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L'ART.
« 66. Portrait de MIlc Mars aînée, artiste du Théâtre de la
République.
« 67. Portrait du Citoyen Houdon, sculpteur, membre de
l'Institut national, travaillant un bronze de Voltaire. Miniature,
quart de nature.
« 68. Portrait d'une femme âgée tenant un livre.
« 69. Plusieurs portraits, sous le même numéro ».
Le Portrait de Madame Elisabeth sera sans aucun doute
l'objet des plus vives compétitions à la vente du i''r février ; c'est
dans toute la force du mot un joyau précieux qui donne la plus
haute idée du talent de Mllc Capet; si la direction des Musées
nationaux, a le sentiment de ses devoirs vis-à-vis de l'école fran-
çaise, cette délicieuse miniature entrera au Louvre; c'est sa vraie
place.
Les autographes tirés des archives de la famille de Polignac
sont au nombre de dix-sept ; ils sont adressés à la duchesse
Yolande, à la comtesse Diane, au duc de Polignac et au comte
d'Artois.
Nous devons à l'obligeance de M" Delestreetde M. Et. Cha-
ravay, de pouvoir offrir aux abonnés de l'Art les fac-similé de
la lettre du duc de Berry à celui qui devait être un joui-
Charles X, et de la lettre de Louis XVI adressée à la duchesse
le lendemain de la prise de la Bastille ; l'autorisation royale de
voyager pour sa santé fit de M1"0 de Polignac la première
émigrée.
Les autres lettres sont de Marie-Antoinette, de Madame
Elisabeth, de Louis XVII —■ autographe unique, — du duc et
de la duchesse d'Angoulème, de Marie-Joséphine-Louise de
Savoie, comtesse de Provence, femme de Louis XVIII, de la
sœur et de deux nièces de la reine, de Frédéric-Guillaume II,
roi de Prusse, du czar Paul Ie' et de l'impératrice Marie sa
femme, du czar Alexandre Ier, du baron de Breteuil, ministre
de Louis XVI, et du duc de Richelieu, ministre de Louis XVIII.
— Le 5 février, M" Charles Pillet, assisté de M. E. Féral,
peintre-expert, vendra la première partie de la collection de
M***, lisez des Chartreux de Lyon. La vacation comprend cin-
quante italiens et plusieurs gothiques des écoles flamande et hol-
landaise. Nous y reviendrons dans notre prochaine chronique
après avoir étudié les tableaux.
— Au moment de mettre sous presse se termine la vente
de l'atelier de Diaz; bornons-nous aujourd'hui à en constater
l'éclatant succès; les deux premières vacations ont produit près
de 225,000 francs. A huitaine, le compte rendu, ainsi que celui
de la vente Edward O.... dont nous voulions parler aujourd'hui,
mais que nous sommes forcés d'ajourner pour n'en parler qu'en
publiant en même temps une lettre d'un de nos abonnés, moti-
vée par deux articles plus que curieux de M. Louis Gonse et de
M. Alfred Michiels, au sujet d'un des tableaux de cette vente.
Nous prions notre honorable correspondant de vouloir bien
excuser un retard forcé; la place nous manque.
NECROLOGIE
— Un critique et amateur d'art auquel on doit d'inté-
ressantes études sur Théodore Rousseau et le peintre
Michel, M. Sensier, l'émule de Silvestre et de Thoré, est
mort à Paris, le 7 janvier. Né à Paris, le 25 décembre
1815, Alfred-Jean-Philippe-Auguste Sensier était le troi-
sième fils d'un notaire de Paris, M. J. B. Théodore Sensier,
bibliophile distingué qui a laissé une précieuse bibliothèque
dont les collectionneurs ont gardé le souvenir. Le jeune
Sensier puisa dans la maison paternelle le goût des arts et
de la curiosité plutôt que de la procédure. Licencié en
droit, il fut premier clerc chez M. l'avoué Cottreau, mais
jamais on ne put le décider à acheter une charge. De 1845
à 1848, il voyage, se lie avec des artistes, notamment avec
Jules Dupré qui le présente à Théodore Rousseau, dont il
devient bientôt l'ami, dont il fut plus tard l'exécuteur tes-
tamentaire. En 1848, le directeur du Musée national,
Jeanron, se l'attache comme secrétaire général. Révoqué
au coup d'Etat, ou plutôt éloigné par M. de Nieuwerkerque
qui avait tout un personnel à caser, Sensier entre à l'assis-
tance publique, et consacre ses loisirs à des travaux sur
les arts. Indépendamment de ses livres sur Rousseau et
Michel, on lui doit un ouvrage sur Rosalba Carriera, la
célèbre pastelliste vénitienne, et de nombreux artistes dans
la Revue internationale de l'art et de la curiosité, dirigée
par Ernest Feydeau, dans l'Epoque, dont il fit les salons
en 1865 et i8f)6 sous le pseudonyme de Jean Ravenel, des
études sur Millet, Troyon, avec lesquels il s'était lié à Bar-
bizon où il avait acheté la maison du peintre Charles
Jacque. Il laisse, presque terminé, un livre consacré à J. F.
