N» 17.
DIMANCHE 25 AVRIL.
1869
ABONNEMENTS.
Paris.Un an : 15 fr.
—.Six mois : 8 fr.
Départements .... Un an : 18 fr.
— .... Six mois : 10 fr.
Un numéro : 20 cenc.
Pour l’étranger, le port en sus.
Rédaction, 55, rue Vivienne.
Comptes rendus et annonces des ventes
publiques de tableaux, dessins, estampes,
bronzes, ivoires, médailles, livres rares,
autographes, émaux, porcelaines, armes,
objets de curiosité, etc.
Revue des Arts industriels.
CHRONIQUE
DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
GUIDE SPÉCIAL DES ARTISTES ET DES AMATEURS
JOURNAL POLITIQUE PARAISSANT LE DIMANCHE
DES ACQUISITIONS DE L’ÉTAT
AUX SALONS.
Les droits de la nation sur les musées
de la couronne étant prouvés, l’indivisi-
bilité des collections nationales étant éta-
blie, une exposition des œuvres à rendre
à l’État ayant été décidée, la discussion
des autres questions soulevées par le dé-
cret du *25 mars, viendra mieux en son
temps lorsque, dans quelques mois, le pu-
blic sera appelé à juger, et la commission
mise à même de commencer son travail
d’examen et de répartition. Nous aban-
donnerons donc momentanément le Lou-
vre pour le Palais des Champs - Élysées,
où l’exposition qui va s’ouvrir le l'r mai
nous invite à nous occuper de l’art mo-
derne.
L’encombrement de nos musées, occa-
sionné par les A5,000 objets qui y sont
entrés dans ces dernières années, doit
faire réfléchir nos administrateurs et les
amener à penser, nous le croyons du
moins, qu’en matière d’art, la qualité
vaut mieux que- la quantité. Ce qui
manque à toutes les collections, et ce qui
leur manquera toujours, ce ne sont pas
les œuvres médiocres, ce sont les chefs-
d’œuvre. Que l’État renonce à comman-
der, en une seule année, 169 peintures
au prix moyen de 1,183 francs; que
sur ces 169 peintures, 15h ne soient pas
des copies de tableaux trop souvent
sans valeur; que sur une allocation de
200,000 francs les portraits de l’Empe-
reur et de l’Impératrice n’absorbent pas
92,Zi00 francs; que la moyenne des ta-
bleaux achetés et distribués s’élève de
1,840 francs à 5,625 francs, ainsi que
cela a été; et les artistes ne se plaindront
pas, l’art se trouvera mieux encouragé
et tout le monde applaudira.
Le devoir d’une administration n’est
pas de fournir du travail à des impuis-
sants , de maintenir dans le sentier diffi-
cile de l’art des hommes qui devraient
suivre la route plus aisée de l’industrie.
Qu’on secoure des artistes honorables
frappés par. le malheur, personne n’y
trouvera à redire; mais il faut avant tout
qu’un ministère des beaux-arts seconde,
dans leurs luttes courageuses et nobles,
les peintres qui font honneur à la France;
qu’il enrichisse nos musées d’œuvres su-
perbes qui servent d’exemple aux jeunes
gens, qui instruisent et civilisent les po-
pulations; qu’il acquierre des morceaux
dignes de témoigner dans l’avenir de la
grandeur de notre époque.
Voilà ce qu’il faudrait et voilà ce qui
n’est point. Hélas! il faut bien le dire,
nombre de tableaux qui ont obtenu les
médailles d’honneur, mérité les grands
succès à' nos Salons n’appartiennent pas
au Luxembouig. Ce n’est point dans ce
musée que l’on peut admirer la Source
d’Ingres; la Naissance de Vénus, par Ca-
banel; la Vague et la perle de Baudry;
Concordia cl Bellum de Puvis de Cha-
vannes ; le Lac de Némi, par Corot;
VOEdipe de Moreau ; le Fou de Roybet ;
l’Idylle de Lévy ; le Passage du gué et
le Bivouac de Fromentin ; la Lecture de
la Bible, par Brion; la Métairie ou le
Chêne de Boche de Rousseau ; le Gué de
l’Alma, par Pils ; la Vallée d’Optevoz de
Daubigny; la Femme couchée de Le-
febvre; l’Aurore de Hamon; la Fin de
la journée de Breton ; le Prisonnier de
Gérome; Rosa Nera de Hébert; 181 h et
le général Desaix de Meissonier; le Des-
sin d’Homère, par Ingres... Toutes ces
œuvres appartiennent à des collections
privées ou princières et Beaucoup d’entre
elles n’ont même point figuré à l’exposi-
tion universelle, détenues qu’elles sont
par des propriétaires. plus soucieux de
montrer à des souverains leurs salons
brillamment ornés que de contribuer à
soutenir l’éclat et l’honneur de liécole
française dans le grand tournoi auquel
on avait convié tout l’univers.
