CHRONIQUE DE L'HOTEL DROUOT
La saison de 1876-1877 a menace de s'ouvrir sous de sombres
auspices. On a appris que M0 Charles Pillet était tombe' grave-
ment malade vers la fin de sa villégiature dans sa proprie'te' de
Dinard, et que, ramené' à Paris en proie à une violente attaque
de fièvre typhoïde, l'ho-
norable officier ministé-
riel donnait à ses nom-
breux amis de vives in-
quiétudes. Heureusement
ces appréhensions sont
maintenant dissipées, et le
mois de janvier verra la
rentrée de M'! Pillet à
Drouot. Déjà il a repris
possession de son cabinet
où, entouré d'un petit
nombre de tableaux choi-
sis avec le goût le plus
sûr, cet homme si occupé
a résolu l'insoluble pro-
blème d'être en même
temps le désœuvré le plus
charmant ; c'est à peine,
quand on cause avec lui,
si l'on se doute que l'on parle affaires, quoique l'on finisse
toujours par là, si étrangers aux affaires, si innombrables, si
séduisants qu'aient été les méandres de l'entretien. Une séance
dans le cabinet de Me Pillet a tout l'air d'une perpétuelle rail-
lerie à certain cadre qui étale sur son bureau une curieuse
gravure du siècle dernier dont nous nous sommes procuré
une épreuve, beaucoup moins belle, il est vrai. Il prit un beau
jour fantaisie à M. Beaudoin, Conseiller au Grand Conseil et
Maître des Requêtes, de
demander à un illustre
maître d'écriture du temps
de lui composer un car-
touche dans lequel il écri-
rait (nous respectons l'or-
thographe): « Rien de plus
insuportable aux person-
nes occupées que la visite
des gens désœuvrés. »
Royllet fils s'acquitta à sou-
hait de cette besogne et
Baisiez fut chargé de gra-
ver le chef-d'œuvre calli-
graphique en inscription
indiquant qu'il était « tiré
du Cabinet » de M. le
Conseiller et Maître des
Requêtes. Celui-ci, tout
glorieux de son invention,
tint à la propager dans l'intérêt de ses contemporains et de la
postérité, car on lit au bas de la planche :
« Se vend à Paris, chez le Sr Guyot, tenant la Manufacture
d'Encre de la petite Vertu, au coin de la rue des Arcis. »
La saison de 1876-1877 a menace de s'ouvrir sous de sombres
auspices. On a appris que M0 Charles Pillet était tombe' grave-
ment malade vers la fin de sa villégiature dans sa proprie'te' de
Dinard, et que, ramené' à Paris en proie à une violente attaque
de fièvre typhoïde, l'ho-
norable officier ministé-
riel donnait à ses nom-
breux amis de vives in-
quiétudes. Heureusement
ces appréhensions sont
maintenant dissipées, et le
mois de janvier verra la
rentrée de M'! Pillet à
Drouot. Déjà il a repris
possession de son cabinet
où, entouré d'un petit
nombre de tableaux choi-
sis avec le goût le plus
sûr, cet homme si occupé
a résolu l'insoluble pro-
blème d'être en même
temps le désœuvré le plus
charmant ; c'est à peine,
quand on cause avec lui,
si l'on se doute que l'on parle affaires, quoique l'on finisse
toujours par là, si étrangers aux affaires, si innombrables, si
séduisants qu'aient été les méandres de l'entretien. Une séance
dans le cabinet de Me Pillet a tout l'air d'une perpétuelle rail-
lerie à certain cadre qui étale sur son bureau une curieuse
gravure du siècle dernier dont nous nous sommes procuré
une épreuve, beaucoup moins belle, il est vrai. Il prit un beau
jour fantaisie à M. Beaudoin, Conseiller au Grand Conseil et
Maître des Requêtes, de
demander à un illustre
maître d'écriture du temps
de lui composer un car-
touche dans lequel il écri-
rait (nous respectons l'or-
thographe): « Rien de plus
insuportable aux person-
nes occupées que la visite
des gens désœuvrés. »
Royllet fils s'acquitta à sou-
hait de cette besogne et
Baisiez fut chargé de gra-
ver le chef-d'œuvre calli-
graphique en inscription
indiquant qu'il était « tiré
du Cabinet » de M. le
Conseiller et Maître des
Requêtes. Celui-ci, tout
glorieux de son invention,
tint à la propager dans l'intérêt de ses contemporains et de la
postérité, car on lit au bas de la planche :
« Se vend à Paris, chez le Sr Guyot, tenant la Manufacture
d'Encre de la petite Vertu, au coin de la rue des Arcis. »