2
CHRONIQUE DES ARTS.
tion du problème, et, sans entrer dans des
considérations géologiques que nous ne de-
vons pas aborder ici, on peut affirmer que
l’effondrement de Santorin a eu lieu quinze
siècle^ au moins avant la venue de Jésus-
Christ.
D’après- les données historiques, la for-
mation de la baie est antérieure au quin-
zième siècle avant notre ère. C’est vers ce
temps que les Phéniciens envahirent les îles
de l’Archipel. Or la date de cette catastro-
phe doit être plus reculée encore, car les
Phéniciens connaissaient le bronze et en fai-
saient usage, tandis que les nouveaux co-
lons de Santorin étaient encore en plein
âge de la pierre. Ces colons, qui ont précédé
les Phéniciens, ont occupé l’archipel de
Santorin pendant un temps considérable.
M. Fouqué incline à croire que la grande
éruption ponceuse de Santorin a précédé
l’ère chrétienne de deux mille ans. Des re-
cherches et des découvertes ultérieures, des
fouilles sérieuses aideront à la solution d’un
problème qui intéresse si vivement la
science et les arts.
CONCOURS
AU GRAND PRIX DE L’UNION CENTRALE.
Pendant les journées des 7, 8, 9 ,ef 10 no-
vembre a .eu lieu dans les salles du premier
étage du Palais de l’Industrie le concours
au grand prix dit de voyage, fondé cette
année par l’Union centrale.
Ace concours ont été appelés les jeunes
travailleurs de l’industrie dont l’Union cen-
trale a voulu stimuler les efforts en éta-
blissant pour le grand prix qu’elle leur
offre, les conditions suivantes :
,« ... Le grand prix de l’Union centrale
pourra être remporté par un, deux ou trois
concurrents suivant la force du concours
qui sera apprécié par le jury.
« L’(Union centrale mettra à la disposition
de chacun des lauréats désignés per le jury
une somme de 8,60 francs qui devra être
employée en frais de voyage.
« Ce voyage étant spécialement destiné
à compléter l’éducation artistique du lau-
réat, celui-ci sera tenu de présenter au
président de l’Union centrale, à son retour,
les cahiers de croquis et de dessins qu’il
aura faits ou des notes qu’il aura prises.
« Il sera publiquement rendu compte de
ces travaux à la distribution solennelle des
récompenses de l’exposition qui suivra celle
qui se termine fin novembre 1869.,,1. »
Cent vingt et un concurrents avaient pris
part à l’épreuve préparatoire, qui avait eu
lieu le dimanche précédent 31 octobre, et
qui consistait à dessiner d’après le naturel
un ensemble décoratif composé d’un pied
ou gaine triangulaire de style Louis XVJ
supportant un vase ornemental, avec la con-
dition de substituer à ce vase un autre ob-
jet analogue dont la proportion devait être
ramenée à celle du motif mis sous les yeux
des élèves.
Quatre-vingt-dix-sept jeunes gens, dont
quatorze modeleurs, et vingt-quatre dames
QU jeunes filles avaient pris part à cette
première épreuve, qui devait être élimina-
toire,
Le mardi 2 novembre, le jury de la sec-
tion des écoles,tout entier, prononçait l’ad-
mission de cinquante candidats pour le con-
cours; quarante-huit jeunes gens et deux
dames, déduction faite des malades ou
absents, le dimanche 31, quaranle-cinq
élèves exécutaient l’esquisse du projet de
concours au graiffinmd.
L’Union cgufraje l’exécution
d’une liorlogé tffi salle à pumgvr, accompa-
gnée de déux ^ard|pières, siApprtées par
des figures.^ br;- -1
1. Règlement 1869. — Études
de dessin.
On indiquait comme matériaux le bois,
le bronze et les matières céramiques.
Mercredi soir, à quatre heures et demie
terme de rigueur, trente-sept dessinateurs
et treize modeleurs ont eu terminé le rendu
de leurs projets qui seront exposés à partir
du vendredi 12 jusqu’au 31 novembre,
dans le grand salon carré occupé par les
objets d’ameublement et d’installation pour
les écoles qui y a disposés M. Lenoir.
Le jury a décerné les grands prix de
l’Union centrale : à MM. Damousse (Albert),
élève de l’École impériale de dessin et de
mathématiques, et Chédeville, élève de
M. Willeminot.
--
SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE D’A-RCHITECTURE
DE LYON.
