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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 1)

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Oberlin, Jacques: Les ventes d'artistes: M. Lansyer
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https://doi.org/10.11588/diglit.16904#0252

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LES VENTES D'ARTISTES

M. LANSYER

e principe de l'élection appliqué à la nomination des membres du jury
de peinture devait avoir pour conséquence rigoureuse d'introduire pour
le jugement des admissions au Salon annuel un système d'indulgence
quelque peu intéressé et à l'aide duquel le nombre des peintres inscrits
au livret devait rapidement augmenter. Nous n'avons pas l'intention
de discuter ici les inconvénients et les avantages qu'on y peut relever,
et de changer le thème de notre article en une critique qui trouvera
sa place opportune un peu plus tard. Mais il convient de constater

cependant que, pendant que le nombre
des artistes s'accroissait, la surface d'ex-
position restant la même, on a été fata-
lement conduit à promener sur les têtes
de toutes qualités le niveau égalitaire et
à limiter la quantité des tableaux à
recevoir d'un chacun. Aujourd'hui il est
de deux pour M. Meissonier comme
pour le premier venu.

La masse se contente à la pensée
que ceux qui ont quelque génie ne sont
pas mieux traités qu'elle ; mais ceux qui
ont le privilège du talent et qui travail-
lent auraient bien le droit de se récrier.
Ils n'en font rien, c'est le public qui y
perd ; il en serait vraiment réduit à

Lettre tirée de l'alphabet de Théodore de Bry.

croire que l'état de peintre est absolu-
ment limité à une production annuelle de deux toiles, si le désir bien naturel de montrer ce qu'ils
produisent n'avait pas poussé les artistes à chercher ailleurs qu'aux Champs-Elysées les avantages
qu'ils n'y rencontrent pas. Depuis peu de temps l'excellente initiative de deux Cercles a ouvert
périodiquement des salles d'exposition ; puis des groupes ont organisé eux-mêmes des exhibitions.
11 faut espérer qu'on ne s'en tiendra pas là, parce que c'est encore bien insuffisant, et, s'il faut
recourir à l'initiative privée pour parfaire l'oeuvre du Salon, il est temps de se mettre à la besogne.

En attendant, quelques artistes ont pris l'habitude depuis plusieurs années d'en appeler au
jugement du public par une exposition de leurs œuvres, suivie d'une vente à l'hôtel Drouot. Ce
moyen pratique a l'avantage de montrer dans un ensemble considérable ce qu'il est impossible de
juger dans les envois trop restreints du Salon. 11 y a plus : l'atmosphère propre à la salle qui
renferme tout l'atelier de l'artiste, l'œuvre isolée de tout contact étranger, favorisent singulière-
ment la perception des impressions du peintre et laissent au jugement sa pleine liberté. C'est bien
là qu'on peut disséquer son homme, parce que, dans l'examen de son œuvre, il n'y a d'autre
influence que celle qu'il peut exercer seul par l'intensité de ses sentiments, révélés depuis les
études sur nature jusque dans les tableaux composés.

Aussi faut-il convenir qu'il y a une certaine audace à affronter si carrément la critique et à
se soumettre à une analyse qui ne permet qu'aux forts de renouveler l'expérience. Mais ceux-là
 
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