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La chronique des arts et de la curiosité — 1869

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Nr. 50 (12 Décembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26661#0264
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CHRONIQUE DES ARTS.

M. Castellani termine sa lettre, que je
viens de traduire fidèlement, en me parlant
d’une découverte d’un autre genre qui vient
d’être faite dans la même fouille. Il s’agit de
l’empreinte du corps d’un habitant de Pom-
péi, et qu’on a de suite moulé en plâtre,
comme on avait déjà fait dans une circon-
stance analogue ; de sorte que le musée de
Naples possède maintenant l’image en relief
do plusieurs Pompéiens surpris par la ca-
tastrophe qui détruisit la malheureuse cité.

Agréez, etc.

Baron Ch. Davillier.

■■■■—a—

CORRESPONDANCE DE LONDRES.

Londres, G décembre 1809. . .1

A monsieur le Rédacteur de la Chronique
des Arts.

Monsieur,

Je viens de lire avec une vive surprise,
dans votre numéro du 5 courant, une lettre
datée de Londres et signée W. Dans cette
lettre, votre correspondant, en parlant de
l’exposition de tableaux anciens que l’Aca-
démie royale organise pour les mois de
janvier et février, émet contre cette Acadé-
mie, dans un langage peu modéré , une ac-
cusation que je ne puis laisser passer sous
silence.

J’ose espérer de votre impartialité l’inser-
tion de ma lettre dans vos colonnes, non
pour engager avec M. W. une polémique
sur l’action de l’Académie, mais simple-
ment pour opposer à cette accusation une
dénégation formelle.

J’ignore où M. W. a puisé ces renseigne-
ments inexacts ; j’imagine encore moins où
il s’est inspiré do sentiments aussi peu en
rapport avec la courtoisie que nous, ad-
mirons d’prdinaire dans la rédaction de
la Chronique : je m’étonne et je passe au
fait.

M. W. affirme que l’Académie royale se
serait « audacieusement approprié » une
idée qui ne lui était pas venue et aurait re-
fusé, sous de faux prétextes, de coopérer
avec les véritables auteurs de cette idée
dans le seul but d’en « exploiter » à son
profit les avantages.

J’ai trop le respect du corps auquel j’ai
l’honneur d’appartenir pour penser devoir
défendre ses motifs et sa loyauté; aussi ne
me permettrai-je que la simple exposition
des faits.

L’idée de renouveler les expositions de la
British Institution , loin d’avoir été étran-
gère à l’Académie royale, a été discutée
dans son sein dès le jour de leur cessation , (
et a donné lieu à des projets inutiles à pré-
ciser ici, mais qui dénotent suffisamment
l’importance considérable qu’elle attachait
depuis longtemps à ces expositions. La
meilleure preuve n’en est-elle pas, d’ail-
leurs, dans la tâche onéreuse qu’elle s’ef-
force en ce moment d’accomplir ?

Il n’y a donc « d’audacieux » que le lan-
gage de M. W.

M. W. dit plus loin : « La British Institu-
tion n’ayant plus de local à sa disposition a
fait une démarche près de l’Académie
royale, etc., etc. »

Autre inexactitude.

La British Institution n’a fait aucune dé-
marche près de l’Académie royale, et je
m’émerveille de la façon dont M. W. sem-
ble se constituer l’avocat du Burlington-
Club et l’organe de ses griefs supposés.

Vos lecteurs seront surpris d'apprendre
que cette excellente Société renferme dans
son sein plusieurs membres de l’Académie
avec laquelle, à en croire M. W., elle serait
en guerre ouverte. Tout au contraire, l’A-
cadémie accorde toute sa sympathie à cette
Société dont bon nombre de membres
vont contribuer, par l’envoi de leurs ta-

bleaux, au succès et â l’éclat de la pro-
chaine exposition.

Agréez, etc.

Un membre de l’Académie royale.

Nous laissons à notre correspondant le
soin de répondre à cette lettre.