La ville de Lyon possède depuis 1830
une Sociétéacadémiqued’Architecture. Cette
Société, qui n’a pas cessé de fonctionner de-
puis cette époque, et qui, par cela même, a
le droit de s’enorgueillir de sa date de fon-
dation, a eu, dès la première heure de son
organisation, pour but d’établir un lien de
solidarité entre ceux qui exercent honora-
blement la profession d’architecte, de déve-
lopper les rapports d’estime et l'esprit de
fraternité, d’entretenir les sentiments de mo-
ralité et le culte des bonnes traditions pro-
fessionnelles, de créer un foyer intellectuel
destiné à attirer et à alimenter les aptitudes
spéciales et les talents que renferme la cor-
poration, et enfin d’encourager, par tous les
moyens possibles, les diverses productions
qui peuvent concourir au progrès de l'archi-
tecture proprement dite, e,t des branches qui
s’y rattachent dans le domaine de l’art, des
sciences, des lettres et de l’industrie.
Ce programme, tout vaste et tout ambi-
tieux qu’il paraisse à première vue, n’en a
pas moins été scrupuleusement suivi jusqu’à
ce jour par tous les membres qui sont entrés
dans la Société, depuis l’époque de sa fon-
dation; aussi, d’intéressants travaux ont-ils
été élaborés, d’importantes solutions ont-
elles été réalisées, et de nombreux et pré-
cieux matériaux ont-i}s pu être recueillis
dans ses archives, qui n’ont pas tardé à
prendre un développement considérable.
Comptant près de quarante années d’une
existence aussi consciencieusement remplie,
i,l était du devoir de la Société de faire con-
naître et consacrer ses œuvres, d’agrandir le
cerelede ses relations extérieures et d’affirmer
publiquement sa valeur et sa vitalité. C’est
ainsi qu’elle a été amenée à commencer l’im-
pression des Annales de la Société académique
cl’Architecture çfe Lyon. Le premier fascicule,
comprenant l’exereicp 1867-1868, vient de
paraître, et chacun peut dès à présent appré-
cier l’importance et le mérite d’une publi-
cation qui, d’après les promesses de la
Société, est appelée à former un recueil pé-
riodique renfermant les principales produc-
tions de ses membres, les rapports de ses
commissions, les programmes de ses con-
cours, les éloges, mémoires, comptes ren-
dus et travaux divers dont la mise au jour
pourra intéresser d’une manière spéciale les
artistes, les érudits et les Sociétés scienti-
fiques, littéraires ou artistiques avec les-
quelles elle se trouve en rapport deppis plu-
sieurs anpées, ainsi que celles dont elle solli-
cite maintenant des rapports et des échanges
réciproques.
Nous ne pouvons qu’applaudir à une ini-
tiative aussi honorable pour la Société aca-
démique d’Architecture de Lyon. Nous avons
remarqué dans la première livraison du
tome I, indépendamment de plusieurs éloges
d’architectes lyonnais morts à différentes
époques, les Recherches et avis sitr les cou-
tumes des bâtiments, de M, J.-P, Bisspiel; un
Rapport sur Iq résistance à l’écrasement de
pierres de diverses provenances, de M. C. Tis-
seur ; des Souvenirs d’Espagne, par M. G.
George; une étude biographique sur Sébas-
tien Serlio, architecte italien du xvie siècle,
par M. L. Charvet ; enfin les Remarques sur
les plans et dessins d’architecture à l’Expo-
sition universelle de 1867, par M. A. Hirsch.
Malheureusement le temps et l’espace nous
manquent pour analyser, comme elles le mé-
ritent, ces excellentes monographies, ou
pour en donner quelques extraits. Nous te-
nions à être un des premiers à signaler une
publication qui débute d’une façon aussi re-
marquable. Puisse la Société d’Architecture
lyonnaise trouver des imitateurs et des
émules dans d’autres villes importantes de
France, qui manquent d’associations et
d’académies analogues! Puissent ces créations
se réaliser dans un avenir prochain et donner
naissance à des- publications semblables à
celle qu’il nous est si agréable de signaler
aujourd’hui !
L. D.
—-«^8®®-—
L’ITALIE ET CONSTANTINOPLE,
PAR CHARLES ASSELINEAU L
M. Charles Asselineau, dont on sait les
nouvelles humoristiques et la fine critique,
vient de réunir en un volume ses souvenirs
de voyage en Italie et à Constantinople.
