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La chronique des arts et de la curiosité — 1869

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Nr. 13 (28 Mars)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26661#0079
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N» 13.

DIMANCHE 28 MARS.

1869.

ABONNEMENTS.

Paris.Un an : 15 -fr.

—.Six mois : 8 fr.

Départements.... Un an : 18 fr.

— .... Six mois : 10 fr.

Un numéro : 20 cent.

Pour l’étranger, le port en sus.

«

Rédaction, 55, rue Vivienne.

Comptes rendus et annonces des ventes
publiques de tableaux, dessins, estampes,
A bronzes, ivoires, médailles, livres rares,
autographes, émaux, porcelaines, armes,
objets de curiosité, etc.

Revue des Arts industriels.

CHRONIQUE

DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ

GUIDE SPÉCIAL DES ARTISTES ET DES AMATEURS

JOURNAL POLITIQUE PARAISSANT LE DIMANCHE

ABONNEMENTS.

Pans. ••••... Un an ; 15 fr

— ........ Six mois : 8- fr.

Administration, 55, rue Vivienne.

Correspondances étrangères. — Nouvelles
des galeries publiques, des ateliers. —’
Bibliographie des livres, articles de revues
et estampes, publiés en France et à
l’Etranger.

Expositions de Province et de l’Etranger.

L’ABSTENTION DU LOUVRE

A LA VENTE DELESSERT.

La Vierge de la galerie Delessert a été
vendue moins cher qu’un tableau de
Téniers ! Une œuvre de Raphaël sort de
France où elle était depuis deux siècles,
et les administrateurs du Louvre n’ont
pas mis une seule enchère pour nous la
conserver ! Quelle meilleure occasion at-
tendent-ils donc pour dépenser leur ar-
gent? me dit le lendemain de la vente,
avec humeur et presque colère, un ama-
teur que tous nous estimons pour son
goût élevé. — Calmez-vous, lui répondis-
je, et surtout gardez-vous de toute idée
de blâme contre les administrateurs de
nos musées. Sans crainte de me trom-
per, je puis affirmer que rien n’a été
négligé pour enrichir nos collections
d’une nouvelle perle, et que le con-
servateur des peintures aime assez Ra-
phaël pour estimer très-haut une pein-
ture telle que la Vierge de la galerie
Delessert. Mieux encore que moi, vous
connaissez l’inclination de ce conservateur
pour les œuvres d’un ordre relevé. Si la
Vierge de Raphaël n’est pas aujourd’hui
au Louvre, ce n’est certainement pas le
désir qui a manqué, mais c’est l’argent
qui a fait défaut. L’État, vous le savez,
n’intervient pas dans la gestion de notre
musée; il s’en tient même si éloigné
qu’il n’a point ou presque point intérêt à
son 'développement. Depuis longtemps,
il a cédé l’usufruit du Louvre et de
ses trésors à la Liste civile, chargée
seule du soin de conserver et d’aug-
menter nos collections. La charge est
lourde, convenez-en, et ne devons-nous
pas quelque reconnaissance au souve-
rain qui, non content d’entretenir nos
musées suivant les termes stricts de la
loi, daigne encore annuellement les do-
ter d’une somme de cent -mille francs
pour les acquisitions. — J’allais conti-
nuer, lorsque mon amateur reprit avec
vivacité : Tout cela est bel et bon, mais
que m’importe que l’argent sorte de la
bourse de l’État ou de la liste civile ; ce
qui est certain, c’est que le budget de
nos grandes collections nationales ne
s’élève pas au delà de cent mille francs,

et que cette somme est tout à fait insuf-
fisante pour un musée qui compte des
galeries de sculptures assyriennes, égyp-
tiennes, grecques et romaines; des salles
de peintures appartenant à toutes les
écoles; des collections de bronzes, de
vases, de terres cuites, de dessins, de
miniatures et de pastels; des séries
d’émaux, de majoliques, de cristaux, de
bijoux et autres objets précieux... Le
moyen avec cent mille francs d’acheter
des œuvres vraiment dignes du Louvre,
quand un Pierre de Hooghe se vend

150.000 francs et un Teniers 159,000?

L’argument était sans réplique et il,

nous fallut convenir que si les adminis-
trateurs du Louvre étaient irrépréhen-
sibles, la France était singulièrement
coupable de se désintéresser à tel point
d’une .question si grave pour nos arts et
pour nos industries. En vain on nous ob-
jectera que l’État supplée parfois à l’in-
suffisance du budget normal par des
crédits supplémentaires, et on citera à
l’appui les acquisitions de la Conception
de Murillo et du Musée Campana. Ces
crédits exceptionnels, qui ont besoin
d’être ratifiés par un vote des chambres,
sont, on le comprend de reste, inappli-
cables aux occasions inattendues et fugi-
tives, les meilleures de toutes, et sont
toujours,' en outre, ouverts dans un but
déterminé. Souvent il en résulte, comme
nous le faisions déjà remarquer en 1862,
que les conservateurs de nos collections,
craignant de perdre le bénéfice de leur
crédit et entièrement dominés par cette
crainte, poussent à outrance leurs en-
chères, dussent-ils parfois provoquer les
sourires malicieux des hommes du mé-
tier. Le fait n’a été que trop prouvé par
l’enchère extravagante mise sur la com-
position banale d’un maître de second
ordre, sur la Conception de Murillo, payée

615.000 fr. ! Et pourtant, mieux valait
assurément, pour une nation comme la
nôtre, payer trop cher un beau morceau
de peinture que d’en être privé sans
compensation. M, le surintendant n’est
pas plus blâmable d’avoir enchéri outre
mesure un tableau qui menaçait de lui
échapper, que d’avoir manqué des occa-
sions illustres alors que les fonds lui
manquaient.