Millet, et aussi important que son étude sur Rousseau. Ce
travail sera publié par ses amis. Il laisse aussi une collec-
tion curieuse et variée, fruit de trente années de recherches,
qu'il mettait en ordre, rédigeant avec soin ses instructions
pour la vente, lorsque la mort est venue l'enlever. M. Sen-
sier a été inhumé à Barbizon, auprès de ses anciens amis.
— Les journaux de Montpellier annoncent la mort
d'un amateur distingué, M. A. Bruyas, qui, en 1868, esti-
mant que « les œuvres de génie appartiennent à la postérité
et à l'admiration publique », offrait à sa ville natale toute
sa riche collection de tableaux. L'olfrc a été acceptée, et
depuis lors une des galeries du Musée de Montpellier porte
le nom du donateur. M. Bruyas n'était âgé que de cin-
quante-six ans.
— On annonce la mort d'un artiste anglais, M. Robert
Landells, croquistc militaire de YIilustrated London News.
M. Landells a fait en cette qualité les campagnes de Cri-
mée, de Danemark, d'Autriche, et la guerre franco-alle-
mande. Il n'avait que quarante-cinq ans. C'est dire qu'il
avait débuté bien jeune dans la carrière du reportage au
crayon.
— Litalie vient de perdre un de ses meilleurs artistes,
Pietro Magni, l'auteur des célèbres statues de David et de
Socratc. Il est mort à Milan après une courte maladie, âgé
de près de soixante ans.
— Encore une perte pour l'art italien :
M. le commandeur Luigi Arnaud, graveur distingué,
professeur de gravure à l'Institut technique et à l'Institut
des beaux-arts, vient de mourir à Naples.
Le Directeur-Gérant, EUGÈNE VÉRON.
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L'ART.
« 66. Portrait de MIlc Mars aînée, artiste du Théâtre de la
République.
« 67. Portrait du Citoyen Houdon, sculpteur, membre de
l'Institut national, travaillant un bronze de Voltaire. Miniature,
quart de nature.
« 68. Portrait d'une femme âgée tenant un livre.
« 69. Plusieurs portraits, sous le même numéro ».
Le Portrait de Madame Elisabeth sera sans aucun doute
l'objet des plus vives compétitions à la vente du i''r février ; c'est
dans toute la force du mot un joyau précieux qui donne la plus
haute idée du talent de Mllc Capet; si la direction des Musées
nationaux, a le sentiment de ses devoirs vis-à-vis de l'école fran-
çaise, cette délicieuse miniature entrera au Louvre; c'est sa vraie
place.
Les autographes tirés des archives de la famille de Polignac
sont au nombre de dix-sept ; ils sont adressés à la duchesse
Yolande, à la comtesse Diane, au duc de Polignac et au comte
d'Artois.
Nous devons à l'obligeance de M" Delestreetde M. Et. Cha-
ravay, de pouvoir offrir aux abonnés de l'Art les fac-similé de
la lettre du duc de Berry à celui qui devait être un joui-
Charles X, et de la lettre de Louis XVI adressée à la duchesse
le lendemain de la prise de la Bastille ; l'autorisation royale de
voyager pour sa santé fit de M1"0 de Polignac la première
émigrée.
Les autres lettres sont de Marie-Antoinette, de Madame
Elisabeth, de Louis XVII —■ autographe unique, — du duc et
de la duchesse d'Angoulème, de Marie-Joséphine-Louise de
Savoie, comtesse de Provence, femme de Louis XVIII, de la
sœur et de deux nièces de la reine, de Frédéric-Guillaume II,
roi de Prusse, du czar Paul Ie' et de l'impératrice Marie sa
femme, du czar Alexandre Ier, du baron de Breteuil, ministre
de Louis XVI, et du duc de Richelieu, ministre de Louis XVIII.
— Le 5 février, M" Charles Pillet, assisté de M. E. Féral,
peintre-expert, vendra la première partie de la collection de
M***, lisez des Chartreux de Lyon. La vacation comprend cin-
quante italiens et plusieurs gothiques des écoles flamande et hol-
landaise. Nous y reviendrons dans notre prochaine chronique
après avoir étudié les tableaux.
