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La chronique des arts et de la curiosité — 1869

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Nr. 43 (24 Octobre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26661#0227
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V 43.

1869.

DIMANCHE 24 OCTOBRE.

ABONNEMENTS.

Paris.Un an : 15 fr.

—.Six mois : 8 fr.

Départements .... Un an : 18 fr,

— .... Six mois : 10 fr.

Un numéro : 20 cent.

Pour l’étranger, le port en sus.

Rédaction, 55, rue Vivienne.

Comptes rendus et annonces des ventes
publiques de tableaux, dessins, estampes,
bronzes, ivoires, médailles, livres rares,
autographes, émaux, porcelaines} armes,
objets de curiosité, etc.

• -- ■' ■ ■■

Revue des Arts industriels.

CHRONIQUE

DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ

GUIDE SPÉCIAL DES ARTISTES ET DES AMATEURS

JOURNAL POLITIQUE PARAISSANT LE DIMANCHE

ABONNEMENTS.

Paris.Un an : 15 fr

—.. Six

Départements .... Un

— .... Six

Un numéro : 20
Pour l’étranger, le poi

Administration, 55. rue Vivienne.

Correspondances étrangères. — Nouvelles
des galeries publiques, des ateliers. —
Bibliographie des livres, articles de revues
et estampes, publiés en France et à
l’Etranger.

Expositions de Province et de l’Etranger.

les Archives

DU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,

De nos jours il existe encore des ar-
chives secrètes au ministère des affaires
étrangères! Un savant se présente-t-il à
l'hôtel du quai d’Orsay pour demander
aux cartons de la diplomatie française,
soit l’explication d’un fait historique ap-
partenant au règne de François 1er ou à
la révolution de 1789, soit la relation
d’une cérémonie rehaussée par les arts,
il reçoit invariablement cette réponse :

« La raison d’Etat s’oppose à toute com-
munication. Les archives des affaires
étrangères ne sont pas et ne peuvent pas
être publiques. »

Nous comprenons que des pièces ma-
nuscrites d’une date trop récente ne
soient pas données au premier venu ; que
certains rapports, plus compromettants
pour ceux qui les ont faits que pour ceux
qui les ont subis, ne soient pas livrés
en pâture à la malignité des faiseurs de
scandale. Mais, ces restrictions accep-
tées, nous n’admettrons jamais que des
documents importants pour l’histoire des
lettres, des arts et de la politique aux
xvie, xviT et xvm' siècles soient interdits
à l’étude, sous prétexte que ces commu-
nications pourraient gêner l'action exté-
rieure du gouvernement ou porter atteinte
à la considération de nos hommes d’Etat
et à l’honneur des familles.

En paralysant ainsi les travaux histo-
riques, le ministère ne commet pas seu-
lement une faute grave, il se met en con-
tradiction avec lui-même. Il connaît si
bien l’importance des archives des rela-
tions extérieures, qu’à diverses reprises il
a dépensé des sommes considérables
pour faire visiter, compulser et publier
les papiers diplomatiques conservés à
l’étranger; et il se refuserait à laisser
puiser aux sources d’informations que la
diplomatie n’a cessé d’augmenter en
France depuis trois siècles !

C’est là une mesure injustifiable, et le
gouvernement a si bien compris tout ce
quelle avait d’arbitraire, qu’il s’est dé-
parti de cette rigueur en faveur de Cer-
tains étrangers. Devant une recomman-
dation émanant de l’ambassade de Prusse,

devant quelques lignes écrites par M. de |
Bismark, on n’a pas osé invoquer la rai-
son d’Etat : les portes des archives du
ministère des affaires étrangères ont été
ouvertes à deux battants, et des savants
prussiens ont pu y faire des recherches
en pleine liberté. Ce n’est un secret pour
personne que MM. Theiner, H. de Sybel et
Schafer ont été admis dans le sanctuaire
fermé aux Français, et qu’ils y ont dé-
pouillé tout à leur aise les documents
relatifs à l’histoire de l’Europe pendant
la Révolution. De même que certain vin
de Champagne qui n’est dégusté à Paris
que retour de Russie, les pièces diploma-
tiques du palais d’Orsay 11e doivent-elles
nous parvenir qu’en passant par l’Alle-
magne? Un pareil état de choses, qui fait'
à nos historiographes une position infé-
rieure à celle des historiographes alle-
mands pour les affaires de notre propre
pays, 11e peut se prolonger davantage. Il
est de toute nécessité que le ministère
des affaires étrangères ouvre ses archives
au public, qu’il demande à l’Ecole des
chartes un homme capable d’organiser
un bon service, de guider les écrivains
dans leurs recherches et de dresser un
catalogue de ses précieux documents
trop longtemps séquestrés. Notre récla-
mation s’appuie sur le droit des nations
à l’étude de leur histoire ; aussi espérons-
nous quelle sera entendue.

Émile Galichon.

L'ARCHITECTURE CIVILE EN FRANCE

ET

LE DÉCRET DU 26 MARS 1852.

A monsieur le directeur de la Gazelle
des Beaux-Arts.

Monsieur,

Je suis en Italie, en présence des œuvres
de tous ces maîtres architectes qui, par leurs
plus grandes conceptions comme par leurs
plus modestes, sauront toujours captiver
soit l’admiration, soit l’intérêt de tous ceux
qui les étudieront. Moi aussi, dans de pré-
cédents voyages, je me suis senti enthou-
siasmé, et si plein de foi dans mon art, que
j’ai espéré pouvoir, dans la sphère la plus

étroite, aspirer au bien, heureux en pen-
sant que le caractère durable de mon œuvre
serait la récompense même de mes efforts.