Ces vices administratifs, s’ils se conti-
nuaient, prouveraient combien il est dif-
ficile, impossible de maintenir à la fois
les intérêts de l’État et de satisfaire à des
exigences plus personnelles ; ils montre-
raient jusqu’à l’évidence comme quoi il
est utile, urgent de distraire la direction
des beaux arts du ministère de la maison
de l’Empereur.
Mieux vaudrait, en effet, que l’État soit
le seul dépositaire des clefs de l’exposi-
tion, pour que le premier il soit averti de
ce qui s’est fait de bien dans le domaine
des arts, pour que le premier il soit ap-
pelé à juger et à acquérir les œuvres
vraiment remarquables, les seules dignes
d’entrer dans des musées nationaux.
Émile Galicuon.
L’ACADÉMIE
ET LE GRAND PRIX DE L’EMPEREUR.
M. le surintendant a fait précisément ce
qu’il fallait pour que le grand prix de l’Em-
pereur ne fût pas donné ou pour qu’il
changeât de caractère.
Dans le mois de février, il avait annoncé
à l’Académie des beaux-arts que ce serait
treille de ses membres qui formeraient le
jury chargé de décerner .le grand prix de
100,000 fr. à l’auteur d’une œuvre considé-
rable de peinture, de sculpture ou d’ar-
chitecture reconnue digne de cette récom-
pense.
A cette déclaration, qui ne s’accordait point
avec le décret du 13 août I86Z1, aux termes
duquel le jury devait être composé de trente
membres, dont dix seulement choisis dans
l’Académie, tout le monde fut étonné, et on
se demanda ce que la quatrième section de
l’Institut allait décider. Céderait-elle à la ten-
tation de délivrer à un de ses membres un
si beau prix en se reconnaissant elle-même
juge et partie? Ou bien refuserait-elle de
constituer le jury en se rappelant le décret
de novembre 1863, par lequel le juge-
ment de concours d’élèves lui a été retiré?
Ces questions se posaient d’autant plus natu-
rellement à l’esprit de chacun qu’on sait que
M. le surintendant fut le promoteur de ce
décret célèbre, parce que, disait-il alors,
toute compagnie est animée par un certain
esprit de corps qui fait que les défauts d’un
ouvrage produisent plus d'impression que ses
qualités. Sur les défauts, ajoutait-il, les mem-
bres sont toujours d’accord, les qualités sont
toujours contestées. Le prix est à celui qui a
le moins de défauts, et non pas à celui qui a
les plus grandes qualités. En d’autres termes,
la médiocrité honnête a les plus belles chances
de succès.
L’Académie aurait pu se souvenir de ces
paroles sévères, pour ne rien dire de plus,
si elle n’avait, avant tout, pour mission de
transmettre aux artistes les encouragements
et aux arts une direction morale. Elle a cru
ne pouvoir refuser à l’administration ce
qu’elle accorde aux plus humbles des parti-
culiers, c’est-à-dire le jugement et la sanc-
tion d'une fondation généreuse; mais, dési-
reuse de remplir impartialement ses devoirs
de juge, elle a pris, samedi dernier, une
ABONNEMENTS.
Paris.Un an : 15 fr
—.Six mois : S fr
Départements .... Un an : 18 fr.
— .... Six mois : 10 fr.
Un numéro : 20 cent.
Pour l’étranger , le port en sus.
*
-—- .... ■
[fl
Administration, 55.. rue Vivienne, :
Correspondances étrangères. — Nouvelles
des galeries publiques, des ateliers. —
Bibliographie des livres, articles de revues
et estampes, publiés en France et à
l’Étranger.
Expositions de Province et de l’Et singer, g
décision qui l’honore. L’Académie, en ac-
ceptant la tâche difficile pour laquelle on la
sollicitait, a voulu que son verdict fût à
l’abri de tout soupçon, et elle a décidé, à la
presque unanimité des voix, que ses mem-
bres seraient hors de concours. Si une pa-
reille détermination ôte, on ne peut le mé-
connaître, à ce prix beaucoup de son effet,
de son prestige, si elle lui enlève son carac-
tère fastueux, elle le rend plus utile, plus
profitable, en procurant à un artiste l’indé-
pendance nécessaire au talent.