INAUGURATION DE L’ISTHME DE SUEZ.

EN VOYAGE.

Nous détachons les passages suivants
d’une correspondance que M. Eugène Yung
a envoyée aux Débats :

« Dans la Haute-Égypte, un monument
qui ne date que de vingt et quelques siècles
paraît moderne, c’est l’expression de Cham-
pollion; on est d’abord tenté de reprocher
aux temples construits par les Ptolémées
leur excès de jeunesse et d’avoir pour eux
quelque dédain ; quelques égyptologues in-
clinent même à penser que les Grecs, repre-
nant en sous-œuvre le style de l’architecture
égyptienne, l’ont fait dévier en y apportant
plus d’élégance, de proportion, de mesure.
On avouait cependant les beautés architec-
turales des temples de Denderah, d’Esneh,
d’Edfou, de Philæ. Le khédive a fait tout
dernièrement continuer et achever le dé-
blayement de ces édifices, et ces fouilles
contribueront à la réhabilitation du style
ptolémaïque; de nouvelles beautés ont été
ainsi découvertes, â Edfou notamment, de
sorte que sur notre bateau nous comptons
de fervents ptolèmaïsles. Mais lorsque nous
avons repassé â Louqsor, vers le soir, et que
nous sommes allés dans les ruines de Kar-
nak exécuter une marche aux flambeaux,
les ptolèmaïstes, vaincus par l’évidence, ont
confessé que les monuments de l’ancienne
architecture égyptienne, leurs dimensions
illimitées, les colonnes et les pylônes d’une
hauteur prodigieuse, les bas-reliefs gigan-
tesques sont en harmonie naturelle avec ce
pays où tout est vaste, immense, enclin à
l’uniformité, à la répétition indéfinie des
mêipes formes. Ici, c’est le grand qui est le
beau, et la sobriété paraîtrait la pauvreté.
A Philæ, si le petit temple construit sous
Trajan est d’un effet si heureux, c’est que le
paysage qui l’entoure-est circonscrit, borné,
hérissé.

« A mesure que nous descendons vers la
Basse-Égypte, les monuments que nous vi-
sitons nous font remonter vers des âges plus
reculés. Au temple d’Abydos, nous avons
retrouvé, comme à Thèbes, les Séti et les
Bamsès, qui régnèrent il y a trente-cinq siè-
cles. Nous y avons admiré la célèbre table
des dynasties égyptiennes, découverte par
M. Mariette, et les plus belles sculptures en
bas-relief qu’ait laissées l’antique Égypte.
Nous venons de parcourir les grottes de
Béni-Hassan, où des fresques d’une grande
fermeté de dessin retracent les travaux et
les jeux des Égyptiens d’il y a cinq mille
ans. Elles sont bien connues; Champollion
les a découvertes et publiées ; rien n’est plus
amusant que de prendre sur le fait tous ces
détails de la vie primitive, où déjà se ren-
contrent presque tous les métiers. En revan-
che, les soi-disant colonnes proto-doriques
des grottes de Béni-Hassan nous ont fait peu
d’impression, et l’avis général, sur notre
bateau, est conforme à celui de M. Guil-
laume et de M. Charles Blanc, qui trouvent
qu’il n’y a rien de dorique là dedans.

« Ainsi» de Philæ à .Thèbes, on vit au mi-
lieu des monuments romains et ptolémaï-
ques, puis on arrive à ceux de Sésostris,
antérieurs d’une dizaine de siècles; puis,
Béni-Hassan vous reporte à quinze siècles en
arrière; enfin, les Pyramides vous placent à
la naissance même de l’histoire. C’est une
marche régulière, rapide et progressive, à
travers les âges, en remontant toujours;
quoi de plus merveilleux qu’un pareil pa-
norama, où ce ne sont pas quarante siècles,
comme le croyait le général Bonaparte, qui

vous contemplent, mais soixante-dix pour le
moins!

