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L'ART.
ture doivent avoir ou une carte ou un permis de circulation dé-
iivré par le directeur.
Cette formalité n'est d'aucune ne'cessite' les dimanches et
jours de fête.
Les visiteurs ne sont admis que de midi à quatre heures.
Amgleterre. — The Examiner. — Nous avons eu l'occa-
sion de signaler les rares mérites d'une des principales revues
hebdomadaires de l'Angleterre, The Examiner, dont l'autorité
s'est considérablement accrue sous l'active et intelligente direc-
tion de M. W. Minto, un lettré des plus distingués dont l'esprit
est ouvert à toutes les idées de progrès. (Voir l'Art, 2° année,
tome II, page 216.) Depuis le ior janvier, notre éminent con-
frère a développé dans de très-larges proportions la partie pure-
ment littéraire de son excellent recueil, dont chaque numéro se
compose aujourd'hui de trente-deux pages. Un des romanciers
dont le talent est le plus apprécié, M. William Black, l'auteur
de The Adventures of a Phaeton, The Princess of Thule, etc.,
a commencé dans The Examiner la publication d'une nouvelle
œuvre inédite : « Green Pastures and Piccadilly. »
Belgique. — Le Groupe des comtes d'Egmont et de Homes.
— Le monument élevé à la mémoire des comtes d'Egmont et
de Hornes a disparu de la grand'place de Bruxelles, où il était
adossé à l'escalier du Broodhuys ou « Maison du roi », l'édifice
qui fait face à l'hôtel de ville. Le groupe en bronze a été enlevé
de son piédestal, et les passants de se demander si les deux
statues n'avaient pas été subtilisées par quelque hardi spéculateur
pour être transformées en gros sous. Il n'en était rien, heureu-
sement. Le monument est retrouvé. Il se dresse sur la place du
Petit-Sablon, tournant le dos à l'hôtel d'Aremberg. L'auteur,
M. Fraikin, proteste, espérant toutefois qu'il ne s'agit que d'un
déplacement provisoire. La presse s'émeut. Tel journal considère
ce déplacement, même provisoire, comme une atteinte à la pro-
priété artistique. Tel autre estime que le monument fera beau-
coup mieux sur une place qui ne l'attendait pas que sur la place
pour laquelle il avait été fait. Répondant à une interpellation
qui lui a été adressée à ce sujet au conseil communal, le bourg-
mestre a fait connaître que la « Maison du roi » étant en pleine
restauration, il a paru nécessaire d'enlever le monument de la
Grand'Place pendant les travaux, pour le mettre à l'abri. Le
gouvernement a proposé de le mettre dans un square projeté
place du Petit-Sablon. Quoique partisan de cette idée, le collège
échevinal n'a pas cru pouvoir s'y rallier, et ce n'est que provisoi-
rement que le monument d'Egmont a disparu de la Grand'Place.
Le conseil aura à décider plus tard si ce déplacement doit deve-
nir définitif. Un architecte, membre du conseil, M. Beyaert, a
exprimé aussitôt le désir de ne plus revoir le groupe sur la
Grand'Place. En étudiant la restauration de la Maison du Roi,
on a trouvé des plans qui indiquent au rez-de-chaussée une
galerie couverte semblable à celle de l'hôtel de ville. La cons-
truction de cette galerie rend impossible le maintien du monu-
ment. La question a été réservée par le conseil. Il faut avouer
que les deux illustres victimes du ducd'Albe n'ont pas de chance.
Avoir eu la tète tranchée, et trois siècles après n'avoir pas même
un piédestal assuré, c'est jouer de malheur.
NECROLOGIE
Léon Gatayes, le spirituel chroniqueur qui vient de
mourir à l'âge de soixante-douze ans, avait commencé par
la musique. Il fut professeur de harpe, et compta parmi
ses élèves Mmo Récamier, avec laquelle il joua des duos
à l'Abbaye-aux-Bois ; virtuose applaudi, il écrivit pour son
instrument d'agréables morceaux qui ont subi le sort de la
harpe elle-même , complètement démodée depuis l'inva-
sion du piano.
— M. Pierre Devigne, statuaire, professeur-directeur
à l'Académie des beaux-arts et à l'école industrielle de
Gand, est mort en cette ville le ier février, à la suite d'une
longue et cruelle maladie, âgé de soixante-trois ans. Pierre
Devigne est l'auteur du monument élevé à Jacob van Ar-
tevelde, sur le marché du Vendredi, à Gand. La colossale
statue en bronze du ruwacrt est d'une grande tournure ;
debout, le bras étendu comme pour imposer silence à la
foule, Artevelde semble haranguer les Gildes de la vieille
cité flamande. Cette statue est le chef-d'œuvre de l'artiste
dont elle a popularisé le nom en Belgique. Pierre Devigne
laisse un fils, sculpteur comme lui, M. Paul Devigne, mé-
daillé en 1875 au Salon de Paris et à l'Exposition triennale
des beaux-arts à Bruxelles.