Le livre est écrit comme on devait l’at-
tendre d’un lettré aussi scrupuleux. Le fond
montre dans tout son charme un voyageur
homme d,e goût, sérieux, un peu sceptique,
très-personnel et fort ennemi des admira-
tions de commande, Les choses d’art que
cite M. Asselineau, i.l les a bien vues, Mais
il ne veut nullement qu’elles empiètent sur
les autres choses de la vie. On les trouvera
à leur rang dans ce volume, et je citerai
seulement les morceaux qui se détachent
par un accent tout particulier.
Ces passages, que je signale comme
m’ayant le plus frappé, sont : « Un Lever
de soleil à Venise » du côté de la Giudecca ;
l’allure d’un mendiant de cet étrange et
savoureux fantôme de ville,F et « un Fou-
peintre w dans l’hôpital de l’île San Ser-
yolo. Puis vient le croquis d’une famille de
tsiganes, dans un faubourg de Constanti-
nople, J’aime encore, comme très-mélanco-
licjues et très-senties, les pages sur «la Mort
dans l’antiquité », à propos d’une prome-
nade dans la rue des Tombeaux, à Pompéi,
et encore le croquis d’une belle paysanne
des environs de Sorrente, qui se fait donner
des sous pour s’être laissé regarder en pas-
sant.
Mais pourquoi résisterais-je au plaisir de
citer cette jolie page sur les fous-peintres de
l’hôpital de File San-Servolo? En même
temps qu’elle est pleine de sens et d’esprit,
elle donnera la mesure de la « manière » de
notre voyageur.
Après avoir rappelé les pages vraiment
admirables écrites par Théophile Gautier
sur ce même hôpital, « n’est-il pas remar-
quable d’ailleurs, ajoute M. Asselineau, que
Venise, la patrie colorée des coloristes, ait
produit la folie de la couleur, de même que
la folie extatique des cloîtres a produit la
folie de la croix? Serait-ce l’effet du génie
national, opprimé depuis un siècle, faisant
irruption dans les cervelles et tournant en
démence, faute d’application et de l’instruc-
tion nécessaires? Cette supposition, si sub-
tile et forcée qu’elle paraisse, mérite néan-
moins d’autant plus d’attention que le
caractère général et commun des peintures
exécutées par ces malheureux à l’esprit
troublé, est précisément l’abondance, la
copiosité, la fougue que l’on remarque dans
les fresques des anciens maîtres vénitiens,
par exemple sur les murs de l’escalier de
la Scuola de Saint-Roch et au plafond de
Saint - Pantaléon. Le fou mentionné par
1. Paris, A. Lemerre, 1869, un volume in-12.
Théophile Gautier entassait sous des por-
tiques des ménageries impossibles d’ani-
maux fantastiques et cauchemaréens. Le
mien peignait des foules désordonnées
d’hommes et de chevaux s’engouffrant sous
des galeries ou débordant de portes trop
étroites. Toujours l’amour du nombre, de
la multitude, de l’accumulation. Et certes
par l’imagination seulement et saufle talent
et le savoir qui leur manquent, ces magni-
fiques furibonds rappellent plus le Fumiani
et les peintres de l’escalier de Saint-Roch
que les artistes minutieux et mièvres, dont
les tableautins (modernes) m’empêchaient à
l’Académie des Beaux-Arts d’admirer Ver-
rocchio, Paris, Bordone et Tintoret. De sorte
que, parmi les contemporains, ceux qui pa-
raissent avoir gardé si peu que ce soit de la
tradition des maîtres sont, non pas les aca-
démiciens, mais les fous. »
M. Charles Asselineau compte de bons
amis parmi les artistes. M. Célestin Nanteuil
a gravé pour son livre un charmant frontis-
pice avec la pointe fine et colorée des an-
ciens jours romantiques.
M. Eugène Lavieille a reproduit à l’eau-
forte deux excellents croquis de M. Fabius
Brest et de M. Corot. Celui de M, Fabius
Brest représente, je crois, l’hôtel Lapierre,
à Buyuck-Déré, aux portes de Constanti-
nople, C’est original et lumineux. Le dessin
de M. Corot montre, posée sur l’angle d’une
terrasse du Monte Mario, d’où l’on domine
Rome et la campagne, la villa Madama, con-
struite par Raphaël pour un cardinal de
Médicis. « Corot, dit M. Asselineau, a fait,
à Rome, en 1823, un dessin de la façade et
du jardin modifié par un mur longitudinal
qui n’existe plus actuellement et qui mas-
quait la fontaine. » Ce frais dessin est donc
devenu un document.