« Le dernier spectacle que l’Égypte pha-
raonique nous ait offert est peut-être le plus
saisissant. Par les soins de M. Mariette, on
vient de dégager complélement un temple
consacré, selon toute apparence, au dieu
que le Sphinx représentait. C’est le plus
antique monument d’architecture qui soit
au monde, car le Sphinx est antérieur à la
plus ancienne pyramide. Les Égyptiens ne
savaient alors, avec leurs instruments gros-
siers, que tailler les pierres en forme qua-
drangulairè; ils ne pouvaient encore ni ar-
rondir des colonnes, ni sculpter aucun or-
nement; mais ils avaient déjà compris
qu’une série de pierres superposées dans un
certain ordre était capable de produire un
effet idéal qui parlât à l’esprit. Ils ont eu
déjà, il y a près de sept mille ans, ce senti-
ment, cet instinct, on pourrait presque dire
celte révélation. Ces Colonnes carrées, re-
jointes par des linteaux, ont des proportions
si heureuses et se succèdent suivant une
disposition si juste, que l'ensemble a une
incontestable grandeur. C’est donc ici que
l’architecture a son acte de naissance. On
peut admirer d’autres monuments ; il n’en
est pas un qui mérite plus do vénération. »

LE NOUVEL ALBUM

DE LA

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

En mil huit cent soixante-sept nous avons
eu la pensée de réunir, en un album, les
cinquante gravures principales publiées par
la Gazette des Beaux-Arts, pendant les huit
années écoulées depuis sa fondation. Cet
album ayant été favorablement accueilli,
nous avons cru devoir en former un second,
qui, par le choix des œuvres reproduites et
par la qualité des estampes, ne méritera pas
moins, croyons-nous, l’estime et la sympa-
thie des amateurs les plus délicats.

En feuilletant ce nouvel album on s’assurera
aisément que la Gazette des Beaux-Arts a été
fidèle au programme qu’elle s’est imposé de
faire connaître les maîtres de toutes les
époques et de toutes les écoles. Mieux que
nos phrases, cette réunion de gravures
prouvera que , sans se laisser arrêter par
la dépense ou les difficultés, elle a suivi, à
l’étranger aussi bien qu’en France, l’art
contemporain dans ses manifestations va-
riées, publié des chefs-d’œuvre anciens iné-
dits, fait pénétrer le public européen des
diletlanti dans les musées et galeries pri- i
vées les plus considérables, conservé, par
une belle gravure, le souvenir des morceaux
précieux qui ont passé aux enchères pen-
dant ces dernières années.

Les curieux retrouveront, en effet, dans cet
album les tableaux de la galerie Delessert, que
l’opulence anglaise, américaine ou russe a
disputés ou enlevés à la France. De la Vierge
de Raphaël, une des perles’ de l’ancienne ga-
lerie d’Orléans, le burin si délicat et si précis
de M. Gaillard a retracé la grâce adorable,
tandis que la pointe spirituelle et vive de
M. Flameng nous a gardé la mémoire des
Amateurs de pemlures, portraicts au vif par
M. Meissonier. MM. Hédouin, Courtry, Brac-
qnemond, Gilbert et Flameng ont encore
gravé le Marché aux poissons de Téniers, payé
160,000 francs par un personnage russe;
l'Intérieur de Pierre de Hooghe, acquis par
la National Gallery, les Vaches au bord de
l’eau, par Cuyp, les Sc'enes rustiques d’Isaac
et d’Adrien Ostade et le tableau si coloré de
Bonington : Marguerite de Navarre causant
avec François Jcr.

A des voyages entrepris, à l’invitation de
la Gazette des Beaux-Arts, les amateurs ont
gagné d’avoir, reproduits par M. Flameng,
la Saskia de Rembrandt si longtemps invi-
sible dans le Musée de Cassel; par M. Mos-
solof, les Rubens de la Galerie de Munich ;

par M. Haussoullier, le Philippe IV de Velas-
quez...

