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La chronique des arts et de la curiosité — 1869

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Nr. 41 (10 Octobre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26661#0219
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N° 4 1.

DIMANCHE 10 OCTOBRE.

1869.

ABONNEMENTS.

Paris.Un an : 15 fr.

—.Six mois : 8 fr.

Départements .... Un an : 18 fr.

— .... Six mois : 10 fr.

Un numéro : 20 cent.

Pour l’étranger, le port en sus.

Rédaction, 55, rue Vivienne.

Comptes rendus et annonces des ventes
publiques de tableaux, dessins, estampes,
bronzes, ivoires, médailles, livres rares,
autographes, émaux, porcelaines, armes,
objets de curiosité, etc.

Revue des Arts industriels.

CHRONIQUE

DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ

GUIDE SPÉCIAL DES ARTISTES ET DES AMATEURS

JOURNAL POLITIQUE PARAIS S ANT LE DIMANCHE

ABONNEMENTS.

Paris. ....... Un an : 15 fr

— ........ Six mois : 8 fr

Départements .... Un an : 18 fr.

— .... Six mois : 10 fr.

Un numéro : 20 cent.
Pour l’étranger, le port

Administration, 55, rue

Correspondances étrangères. — Nouvelles
des galeries publiques, des ateliers. —
Bibliographie des livres, articles de revues
et estampes, publiés en France et à
l’Étranger.

Expositions de Province et de l’Étranger.

CONGRÈS INTERNATIONAL

DES BEAUX-ARTS APPLIQUÉS A L’INDUSTRIE.

Une révolution se fait en France sans
secousse ni violence; l’initiative privée
se réveille et demande à exercer son ac-
tion à côté de celle du gouvernement. De
cet esprit viril et fortifiant, l’Union cen-
trale des arts appliqués à l’industrie vient
de donner un noble exemple qui, nous
l’espérons, sera suivi. Justement effrayée
des efforts considérables faits, dans toute
l'Europe, pour l’emporter sur nos indus-
tries d’art, cette société a voulu se ren-
dre un compte exact de la situation de
l’enseignement du dessin en France, afin
d’étudier ensuite les meilleurs moyens de
le développer en l’améliorant. Après avoir
réuni dans le palais des Champs-Elysées,
à côté d’un musée oriental et d’une expo-
sition d’œuvres modernes, les travaux
d’élèves appartenant à plus de trois cents
écoles, elle a pensé devoir profiter du sé-
jour à Paris de nombreux professeurs,
étrangers et provinciaux, pour connaître
leur avis sur cette très-grave question.
J’ai dit très-grave question et je main-
tiens mon expression. On ne saurait trop
le répéter, la connaissance du dessin ne
peut plus, au xixc siècle, être considérée
comme une superfluité dans l’éducation
de l’homme ; il faut l’admettre comme
un des moyens les plus puissants d’assu-
rer la prospérité à la plupart de nos
grandes industries. Sans la connaissance
du dessin, nos meubles, nos étoffes, nos
papiers peints, notre céramique, notre
orfèvrerie , nos bronzes, nos bijoux ,
notre verrerie.privés de goût, trou-

veraient peu d’écoulement sur les mar-
chés étrangers. En elle réside une des
principales forces productrices des na-
tions. A un ouvrier ignorant livrez un
morceau de terre, il n’en fera qu’un us-
tensile sans valeur ; à un artisan instruit
remettez cette même argile et, dans le
même espace de temps, sans plus d’efforts,
il en tirera un vase d’un prix élevé.

Les questions qui devaient être agitées
dans ce congrès , auquel assistèrent des
hommes distingués de-toute l’Europe,
touchaient donc à des points importants
de l’économie sociale, et un échec eut

été regrettable. Je redoutais les longs
discours, les récriminations sans objet se
substituant aux débats serrés’ et sincères,
les efforts des intéressés à faire prévaloir
un sytème étroit et particulier d’ensei- |
gnement. Toutes mes craintes se sont
promptement évanouies, grâce au bon
sens et à l’esprit de désintéressement c-vi
ne cessa de régner; grâce aussi à l’habi-
leté de notre président, M. Louvrier de
Lajolais, qui, dès le premier jour, plaça
la discussion sur son vrai terrain et l’y
maintint avec fermeté. L’assemblée était
composée, en grande partie : de profes-
seurs constamment en rapport avec l’en-
fance; de fabricants bien placés pour
connaître et définir le goût public; d’ar-
tistes attachés à l’industrie et parfaitement
au courant du degré d’éducation des
ouvriers appelés à rendre leurs composi-
tions. Jamais je n’oublierai l’aspect de la
salle où vinrent, pendant six jours, se
réunir assidûment, autour d’unè table
immense, plus de cent personnes aban-
donnant volontiers leurs travaux, et
supportant courageusement six heures
de discussion pour connaître la vérité
et résoudre pratiquement des questions
du plus haut intérêt social et commer-
cial. Personne ne se rendit à ces séances
avec un discours en poche; nul ne pensa
à briller, à faire preuve d’éloquence. On
parla avec simplicité et liberté, en atta-
chant plus d’importance au fond qu’à la
forme, et toujours sans perdre de vue
qu’il importait, avant tout, d’arriver à
des conclusions sages et applicables.

