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La chronique des arts et de la curiosité — 1869

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Nr. 48 (28 Novembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26661#0255
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8e Année.

— N” 48 —


Paraissant tons les Dimanches

ABONNEMENTS :

Paris, un an. 15 fr.

. 8 fr.

— six mois.

UN NUMÉRO 2 0 CENT.
RÉDAC TION : Rue Viviane, 55, Paris

/

Comptes rendus & annonces de ventes publiques de tableaux
dessins, estampes, bronzes, ivoires, médailles, livres rares, autographes
émaux, porcelaines, armes, objets de curiosité, &c., &c.

Nouvelles des galeries publiques, des ateliers. — Correspondances étrangères
Bibliographie des livres, articles de revues & estampes
publiées en France & à l’Etranger. — Revue des arts industriels
Expositions de Province & de l’Etranger-

Paraissant tous les Dimanches

ABONNE*MENTS :

Departements, un an. 18 fr,

— six mois. . . . . 10 fr.

Etranger, le port en sus.

ADMINISTRATION : Rue V'menne, 53, Paris

RESTITUTION D’OEUVRES D’ART

FAITE A l’état PAR LA LISTE CIVILE.

Après huit mon de réflexion, l’Admi-
nistration des Beaux-Arts s’est enfin
décidée à réunr ]a commission instituée
•dans le Dut d'examiner les œuvres qui,
faisant partie de la liste civile, devraient
être remises à l’État pour donner satis-
faction à un grand intérêt public. Aux
personnes qui voudraient savoir quels
principes ont été posés et discutés dans
cette première séance, afin de détermi-
ner les bases d’un travail si délicat et si
difficile, nous répondrons : « Aucun ! »
Peu de membres de la commission se
rendirent à l’appel, beaucoup se doutant
probablement qu’il ne s’agissait pour eux
que d’apposer une signature au bas d’un
acte de bon plaisir. Quant à ceux, en
petit nombre, qui prirent la convocation
au sérieux, leur temps fut employé à
passer en revue cent cinquante toiles
environ qu’ils déclarèrent indignes du
Louvre. Une pareille manière de procé-
der, sans règles fixes et déterminées, ne
satisfera pas, nous en avons la conviction,
les moins difficiles. Ce que nous deman-
dons à l’Administration,, nous tous qui
portons intérêt à nos arts et à notre in-
dustrie, ce n’est pas uniquement d’agir,
mais d’accomplir des actes raisonnés et
appuyés sur des principes. L’aliénation
du domaine public est toujours un fait
important qui réclame une rare circon-
spection, surtout lorsqu’il y va, comme
dans l’espèce, d’une propriété qui n’a
point d’équivalent. Si par malheur, sous
la pression du discrédit qui, à toutes les
époques, frappe certains maîtres, l’État
venait à se défaire d’œuvres méconnues
ou utiles à nos collections, une faute
irréparable serait commise. Le portrait
d’Antonello de Messine, une des perles
du Musée d’Anvers, n’a-t-il pas été
adjugé pour 260 francs à la vente du
baron Denon; et dernièrement, à la vente
Pourtalès, la France n’a-t-elle pas payé
113,500 francs une tête peinte par ce
même maître ! Et encore la question
d’argent n’est dans ces circonstances
que bien secondaire, car l’argent lui-
même serait impuissant à rendre un
chef-d’œuvre perdu. Aussi les légistes
chargés, en 1810, de présenter le projet
de sénatus-consulte pour l’établissement
du domaine de la couronne, attachèrent-
jls une importance toute particulière à la

propriété des œuvres d’art, qu’ils jugè-
rent devoir être mieux garantie que la
propriété territoriale. Avec une raison
parfaite,ils décidèrent « que les diamants
« et pierres précieuses taillés ou gravés
« d’une valeur au-dessus de 300,000 fr.;
« que tous les tableaux de peintres morts
« depuis cent ans ; que toutes les statues
« et médailles ou manuscrits antiques
« qui pourraient entrer dans le domaine
« extraordinaire de l’Empereur, seraient
« remis de droit au domaine de la coû-
te ronne et deviendraient ainsi, après
« inventaire, inaliénables et imprescrip-
« tibles.»

