbéma, Bloemard et Van Dael, on y trouve
les maîtres français depuis Clouet jusqu’à
nos jours. Après le Guaspre et Lesueur ap-
paraissent ces artistes charmants du xvme siè-
cle, qui ont si vivement brillé par leur es-
prit tout gaulois, Watteau, Boucher, Greuze,
Fragonard, Nattier, Oudry, Desportes, Char-
din, qui 11e compte pas moins de quatorze
toiles de genre ou de nature morte. Tout a
été dit sur ces maîtres pleins de verve ; citer
l’Écureuse, le Tonnelier, T Antiquaire ou le
Peintre, c’est rappeler à chacun une an-
cienne connaissance, et il ne reste plus qu’à
saluer quatre pastels de La Tour avant de
passer au siècle suivant : H. Vernet, Drouais,
Léopold Robert, Géricault, Prud’hon, repré-
sentés par trente dessins ou peintures, Ma-
rilhat, Brascassat, Trayon, Flandrin, tels sont
les hommes qui accompagnent Ingres, avec
six portraits à la mine de plomb, et l'Oda-
lisque et son esclave, que tout le monde a vu
lors de "son exposition posthume.
L’école moderne est surtout riche en
paysagistes. Les Ruines de Pierrefonds de
M. Corot, les Environs de Fontainebleau de
Paul Huet, les dessins de M. Belle! , puis
MM. Appian, Achard, Aligny, Dupré, Baudit,
Renouville, Nazon, Noël, Harpignies, Légé,
et tant d’autres ont envoyé des scènes pleines
de fraîcheur et de verdure, d’harmonie,
d’impressions diverses de la nature. A côté
d’eux des peintres de genre, MM. Comte,
Compte-Calix, Vetter, Ribot, Dehaussy, Si-
rouy et d’autres encore sont venus animer
de leurs compositions aimables et variées
ces salles bien éclairées, où nulle place n’est
mauvaise pour les tableaux, et dans les-
quelles se donne rendez-vous la population
tout entière. Les sculpteurs aussi ont voulu
contribuer à l’éclat de cette exposition, et
MM. Carpeaux, Frison, Doublemard, Mène,
Fromanger, ont envoyé des reproductions
d’œuvres remarquées aux expositions de
Paris. Que de talents aimés du public et des
amateurs ! Comment louer encore des artistes
que la critique parisienne ne cesse de signa-
ler au goût de tous !
A côté de l’art, marche l’archéologie. D’a-
bord des objets gallo-romains trouvés dans
le pays, statuettes, poteries, etc.; puis des
collections de faïences et porcelaines de
France , d’Italie, d’Allemagne ou d’Orient;