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La chronique des arts et de la curiosité — 1869

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Nr. 30 (25 Juillet)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26661#0175
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N» 30.

DIMANCHE 25 JUILLET.

1869.

ABONNEMENTS.

Paris.Un an : 15 fr.

—.Six mois : 8 fr.

Départements .... Un an : 18 fr.

— .... Six mois : 10 fr.

Un numéro : 20 cent.

Pour l’étranger, le port en sus.

Rédaction, SS> rue Vivietine.

Comptes rendus et annonces des ventes
publiques de tableaux, dessins, estampes,
bronzes, ivoires, médailles, livres rares,
autographes, émaux, porcelaines, armes,
objets de curiosité, etc.

Revue des Arts industriels.

CHRONIQUE

DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ

GUIDE SPÉCIAL DES ARTISTES ET DES AMATEURS

JOURNAL POLITIQUE PARAISSANT LE DIMANCHE

ABONNEMENTS.

Paris.Un an : 15 fr

—.Six mois : 8 fr

Départements .... Un an : 18 fr.

— .... Six mois : 10 fr.

Un numéro : 20 cent.

Pour l’étranger, le

Administration, 55

Correspondances étrangères. — Nouvelles
des galeries publiques, des ateliers. —
Bibliographie des livres, articles de revues
et estampes, publiés en France et à
l’Étranger.

Expositions de Province et de l’Ett singer.

LE MINISTÈRE DES BEAUX-ARTS.

Après bien des hésitations, le ministère
de la maison de l’Empereur et des Beaux-
Arts a été maintenu. Cette décision prouve
qu’en haut lieu on ne se fait point une
idée fort juste des réformes administra-
tives que la France réclame impérieuse-
ment. Les dernières élections ont eu
cependant un caractère parfaitement dé-
terminé. Elles ont prouvé, sans ambiguité
aucune, que la France voulait reprendre
une part légitime d’influence dans toutes
les questions qui l’intéressent, qu’elle
entendait exercer un contrôle efficace
sur toutes les administrations publiques.
Comment donc se fait-il qu’on croie en-
core que des officiers de la liste civile,
responsables vis-à-vis du souverain seul,
puissent être aussi des mandataires de
l’État, justiciables de leurs actes devant
le pays; des mandataires obligés, en
maintes circonstances, de choisir entre
le devoir dicté par la chose publique et
le devoir imposé par le souverain de qui
ils relèvent directement, des mandataires
qui, par une confusion étrange d’attribu-
tions, se trouvent avoir à la fois le ma-
niement des fonds de l’État et de la liste
civile ? Si les convenances nous défendent
de discuter la gestion des affaires par-
ticulières de la couronne, elles exigent
nécessairement que cette gestion soit
renfermée dans des limites précises,
qu’elle ne touche en aucun point à l’ad-
ministration publique soumise au con-
trôle de tous. Voilà ce que dit la raison
et voilà aussi ce que veut la France.

Émile Galichon.

Déjà nous avons reçu un grand nombre
de renseignements sur les œuvres ac-
quises par le ministère de la maison de
l’Empereur et des Beaux-Arts, à la suite
du Salon; mais comme il importe que
notre liste soit aussi complète que pos-
sible, nous en différons la publication et
faisons de nouveau appel aux artistes que
les questions d’art peuvent intéresser.

É. G.

Nous prions instamment tous les artistes
et amateurs de vouloir bien nous faire par-
venir, le plus prochainement possible, les

observations, corrections et renseignements
nouveaux, relatifs à Y Annuaire que la Gazette
des Beaux-Arts vient de publier. Il est im-
portant que cet ouvrage soit aussi complet
et aussi exact que possible, et pour cela il
est nécessaire que tous les intéressés contri-
buent à son perfectionnement.

CORRESPONDANCE D’ALLEMAGNE.

Carlsrnlie, le 17 juillet.