Nous ne saurions donc nous élever trop
énergiquement contre les membres de
la commission qui, après avoir accepté
la lourde responsabilité de prononcer
sur le sort d’une propriété si précieuse,
n’assistent pas aux séances. Quant à ceux
qui y prennent part, nous ne saurions
les engager avec assez d’insistance à n’a-
gir qu’avec une prudence extrême après
avoir bien posé les principes qui doivent
dicter leurs déterminations. Mais, si tous
les objets d’art qui leur seront soumis ré-
clament un examen attentif, si tous
dépendent d’une propriété qui ne peut
être entamée sans la ratification expresse
des Chambres, cependant ils doivent être
divisés en trois classes qui méritent leur
respect à des degrés divers. Dans la pre-
mière, nous placerons les œuvres données
ou léguées à la nation et auxquelles, sous
aucun prétexte, il n’est permis de tou-
cher. Dans la deuxième, nous rangerons
les morceaux qui, ayant été jugés dignes
de figurer dans nos collections natio-
nales, se trouvent protégés par une
consécration publique, revêtus d’un
caractère inamovible et rattachés à un
tout indivisible dont les Français ont le
droit de jouissance au cœur même du
royaume, c’est-à-dire à Paris. La troi-
sième comprendra les ouvrages qui, en
l’absence d’une affectation spéciale, peu-
vent être plus aisément concédés à des
musées municipaux, où du moins ils
jouiront d’une publicité restreinte qu’ils
n’ont même pas en ce moment.

Avant de procéder à des estimations
d’un ordre purement pratique, la com-
mission, pour agir avec sagesse et mé-
thode, aurait dû, suivant nous, reconnaî-
tre d’abord ces principes fondamentaux,
rechercher et déterminer ensuite les ca-
ractères auxquels se reconnaissent les
œuvres faisant partie des collections
nationales de Paris, et enfin exposer les

raisons d’après lesquelles elle pense
choisir, parmi les œuvres de la troisième
classe, celles qui devraient être placées
dans les galeries du Louvre ou être of-
fertes aux collections municipales de la
province. C’est en vain que la commission
a, jusqu’à ce jour, négligé de préciser les
principes et les raisons d’après lesquels
elle entend conduire ses travaux ; il fau-
dra de toute nécessité qu’elle en arrive là.
Sa composition même, qui réunit des
sénateurs, des députés, des conseillers
d’État, des artistes et des administrateurs,
lui impose le devoir d’examiner ces
points difficiles et de publier un mémoire
parfaitement clair qui permette à la
Chambre de statuer, en toute connais-
sance de cause, sur des objets précieux
appartenant à des propriétés de natures
si différentes.

Émile Galichon.

LES COLLECTIONS DE SAN DONATO.

Quel voyageur, en passant par Florence,
n’a aspiré à visiter la célèbre villa de San
Donato à laquelle conduit la belle prome-
nade des Cascine? Maisn’y pénétrait pas qui
voulait; fermée à la curiosité banale, elle
s’ouvrait cependant à'tous les vrais curieux
qui ont fait une grande et légitime renom-
mée aux innombrables chefs-d’œuvre
qu’elle renfermait. Qui n’a entendu parler
avec enthousiasme de ses tableaux, statues,
meubles précieux, armes, cristaux, porce-
laines, émaux, orfèvreries, objets d’art et
de curiosité de toutes sortes? Eh bien, toutes
ces richesses sans nombre vont être vues cet
hiver à Paris, et se disperser, nous assure-
t-on, sous le marteau de M° Pillet assisté
de MM. Petit et Mannheim qui dirigeront
cette vente, la plus extraordinaire qu’ils
aient été appelés à faire! Vivant éloigné de
Florence où il n’est point allé depuis plus de
dix ans, fixé à Paris où’d’autres chefs-d’œuvre
remplissent un hôtel trop petit pour recevoir
les collections considérables de San Donato,
le prince a résolu de rendre ‘au public des
œuvres superbes qui n’ont point été créées
pour orner une villa abandonnée.

