NOTRE BIBLIOTHÈQUE
LXXV.
A coups de fusil, par Quatrelles, ouvrage illustre de trente
dessins originaux hors texte par A. de Neuville, dont douze
dessins au fusain et dix-huit dessins à la plume reproduits en
fac-similé. Un vol. in-8". Paris, 1877. G. Charpentier.
Allons! qu'on se remue. Il ne s'agit pas de se croiser les
bras et de s'endormir comme des marmottes. Les Français sont
toujours des Français, que diable ! Reichshoffen ne prouve rien ;
on prendra sa revanche et ça ne traînera pas, c'est lui qui vous
une division de l'arme'e française en déroute. Le général était un
ancien camarade de Mauduyt.
— Écoute, lui dit-il, tu peux sauver ma division poursuivie
par l'ennemi ; il faut qu'avant deux heures tu aies fait sauter le
pont Saint-Anne, sur la route de Saverne. Me le promets-tu ?
— Comptes-y! Ce sera fait.
Et, sans se soucier du danger, le commandant se prépare
aussitôt à accomplir sa mission, avec son fidèle et brave Ungel,
ancien sergent-major dans son^bataillon. Tout à coup une foule
tumultueuse les entoure.
ledit, lui, Mauduyt, « Lesuhlanslies
traite, ancien officier ^BKs <"e sont eux' en
du maréchal J'y suis, ^jÈSt '^§*ll effet, qui précèdent le
j'y reste, aussi vrai iÊ^s^'' f f 8ros ^es forces prus-
qu'il a gagné devant ^TiiïOV'w siennes; ils veulent
Sébastopol sa rosette $mÊÈl^ ^JÉËP*^,,, s'emparer du com-
de la Légion d'hon- ^ÉÊBBÊ^^S^^^^^^^^iStt rfSBa. ikS^ mandant; celui-ci ré-
neur. Pour commen- kî^^^^P^^^^^^^^^^^^K^^^^TO^^^^^a^^r siste et se réfugie dans
cer, il veut que son J|nïl|CT"^^ M l'église. On le pour-
village prenne les ar- ^MHEK^^pj^^gg^ffl»^^^ suit, on le menace;
mes, morbleu! Bourg- lÊÊSÊÊsÊBSv^^^^^^^ W'< l'intervention vail-
V^^6^S n'6S' /'y' ^ H e du curé parvient
en garde. Deuxn - - : ^ | i prussiens chargent les
nés de francs-tireurs ; Jk^v^, ^ofc^^' \|\ dant laquelle le cora-
lui, Mauduyt, ^ ^^^^^^^^^^^| ^ "^"^^ Mauduyt se
son droit à Paris : il M^^^^^l^ ■fflÊÊr surveillé, n'a pu aller
va lui écrire d'arriver * ''„^*^—^ JÊÊêÈÊËÈz ' " ■fiw' mettre le feu aux
et un peu vite! Celui- ^jJB^^HL . " <^ fwD) '' mines. Déjà le village
ci est jeune, il est f„ JjW^M?:- -^«'^''^ WÊÊ se remplit de Prus-
yrai, et délicat comme ^ ^ÈÊ^iL'' JfpM " ;>'\^1^- - JPw| siens, quand tout à
une femmelette, mais *^^^^!y^^V^^W -r ■<'''%^.-^<'S^- ^jPj . coup une détonation
la France a besoin de ^'•^^^a^^^^^tpy .-eï?;" ^^^y ^orm'c'a':,'e retentit.
tous ses enfants. ..X" ~ / C'est le pont qui a
En effet, sur une „ °" "*> su / sauté !
lettre pressante de ' ' Est-ce bien cela ?
son père, Anselme Lecommandantn'ose
quitte Paris et vient ll sergent-major Uncel. pas y croire. Mais qui
. „ T Fac-similé d un dessin à la plume de A. de Neuville.
a Bourgvilhers. Le donc a eu le cou-
rage...? Il n'y a pas à douter, pourtant ; tout le village pousse
des cris vainqueurs. Qui donc a fait le coup ?
Hélas! pauvre commandant Mauduyt, vous l'apprenez
bientôt par les airs de pitié de la foule qui vous regarde. Le
brave cœur qui, au milieu du tumulte causé par l'arrivée des
uhlans, a fait sauter le pont, le héros qui, par ruse, s'est faufilé
au milieu des ennemis s'entassant, celui qui a sauvé notre armée
en déroute, en s'ensevelissant sous d'énormes décombres, c'est
votre fils, c'est Anselme ! Il a su bien mourir, avouez-le, mais
toutes vos larmes maintenant ne lui rendront pas la vie.
« Tout cela est atroce, n'est-ce pas ? Que voulez-vous ? c'est
la guerre ! C'est la guerre, le premier besoin du despote, le der-
nier espoir de l'opprimé; la guerre que je hais et que j'admire,
qui, tantôt féroce et aveugle, déchaîne le conquérant; puis intel-
jeune homme ne tarda pas à savoir ce qu'on voulait de lui, mais
son patriotisme n'était pas aveuglé, comme celui du comman-
dant, par l'amour de l'empire, et il refusa de s'engager.
— Tu es un lâche ! lui cria son père.
— Je n'ai pas la même opinion que vous, voilà tout.
— Laisse donc! tu n'as souci que de ta peau.
— Ne redites pas cela, vous vous en repentiriez.
Plusieurs jours se passent; les défaites succèdent aux défaites.
Le commandant continuait à dresser ses recrues, pour mettre le
village en défense, mais il restait morne, consterné, hagard.
Plus un mot à son fils; sa femme même ne parvenait pas à lui
arracher le tourment de son cœur.
Une après-midi, le commandant Mauduyt se trouvait avec
sa petite troupe sur la place du village, quand vint à passer toute
LXXV.