Ph. Burty.
SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
POUR LA PROPAGATION DES LIVRES d’aRT.
Un des moyens les plus sûrs d’agir sur le
goût public, c’est de mettre sous les yeux
de tous de beaux modèles, d’habituer les
regards à voir de belles compositions, des
figures de caractère. C’est ce qu’ont pensé
quelques hommes de dévouement, et ils se
sont réunis pour répandre la connaissance
des livres à gravures pouvant donner de
nobles exemples à ceux qui, dans l’avenir,
exerceront par leurs travaux une influence
sur l’esprit public. Nous ne pouvons qu’ap-
plaudir à un tel sentiment, Le succès est
d’autant mieux assuré à cette entreprise
que, par une combinaison heureuse, elle
permet de faire le bien sans rien coûter,
que dis-je! en donnant aux associés des
estampes qui dans un temps vaudront plus
que la somme versée. Aussi espérons-nous
que bientôt la Société comptera ses mem-
bres par milliers.
F. de Tal.
STATUTS.
BUT ET COMPOSITION DE LA SOCIÉTÉ.
Art. 1er. — Une société est fondée sous
le titre de « Société d’encouragement pour
la propagation des livres d’art. »
Elle a pour but de favoriser la publica.-
tion des livres destinés à répandre, par la
reproduction des plus belles œuvres dans
tous les genres, la connaissance et le goût
de l’art.
A cet effet : 1° elle offrira, chaque année,
à des écoles de dessin de Paris et des dé-
partements 1 ou elle décernera à titre d’en-
couragement à des élèves qui se seront dis-
tingués, des ouvrages que leur prix élevé
n’avait pas permis jusqu’à ce jour de com-
1. La Société espère l’appui de tous les hommes
éclairés. Elle se propose de poursuivre, dans les
grands centres artistiques de chaque pays, l’idée
qu’elle vient de mettre à exécution en France.
CHRONIQUE DES ARTS.
tion du problème, et, sans entrer dans des
considérations géologiques que nous ne de-
vons pas aborder ici, on peut affirmer que
l’effondrement de Santorin a eu lieu quinze
siècle^ au moins avant la venue de Jésus-
Christ.
D’après- les données historiques, la for-
mation de la baie est antérieure au quin-
zième siècle avant notre ère. C’est vers ce
temps que les Phéniciens envahirent les îles
de l’Archipel. Or la date de cette catastro-
phe doit être plus reculée encore, car les
Phéniciens connaissaient le bronze et en fai-
saient usage, tandis que les nouveaux co-
lons de Santorin étaient encore en plein
âge de la pierre. Ces colons, qui ont précédé
les Phéniciens, ont occupé l’archipel de
Santorin pendant un temps considérable.
M. Fouqué incline à croire que la grande
éruption ponceuse de Santorin a précédé
l’ère chrétienne de deux mille ans. Des re-
cherches et des découvertes ultérieures, des
fouilles sérieuses aideront à la solution d’un
problème qui intéresse si vivement la
science et les arts.
CONCOURS
AU GRAND PRIX DE L’UNION CENTRALE.
Pendant les journées des 7, 8, 9 ,ef 10 no-
vembre a .eu lieu dans les salles du premier
étage du Palais de l’Industrie le concours
au grand prix dit de voyage, fondé cette
année par l’Union centrale.
Ace concours ont été appelés les jeunes
travailleurs de l’industrie dont l’Union cen-
trale a voulu stimuler les efforts en éta-
blissant pour le grand prix qu’elle leur
offre, les conditions suivantes :
,« ... Le grand prix de l’Union centrale
pourra être remporté par un, deux ou trois
concurrents suivant la force du concours
qui sera apprécié par le jury.
« L’(Union centrale mettra à la disposition
de chacun des lauréats désignés per le jury
une somme de 8,60 francs qui devra être
employée en frais de voyage.
« Ce voyage étant spécialement destiné
à compléter l’éducation artistique du lau-
réat, celui-ci sera tenu de présenter au
président de l’Union centrale, à son retour,
les cahiers de croquis et de dessins qu’il
aura faits ou des notes qu’il aura prises.