Émile Galicuon.
L’ÉGLISE SANTA-MARIA DELL’ ARENA
FERMÉE AU PUBLIC.
Nous croyons devoir appeler l’attention
de qui de droit sur un fait grave, puisqu’il
intéresse à la fois la gloire d’un dos plus
grands maîtres italiens et les progrès que
pourrait déterminer, dans l’art contempo-
rain, l’élude d’un des plus nobles chefs-
d’œuvre de la peinture religieuse.
On nous écrit de Padoue que, depuis un
an, la petite église de Santa-Maria dcll’
Anna demeure invariablement fermée, et
que, par conséquent, les admirables fresques
de Giotto qui la décorent sont soustraites
aux regards des artistes aussi bien qu’à ceux
du public. Un procès pendant entre le pro-
priétaire de celte chapelle et l’administra-
tion municipale, qui argue de ses droits
antérieurs, serait, dit-on, la cause de cette
mesure si préjudiciable aux intérêts de tout
le monde, et nous ajouterons si contraire
aux efforts poursuivis ailleurs pour mainte-
nir en honneur ou pour remettre en lumière
les œuvres des vieilles écoles italiennes. O11
sait, par exemple, de quels soins et de quels
respects sont entourées maintenant les
fresques que Fra Angelico a laissées dans le
couvent de San-Marco à Florence. Dans la
même ville, l’église de Santa-Croce a été
depuis peu débarrassée du badigeon dont on
avait autrefois recouvert, les peintures d’A-
gnolo Gaddl et d’autres Giotteschi. Le musée
du Bargello a été créé; celui des Offices
s’est enrichi de plusieurs œuvres qui 11’a-
vaient eu jusqu’ici qu’une publicité res-
treinte ou un abri moins digne d’elles. A
Sienne comme à Milan, à Pise, à Prato, à
Pistoïa, des tentatives méritoires ont été
accomplies pour retrouver, à l’honneur des
anciennes écoles, des titres oubliés ou mé-
connus. Partout, en Italie, les monuments
de l’art du xiv° et du xve siècle sont deve-
DIMANCHE 25 AVRIL.
1869
ABONNEMENTS.
Paris.Un an : 15 fr.
—.Six mois : 8 fr.
Départements .... Un an : 18 fr.
— .... Six mois : 10 fr.
Un numéro : 20 cenc.
Pour l’étranger, le port en sus.
Rédaction, 55, rue Vivienne.
Comptes rendus et annonces des ventes
publiques de tableaux, dessins, estampes,
bronzes, ivoires, médailles, livres rares,
autographes, émaux, porcelaines, armes,
objets de curiosité, etc.
Revue des Arts industriels.
CHRONIQUE
DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
GUIDE SPÉCIAL DES ARTISTES ET DES AMATEURS
JOURNAL POLITIQUE PARAISSANT LE DIMANCHE
DES ACQUISITIONS DE L’ÉTAT
AUX SALONS.
Les droits de la nation sur les musées
de la couronne étant prouvés, l’indivisi-
bilité des collections nationales étant éta-
blie, une exposition des œuvres à rendre
à l’État ayant été décidée, la discussion
des autres questions soulevées par le dé-
cret du *25 mars, viendra mieux en son
temps lorsque, dans quelques mois, le pu-
blic sera appelé à juger, et la commission
mise à même de commencer son travail
d’examen et de répartition. Nous aban-
donnerons donc momentanément le Lou-
vre pour le Palais des Champs - Élysées,
où l’exposition qui va s’ouvrir le l'r mai
nous invite à nous occuper de l’art mo-
derne.
L’encombrement de nos musées, occa-
sionné par les A5,000 objets qui y sont
entrés dans ces dernières années, doit
faire réfléchir nos administrateurs et les
amener à penser, nous le croyons du
moins, qu’en matière d’art, la qualité
vaut mieux que- la quantité. Ce qui
manque à toutes les collections, et ce qui
leur manquera toujours, ce ne sont pas
les œuvres médiocres, ce sont les chefs-
d’œuvre. Que l’État renonce à comman-
der, en une seule année, 169 peintures
au prix moyen de 1,183 francs; que
sur ces 169 peintures, 15h ne soient pas
des copies de tableaux trop souvent
sans valeur; que sur une allocation de
200,000 francs les portraits de l’Empe-
reur et de l’Impératrice n’absorbent pas
92,Zi00 francs; que la moyenne des ta-
bleaux achetés et distribués s’élève de
1,840 francs à 5,625 francs, ainsi que
cela a été; et les artistes ne se plaindront
pas, l’art se trouvera mieux encouragé
et tout le monde applaudira.