— Le 12 janvier est mort à Florence, âgé de quatre-
vingt-six ans, le maestro Pietro Romani, oncle du maestro
Carlo Romani qui l'avait précédé de quelques mois dans la
tombe. Pietro Romani était un compositeur de quelque
mérite ; il a eu l'honneur d'écrire l'air de Bartholo : « Manca
un foglio », qui se chante dans il Barbiere di Seviglia, et
qui fait assez bonne figure à côté des mélodies de Rossini,
pour que bien des gens l'attribuent au maître de Pesaro.
Mais c'est surtout comme professeur de chant que Pietro
Romani s'est fait une grande réputation. Il a formé un
grand nombre d'artistes, et même dans ces dernières années
les chanteurs et les cantatrices les plus célèbres venaient
lui demander des conseils.
Pietro Romani était, en outre, un habile chef d'or-
chestre. Lorsque le Prophète fut monté en Italie, Meyerbeer
lui en confia la direction.
ERRATA.
M. Paul Tesse nous signale une faute d'impression qui défigure un passage de sa lettre au directeur de l'Art à propos du
Mariage mystique de sainte Catherine, par Hugo Van der Goes.
Page 114, irc colonne, 2e ligne, au lieu de la couleur intense et ombrée, il faut lire la couleur intense et ambrée.
Nous croyons devoir saisir cette occasion pour signaler sans plus tarder une erreur de mise en pages, qui a interverti l'ordre des
légendes de deux dessins de Prud'hon, article de M. Ph. Burty.
La légende I'Art, inscrite sous la frise, en tète de la page 33, se rapporte au dessin intercalé dans le texte, page 34; et vice
versa, la légende attribuée à ce dernier, La prospérité de la France retracée par l'histoire, appartient au dessin qui sert de
fleuron à l'étude de notre collaborateur sur l'Œuvre de P. P. Prud'hon.
Nous aurions encore quelques autres inexactitudes typographiques à relever, mais elles ne sont ni assez nombreuses ni assez
importantes pour que nous ayons le cœur de les reprocher coram populo à nos coopérateurs de l'imprimerie, dont la tâche n'est pas
commode et qui font de leur mieux. Que celui qui n'a jamais péché leur jette la première pierre.
Le Directeur-Gérant, EUGÈNE VÉRON.
L'ART.
ture doivent avoir ou une carte ou un permis de circulation dé-
iivré par le directeur.
Cette formalité n'est d'aucune ne'cessite' les dimanches et
jours de fête.
Les visiteurs ne sont admis que de midi à quatre heures.
Amgleterre. — The Examiner. — Nous avons eu l'occa-
sion de signaler les rares mérites d'une des principales revues
hebdomadaires de l'Angleterre, The Examiner, dont l'autorité
s'est considérablement accrue sous l'active et intelligente direc-
tion de M. W. Minto, un lettré des plus distingués dont l'esprit
est ouvert à toutes les idées de progrès. (Voir l'Art, 2° année,
tome II, page 216.) Depuis le ior janvier, notre éminent con-
frère a développé dans de très-larges proportions la partie pure-
ment littéraire de son excellent recueil, dont chaque numéro se
compose aujourd'hui de trente-deux pages. Un des romanciers
dont le talent est le plus apprécié, M. William Black, l'auteur
de The Adventures of a Phaeton, The Princess of Thule, etc.,
a commencé dans The Examiner la publication d'une nouvelle
œuvre inédite : « Green Pastures and Piccadilly. »
Belgique. — Le Groupe des comtes d'Egmont et de Homes.
— Le monument élevé à la mémoire des comtes d'Egmont et
de Hornes a disparu de la grand'place de Bruxelles, où il était
adossé à l'escalier du Broodhuys ou « Maison du roi », l'édifice
qui fait face à l'hôtel de ville. Le groupe en bronze a été enlevé
de son piédestal, et les passants de se demander si les deux
statues n'avaient pas été subtilisées par quelque hardi spéculateur
pour être transformées en gros sous. Il n'en était rien, heureu-
sement. Le monument est retrouvé. Il se dresse sur la place du
Petit-Sablon, tournant le dos à l'hôtel d'Aremberg. L'auteur,
M. Fraikin, proteste, espérant toutefois qu'il ne s'agit que d'un
déplacement provisoire. La presse s'émeut. Tel journal considère
ce déplacement, même provisoire, comme une atteinte à la pro-
priété artistique. Tel autre estime que le monument fera beau-
coup mieux sur une place qui ne l'attendait pas que sur la place
pour laquelle il avait été fait. Répondant à une interpellation
qui lui a été adressée à ce sujet au conseil communal, le bourg-
mestre a fait connaître que la « Maison du roi » étant en pleine
restauration, il a paru nécessaire d'enlever le monument de la
Grand'Place pendant les travaux, pour le mettre à l'abri. Le
gouvernement a proposé de le mettre dans un square projeté
place du Petit-Sablon. Quoique partisan de cette idée, le collège
échevinal n'a pas cru pouvoir s'y rallier, et ce n'est que provisoi-
rement que le monument d'Egmont a disparu de la Grand'Place.