« Il sera publiquement rendu compte de
ces travaux à la distribution solennelle des
récompenses de l’exposition qui suivra celle
qui se termine fin novembre 1869.,,1. »
Cent vingt et un concurrents avaient pris
part à l’épreuve préparatoire, qui avait eu
lieu le dimanche précédent 31 octobre, et
qui consistait à dessiner d’après le naturel
un ensemble décoratif composé d’un pied
ou gaine triangulaire de style Louis XVJ
supportant un vase ornemental, avec la con-
dition de substituer à ce vase un autre ob-
jet analogue dont la proportion devait être
ramenée à celle du motif mis sous les yeux
des élèves.
Quatre-vingt-dix-sept jeunes gens, dont
quatorze modeleurs, et vingt-quatre dames
QU jeunes filles avaient pris part à cette
première épreuve, qui devait être élimina-
toire,
Le mardi 2 novembre, le jury de la sec-
tion des écoles,tout entier, prononçait l’ad-
mission de cinquante candidats pour le con-
cours; quarante-huit jeunes gens et deux
dames, déduction faite des malades ou
absents, le dimanche 31, quaranle-cinq
élèves exécutaient l’esquisse du projet de
concours au graiffinmd.
L’Union cgufraje l’exécution
d’une liorlogé tffi salle à pumgvr, accompa-
gnée de déux ^ard|pières, siApprtées par
des figures.^ br;- -1
1. Règlement 1869. — Études
de dessin.
On indiquait comme matériaux le bois,
le bronze et les matières céramiques.
Mercredi soir, à quatre heures et demie
terme de rigueur, trente-sept dessinateurs
et treize modeleurs ont eu terminé le rendu
de leurs projets qui seront exposés à partir
du vendredi 12 jusqu’au 31 novembre,
dans le grand salon carré occupé par les
objets d’ameublement et d’installation pour
les écoles qui y a disposés M. Lenoir.
Le jury a décerné les grands prix de
l’Union centrale : à MM. Damousse (Albert),
élève de l’École impériale de dessin et de
mathématiques, et Chédeville, élève de
M. Willeminot.
--
SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE D’A-RCHITECTURE
DE LYON.
La ville de Lyon possède depuis 1830
une Sociétéacadémiqued’Architecture. Cette
Société, qui n’a pas cessé de fonctionner de-
puis cette époque, et qui, par cela même, a
le droit de s’enorgueillir de sa date de fon-
dation, a eu, dès la première heure de son
organisation, pour but d’établir un lien de
solidarité entre ceux qui exercent honora-
blement la profession d’architecte, de déve-
lopper les rapports d’estime et l'esprit de
fraternité, d’entretenir les sentiments de mo-
ralité et le culte des bonnes traditions pro-
fessionnelles, de créer un foyer intellectuel
destiné à attirer et à alimenter les aptitudes
spéciales et les talents que renferme la cor-
poration, et enfin d’encourager, par tous les
moyens possibles, les diverses productions
qui peuvent concourir au progrès de l'archi-
tecture proprement dite, e,t des branches qui
s’y rattachent dans le domaine de l’art, des
sciences, des lettres et de l’industrie.
Ce programme, tout vaste et tout ambi-
tieux qu’il paraisse à première vue, n’en a
pas moins été scrupuleusement suivi jusqu’à
ce jour par tous les membres qui sont entrés
dans la Société, depuis l’époque de sa fon-
dation; aussi, d’intéressants travaux ont-ils
été élaborés, d’importantes solutions ont-
elles été réalisées, et de nombreux et pré-
cieux matériaux ont-i}s pu être recueillis
dans ses archives, qui n’ont pas tardé à
prendre un développement considérable.
Comptant près de quarante années d’une
existence aussi consciencieusement remplie,
i,l était du devoir de la Société de faire con-
naître et consacrer ses œuvres, d’agrandir le
cerelede ses relations extérieures et d’affirmer
publiquement sa valeur et sa vitalité. C’est
ainsi qu’elle a été amenée à commencer l’im-
pression des Annales de la Société académique
cl’Architecture çfe Lyon. Le premier fascicule,
comprenant l’exereicp 1867-1868, vient de
paraître, et chacun peut dès à présent appré-
cier l’importance et le mérite d’une publi-
cation qui, d’après les promesses de la
Société, est appelée à former un recueil pé-
riodique renfermant les principales produc-
tions de ses membres, les rapports de ses
commissions, les programmes de ses con-
cours, les éloges, mémoires, comptes ren-
dus et travaux divers dont la mise au jour
pourra intéresser d’une manière spéciale les
artistes, les érudits et les Sociétés scienti-
fiques, littéraires ou artistiques avec les-
quelles elle se trouve en rapport deppis plu-
sieurs anpées, ainsi que celles dont elle solli-
cite maintenant des rapports et des échanges
réciproques.
