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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 1)

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Levasseur, E.: De l' influence générale de l'art sur l'industrie
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https://doi.org/10.11588/diglit.16904#0150

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DE L'INFLUENCE GÉNÉRALE DE L'ART SUR L'INDUSTRIE

i

ans tous les temps et à tous les degrés de la civilisation,
l'industrie humaine a deux maîtres qui l'inspirent et qui la
dirigent : la science et Fart.

La science et l'art existent et se développent par eux-
mêmes, sans même que ceux qui les cultivent se propo-
sent nécessairement pour but le profit que l'industrie en
pourra tirer. Les pâtres de la Chaldée, observant la marche,
des étoiles et frappés de leur retour périodique au même
point du ciel, ont eu les premières notions d'astronomie
avant que la connaissance de l'astronomie ne réglât le
calcul des années ou ne dirigeât la navigation. Les pâtres
chantaient aussi et cherchaient â mettre de l'harmonie
dans la cadence des sons. Aux premiers âges de l'humanité, on gravait sur de grossiers instru-
ments en os des figures d'animaux : c'était déjà une première manifestation de l'art. La recherche
du beau est aussi naturelle à l'homme que la recherche scientifique.

Tous les produits sans exception relèvent de la science qui fabrique les outils, aide à
trouver la matière et fournit les moyens de la travailler. Tous les produits qui ont une forme
déterminée et beaucoup de ceux qui ne se distinguent que par la couleur relèvent aussi de l'art :
la liste en est innombrable.

Combien cet art n'est-il pas grossier dans les sociétés primitives ? Mais aussi combien faible
est la science aux débuts de l'humanité ? Ces deux grands maîtres de l'industrie sont des
fruits de la civilisation qui ne mûrissent qu'avec le temps. Ils ne se développent pas d'ailleurs
de la même façon.

La science se forme par additions successives ; les découvertes faites par chaque génération
sont le point de départ des découvertes de la génération suivante. Pour interrompre cette crois-
sance, il faut un cataclysme, comme l'invasion des barbares dans l'empire romain. Sans doute,
tout n'est pas définitif dans ce qui constitue le patrimoine scientifique d'une époque ; il y a des
préjugés qui, comme des branches mortes, sont destinés à tomber; mais l'arbre demeure et
grandit de siècle en siècle

L'art est une plante plus délicate; on peut dire aussi une plante plus spontanée, quoiqu'elle
ne pousse que sur un terrain suffisamment préparé. Il peut être comparé à une plante annuelle
qui, se resemant d'elle-même, peut, suivant les influences de la saison et de la culture, donner
tantôt un magnifique rejeton, et tantôt une maigre poussée. C'est qu'en effet l'art, beaucoup plus
personnel que la science, ne s'accroît pas nécessairement par additions successives ; pour qu'il se
transmette, il faut que la nouvelle génération soit capable, non-seulement de le recevoir, mais de
le créer en quelque sorte à nouveau en se l'appropriant, et cet effort de création peut ne pas
aboutir d'une manière complète. Il peut y avoir, d'une époque à l'autre, progrès clans l'art; il
n'y a pas un progrès aussi régulièrement constant que dans la science.

L'histoire confirme ce que la nature des choses indique. Il y a eu des sociétés dans lesquelles
l'art a eu de bonne heure une rapide croissance, pendant que la science était encore presque

Lettre de Preisler, fac-similé d'une gravure de Wcigel.
 
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