Le conseil aura à décider plus tard si ce déplacement doit deve-
nir définitif. Un architecte, membre du conseil, M. Beyaert, a
exprimé aussitôt le désir de ne plus revoir le groupe sur la
Grand'Place. En étudiant la restauration de la Maison du Roi,
on a trouvé des plans qui indiquent au rez-de-chaussée une
galerie couverte semblable à celle de l'hôtel de ville. La cons-
truction de cette galerie rend impossible le maintien du monu-
ment. La question a été réservée par le conseil. Il faut avouer
que les deux illustres victimes du ducd'Albe n'ont pas de chance.
Avoir eu la tète tranchée, et trois siècles après n'avoir pas même
un piédestal assuré, c'est jouer de malheur.
NECROLOGIE
Léon Gatayes, le spirituel chroniqueur qui vient de
mourir à l'âge de soixante-douze ans, avait commencé par
la musique. Il fut professeur de harpe, et compta parmi
ses élèves Mmo Récamier, avec laquelle il joua des duos
à l'Abbaye-aux-Bois ; virtuose applaudi, il écrivit pour son
instrument d'agréables morceaux qui ont subi le sort de la
harpe elle-même , complètement démodée depuis l'inva-
sion du piano.
— M. Pierre Devigne, statuaire, professeur-directeur
à l'Académie des beaux-arts et à l'école industrielle de
Gand, est mort en cette ville le ier février, à la suite d'une
longue et cruelle maladie, âgé de soixante-trois ans. Pierre
Devigne est l'auteur du monument élevé à Jacob van Ar-
tevelde, sur le marché du Vendredi, à Gand. La colossale
statue en bronze du ruwacrt est d'une grande tournure ;
debout, le bras étendu comme pour imposer silence à la
foule, Artevelde semble haranguer les Gildes de la vieille
cité flamande. Cette statue est le chef-d'œuvre de l'artiste
dont elle a popularisé le nom en Belgique. Pierre Devigne
laisse un fils, sculpteur comme lui, M. Paul Devigne, mé-
daillé en 1875 au Salon de Paris et à l'Exposition triennale
des beaux-arts à Bruxelles.
— Le 12 janvier est mort à Florence, âgé de quatre-
vingt-six ans, le maestro Pietro Romani, oncle du maestro
Carlo Romani qui l'avait précédé de quelques mois dans la
tombe. Pietro Romani était un compositeur de quelque
mérite ; il a eu l'honneur d'écrire l'air de Bartholo : « Manca
un foglio », qui se chante dans il Barbiere di Seviglia, et
qui fait assez bonne figure à côté des mélodies de Rossini,
pour que bien des gens l'attribuent au maître de Pesaro.
Mais c'est surtout comme professeur de chant que Pietro
Romani s'est fait une grande réputation. Il a formé un
grand nombre d'artistes, et même dans ces dernières années
les chanteurs et les cantatrices les plus célèbres venaient
lui demander des conseils.
Pietro Romani était, en outre, un habile chef d'or-
chestre. Lorsque le Prophète fut monté en Italie, Meyerbeer
lui en confia la direction.
ERRATA.
M. Paul Tesse nous signale une faute d'impression qui défigure un passage de sa lettre au directeur de l'Art à propos du
Mariage mystique de sainte Catherine, par Hugo Van der Goes.
Page 114, irc colonne, 2e ligne, au lieu de la couleur intense et ombrée, il faut lire la couleur intense et ambrée.
Nous croyons devoir saisir cette occasion pour signaler sans plus tarder une erreur de mise en pages, qui a interverti l'ordre des
légendes de deux dessins de Prud'hon, article de M. Ph. Burty.
La légende I'Art, inscrite sous la frise, en tète de la page 33, se rapporte au dessin intercalé dans le texte, page 34; et vice
versa, la légende attribuée à ce dernier, La prospérité de la France retracée par l'histoire, appartient au dessin qui sert de
fleuron à l'étude de notre collaborateur sur l'Œuvre de P. P. Prud'hon.
Nous aurions encore quelques autres inexactitudes typographiques à relever, mais elles ne sont ni assez nombreuses ni assez
importantes pour que nous ayons le cœur de les reprocher coram populo à nos coopérateurs de l'imprimerie, dont la tâche n'est pas
commode et qui font de leur mieux. Que celui qui n'a jamais péché leur jette la première pierre.
Le Directeur-Gérant, EUGÈNE VÉRON.