Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

La chronique des arts et de la curiosité — 1869

DOI issue:
Nr. 33 (15 Août)
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.26661#0187
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
ïv 33.

DIMANCHE 15 AOUT.

1869

ABONNEMENTS.

Paris. ....... Un an : 1 5 fr.

—.Six mois ; 8 fr.

Départements .... Un an : 18 fr.

— .... Six mois : 10 fr.

Un numéro : 20 cent.

Pour l'étranger, le port en sus.

Rédaction, 55, rue Vivienne.

ABONNEMENTS.

Paris.Un an : 15 fr

— ........ Six mois : 8 fr

Administration, 55, rue Vivienne.

Comptes rendus et annonces des ventes

T T TA /""X TV T T J—X T T 1—'

Correspondances étrangères. — Nouvelles

publiques de tableaux, dessins, estampes,

f ^ I_1 U / m / i L

des galeries publiques, des ateliers. —

bronzes, ivoires, médailles, livres rares,

L> M KM In 1 V ) LJ C

Bibliographie des livres, articles de revues

autographes, émaux, porcelaines, armes.

JL JL JL X. JL X A V.j'' V_X LJ

et estampes, publiés en France et à

objets de curiosité, etc.

DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ

l’Etranger.



Revue des Arts industriels.

GUIDE SPÉCIAL DES ARTISTES ET DES AMATEURS

Expositions de Province et de l’Ett singer.

JOURNAL POLITIQUE PARAISSANT LE DIMANCHE

L’ÉCOLE DES BEAUX-ARTS DE LYON.

L’École des beaux-arts de Lyon a été,
sans contredit, depuis un demi-siècle,
la plus importante des écoles de pro-
vince. 11 en est sorti des peintres, tels
que Saint-Jean, Orsel et Hippolyte Flan-
drin; des sculpteurs; des dessinateurs
pour l’art et l’industrie, tel que Chabal-
Dussurgey.

A la distribution des prix qui a eu lieu
ces jours derniers, M. Cezan, secrétaire
général (le Salut public ne dit pas si
c’est de la préfecture), a prononcé un
discours dans lequel nous lisons ce curieux
paragraphe :

« Je porte un intérêt particulier à l’E-
cole des beaux-arts de Lyon. Mais mon
intérêt et ma sympathie pour cet établis-
sement ne sont pas d’un seul mot. Ni
l’éloge ni la critique n’en serait la vraie
formule. Ce qui pourra vous en donner
l’idée la plus juste, c’est la tendresse in-
quiète, la vive sollicitude qu’on éprouve
pour des êtres aimés qui manquent de
santé ou tout au moins de virilité. Je suis
en présence d’une école qui comptait
300 élèves en 1826, en pleine Restaura-
tion, à une époque où l’enseignement de
tout genre était aussi discret qu’il est
bruyant de nos jours. Il n’y a pas dix ans
encore, en 1860, vous étiez 200, et au-
jourd’hui vous n’êtes pas même 100.

« Comment la ville de Lyon et les ma-
gistrats qui ont l’insigne honneur de
l’administrer ne seraient-ils pas préoc-
cupés d’un pareil état de choses? Qui
pourra trouver extraordinaire que l’auto-
rité administrative en recherche les cau-
ses et qu’elle ait la ferme résolution d’y
mettre fin, si c’est dans ses moyens?
L’enseignement du dessin est un des plus
grands et des plus récents progrès des
nations civilisées. Or, nulle part, en
France, l’accès des écoles de dessin n’est
plus facile qu’à Lyon. La ville déploie
une libéralité véritable pour fournir aux
hommes de talent et d’avenir des moyens
d’étude et des occasions de succès. Elle
a d’excellents professeurs qui consacrent
leur temps et mettent leur honneur à
faire de-bons élèves, et dont la secrète
ambition serait d’avoir beaucoup d’élèves.
Les leçons qu’on vous.d^nne ici ne vous

coûtent que la peine de les prendre
ou de les recevoir. N’aurez-vous pas l’a-
mour-propre de chercher à en tirer le
meilleur parti possible pour votre avenir
et la réputation de vos maîtres? Ne vou-
drez-vous pas seconder le vœu de l’admi-
nistration et de l’opinion publique qui
vous sollicitent à continuer la tradition
d’une école dont la célébrité intéresse au
plus haut degré la prospérité de l’indus-
trie lyonnaise ? »

De son côté, le secrétaire-rapporteur
du jury, M. Martin-Daussiguy, trouve que
tout va pour le mieux dans la meilleure
des écoles possibles :

« Si nous comparons l’organisation de
notre école des beaux-arts avec celle de
toutes les écoles de ce genre établies en
France et à l’étrapger, nous trouvons
qu’elle est la plus complète. Nous voyons
même que ses émules n’ont pu parvenir
à quelque succès qu’en lui empruntant
une partie des principes qui servent de
base à son organisation. La ville de Lyon
peut donc à bon droit se montrer fière d’un
établissement que nos rivaux s’efforcent
de copier, à la perfection duquel ils ne
pourraient que difficilement atteindre,
mais qu’ils ne sauraient jamais dépasser.