A coups de fusil, par Quatrelles, ouvrage illustre de trente
dessins originaux hors texte par A. de Neuville, dont douze
dessins au fusain et dix-huit dessins à la plume reproduits en
fac-similé. Un vol. in-8". Paris, 1877. G. Charpentier.
Allons! qu'on se remue. Il ne s'agit pas de se croiser les
bras et de s'endormir comme des marmottes. Les Français sont
toujours des Français, que diable ! Reichshoffen ne prouve rien ;
on prendra sa revanche et ça ne traînera pas, c'est lui qui vous
une division de l'arme'e française en déroute. Le général était un
ancien camarade de Mauduyt.
— Écoute, lui dit-il, tu peux sauver ma division poursuivie
par l'ennemi ; il faut qu'avant deux heures tu aies fait sauter le
pont Saint-Anne, sur la route de Saverne. Me le promets-tu ?
— Comptes-y! Ce sera fait.
Et, sans se soucier du danger, le commandant se prépare
aussitôt à accomplir sa mission, avec son fidèle et brave Ungel,
ancien sergent-major dans son^bataillon. Tout à coup une foule
tumultueuse les entoure.
ledit, lui, Mauduyt, « Lesuhlanslies
traite, ancien officier ^BKs <"e sont eux' en
du maréchal J'y suis, ^jÈSt '^§*ll effet, qui précèdent le
j'y reste, aussi vrai iÊ^s^'' f f 8ros ^es forces prus-
qu'il a gagné devant ^TiiïOV'w siennes; ils veulent
Sébastopol sa rosette $mÊÈl^ ^JÉËP*^,,, s'emparer du com-
de la Légion d'hon- ^ÉÊBBÊ^^S^^^^^^^^iStt rfSBa. ikS^ mandant; celui-ci ré-
neur. Pour commen- kî^^^^P^^^^^^^^^^^^K^^^^TO^^^^^a^^r siste et se réfugie dans
cer, il veut que son J|nïl|CT"^^ M l'église. On le pour-
village prenne les ar- ^MHEK^^pj^^gg^ffl»^^^ suit, on le menace;
mes, morbleu! Bourg- lÊÊSÊÊsÊBSv^^^^^^^ W'< l'intervention vail-
V^^6^S n'6S' /'y' ^ H e du curé parvient
en garde. Deuxn - - : ^ | i prussiens chargent les
nés de francs-tireurs ; Jk^v^, ^ofc^^' \|\ dant laquelle le cora-
lui, Mauduyt, ^ ^^^^^^^^^^^| ^ "^"^^ Mauduyt se
son droit à Paris : il M^^^^^l^ ■fflÊÊr surveillé, n'a pu aller
va lui écrire d'arriver * ''„^*^—^ JÊÊêÈÊËÈz ' " ■fiw' mettre le feu aux
et un peu vite! Celui- ^jJB^^HL . " <^ fwD) '' mines. Déjà le village
ci est jeune, il est f„ JjW^M?:- -^«'^''^ WÊÊ se remplit de Prus-
yrai, et délicat comme ^ ^ÈÊ^iL'' JfpM " ;>'\^1^- - JPw| siens, quand tout à
une femmelette, mais *^^^^!y^^V^^W -r ■<'''%^.-^<'S^- ^jPj . coup une détonation
la France a besoin de ^'•^^^a^^^^^tpy .-eï?;" ^^^y ^orm'c'a':,'e retentit.
tous ses enfants. ..X" ~ / C'est le pont qui a
En effet, sur une „ °" "*> su / sauté !
lettre pressante de ' ' Est-ce bien cela ?
son père, Anselme Lecommandantn'ose
quitte Paris et vient ll sergent-major Uncel. pas y croire. Mais qui
. „ T Fac-similé d un dessin à la plume de A. de Neuville.
a Bourgvilhers. Le donc a eu le cou-
rage...? Il n'y a pas à douter, pourtant ; tout le village pousse
des cris vainqueurs. Qui donc a fait le coup ?
Hélas! pauvre commandant Mauduyt, vous l'apprenez
bientôt par les airs de pitié de la foule qui vous regarde. Le
brave cœur qui, au milieu du tumulte causé par l'arrivée des
uhlans, a fait sauter le pont, le héros qui, par ruse, s'est faufilé
au milieu des ennemis s'entassant, celui qui a sauvé notre armée
en déroute, en s'ensevelissant sous d'énormes décombres, c'est
votre fils, c'est Anselme ! Il a su bien mourir, avouez-le, mais
toutes vos larmes maintenant ne lui rendront pas la vie.
« Tout cela est atroce, n'est-ce pas ? Que voulez-vous ? c'est
la guerre ! C'est la guerre, le premier besoin du despote, le der-
nier espoir de l'opprimé; la guerre que je hais et que j'admire,
qui, tantôt féroce et aveugle, déchaîne le conquérant; puis intel-
jeune homme ne tarda pas à savoir ce qu'on voulait de lui, mais
son patriotisme n'était pas aveuglé, comme celui du comman-
dant, par l'amour de l'empire, et il refusa de s'engager.
— Tu es un lâche ! lui cria son père.
— Je n'ai pas la même opinion que vous, voilà tout.
— Laisse donc! tu n'as souci que de ta peau.
— Ne redites pas cela, vous vous en repentiriez.
Plusieurs jours se passent; les défaites succèdent aux défaites.
Le commandant continuait à dresser ses recrues, pour mettre le
village en défense, mais il restait morne, consterné, hagard.
Plus un mot à son fils; sa femme même ne parvenait pas à lui
arracher le tourment de son cœur.
Une après-midi, le commandant Mauduyt se trouvait avec
sa petite troupe sur la place du village, quand vint à passer toute