Monsieur le Directeur,

Je vous adresse ma première correspon-
dance de Carlsruhe, où je suis installé de-
puis quelques jours. Je ne vous parlerai ni
des habitants hospitaliers, ni des mœurs
calmes et sereines, car ce serait sortir
du cadre de la Chronique. Je 11e vous par-
lerai pas non plus politique, quoique plus
d’un parallèle piquant se présente au tou-
riste venu de France, et que vous ayez dé-
posé le cautionnement exigé par la loi. A
l’art seul j’emprunterai la matière de cette
correspondance, et si le lecteur s’étonne de
voir consacrer plusieurs colonnes aux beaux-
arts d’une petite ville perdue, telle que
Carlsruhe, je lui rappellerai qu’en Allemagne
il n’y a pas de petites villes et pas de pro-
vinces. Dans le duché de Bade, qui ne compte
guère qu’un million d’habitants, les villes
s’appellent Bade, Carlsruhe, Fribourg, Hei-
delberg, Mannheim, et sont toutes capitales
à des titres différents.

Occupons-nous d’abord de l’architecture
de Carlsruhe. On a beaucoup construit dans
les derniers temps, on a fait des embellisse-
ments considérables, et pas une seule démo-
lition. Le style bizarre et mesquin de Hülsch,
le grand-prêtre de l’architecture badoise,
tend à disparaître et à céder la place aux
inspirations plus pures et plus saines de la
Renaissance. Les quartiers nouveaux té-
moignent de l’aisance et du bien-être de
cette ville qui n’a pas un sou de dettes; un
certain nombre de maisons offrent même la
preuve d’un goût distingué. Leurs façades
ont du relief, un balcon en pierre fait saillie
sur la rue, et rompt la monotonie d’un ali-
gnement impitoyable, une petite frise for-
mée d’arabesques, de palmettes, etc., sé-
pare et accentue les différents étages ; les
perrons présentent en partie un aspect mo-
numental ; enfin l’emploi du superbe grès
rouge, le voisinage de jardins et de planta-
tions de toute sorte complètent le confort et
le luxe de ces constructions récentes. On
exagère même peut-être les recherches du

style ; on bâtit une brasserie sur le modèle
d’un ministère, et sans les enseignes un
étranger pourrait les confondre. L’édifice le
plus somptueux est celui qu’on élève en ce
moment sur le Friederichsplatz; il est des-
tiné à la bibliothèque grand’ducale (115,000
volumes), aux collections scientifiques et aux
petites collections artistiques (vases, anti-
quités nationales, etc.).

La décoration intérieure des maisons est
assez sérieuse et mériterait d’être étudiée.
Elle repose uniquement sur la couleur
blanche; papiers, tentures, boiseries, tout
est blanc ; les cadres dorés des gravures en
taille-douce qu’on trouve ici en plus grand
nombre que partout ailleurs, les lithophanies
suspendues aux fenêtres forment le dernier
accord de cette symphonie du blanc, élé-
gante mais froide.

Entrons maintenant au musée. Nous au-
rons pour guide le jeune et célèbre auteur de
Holbein et son temps, M. Woltmann, profes-
seur de l’histoire de l’art à l’École polytech-
nique de Carlsruhe. Tout ce qu’il a pu faire
pour nous rendre le séjour de Carlsruhe in-
structif et agréable, il l’a fait,et c’est à lui que
nous devons de pouvoir communiquer la plu-
part des renseignements contenus dans cette
correspondance. Nos lecteurs connaissent les
trésors de la Kunslhalle par l’excellent tra-
vail que M. Viardot a publié dans la Gazette.
Mais les rédacteurs du catalogue ne pa-
raissent avoir encore connu ni le travail de
M. Viardot, ni même la collection qu’ils ont
décrite. Dans la cinquième édition « aug-
mentée et corrigée » (1867) on apprend, par
exemple, que Nicolas Poussin est né à Rome
en 1504 et mort en 1565. Une foule de ta-
bleaux portant, en un endroit apparent, une
signature bien authentique y sont déclarés
anonymes et d’un auteur inconnu. Heureu-
sement, M. Woltmann va porter l’ordre et
la lumière dans ce chaos. Il s’occupe de
ranger les ouvrages par école et selon leur
importance, il éloigne les toiles insignifiantes,
comme par exemple un méchant tableau
d’après la célèbre gravure de Durer, le Che-
valier de la mort, tableau qui faisait l'admi-
ration de tous les touristes accourus de
Bade. Il prépare enfin un nouveau catalogue
qui apportera maint renseignement précieux
sur l’ancienne école allemande. Ne pour-
rait-il pas entreprendre un travail semblable
pour un musée voisin qui se trouve aussi
dans la plus grande confusion, celui de
Strasbourg? Grâce à ses efforts, cette galerie
va conquérir le rang qu’elle mérite; et
quelque graveur ou photographe se char-
gera, nous l’espérons, de reproduire les
chefs-d’œuvre qu’elle renferme.