Nous ne pouvons qu’applaudir à une ini-
tiative aussi honorable pour la Société aca-
démique d’Architecture de Lyon. Nous avons
remarqué dans la première livraison du
tome I, indépendamment de plusieurs éloges
d’architectes lyonnais morts à différentes
époques, les Recherches et avis sitr les cou-
tumes des bâtiments, de M, J.-P, Bisspiel; un
Rapport sur Iq résistance à l’écrasement de
pierres de diverses provenances, de M. C. Tis-
seur ; des Souvenirs d’Espagne, par M. G.
George; une étude biographique sur Sébas-
tien Serlio, architecte italien du xvie siècle,
par M. L. Charvet ; enfin les Remarques sur
les plans et dessins d’architecture à l’Expo-
sition universelle de 1867, par M. A. Hirsch.
Malheureusement le temps et l’espace nous
manquent pour analyser, comme elles le mé-
ritent, ces excellentes monographies, ou
pour en donner quelques extraits. Nous te-
nions à être un des premiers à signaler une
publication qui débute d’une façon aussi re-
marquable. Puisse la Société d’Architecture
lyonnaise trouver des imitateurs et des
émules dans d’autres villes importantes de
France, qui manquent d’associations et
d’académies analogues! Puissent ces créations
se réaliser dans un avenir prochain et donner
naissance à des- publications semblables à
celle qu’il nous est si agréable de signaler
aujourd’hui !
L. D.
—-«^8®®-—
L’ITALIE ET CONSTANTINOPLE,
PAR CHARLES ASSELINEAU L
M. Charles Asselineau, dont on sait les
nouvelles humoristiques et la fine critique,
vient de réunir en un volume ses souvenirs
de voyage en Italie et à Constantinople.
Le livre est écrit comme on devait l’at-
tendre d’un lettré aussi scrupuleux. Le fond
montre dans tout son charme un voyageur
homme d,e goût, sérieux, un peu sceptique,
très-personnel et fort ennemi des admira-
tions de commande, Les choses d’art que
cite M. Asselineau, i.l les a bien vues, Mais
il ne veut nullement qu’elles empiètent sur
les autres choses de la vie. On les trouvera
à leur rang dans ce volume, et je citerai
seulement les morceaux qui se détachent
par un accent tout particulier.
Ces passages, que je signale comme
m’ayant le plus frappé, sont : « Un Lever
de soleil à Venise » du côté de la Giudecca ;
l’allure d’un mendiant de cet étrange et
savoureux fantôme de ville,F et « un Fou-
peintre w dans l’hôpital de l’île San Ser-
yolo. Puis vient le croquis d’une famille de
tsiganes, dans un faubourg de Constanti-
nople, J’aime encore, comme très-mélanco-
licjues et très-senties, les pages sur «la Mort
dans l’antiquité », à propos d’une prome-
nade dans la rue des Tombeaux, à Pompéi,
et encore le croquis d’une belle paysanne
des environs de Sorrente, qui se fait donner
des sous pour s’être laissé regarder en pas-
sant.
Mais pourquoi résisterais-je au plaisir de
citer cette jolie page sur les fous-peintres de
l’hôpital de File San-Servolo? En même
temps qu’elle est pleine de sens et d’esprit,
elle donnera la mesure de la « manière » de
notre voyageur.
