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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 1)

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Gindriez, Charles: Les fouilles du Mont Beuvray: l'art de l'émaillerie chez les Gaulois
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https://doi.org/10.11588/diglit.16904#0106

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1

LES FOUILLES DU MONT BEUVRAY

l'art de l'émaillerie chez les gaulois

(fin) »

On appelle émail toute substance vitreuse, transparente ou
opaque, applicable sur les métaux par l'action du feu ; c'est
donc un produit artificiel qu'il faut préparer avant de songer à
l'appliquer. Or, parmi les scories innombrables découvertes
dans les ateliers du mont Beuvray, il en est dont la cassure
piquetée de rouge présente des traces de cristallisation 2. Cette
substance, nommée techniquement calcine, est très-fusible;
introduite dans une composition vitreuse avec quelques par-
celles de limaille de fer, elle donne naissance par fusion à un
verre rouge, opaque, parfaitement semblable à l'émail brut dont
les fouilles ont fourni, sous forme de petits cuboïdes, de si nom-
breux échantillons. L'analyse chimique3 appliquée aux deux
produits a donné aussi des résultats identiques. Nous avons

les Éduens pour fabriquer la matière première de leurs émaux ;
et ce n'est pas assez de les surprendre dans leur travail, ne faut-
il pas que notre indiscrétion les prenne en flagrant délit de
maladresse ? Ne niez pas, messieurs les Éduens ! nous avons nos
preuves; et que de témoins accablants dans ces fragments de
verre défectueux dont l'intérieur est resté transparent dans une
enveloppe opaque !

Il reste à savoir comment cette matière était appliquée sur
les objets émaillés; un échantillon trouvé en cours de fabrica-
tion nous en indique clairement les transformations successives.
Les bronzes étaient entourés d'un manchon de terre glaise qui,
respectant les parties destinées à recevoir l'émail, devait s'op-
poser à l'écoulement de l'excès de matière. L'ouvrier les plaçait

donc les preuves les plus décisives du procédé qu'employaient en cet état au milieu d'un feu de charbon, près du creuset ren-

Bronzes préparés pour être émaillés. (Fouilles du mont Beuvray.)
Fac-similé d'un dessin de Ch. Gindriez.

fermant l'émail en fusion, et en projetait simplement un filet
sur l'émail incandescent4. L'échantillon cité plus haut et la
forme caractéristique des bavures ne laissent aucun doute à cet
égard. Mais que de difficultés pour mener à bien une opération
d'apparence si facile ! Nos expérimentateurs ont subi tous les
mécomptes de l'apprentissage avant d'arriver à l'habileté de la
maîtrise : « Tout d'abord il fallait prévenir la suroxydation de
l'émail ; deux écueils en outre étaient à éviter : de trop chauffer
le bronze et de ne le point chauffer assez. Dans le premier cas
les surfaces métalliques s'altéraient rapidement; dans le second
on n'obtenait aucune adhérence. L'opération était manquée, et
tout était à recommencer 3. »

Ces émaux, généralement appliqués sur des pièces de har-
nachement, constituent une sorte de parure équestre. Les che-
vaux avaient-ils à Bibracte le privilège de cette coquetterie? Une

autre singularité semblerait en fournir la preuve. Leur couleur
est invariablement rouge, et je ne saurais comment concilier
cette fixité avec une certaine mobilité qui fit de tout temps la
joie des orfèvres et le désespoir des époux. Ces objets appar-
tiennent tous à la classe des émaux de niellure, c'est-à-dire que
la matière colorée remplit des incisions préalablement faites sur
le bronze et disposées selon certains dessins. Projetée par la
méthode que nous venons d'exposer, elle recouvre indistincte-
ment les pleins et les vides ; il s'agit donc de dégager le dessin
en ravivant le métal entre les tailles. Or voici bien les instru-
ments les plus curieux de l'outillage : ce sont des pierres de
grès percées de cavités de différents calibres ; les tètes des objets
introduites dans ces trous étaient usées par frottement, jusqu'à
ce que la matière vitreuse cernée dans les tailles en enlevât le
dessin en rouge sur le métal à vif.

1. Voir l'Art, 3° année, tome ier, page 69.

2. L'analyse chimique a donné pour cette calcine la composition suivante : plomb, 84 parties; cuivre, 14 ; étain, 2 = 100 parties.

3. L'analyse chimique a donné pour cet émail la composition suivante : silice, 48,89 parties ; oxyde d'étain, 2,2; ; oxyde de plomb, 28,30 ; oxydule de cuivre, 6,41 ;
alumine, 2,75 ; oxyde de fer, 2,4^ ; chaux, 8,28 ; soude, 6,67 = 100 parties. i.a coloratjon rouge était due à la forte proportion d'oxyde de cuivre.

4. Ce procédé diffère donc des procédés modernes. Chez les orfèvres, l'émail réduit en poudre est appliqué au pinceau. L'objet ainsi préparé est exposé au feu
du moufle où l'émail se vitrifie. Dans le commerce, on procède autrement pour les émaux monochromes. L'objet introduit dans le moufle est chauffé au rouge et
avec un tamis on saupoudre dessus l'émail pulvérisé.

ç. L'Art de l'Emaillerie che\ les Eduens, page 41.
 
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