Le devoir d’une administration n’est
pas de fournir du travail à des impuis-
sants , de maintenir dans le sentier diffi-
cile de l’art des hommes qui devraient
suivre la route plus aisée de l’industrie.
Qu’on secoure des artistes honorables
frappés par. le malheur, personne n’y
trouvera à redire; mais il faut avant tout
qu’un ministère des beaux-arts seconde,
dans leurs luttes courageuses et nobles,
les peintres qui font honneur à la France;
qu’il enrichisse nos musées d’œuvres su-
perbes qui servent d’exemple aux jeunes
gens, qui instruisent et civilisent les po-
pulations; qu’il acquierre des morceaux
dignes de témoigner dans l’avenir de la
grandeur de notre époque.
Voilà ce qu’il faudrait et voilà ce qui
n’est point. Hélas! il faut bien le dire,
nombre de tableaux qui ont obtenu les
médailles d’honneur, mérité les grands
succès à' nos Salons n’appartiennent pas
au Luxembouig. Ce n’est point dans ce
musée que l’on peut admirer la Source
d’Ingres; la Naissance de Vénus, par Ca-
banel; la Vague et la perle de Baudry;
Concordia cl Bellum de Puvis de Cha-
vannes ; le Lac de Némi, par Corot;
VOEdipe de Moreau ; le Fou de Roybet ;
l’Idylle de Lévy ; le Passage du gué et
le Bivouac de Fromentin ; la Lecture de
la Bible, par Brion; la Métairie ou le
Chêne de Boche de Rousseau ; le Gué de
l’Alma, par Pils ; la Vallée d’Optevoz de
Daubigny; la Femme couchée de Le-
febvre; l’Aurore de Hamon; la Fin de
la journée de Breton ; le Prisonnier de
Gérome; Rosa Nera de Hébert; 181 h et
le général Desaix de Meissonier; le Des-
sin d’Homère, par Ingres... Toutes ces
œuvres appartiennent à des collections
privées ou princières et Beaucoup d’entre
elles n’ont même point figuré à l’exposi-
tion universelle, détenues qu’elles sont
par des propriétaires. plus soucieux de
montrer à des souverains leurs salons
brillamment ornés que de contribuer à
soutenir l’éclat et l’honneur de liécole
française dans le grand tournoi auquel
on avait convié tout l’univers.
Ces vices administratifs, s’ils se conti-
nuaient, prouveraient combien il est dif-
ficile, impossible de maintenir à la fois
les intérêts de l’État et de satisfaire à des
exigences plus personnelles ; ils montre-
raient jusqu’à l’évidence comme quoi il
est utile, urgent de distraire la direction
des beaux arts du ministère de la maison
de l’Empereur.
Mieux vaudrait, en effet, que l’État soit
le seul dépositaire des clefs de l’exposi-
tion, pour que le premier il soit averti de
ce qui s’est fait de bien dans le domaine
des arts, pour que le premier il soit ap-
pelé à juger et à acquérir les œuvres
vraiment remarquables, les seules dignes
d’entrer dans des musées nationaux.
Émile Galicuon.
L’ACADÉMIE
ET LE GRAND PRIX DE L’EMPEREUR.
M. le surintendant a fait précisément ce
qu’il fallait pour que le grand prix de l’Em-
pereur ne fût pas donné ou pour qu’il
changeât de caractère.
Dans le mois de février, il avait annoncé
à l’Académie des beaux-arts que ce serait
treille de ses membres qui formeraient le
jury chargé de décerner .le grand prix de
100,000 fr. à l’auteur d’une œuvre considé-
rable de peinture, de sculpture ou d’ar-
chitecture reconnue digne de cette récom-
pense.
A cette déclaration, qui ne s’accordait point
avec le décret du 13 août I86Z1, aux termes
duquel le jury devait être composé de trente
membres, dont dix seulement choisis dans
l’Académie, tout le monde fut étonné, et on
se demanda ce que la quatrième section de
l’Institut allait décider. Céderait-elle à la ten-
tation de délivrer à un de ses membres un
si beau prix en se reconnaissant elle-même
juge et partie? Ou bien refuserait-elle de
constituer le jury en se rappelant le décret
de novembre 1863, par lequel le juge-
ment de concours d’élèves lui a été retiré?