Après avoir rappelé les pages vraiment
admirables écrites par Théophile Gautier
sur ce même hôpital, « n’est-il pas remar-
quable d’ailleurs, ajoute M. Asselineau, que
Venise, la patrie colorée des coloristes, ait
produit la folie de la couleur, de même que
la folie extatique des cloîtres a produit la
folie de la croix? Serait-ce l’effet du génie
national, opprimé depuis un siècle, faisant
irruption dans les cervelles et tournant en
démence, faute d’application et de l’instruc-
tion nécessaires? Cette supposition, si sub-
tile et forcée qu’elle paraisse, mérite néan-
moins d’autant plus d’attention que le
caractère général et commun des peintures
exécutées par ces malheureux à l’esprit
troublé, est précisément l’abondance, la
copiosité, la fougue que l’on remarque dans
les fresques des anciens maîtres vénitiens,
par exemple sur les murs de l’escalier de
la Scuola de Saint-Roch et au plafond de
Saint - Pantaléon. Le fou mentionné par
1. Paris, A. Lemerre, 1869, un volume in-12.
Théophile Gautier entassait sous des por-
tiques des ménageries impossibles d’ani-
maux fantastiques et cauchemaréens. Le
mien peignait des foules désordonnées
d’hommes et de chevaux s’engouffrant sous
des galeries ou débordant de portes trop
étroites. Toujours l’amour du nombre, de
la multitude, de l’accumulation. Et certes
par l’imagination seulement et saufle talent
et le savoir qui leur manquent, ces magni-
fiques furibonds rappellent plus le Fumiani
et les peintres de l’escalier de Saint-Roch
que les artistes minutieux et mièvres, dont
les tableautins (modernes) m’empêchaient à
l’Académie des Beaux-Arts d’admirer Ver-
rocchio, Paris, Bordone et Tintoret. De sorte
que, parmi les contemporains, ceux qui pa-
raissent avoir gardé si peu que ce soit de la
tradition des maîtres sont, non pas les aca-
démiciens, mais les fous. »
M. Charles Asselineau compte de bons
amis parmi les artistes. M. Célestin Nanteuil
a gravé pour son livre un charmant frontis-
pice avec la pointe fine et colorée des an-
ciens jours romantiques.
M. Eugène Lavieille a reproduit à l’eau-
forte deux excellents croquis de M. Fabius
Brest et de M. Corot. Celui de M, Fabius
Brest représente, je crois, l’hôtel Lapierre,
à Buyuck-Déré, aux portes de Constanti-
nople, C’est original et lumineux. Le dessin
de M. Corot montre, posée sur l’angle d’une
terrasse du Monte Mario, d’où l’on domine
Rome et la campagne, la villa Madama, con-
struite par Raphaël pour un cardinal de
Médicis. « Corot, dit M. Asselineau, a fait,
à Rome, en 1823, un dessin de la façade et
du jardin modifié par un mur longitudinal
qui n’existe plus actuellement et qui mas-
quait la fontaine. » Ce frais dessin est donc
devenu un document.
Ph. Burty.
SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
POUR LA PROPAGATION DES LIVRES d’aRT.
Un des moyens les plus sûrs d’agir sur le
goût public, c’est de mettre sous les yeux
de tous de beaux modèles, d’habituer les
regards à voir de belles compositions, des
figures de caractère. C’est ce qu’ont pensé
quelques hommes de dévouement, et ils se
sont réunis pour répandre la connaissance
des livres à gravures pouvant donner de
nobles exemples à ceux qui, dans l’avenir,
exerceront par leurs travaux une influence
sur l’esprit public. Nous ne pouvons qu’ap-
plaudir à un tel sentiment, Le succès est
d’autant mieux assuré à cette entreprise
que, par une combinaison heureuse, elle
permet de faire le bien sans rien coûter,
que dis-je! en donnant aux associés des
estampes qui dans un temps vaudront plus
que la somme versée. Aussi espérons-nous
que bientôt la Société comptera ses mem-
bres par milliers.
F. de Tal.
STATUTS.
BUT ET COMPOSITION DE LA SOCIÉTÉ.
Art. 1er. — Une société est fondée sous
le titre de « Société d’encouragement pour
la propagation des livres d’art. »
Elle a pour but de favoriser la publica.-
tion des livres destinés à répandre, par la
reproduction des plus belles œuvres dans
tous les genres, la connaissance et le goût
de l’art.
A cet effet : 1° elle offrira, chaque année,
à des écoles de dessin de Paris et des dé-
partements 1 ou elle décernera à titre d’en-
couragement à des élèves qui se seront dis-
tingués, des ouvrages que leur prix élevé
n’avait pas permis jusqu’à ce jour de com-
1. La Société espère l’appui de tous les hommes
éclairés. Elle se propose de poursuivre, dans les
grands centres artistiques de chaque pays, l’idée
qu’elle vient de mettre à exécution en France.