D’où vient donc que maintenant je me
sens découragé en présence de tout ce qui
faisait ma joie et m’encourageait autrefois?
C’est qu’aujourd’hui je reconnais que tout
effort de l’architecte est vain, que si dans
l’œuvré la plus simple, la plus modeste, il
dépense toute son intelligence , s’il réclame
de ceux qu’il dirige l’exécution la plus com-
plète et la plus durable, tous ces soins se-
ront perdus, car dix ans plus tard, le rebut
des ouvriers du bâtiment viendra, en quel-
ques jours, en quelques heures, déshonorer
par le grattage, le lavage ou le badigeon la
construction, objet de tant de sollicitude.

Vous vous étonnez peut-être du point où
j’arrive, mais je prétends soulever ici une
question du plus haut intérêt pour l’art,
une question dont on ne soupçonne pas la
gravité.

Je mets hors de cause les monuments,
j’espère bien que les architectes chargés de
veiller à leur conservation sauront les arra-
cher au vandalisme des municipalités mo-
dernes ; je veux seulement parler des con-
structions privées qui, en Italie, ont fait la
gloire des San Gallo, Bramante, Perruzzi,
Vignole, Sansovino, Palladio et de tant d’au-
tres architectes, ou de celles qui, en France,
élevées pendant le ,Moyen-Age, la Renais-
sance et les périodes suivantes, font encore
l’orgueil et la curiosité de nos villes et de
nos campagnes. Que resterait-il de tant
d’œuvres aussi attachantes, si, depuis leur
création, elles avaient subi trente ou qua-
rante fois le grattage ou le nettoyage que
vous savez ?

J’avoue que je ne puis songer sans colère
à une pareille barbarie, et cependant voilà
le régime que l’on inaugure pour notre ar-
chitecture moderne ! Cela est tout simple-
ment insensé ! Et si l’on veut invoquer en
faveur de ce régime de prétendues nécessi-
tés hygiéniques, il est facile de réduire pa-
reil argument à sa juste valeur. En effet,
toutes les saillies de nos édifices, de nos
constructions, ne sont-elles pas souvent ba-
layées et lavées par la pluie et par le vent?
Quant aux partiês lisses, si elles prennent,
sous l'influence de nos atmosphères épaisses,
une teinte grise, en faut-il conclure qu’elles
soient couvertes de poussière et dange-
reuses pour la santé publique? Mais s’il était
permis d’imposer un nettoyage quelconque
à quelques parties de nos habitations, ne
serait-il pas plus utile de laver et nettoyer
ces étroites cours intérieures, ces puits
dits d’aération, le plus souvent fort mal

tenus, où ne pénètrent ni air, ni soleil, n
jour, livrés à des commerces ou à des in-
dustries répandant des fumées, des odeurs
ou des gaz nuisibles, qui même ne peuvent
recevoir du ciel une suffisante quantité de
pluie bienfaisante et dont les exhalaisons
sont bien plus à craindre que l’aspect gris
de façades exposées à l’air et au soleil ?

Je prends la question de plus haut, et je
prétends que le système mis en vigueur est
le vrai moyen de réduire à néant toute
espèce de foi architecturale, de paralyser
toute lendance progressive dans l’applica-
tion de l’art.

Espérons-nous donc tous être appelés à
élever des monuments publics placés sous
la sauvegarde de l’État ou des municipali-
tés? Non ! Eh bien donc, si l’amour de l’art
peut encore nous inspirer et nous donner
la volonté de produire, dans la mesure de
nos forces, c’est parce que nous devons
espérer que notre œuvre sera, par sa nature
même, toujours le témoignage de nos con-
victions. Mettant de côté toute fausse mo-
destie, il faut bien avouer que l’artiste qui
lutte pour sa foi, travaille avec l’espérance
de voir ses travaux appréciés, d’un bien
petit nombre souvent, il est vrai ; mais cela
seul suffit à le soutenir et lui donne le cou-
rage de marcher en avant. Je ne doute pas
que tous les artistes que je nommais plus
haut n’aient senti de même, et, certes, s’ils
avaient dû craindre que leurs œuvres fus-
sent détruites par la main de l’homme
avant qu’elles ne le fussent par le temps,
découragés ils auraient par avance renoncé
à tout effort.

Nous ne manquons certes pas de gens
disposés à déplorer (à tort, je le prétends)
le peu d’originalité et de conviction de notre
architecture actuelle (je renvoie les incré-
dules aux excellentes pages écrites par
M. Garnier sur le style actuel); et c’est à ce
moment qu’on voudrait donner le coup
de mort à notre génération de jeunes ar-
chitectes! En est-il un de ceux qui croient
à leur vocation, qui ne soit désireux lui
aussi de faire de son mieux quelque œuvre
qu’on lui confie ? Mais sollicité par la spécu-
lation, par le besoin de faire vite et à bon
marché, s’il n’a pas l’espérance de voir son
œuvre vivre, ne fera-t-il pas comme tant
d’autres qui ne pensent qu’à beaucoup pro-
duire sans songer à faire bien? Dès lors
l’architecte digne de ce nom doit disparaître,
car, la construction des monuments étant
nécessairement limitée, surtout dans un
temps donné, ces travaux ne suffiront plus
à former un noyau d’architectes connaissant
la pratique de leur art, l’architecture ne se
 
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