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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 1)

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Tardieu, Charles: Un improvisateur sur cuivre, [3]: Franҫois-Nicolas Chifflart
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https://doi.org/10.11588/diglit.16904#0274

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UN IMPROVISATEUR SUR CUIVRE

FRANÇOIS-NICOLAS CHIFFLART
J ] 1 1

vant de se réfugier dans l'improvisation sur cuivre,
M. Chifflart avait essayé de se produire au grand jour
du Salon de peinture. II. avait exposé, assez irrégulière-
ment d'ailleurs, quelques toiles régulièrement mal placées,
par exemple un Combat entre Gaulois et Romains, un
David vainqueur, une Sapho, une Ville conquise, Un
Attelage aux temps antiques dans la campagne de Rome,
un épisode de Roméo et Juliette, et plusieurs autres
sujets. Quelques-unes de ces toiles sont en Angleterre ou
en Amérique. Elles n'ont pas laissé en France de bien
vifs souvenirs, et il n'y a pas lieu de s'en étonner. Faites
sans modèle, luxe interdit à notre artiste, mais luxe
nécessaire, elles ne pouvaient donner qu'une idée incom-
plète des intentions du peintre, auquel une invincible
prédilection pour les données antiques et la forme nue
imposait plus qu'à tout autre l'étude attentive et constante
du modèle vivant. C'étaient probablement des projets, des apparitions, des improvisations sur
toile plutôt que de véritables tableaux, et même à ne tenir compte que du dessin, l'on conçoit
aisément que les rares qualités qui caractérisent les compositions de l'aquafortiste n'aient pas suffi
à classer le peintre. La peinture appelle en effet une vision plus nette de l'ensemble et surtout
une exécution plus serrée dans le détail, elle appelle aussi la couleur, et à ce point de vue, au
moins d'après ce que nous connaissons de son œuvre, les tableaux de M. Chifflart laissent beau-
coup à désirer. Beaucoup, c'est-à-dire un peu plus et un peu moins. Et quoi donc? Expliquons-
nous en toute franchise, car c'est une étude sincère que nous consacrons à un homme de talent,
et non pas une de ces réclames complaisantes ou compatissantes dont sa modestie un peu farouche
et surtout loyale et digne serait la première à se formaliser.

Peintre, M. Chifflart est venu trop tôt ou trop tard pour se faire la place que semblaient
devoir lui assigner ses facultés natives. Assez coloriste pour qu'on ne le confonde pas avec les
revenants de la vieille école académique, dont il se distingue au surplus par la préoccupation de
la nature et de la vie, le sens du mouvement, et la fantaisie poétique des sentiments qu"il
exprime, il l'est trop peu pour compter dans l'école moderne, qui demande à la palette, non plus
seulement la justesse relative des tons, mais en quelque sorte le son et la vibration de la couleur.
Imagination romantique soutenue par une forte éducation classique, tempérament épris de réalité
autant que de poésie, il n'était pas homme à se contenter de ces lavis à l'huile dont l'insuffisance

1. .Voir l'Art, }° année, tome I", page 199 et 217.

2. Tirée de VAlfabeto in sogno, excmplarcper disegnare, di Giuseppe Mitelli, pittore Bolognese. MDCLXXXIII.

Tome VIII. 32
 
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