— Au moment de mettre sous presse se termine la vente
de l'atelier de Diaz; bornons-nous aujourd'hui à en constater
l'éclatant succès; les deux premières vacations ont produit près
de 225,000 francs. A huitaine, le compte rendu, ainsi que celui
de la vente Edward O.... dont nous voulions parler aujourd'hui,
mais que nous sommes forcés d'ajourner pour n'en parler qu'en
publiant en même temps une lettre d'un de nos abonnés, moti-
vée par deux articles plus que curieux de M. Louis Gonse et de
M. Alfred Michiels, au sujet d'un des tableaux de cette vente.
Nous prions notre honorable correspondant de vouloir bien
excuser un retard forcé; la place nous manque.
NECROLOGIE
— Un critique et amateur d'art auquel on doit d'inté-
ressantes études sur Théodore Rousseau et le peintre
Michel, M. Sensier, l'émule de Silvestre et de Thoré, est
mort à Paris, le 7 janvier. Né à Paris, le 25 décembre
1815, Alfred-Jean-Philippe-Auguste Sensier était le troi-
sième fils d'un notaire de Paris, M. J. B. Théodore Sensier,
bibliophile distingué qui a laissé une précieuse bibliothèque
dont les collectionneurs ont gardé le souvenir. Le jeune
Sensier puisa dans la maison paternelle le goût des arts et
de la curiosité plutôt que de la procédure. Licencié en
droit, il fut premier clerc chez M. l'avoué Cottreau, mais
jamais on ne put le décider à acheter une charge. De 1845
à 1848, il voyage, se lie avec des artistes, notamment avec
Jules Dupré qui le présente à Théodore Rousseau, dont il
devient bientôt l'ami, dont il fut plus tard l'exécuteur tes-
tamentaire. En 1848, le directeur du Musée national,
Jeanron, se l'attache comme secrétaire général. Révoqué
au coup d'Etat, ou plutôt éloigné par M. de Nieuwerkerque
qui avait tout un personnel à caser, Sensier entre à l'assis-
tance publique, et consacre ses loisirs à des travaux sur
les arts. Indépendamment de ses livres sur Rousseau et
Michel, on lui doit un ouvrage sur Rosalba Carriera, la
célèbre pastelliste vénitienne, et de nombreux artistes dans
la Revue internationale de l'art et de la curiosité, dirigée
par Ernest Feydeau, dans l'Epoque, dont il fit les salons
en 1865 et i8f)6 sous le pseudonyme de Jean Ravenel, des
études sur Millet, Troyon, avec lesquels il s'était lié à Bar-
bizon où il avait acheté la maison du peintre Charles
Jacque. Il laisse, presque terminé, un livre consacré à J. F.
Millet, et aussi important que son étude sur Rousseau. Ce
travail sera publié par ses amis. Il laisse aussi une collec-
tion curieuse et variée, fruit de trente années de recherches,
qu'il mettait en ordre, rédigeant avec soin ses instructions
pour la vente, lorsque la mort est venue l'enlever. M. Sen-
sier a été inhumé à Barbizon, auprès de ses anciens amis.
— Les journaux de Montpellier annoncent la mort
d'un amateur distingué, M. A. Bruyas, qui, en 1868, esti-
mant que « les œuvres de génie appartiennent à la postérité
et à l'admiration publique », offrait à sa ville natale toute
sa riche collection de tableaux. L'olfrc a été acceptée, et
depuis lors une des galeries du Musée de Montpellier porte
le nom du donateur. M. Bruyas n'était âgé que de cin-
quante-six ans.
— On annonce la mort d'un artiste anglais, M. Robert
Landells, croquistc militaire de YIilustrated London News.
M. Landells a fait en cette qualité les campagnes de Cri-
mée, de Danemark, d'Autriche, et la guerre franco-alle-
mande. Il n'avait que quarante-cinq ans. C'est dire qu'il
avait débuté bien jeune dans la carrière du reportage au
crayon.
— Litalie vient de perdre un de ses meilleurs artistes,
Pietro Magni, l'auteur des célèbres statues de David et de
Socratc. Il est mort à Milan après une courte maladie, âgé
de près de soixante ans.
— Encore une perte pour l'art italien :
M. le commandeur Luigi Arnaud, graveur distingué,
professeur de gravure à l'Institut technique et à l'Institut
des beaux-arts, vient de mourir à Naples.
Le Directeur-Gérant, EUGÈNE VÉRON.
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