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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 1)

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Fétis, Édouard: Govert Camphuysen, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16904#0050

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GO VERT CAMPHUYSEN

C'est une chose vraiment étrange qu'un artiste de la valeur
de celui dont nous allons nous occuper, ayant eu une longue et
laborieuse carrière, ayant signé ses œuvres, ait été jusqu'à ce
jour non pas méconnu, ce qui peut arriver à quiconque est en
avance sur les idées et sur le goût de son siècle, mais absolu-
ment inconnu. La singularité du fait se complique de cette par-
ticularité inexplicable que dans une famille qui a donné plu-
sieurs hommes distingués à la peinture, c'est précisément celui
qui n'a pas été peintre qui jouit d'une certaine célébrité, tandis
que les autres sont tombés dans l'oubli. Voyons d'abord quel
fut ce personnage étrange dont on a fait, en quelque sorte, un
artiste malgré lui. Sa biographie est loin d'être sans intérêt; il
y eut peu d'existence plus troublées, plus accidentées que la
sienne ; en rappeler les épisodes presque romanesques, c'est
prouver qu'il n'a pas pu produire les œuvres qu'on lui attribue.

ment ne lui réussissait pas, il se fit prédicateur et résida en cette
qualité à Utrecht d'abord, puis à Heusden. Une place de pasteur
lui fut offerte à Amersfort, mais il aurait dû se séparer de la
secte des Remontrants, ce qu'il ne put se décider à faire. Tou-
jours errant et misérable, il s'établit temporairement à Amster-
dam, où il vécut tant bien que mal du produit de traductions
qu'il avait à faire pour des libraires. Un éditeur de Nordcn
(Frise) le fit venir pour l'employer à des travaux de ce genre et
lui assura une existence convenable ; mais le destin, qui sem-
blait le poursuivre, ne lui permit pas de jouir longtemps des
avantages de cette situation. La peste, ou quelque autre
des maladies épidémiques qu'on appelait ainsi, éclata à
Nordcn : Dirk Rafaelz Camphuysen se dévoua pour soigner les
malades en compagnie de son ami Geesteranus, ministre remon-
trant, qui mourut à la peine. Le mal contagieux venait de dispa-

Dirk Rafaelz Camphuysen raître, lorsqu'un autre fléau,
est né en 1586 à Gorcum, où non moins redoutable, vint as-
son père exerçait la profession a^elilSIlIlsS^^'v saillir Nordcn. Les troupes de
de chirurgien. Orphelin à l'âge ém/py "\ Mansfeld ayant envahi le pays,
de huit ans, il fut élevé par son jHHrap-'' jgL Camphuysen se sauva à Harlin-
frère aîné, chirurgien comme faOTfflpl ■ ., j*ââ gen avec sa femme et ses en-
son père, et placé chez le pein- . V \v ÏBfllllP^"*^%; wP^fp ants. [1 était établi depuis peu
tre Diderik Govertze, lequel " : ^mSB^ tm^ m dans cette localité, quand il lui
n'est connu que par cette cir- -'S , MMiK^^fe ' iS&lb'''wf arriva un de ces événements
constance et n'a pas laissé d'œu- ■*• ■ ISHb^^^^-^^ î JatÉp faits pour lui. Son affiliation
vres par lesquelles on puisse 'J^^^^^^^^^S9K^^^^^^9^^ '^Êmê/il'«• à 'a secte des Remontrants,
juger de son mérite. L'auteur ~^Eiê?^,^W&<»fa ^^%MflP - * ^WÈMwu-lU, alors persécutée, avait fait dé-

de la notice insérée dans la '^^^^^^^^SB^^^L''' ■ ' V '^^^^^T^jro^f^^^^^ cr(-tter son arrestation et une

Biographisch Woordenboek de ' ■ ■':a%'^^yfe||^BPrai^'-K• ■:somme de 500florins e'tail pro-

Van der Aa, dit qu'à dix-huit "'-r^M^^^^^^^^^t^j^^^^^m^^^Ê^^^^y' mise à qui le livrerait, il se

ans il surpassait son maître, 'aÊ^^^^^^^^^^^^^^^^^^^m^^''^^^^' tenait soigneusement caché ;

ce qui n'était peut-être pas W'^^^^^^^^^^^^^'' '^^^^^r^^m^ ^^ ^^ mais il fut dénoncé par sa ser-

difficUe, ajoutant qu'il peignait ^^^^^^^^^^^^•^'^^^ ^^^^^^^^P" vante à un soldat avec lequel

sages, des animaux et des clairs ^^i^œ^K^^R ^'^^î^^^^^^^'î ' 'l temPs de cette trahison, il

de lune; erreur toujours rc- "''^^^TO^:■^^/X^^^^^'i=^^^• put s'enfuir et il se réfugia

produite, qui attribue à un ff^j^jfî^^ ^Sfs^fe. dans l'île d'Ameland où il sé-

seul Camphuysen les œuvres " ' journa quelques mois, employé

de plusieurs. Portrait de Dirk Rafaël* Camphuysen par le libraire Jacques Colem,

En môme temps qu'il tra- Fac-similé à un dessin de Boulotte. d'Amsterdam , à des traduc-

vaillait dans l'atelier de Diderik tions d'ouvrages français. L'in-

Govertze, Dirk Rafaelz Camphuysen suivait les cours littéraires
du collège de sa ville natale. On nous dit que le recteur qui con-
naissait les aptitudes du jeune homme, conseilla de lui faire
abandonner la peinture et de le mettre exclusivement à l'étude
des langues anciennes. Cela ne justifie pas ce qu'on affirme, d'un
autre côté, de ses rares dispositions pour l'art. Du collège de
Gorcum, il était passé à l'université de Leyde qu'il quitta, muni
d'un diplôme de professeur, pour devenir le disciple particulier
d'Arminius, le célèbre chef de la secte des Remontrants. Il devint
ensuite précepteur des enfants d'un ministre arminien nommé
Van Langerak, puis secrétaire du même personnage, et dans le
même temps il épousa Anna Alendorp, tille de Govert Alendorp,
prédicateur à Dordrecht. Le voilà obligé de pourvoir à l'entre-
tien d'une famille et de se créer ce qu'on appelle une position.
C'est alors que commence pour lui une série de tribulations et
d'infortunes. Il retourne à Gorcum, sa ville natale, et s'y fait
professeur de langues anciennes, employant de trop nombreux
loisirs à poursuivre ses études théologiques. Comme l'enseigne-

salubrité du climat l'obligea à se déplacer de nouveau ; il alla à
Dokkum où, d'après le conseil de ses amis, il établit un com-
merce de chanvre qui lui procura une sorte d'aisance à la-
quelle il n'était pas accoutumé. A peine commençait-il à jouir
de ce bien-être, qu'il tomba malade et mourut le 9 juillet 1627,
étant âgé de quarante et un ans.

Au milieu de ses tribulations sans nombre et de ses déplace-
ments continuels, Dirk Rafaelz Camphuysen avait trouvé le
moyen de composer de volumineux traités de théologie mysti-
que, des écrits de controverse religieuse et des recueils de poésies
sacrées. Ses ouvrages étaient hautement estimés en Hollande;
ils lui ont fait une renommée assez durable pour qu'on lui ait
élevé en 1823 à Dokkum, un monument décoré d'une épitaphe
très-laudative. A l'hôtel de ville de la même cité on conserve
(singulier hommage) sa mâchoire enfermée dans une boîte,
avec des certificats en bonne forme attestant l'authenticité de la
relique.

Tel est l'homme auquel tous les biographes, tous les histo-
 
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