J’ai pensé que les abonnés de la Chronique
seraient bien aises de connaître à l’avance
les merveilles qui, cet hiver, alimenteront
les conversations de tout Paris, et pour eux
j’ai ouvert un de mes carnets de voyage.
Parmi les tableaux des peintres modernes
que le prince aimait à réunir et à retenir
dans sa résidence, nous y avons trouvé
mentionnés : un sujet charmant, Henri IV
jouant avec ses enfants, auquel Bonington
a ajouté l’attrait d’une couleur exquise:

la Jane Grey placée en pendant à la Fran-
çoise de Rimini par Scheffer, deux œuvres
que la gravure a rendues célèbres; cinq
compositions de Delacroix aussi remarqua-
bles par la magie de la couleur que par leur
grande ordonnance. Puis viennent des pein-
tures importantes de Granet, dont une
admirable représente la Mort du Poussin,
des Foires où Demarne a assemblé des mil-
liers de personnages, des scènes italiennes
de Léopold Robert, des animaux de Troyon,
et des toiles d’Eugène Lami.

Quant à l’école française du xvme siècle,
elle avait à San Donato la part du lion, tant
par le nombre que par la qualité des œuvres
qui la réprésentent: onze tableaux de Bou-
cher; un Fragonard ravissant où deux
amants volent s’abreuver à la fontaine vive
de l’amour ; deux compositions charmantes
de Greuze, et, du même auteur, vingt têtes
plus attrayantes, plus lutines les unes que
les autres, et pour lesquelles Diderot n’eut
pas trouvé assez d’exclamations. Notons on
outre des ruines de Hubert Robert et des
marines de Joseph Vernet.

Mais il nous faut encore signaler des chefs
d’œuvre dus aux grands maîtres italiens et
dignes d’entrer dans les plus riches galeries
nationales. Cet hiver nous saurons enfin les
prix que peuvent atteindre, au xixe siècle,
des peintures du Titien, car San Donato en
possédait deux très-authentiques et magni-
fiques : un portrait en pied d’un duc d’Ur-
bin et un Repas d’Emmaüs. Citons aussi,
de Sébastien del Piombo, un noble person-
nage; de Murillo, son propre portrait et un
Saint François ému par une foi extatique et
peint avec un rayon de soleil ; de Paul Vé-
ronèse, un portrait do la belle Nani ; de
Memmeling, une Sainte Véronique d’une
grâce parfaite, puis des œuvres.capitales de
Carlo Dolci, de Gigoli, du Tintoret, de Ri-
bera...

'Parmi lés dessins et les aquarelles, il y
en a de Decamps, de Johannot, d’isabey, de
Beaumont, deRoquepIan, et plus de quatre-
vingts lavés par M. Lami avec cette verve et
cet esprit que tout amateur lui connaît.

Est-ce tout ? Non certes. Après la vente
des tableaux, viendra celle des curiosités.
Comment décrire ici les milliers d’armes
européennes et orientales qui ornaient les
murs des salles de San Donato ? comment
énumérer tous les bijoux, toutes les piè-
ces d’orfèvrerie des x\T et xvne siècles,
les porcelaines de la Chine, du Japon,
de Sèvres; les verreries de Venise; les
meubles en laque, garnis de bronzes ci-
selés par Gouthières, décorés par Boulle,
couverts de marqueteries de bois, ornés de
mosaïques de Florence avec colonnettes en
lapis, incrustés d’argent et de matières
précieuses, et les innombrables bronzes
d’ameublement anciens et modernes?...
Plusieurs numéros de la Chronique n’v suf-
 
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