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La chronique des arts et de la curiosité — 1869

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Nr. 31 (1er Août)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26661#0179
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N® 31.

DIMANCHE lCT AOUT.

1869.

abonnements.

Paris.Un an : 1 5 fr.

_.Six mois : 8 fr.

Départements .... Un an : 18 fr.

— .... Six mois : 10 fr.

Un numéro : 20 cent.

Pour l’étranger, le porc en sus.

Rédaction, SS> rue Vivienne.

Comptes rendus et annonces des ventes
publiques de tableaux, dessins, estampes,
bronzes, ivoires, médailles, livres rares,
autographes, émaux, porcelaines, armes,
objets de curiosité, etc.

Revue des Arts industriels.

DE LA

SÉPARATION DES BEAUX-ARTS
d’avec le ministère

DE LA MAISON DE L’EMPEREUR.

Nous avons dit, dans un précédent
article, comment l’esprit de contrôle,
qui se réveille en France, n’admet plus
que des officiers de la liste civile res-
ponsables vis-à-vis de l’Empereur seul
puissent être aussi des administrateurs
de l’État, justiciables de leurs actes devant
le pays, des administrateurs obligés,
en maintes circonstances, de choisir entre
le devoir dicté par la chose publique et
le devoir imposé par le souverain de qui
ils dépendent, des administrateurs qui,
par une confusion étrange d’attributions,
se trouvent avoir à la fois le manie-
ment des fonds de l’Etat et de la liste
civile. Aujourd’hui nous essayerons de
démontrée quels besoins nouveaux, im-
posés à de nombreuses et puissantes in-
dustries , réclament la séparation des
Beaux-Arts d’avec le ministère de là Mai-
son de l’Empereur.

En maintenant la peinture et la sculp-
ture sous la protection personnelle du
souverain , on semble croire encore
qu’elles sont des plantes délicates, inca-
pables de fleurir si ce n’est à l’ombre des
trônes; des plantes 11e produisant que
des fruits sans suc, bons seulement à
parer de leur vif éclat la table des
princes. C’est là une erreur profonde. La
Grèce, Venise, Florence et les Pays-Bas
ont prouvé que la peinture et la sculpture
sont des plantes vivaces, qui se convien-
nent à merveille dans le sol des nations
libres, où elles ont donné des fruits riches
en substance nourricière. Les expositions
universelles nous ont appris l’influence
considérable que les arts exercent sur la
prospérité ou la décadence d un très-
grand nombre d’industries. Sans le goût,
développé en France par la vue des chefs-
d’œuvre et la pratique des arts du des-
sin , les produits de nos fabriques de
bronze, d’orfèvrerie, de papiers peints,
d’étoffes, de cristallerie, de céramique,

de bijouterie,. n’obtiendraient pas le

même débit sur les marchés de l’univers.
Cette opinion ne nous est point person-
nelle ; elle est aujourd’hui celle de tous

CHRONIQUE

DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ

GUIDE SPÉCIAL DES ARTISTES ET DES AMATEURS

JOURNAL POLITIQUE PARAISSANT LE DIMANCHE

les hommes intelligents, de toutes les
chambres de commerce, de tous les jurys
des exportions, et M. Mérimée l’a ex-
primée en des termes que nous repro-
duirons ici :

« Il 11e peut être douteux, dit ce juge
éminent,,;pour quiconque a étudié i’histoire
des beaux-arts, qu’à toutes les époques où
de grands maîtres ont fleuri et fondé des
écoles illustres , l’industrie n’ait pris en
même temps un essor nouveau et con-
sidérable. L’influence la plus heureuse s’est
étendue à tous les produits manufac-
turés, susceptibles de recevoir une orne-
mentation. En Grèce, la fabrication des vases,
des meubles et des tissus a été portée au plus
haut point de perfection, précisément à
l’époque où l’architecture, la peinture et la
sculpture brillaient du plus vif éclat. Au
moyen âge, du xme siècle au xive, la céra-
mique, le serrurerie, l’ébénisterfe, ont été
traitées avec le plus grand succès, en même
temps que s’élevaient nos splendides cathé-
drales gothiques. Le même phénomène s’est
renouvelé à l’époque de la Renaissance; les
fluences de Gubbio et do Faenza, les meubles
sculptés ou incrustés, les armures damas-
quinées, les reliures gaufrées et dorées, tant
de choses belles et ingénieuses qu’on ad-
mire et qu’on prend aujourd’hui pour mo-
dèles se sont produites alors que Léonard
de Vinci, Raphaël et tant de maîtres illustres
faisaient fleurir les branches les plus élevées
de l’art.