D’autre part, l’in suffisance, pour ne

pas dire la nullité du budget normal,
empêche les conservateurs de rechercher
les occasions d’enrichir nos musées avec
profit et à peu de frais. Aussi voyons-
nous trop souvent nos agents, en quête
d’obstacles, exiger la présentation dans
leurs bureaux des œuvres qu’on leur
propose, quand chaque jour, nous appre-
nons qu’un agent du British-Museum, de
la National-Gallery ou de South-Kensing-
ton a traversé la Manche pour venir en-
lever quelque chef-d’œuvre à la France,
à l’Italie ou à l’Espagne.

Oui, et nous ne devons point nous las-
ser de le répéter, il devient utile, urgent,
si la France tient à conserver sa réputa-
tion de pays artiste, que nous nous
préoccupions de la situation financière
de nos musées. Depuis qu’une prospérité
toujours croissante a changé toutes les
bases delà fortune publique, a centuplé
les ressources de l’État et fait atteindre
aux objets d’art des prix jusqu’alors
inconnus, la France doit à l’augmentation
de ses collections plus que la somme
fixée, en 1793, par la Convention pour
acheter clam les ventes particulières des
tableaux ou statues qu il importe de ne
pas laisser aller en pays étrangers? 11 est
déraisonnable, en 1869, après les ventes
Soult, Pourtalès, de Morny, San Donato et
Delessert, de maintenir le crédit voté en
1793, alors que quelques années aupara-
vant (1782), Louis XVI payait le Jeune
Mendiant de Murillo 3600 livres, et quand
quelques années plus tard, en 1801, le
Louvre acquérait, à la vente Tolosan, Y In-
térieur hollandais, de'Pierre de Hooghe,
moyennant 1350 francs! Pourquoi la
France, d’ailleurs, ferait-elle moins que
l’Angleterre, qui consacre annuellement
plus de trois millions à ses acquisitions
d’art? Si l’usufruit du Louvre, constitué
au bénéfice de la Liste civile, par un
sénatus-consulte, est un obstacle au dé-
veloppement de nos musées, eh bien ! que
l’État agrandisse l’hôtel de Cluny, uti- .
lise en le transformant le palais des
Champs-Élysées, et donne alors à nos
collections nationales les accroissements
qu’exigent l’intérêt et la gloire de la
France.

Émile Galichon.

LE BUDGET

DES BEAUX-ARTS ET BELLES-LETTRES.

EN BELGIQUE. *

Tout ce qui se rattache aux Beaux-Arts et
aux Belles-Lettres, aux musées, biblio-
thèques, archives et monuments publics,
rentre en Belgique dans les attributions du
ministère de l’intérieur. Nous extrayons du
projet de budget dé ce département pour
1869 les chiffres suivants :

Encouragements à la peinture, à la sculp-
ture, à la gravure, etc. . 260,000 fr. 00 c.

Encouragements en fa-
veur de renseignement
des arts plastiques :

Académie d’Anvers-.. .

67,857

.50

Autres académies et
école.

159,000

00

Encouragements à l’art
musical.

167,780

00

Musée Wiertz et mu-
sées royaux de peinture
et sculpture.

58,885

00

Musée royal d’armures-
et antiquités.

' 27',700

- 00

Monuments et mé-
dailles à consacrer aux
hommes illustres. . . .

40,000

00

Restauration et con-
servation des monu-
ments. ..

92,600

00

(Part de l’État.)
Exposition triennale
des beaux-arts de 1869.

25,000

00

Subsides, encourage-
ments et souscriptions
en faveur des belles-
lettres..

133,500

00

Académie royale des
sciences, lettres et beaux-
arts de Belgique. .. ...

76,700

00

Bibliothèque royale. .

82,820

00

Archives du royaume
et de l’État dans les
provinces.

112,625

00

Ensemble. . . . 1,322,767 fr. 50 c.

Pour la Belgique, ce total nous paraît
fort honorable: si l’on tient compte de la
différence du chiffre de la population et de
l’importance même dès dépôts publics
(plus ils sont riches, plus il est utile de les
enrichir), ce budget est proportionnellement
plus considérable que le nôtre.

Le rapporteur de la section, M. Louis
Hymans, une des personnalités les plus
sympathiques et les plus éclairées du pays,
 
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