« Dès le commencement, notre'école,
fondée par Napoléon Ier, en 1807, prit
une des premières places parmi les éta-
blissements artistiques de l’Europe. Quel-
ques années à peine s’étaient écoulées
depuis sa fondation, que déjà une bril-
lante pléiade d’artistes, la gloire de notre
cité, en étaient sortis. Avec des moyens
d’instruction très-bornés, avec de faibles
ressources, l’École des beaux-arts avait
formé dès lors des hommes d’un véri-
table talent.' Le savoir, l’expérience, le
zèle de P. Revoil, de si honorable mé-
moire, avaient suppléé à tout, et bientôt
sortirent de ses mains les Bonnefond, les
Orsel, les Trimolet, les Magnin, les Thier-
riot, les.Rey, les Jacomin, les Genod et
tant d’autres dont les noms m’échappent,
mais que la galerie des peintres lyonnais
nous montre avec un légitime orgueil.

« Notre école des beaux-arts ne s’arrêta
point à ce brillant succès : ne perdant
jamais de vue le but principal de son insti-
tution , la prospérité de notre fabrique
de soierie, elle avait formé une foule
de dessinateurs de mérite qui, avec une

incomparable richesse d’imagination, tra-
çait les dessins de ces étoffes splendides
que l’Europe entière se disputait.

« Des réformes heureuses, inaugurées
en 1861, changèrent la nature des études
artistiques de notre école, les rendirent
plus fortes et plus enharmonie avec celles
faites dans la capitale, où nos élèves,
mieux instruits, furent chaque année dis-
puter le grand prix avec un tel bonheur,
que, de 1831 à 1860, dix-sept premiers
et deuxièmes grands prix de Rome furent
remportés par eux. »

Gomme ombre*au tableau, le secré-
taire-rapporteur fait plus loin une cri-
tique, à laquelle nous ne saurions nous
associer complètement, car si une école
a eu jamais besoin de réchauffer sa pa-
lette et de vivifier son dessin, c’est assu-
rément l’École de Lyon. L"a peinture est
d’ailleurs toute autre chose que « la cou-
leur ajoutée au dessin » ; c’est, dans les
arts purs comme dans l’industrie artiste,

• «Te sentiment ajouté à l’observation de
la nature. »

« Dans la section de peinture, dit-il, le
jury a constaté que la plupart des élèves
paraît avoir surtout en vue l’énergie du
coloris ; mais il est à regretter que leur
attention, entièrement absorbée par des
efforts de ce genre, se laisse détourner
de l’étude de la forme, et qu’ils parais-
sent ne plus se souvenir que la peinture
n’est autre chose que la couleur ajoutée
au dessin. »

*

M. Martin-Daussigny ajoute plus sage-
ment :

« Pourquoi ne ferions-nous pas re-
vivre ces heureuses époques (celles des
xiv% xve et xvxe siècles), aujourd’hui que
nos grandes découvertes donnent à l’in-
dustrie mille moyens de se développer?
Sommes-nous donc plus incapables que
nos aïeux? Notre intelligence a-t-elle
donc dégénéré ? Non, certainement.

« Le mal vient de ce que nos jeunes
artistes, induits en erreur par l’idée de
devenir tous des peintres en renom, con-
sidèrent comme indignes d’eux les dessins
pour l’industrie. Dans leur égarement,
ils méconnaissent le talent et la haute
importance de ces dessinateurs aussi sa-
vants que modestes, se tenant éloignés,
il est vrai, des expositions de peinture,
mais qui, dans le silence du cabinet,

traçent d’une main habile ces composi-
tions admirables dont l’exécution, faisant
vivre des milliers d’ouvriers, amène des
Ilots d’or dans notre ville et répand la
renommée de sa supériorité jusqu’aux
extrémités de l’univers.

« L’étude de l’ornement doit être re-
gardée dans notre école comme le com-
plément de son organisation. En marchant
dans la voie qu’elle vient de se tracer, cette
classe produira' des hommes capables.
Toutes les industries viendront y cher-
cher des artistes pour illustrer leurs pro-
duits. Ainsi que nous l’avons dit, Lyon-
n’aura plus à demander des dessins à la
capitale ni à en imiter les productions :
il marchera seul. »

Ces plaintes, formulées dans le centre
le plus positif et le plus intéressé à la
question, par des hommes compétents,
sont faites pour frapper.

Il en ressort du discours du secrétaire
général que « l’autorité administrative a
la ferme résolution de mettre fin » à
cette grève des élèves de l’École impé-
riale. Mais par quel moyen ? Peut-on com-
mander des troupes contre des jeunes gens
qui préfèrent rester chez eux? Occupera-
t-on militairement le palais de Saint-
Pierre? Est-il possible d’édifier un com-
plot contre la sûreté de i’École de Lyon?
Non. Si l’école compte moins d’élèves,
c’est, ou que l’enseignement n’y répond
plus aux besoins actuels, ou que le ralen-
tissement de la fabrication des tissus
riches exige un moindre nombre de des-
sinateurs. Voilà, je crois, ce que M. le
secrétaire général eût dû indiquer sur un
ton moins menaçant.

Le rapport de M. Martin-Daussigny est
plus sage. Le conseil qu’il donne aux
élèves d’appliquer leur talent, leur savoir,
leur intelligence, aux conditions si va-
riées et si strictes qu’exige l’industrie est
d’une justesse parfaite. La sage Angle-
terre nous a précédés dans cette voie.
Elle en recueille aujourd’hui les béné-
fices. Son école de peintres n’en a pas
diminué, son école de dessinateurs a pro-
gressé'visiblement.

Il n’en sera ainsi chez nous que lors-
que « l’autorité administrative » Cessera
d’encourager la production de la médio-
crité par le morcellement infini des ac-
quisitions à la suite des Salons. Il n’en
 
Annotationen