« En rapprochant ces trois exemples, tirés
d’époques si différentes, à ne considérer que
l’état des mœurs et la constitution de la so-
ciété, on en déduira cette loi générale qu’il
existe une relation intime entre toutes les
parties de l’art et que partout où surgit un
grand artiste, se forment des ouvriers ha-
biles et intelligents. Là, en effet, où coule un
grand fleuve, il est facile de creuser des ca-
naux d’irrigation, et le courant majestueux
qui porte à la mer les vaisseaux de haut
bord alimente sans peine une infinité de
rigoles répandant partout la fécondité. De
Raphaël et de Michel-Ange, procède Benve-
nulo Cellini : le grand peintre et le grand
sculpteur ont produit le grand orfèvre. Le
génie qui peignit les loges du Vatican se
reflète dans les arabesques tracées sur les
plats de Faenza, ou les reliures de Florence
et de Venise. »

Tous les gouvernements des grandes
puissances européennes, si on en excepte
celui de France, se sont préoccupés des
rapports intimes des arts avec les diverses
branches de l’industrie. Instruite par nos
triomphes de 1855, la commerciale An-
gleterre a écouté la voix de son conseil
privé du comméi’ce, et elle a prodigué

les millions pour fonder son admirable
institution de South-Kensington. Le suc-
cès a si bien répondu à ses efforts, que
les progrès accomplis par les Anglais,
dans ces dernières années, ont fait pous-
ser à nos jurys et à nos chambres de
commerce un véritable cri d’alarme, qui
malheureusement n’a point été entendu
de notre gouvernement. Berlin, Vienne,
Moscou, Munich, Carlsruhe et un grand
nombre de villes allemandes ont suivi
T exemple donné par Londres; et partout
en Europe on cherche actuellement à
l’emporter sur nous par le goût, pour
créer de nouveaux débouchés à des in-
dustries rivales des nôtres.

En France, rien, ou presque rien, n’a
été fait dans le but de nous maintenir
une suprématie que toutes les nations
envient; et ce peu de préoccupation que-
marque notre gouvernement pour une
question aussi grave doit être attribué à
la situation anormale de notre administra-
tion des beaux-arts. Placée sous la dé-
pendance immédiate de la liste civile, -
cette administration ne se prête nulle-
à des développements nécessaires, à l’ac-
complissement d’un devoir public envers
les artistes et les industriels. Réduite à
n’être qu’une succursale de la Maison de
l’Empereur, elle est devenue un simple
bureau de secours ouvert à toutes les.
médiocrités besoigneuses et importunes.
Voudrait-on nous contredire? nous ré-
pondrions par la valeur progressivement
descendante des œuvres achetées ou com-
mandées, par le nombre devenu infime
des peintures dues à l’initiative de l’ad-
ministration et reçues au Salon par un
jury bienveillant '. On ne peut continuer

1. En '1863, le prix moyen des toiles aclietées par
le Ministère était de 3,413.
en 1864 de 2,743.
en 1865 de 2,380.
en 1866 de 1,840.

En 1863, le prix moyen des toiles commandées par
le Ministère était de 1,659.
en 1864 de 1,440.
en 1805 de 1,393.
en 1866 de 1,173.

Les documents nous manquent pour pousser plus
loin nos calculs.

Le nombre des toiles commandées annuellement
est de 175 environ.

en 1863 on en comptait an Salon 53

en 1864 — — 20

en 1865 — — 14

en 1866 — — 4

en 1867 — — S

en 1868 — — ‘ 8

en 1869 — — 5

ABONNEMENTS.

Pour l’étranger, le port en sus.

Administration, 55, rue Vivienne.

Correspondances étrangères. — Nouvelles
des galeries publiques, des ateliers. —
Bibliographie des livres, articles de revues
et estampes, publiés en France et à
l’Étranger.

Expositions de Province et de l’Étranger.

à suivre plus longtemps un système aussi
déplorable, si on veut ne pas amener la-
décadence de notre école, l’amoindrisse-
ment de notre goût et, par suite, la
ruine de puissantes industries françaises.
Ne nous retranchons pas dans un opti-
misme dédaigneux. La France porte en-
core, il est vrai, le sceptre des arts; mais
il est urgent, si on veut le conserver, que
le gouvernement ouvre les yeux, qu’il se
préoccupe des progrès considérables réa-
lisés par nos concurrents, et qu’il com-
prenne enfin le rôle important que les
arts, unis intimement à la vie des nations,
jouent dans la société moderne. A une
tâche aussi grande, aussi étendue, qui
demande l’union de forces très-diverses,
les vues étroites, les ressources limitées
et l’influence restreinte de la liste ci-
vile ne peuvent suffire; il faut, de toute
nécessité, y substituer l’esprit large, les
moyens immenses et le pouvoir omnipo-
tent de l’État. Pour triompher dans la
grosse question de la prééminence indus-
trielle qui se débat en Europe, les arts
ne peuvent se contenter du protectorat
débile, cachottier et quasi-irresponsable
des fonctionnaires de la couronne; ils
réclament impérieusement la direction
d’hommes choisis par l’État, maintenus
par le contrôle public de leurs actes, dans
une voie favorable au développement de
l’une des branches les plus élevées et les
plus productives de l’intelligence hu-
maine.

Émile Galichon.

.——

ACQUISITIONS

DU MINISTÈRE DES BEAUX-ARTS
AU SALON DE 1869.

Le ministère de la Maison de l’Empereur
et des Beaux-Arts s’esf. refusé à publier les
acquisitions faites au Salon avec l’argent des
contribuables. Mais beaucoup d’artistes, dé-
sireux de mettre fin au pouvoir personnel
dans les «rts et aux achats de complai-
sance, nous ont fait parvenir des rensei-
gnements qui nous permettent de donner la
liste a peu près complète des acquisitions.
Dans cette liste, pour un nom connu on en
trouvera dix inconnus; pour un sujet élevé
on en remarquera dix tout au moins insi-
gnifiants. Ainsi donc on proclame à grands
sons de trompe qu’on crée un prix de
 
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