Ces questions se posaient d’autant plus natu-
rellement à l’esprit de chacun qu’on sait que
M. le surintendant fut le promoteur de ce
décret célèbre, parce que, disait-il alors,
toute compagnie est animée par un certain
esprit de corps qui fait que les défauts d’un
ouvrage produisent plus d'impression que ses
qualités. Sur les défauts, ajoutait-il, les mem-
bres sont toujours d’accord, les qualités sont
toujours contestées. Le prix est à celui qui a
le moins de défauts, et non pas à celui qui a
les plus grandes qualités. En d’autres termes,
la médiocrité honnête a les plus belles chances
de succès.
L’Académie aurait pu se souvenir de ces
paroles sévères, pour ne rien dire de plus,
si elle n’avait, avant tout, pour mission de
transmettre aux artistes les encouragements
et aux arts une direction morale. Elle a cru
ne pouvoir refuser à l’administration ce
qu’elle accorde aux plus humbles des parti-
culiers, c’est-à-dire le jugement et la sanc-
tion d'une fondation généreuse; mais, dési-
reuse de remplir impartialement ses devoirs
de juge, elle a pris, samedi dernier, une
ABONNEMENTS.
Paris.Un an : 15 fr
—.Six mois : S fr
Départements .... Un an : 18 fr.
— .... Six mois : 10 fr.
Un numéro : 20 cent.
Pour l’étranger , le port en sus.
*
-—- .... ■
[fl
Administration, 55.. rue Vivienne, :
Correspondances étrangères. — Nouvelles
des galeries publiques, des ateliers. —
Bibliographie des livres, articles de revues
et estampes, publiés en France et à
l’Étranger.
Expositions de Province et de l’Et singer, g
décision qui l’honore. L’Académie, en ac-
ceptant la tâche difficile pour laquelle on la
sollicitait, a voulu que son verdict fût à
l’abri de tout soupçon, et elle a décidé, à la
presque unanimité des voix, que ses mem-
bres seraient hors de concours. Si une pa-
reille détermination ôte, on ne peut le mé-
connaître, à ce prix beaucoup de son effet,
de son prestige, si elle lui enlève son carac-
tère fastueux, elle le rend plus utile, plus
profitable, en procurant à un artiste l’indé-
pendance nécessaire au talent.
Émile Galicuon.
L’ÉGLISE SANTA-MARIA DELL’ ARENA
FERMÉE AU PUBLIC.
Nous croyons devoir appeler l’attention
de qui de droit sur un fait grave, puisqu’il
intéresse à la fois la gloire d’un dos plus
grands maîtres italiens et les progrès que
pourrait déterminer, dans l’art contempo-
rain, l’élude d’un des plus nobles chefs-
d’œuvre de la peinture religieuse.
On nous écrit de Padoue que, depuis un
an, la petite église de Santa-Maria dcll’
Anna demeure invariablement fermée, et
que, par conséquent, les admirables fresques
de Giotto qui la décorent sont soustraites
aux regards des artistes aussi bien qu’à ceux
du public. Un procès pendant entre le pro-
priétaire de celte chapelle et l’administra-
tion municipale, qui argue de ses droits
antérieurs, serait, dit-on, la cause de cette
mesure si préjudiciable aux intérêts de tout
le monde, et nous ajouterons si contraire
aux efforts poursuivis ailleurs pour mainte-
nir en honneur ou pour remettre en lumière
les œuvres des vieilles écoles italiennes. O11
sait, par exemple, de quels soins et de quels
respects sont entourées maintenant les
fresques que Fra Angelico a laissées dans le
couvent de San-Marco à Florence. Dans la
même ville, l’église de Santa-Croce a été
depuis peu débarrassée du badigeon dont on
avait autrefois recouvert, les peintures d’A-
gnolo Gaddl et d’autres Giotteschi. Le musée
du Bargello a été créé; celui des Offices
s’est enrichi de plusieurs œuvres qui 11’a-
vaient eu jusqu’ici qu’une publicité res-
treinte ou un abri moins digne d’elles. A
Sienne comme à Milan, à Pise, à Prato, à
Pistoïa, des tentatives méritoires ont été
accomplies pour retrouver, à l’honneur des
anciennes écoles, des titres oubliés ou mé-
connus. Partout, en Italie, les monuments
de l’art du xiv° et du xve siècle sont deve-