Les dernières acquisitions ne sont pas nom
breuses et consistent uniquement en toiles
modernes. « Le grand-duc veut faire vivre
les vivants, » me disait le gardien du musée.
En première ligne vient une œuvre capitale
de Lessing, la Dispute entre Luther et le Dr Eck
(1867.) Elle couronne dignement la longue
série de ces tableaux militants, entrepris
dans un esprit d’opposition aux tendances
catholiques des écoles de Munich et de Düs-
seldorf. C’est, à mon avis, un tableau excel-
lent; il est bien éclairé, assez différent en
cela du Jean Huss, de la galerie de Francfort,
œuvre terne et sans air ; les têtes sont vi-
vantes, pleines d’animation, la couleur est
solide comme celle des Croisés du même au-
teur (également au musée de Carlsruhe.)
Mais M. Lessing paraît avoir commis une
grande faute en ne conservant pas à Luther
sa physionomie légendaire. Il l’a représenté
d’après la gravure assez peu connue d’Alt-
dorfer, et avec un air juvénile qui déroute
complètement le spectateur. Voilà donc l’ef-
fet du tableau manqué, et c’est un tableau à
effet que l’auteur a voulu faire. Pour savoir
qu’on a devant soi le grand réformateur al-
lemand et non un jeune théologien quel-
conque, il faut ouvrir le catalogue. — La
Dispute entre Luther et Eck a coûté 28,000 flo-
rins (60,000 francs environ.) J’ai aussi vu
dans l’atelier de M. Lessing un beau paysage
en voie d’exécution, d’une sérénité et d’une
ampleur remarquables. Parmi les autres ac-
quisitions récentes du Kunsthalle, je citerai
le joli tableau de Tidemand : la Parure de
noces de la grand’mère et Y Examen de con-
science, de W. Solm.

La plupart des artistes de Carlsruhe ont, à
l’hSure qu’il est, déserté leurs ateliers. Les
trois ou quatre retardataires que j’ai encore
trouvés chez eux m’ont vivement intéressé.
M. Reifstahl, de Berlin, s’occupe surtout de
la représentation des mœurs champêtres, il
peint des noces, des processions, êtc. Il a
obtenu à Berlin la grande médaille d’or pour
sa Procession de capucins, œuvre excellente
à en juger par la photographie, et digne de
prendre place à côté des compositions du
même genre de Vibert, de Zamacois, etc.
L’auteur du Couronnement du roi de Prusse,
Menzel, figure parmi les capucins de M. Rief-
stahl, et le type de moine qu’il a fourni est
d’un comique achevé. — M. Canon est sur-
tout coloriste, il ne craint pas les empâte-
ments et il obtient des effets vraiment puis-
sants, soit qu’il modèle une tête de vieux
mendiant, soit qu’il représente une jeune
fille dans un appartement aux riches ten-
tures, dans une atmosphère chaude et lumi-
neuse. Son coloris a bien plus d’éclat et de
 
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