On atteignit, sinon complètement, du
moins en grande partie, le but qu’on dé-
sirait. Mais ne faire que constater les
causes qui exercent une mauvaise in-
fluence sur la production, ne faire que
formuler des résolutions sensées et pra-
tiques, c’est toujours rester dans le do-
maine de la théorie. Or, une assemblée
d’hommes habitués à estimer plus les
actes que les spéculations de l’esprit ne
pouvait se contenter d’un résultat qui
eût satisfait beaucoup d’autres. Aux ré-
solutions, prises à la suite de longs débats
qui seront publiés en un volume, l’as-
semblée crut devoir joindre l’expression
de vœux, tendant à indiquer à l’Union
centrale les moyens qu’elle pensait bons,
pour passer de la théorie à l’application

et obtenir promptement les réformes ju-
gées nécessaires dans l’enseignement du
dessin. Ces vœux provoqués et favorable-
ment accueillis par le comité d’organisa-
tion de l’Union centrale, sont aujourd’hui
même (au lendemain du vote) à l’étude,
et bientôt ils trouveront leur réalisation,
ainsi que M. Guichard, président de la
Société, l’a laissé entrevoir dans quelques
paroles qui ont été couvertes d’applau-
dissements *.

Tels sont les résultats considérables
d’un congrès dont on n’attendait rien
ou presque rien. Aussi, lorsque plusieurs
j personnes me demandèrent, à moi l’in-
crédule des premiers jours, de remercier
au nom de tous notre président, M. Lou-
vrier de Lajolais, et le président de l’U-
nion centrale, M. Guichard, ce ne fut pas
sans une très-vive émotion que je jiris la
parole. Ce que je dis alors sous l’impres-
sion du moment, je le reproduis ici,
comme un aveu de mon erreur, et avec
l’espoir que quelques personnes, conver-
ties par mon exemple, viendront prêter
leur appui à une société qui veut sin-
cèrement la généralisation de l’ensei-
gnement du dessin, le développement
et l’élévation du goût, inséparables d’une
action moralisatrice.

Voici les quelques paroles que je pro-
nonçais :

Je n’ai pas besoin de vous dire que je
suis un partisan déterminé de l’initiative
privée et de la libre discussion. Mes actes,
mes écrits sont là pour le prouver. Mais
laissez-moi vous exposer en quelques mots
comment cette réunion a contribué à me
prouver la force vivifiante de l’exercice de
ces droits.

En principe, j’étais favorable à votre con-
grès; mais, prévenu trop tard, et sans au-
cune habitude de la parole, j’y suis venu
pour écouter, profiter des idées émises et
avec la ferme volonté de n’y paraître que
comme auditeur. Je pensais aussi — et
pourquoi ne l’avouerais-je point? —je pen-
sais que de ce congrès, formé un peu à l’im-
provisle, il ne sortirait rien.

Je me suis trompé en tous points et je
suis heureux de le constater à votre hon-

1. On comprendra parfaitement qu’une certaine
délicatesse nous fasse un devoir, en ce moment, de ne
point publier ces vœux. Dans quelques jours, nous
espérons, ce qui vaudra mieux, faire connaître les
mesures adoptées par l’Unioi) centrale.

neur. Pendant les premiers jours j’écoutais,
et je m’instruisis beaucoup en entendant
des hommes aussi initiés que vous tous aux
questions d’enseignement populaire et à la
situation vraie de nos grandes industries
d’art. En six séances , j’ai plus appris
qu’en dix ans de ma vie. Peu à peu, j’ai
vu se dérouler des horizons nouveaux ;
des idées que j’avais eues se réveillèrent,
se coordonnèrent ; des lacunes de mon
esprit se comblèrent, et des points qui me
paraissaient obscurs devinrent clairs. Bref,
vous avez si bien fait, messieurs, que bientôt,
façonné, éclairé par vous, je me suis cru
capable d’entrer dans votre milice, d’atta-
quer aussi la bastille de la routine, et de
travailler avec vous à élargir les grandes
voies du progrès pacifique.

Je vous en remercie tous. J’en remercie
M. le président qui a si bien conduit nos
débats, qu’il a su nous communiquer une
chaleur nécessaire, tout en maintenant la
courtoisie, qui ne doit cesser de régner, entre
hommes résolus à rechercher sincèrement
la vérité et à placer l’intérêt général au-des-
sus de l’intérêt particulier. J’en remercie
l’Union centrale représentée ici par son pré-
sident M. Guichard, et par son vice-prési-
dent M. Sajou. En réunissant ce congrès
international, elle a fait faire, soyez-en per-
suadés, un grand pas à la grave question de
l’enseignement du dessin, et elle a bien
mérité de tous ceux qui aiment les arts et
tiennent en estime l’action de l’initiative
privée.

Si j’ai osé vous parler de moi et vous
traduire mes sentiments, c’est que j’ai tenu,
messieurs, à accomplir envers vous un acte
de justice, c’est que j’ai voulu qu’on sache
quelles avaient été, au début, les craintes,
et quelles sont aujourd’hui les pensées de
plusieurs d’entre vous. Tous, en ce moment,
nous devons être convaincus de l’avantage
qu’il y a à se voir, à se connaître et à dis-
cuter en commun. L’enseignement du des-
sin, cet enseignement qui nous est cher et
qui touche à tous les grands intérêts maté-
riels, intellectuels et moraux des nations, y
gagnera beaucoup. Rallions-nous donc tous
à l’Union centrale qui représente, dans les
arts et dans l’industrie, l’initiative privée;
à l’Union centrale qui a voulu s’éclairer en
faisant appel aux professeurs de tous les
pays-, à l’Union centrale qui, après avoir
tant fait, projette encore davantage. Dans
les voies nouvelles et libérales où elle veut
s’engager, je suis fier de pouvoir, en mon
nom personnel, au nom de vous tous, au
nom de la presse dont je crois pouvoir me
 
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