L’obligation de visiter foutes les exposi-
tions officielles ou privées, ouvertes à l’art
contemporain, nous a amenés à populariser
par la gravure les peintures qui, à nos der-
niers salons, ont obtenu les plus grands
succès : la Lecture de la Bible et le Mariage
protestant de M. Brion, si consciencieuse-
ment interprétés par M. Rajon, la Métairie
sur les bords de l’Oise, de Théodore Rous-
seau; la Halte de Muletiers de M. Fromentin;
la Vindicte et la Méditation de M. Lehmann.
Citons encore des eaux-fortes originales de
Mme Henriette Browne, de MM. Leys, Gé-
rôme, Roybet, Paul Huet, Achard, Servin,
Bernier,... d’après leurs propres composi-
tions.

La complaisance que les propriétaires des
plus célèbres galeries privées ont mise, pour
l’avantage de tous, à nous ouvrir leurs ga-
leries et à nous laisser feuilleter dans leurs
cartons, nous a permis de faire connaître
bien des morceaux qui seraient restés ignorés
et qui aujourd’hui ont justement conquis
la célébrité. Sans la Gazette des Beaux-Arts,
qui connaîtrait le Wilhern van Heythuysen,
de la collection de M. Double, dont Frans
Hais a reproduit la physionomie joviale et
vivante, si bien interprétée par M. Jacque-
mart dans une gravure superbe; les dessins
d’Albert Dürer qui appartiennent à M. Fir-
min Didot; le portrait que Ingres fit de
Mmo Devauçay (collection de M.*Reiset) et
dont M. Flameng a su rendre le grand ca-
ractère; T Œdipe, cet autre morceau capital
de Ingres, à Mme la comtesse Duchâtel;
l’Homme à l’œillet de van Eyck, oeuvre su-
perbe de la galerie de Suermondt, interpré-
tée par M. Gaillard, avec une taille si fine,
si expressive et si incisive que tout le monde
a proclamé cette traduction un des chefs-
d’œuvre de la gravure moderne?

Si cette courte revue peut prouver que la
Gazette des Beaux-Arts aspire à toujours
mieux faire, à soutenir les traditions les plus
élevées tout en reconnaissant la liberté des
talents de toutes les écoles et de toutes les
époques, nous nous tiendrons pour satisfaits.

Cet album se compose de cinquante gra-
vures sur bois ou sur acier, par MM. Gé-
rome, Leys, Flameng, Gaillard, Jacquemart,
Bracquemond, Bernier, Roybet’, La Guil-
lermie, Servin, Schenck, Gilbert, Rosotte,
Rajon, Haussoullier, Paul Huet,...

En vente à la Gazette des Beaux-Arts, prix
100 francs, avec carton, —120 avec reliure
et tranche dorée.

Pour les abonnés d’un an, 60 francs avec
carton, — 80 francs avec reliure et tranche
dorée.

Les personnes de la province qui s’adres-
seront directement à la Gazette recevront
l’album dans une caisse sans augmentation
de prix.

r

EXPOSITION PROCHAINE.

L’ouverture de l’Exposition artistique de
Pau est fixée au 25 janvier 1870 •„ sa clôture
au 25 mars suivant.

Les ouvrages d’art envoyés à l’Exposition
devront être rendus à Pau avant le 5 jan-
vier 1870.

Toutefois seront admissibles les ouvrages
qui, arrivés tardivement, auraient été remis
en gare à Paris avant le 25 décembre 1869.

MM. les artistes auxquels une invitation
aura été personnellement adressée jouiront
seuls de la gratuité du transport, tant à l’al-
ler qu’au retour.

MM. les artistes qui enverraient sans avoir
été invités auraient droit à la franchise du
retour, mais pour le cas seulement où leurs
ouvrages auraient été admis à l’exposition
par le jury.

1» Les envois devront être faits par voie
de petite vitesse.
 
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