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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 1)

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Chronique étrangère
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L'ART.

ne répond pas aux besoins re'els, ont pre'sente' une image de plus
en plus fausse de l'industrie.

« En sera-t-il autrement à Paris? Non, ce sera pis encore.
Le mot « Paris », qui, pour la plupart, signifie le suprême degré
du luxe, élèvera extraordinairement les prétentions à la beauté
et à l'éclat. L'Exposition parisienne aura plus que toute autre le
caractère d'une exhibition industrielle-artistique, et c'est à ce
point de vue surtout que doivent se placer ceux qui voudront
y envoyer leurs produits.

« Que les expositions universelles se soient ainsi dénaturées,
il y a longtemps qu'on le reconnaît, et, pour ne pas laisser périr
ce qu'il y a d'essentiellement bon dans ces exhibitions, on a
trouvé le remède des expositions spéciales. Celles-ci, en Angle-
terre, se sont élevées à la hauteur d'un principe; et l'on voit,
dans le monde entier, de telles expositions nationales et inter-
nationales, qui sont grandement instructives et utiles pour les
exposants et pour les visiteurs.

« Le 15 octobre de cette année, à Munich, a été close la
première Exposition générale allemande de l'industrie artistique.
Elle a produit sur tous ceux qui l'ont visitée une impression
favorable, et a présenté plusieurs particularités agréables qui
manquaient aux précédentes expositions allemandes. On y a
reconnu du premier coup d'œil, presque avec étonnement, un
progrès très-marqué qui s'étendait à toutes les branches et qu'un
examen ultérieur n'a fait que confirmer. Telle qu'elle était, cette
exposition a offert un tableau, incomplet sans doute, mais exact
de notre industrie artistique dans son développement actuel.
Avant tout, elle a montré qu'après bien des tâtonnements les
formes de la renaissance allemande et italienne ont été recon-
nues définitivement comme celles qui conviennent le mieux
pour nos besoins.

« On y a remarqué aussi avec plaisir que la plupart des
objets exposés n'avaient point été faits extra pour l'Exposition.
D'ailleurs le temps aurait manqué pour cela. Les gens du métier
ont été agréablement surpris de voir maintes nouvelles maisons
se produire à cette occasion. Il a été beaucoup acheté, surtout
par le public allemand, ce à quoi j'attache une grande impor-
tance. Ce public était évidemment étonné de trouver ici tant de
belles et bonnes choses qu'il pouvait acquérir pour un prix mo-
déré correspondant à la bonté des objets. On a vu que dans
cette voie pouvait être reconquis le marché allemand, presque
complètement perdu par des exigences inintelligentes et des pro-
ductions insuffisantes. On a aussi vu exactement ce qui nous
manquait, et reconnu le but à atteindre, c'est-à-dire s'efforcer
de faire mieux et plus beau dans toutes les branches de l'indus-
trie également, mais provisoirement, sans aller au delà des be-
soins de la bourgeoisie aisée. Ce but, il importe de ne pas le

perdre de vue.....

« Nous sommes au commencement de notre développement
d'amélioration; on a compris maintenant combien est sérieuse
la tache d'une transformation de l'industrie artistique. Nos meil-
leures forces sont appliquées à ce but. Les nouvelles dispositions
légales en faveur de l'industrie : protection des marques, des
modèles, etc., ne font que d'entrer en vigueur; de leurs effets il
ne peut encore être question. Nos écoles sont en voie de pro-
grès, mais pour qu'elles donnent des résultats décisifs, il nous
en faut deux fois autant avec un budget double. Et, dans cette
situation, on nous demande trois fois, en l'espace de cinq ans,
1873, 1876, 1878, de participer à une exposition universelle.
Le proverbe dit : Trois déménagements équivalent à un incendie.
Trois expositions, c'est encore pis.

« Les gouvernements allemands ont bien sagement fait de

laisser la décision à l'industrie elle-même. Dans mon opinion,
c'est par un non très-net que nous devons répondre. Et je ne
crois pas que nous soyons les seuls à refuser l'invitation pari-
sienne. Des expositions universelles doivent être entreprises avec
la vive adhésion, avec l'enthousiasme même des nations, et non
pas contre leur gré avec des moyens de contrainte.

« On aura non-seulement chez nous, mais autre part encore,
le courage de secouer enfin ce joug des expositions.

« Celui qui croit néanmoins que nous devons dire oui, doit
mûrement y réfléchir, car il ne se prononce pas seulement pour
lui-même, mais aussi pour ceux qui ne veulent pas exposer. Phi-
ladelphie a montré qu'on prend impitoyablement la partie pour
le tout. Il n'y a eu aucune excuse pour les manquants; ils ont
été condamnés eux aussi. C'est là que réellement « les absents
ont eu tort ». Ce dont nous avons besoin, ce ne sont pas des
expositions universelles, mais bien des expositions allemandes,
pour qu'ainsi nous ayons enfin l'avantage de montrer chez nous
et de savoir nous-mêmes ce que nous fabriquons. On n'a reconnu
qu'en Amérique la complète valeur de l'industrie américaine ;
de même, on ne reconnaîtra qu'en Allemagne la véritable valeur
de l'industrie allemande. C'est pour ces expositions-là que cha-
cun doit réserver son patriotisme et son argent. »

Il faut rendre à M. Sussmann-Helborn cette justice qu'il
plaide avec une certaine habileté la cause de l'abstention alle-
mande. Nous n'hésitons même pas à reconnaître qu'il y a du
vrai dans ce qu'il dit de la tyrannie des expositions internatio-
nales, très-utiles selon nous, mais à la condition qu'on n'en
abuse pas, qu'on les ménage et que d'une institution périodique
on ne fasse pas une institution quasi-permanente. Les exposi-
tions universelles sont en quelque sorte les jeux olympiques de
l'industrie moderne. Il faut laisser aux athlètes des diverses
nations le temps de se préparer à la lutte, et de mettre à profit
les leçons qu'ils ont pu tirer des précédents concours, et non
pas les harceler en les appelant coup sur coup à d'incessantes
épreuves, d'autant moins fécondes qu'elles seront plus fréquentes.
Cela dit, — et c'en est assez pour que la presse allemande ne
nous attribue pas le moindre parti pris en cette affaire, — il
nous est impossible de ne pas faire remarquer qu'après le rap-
port de M. Reuleaux, commissaire allemand à l'exposition de
Philadelphie, les considérations de M. .Sussmann-Helborn, si
adroitement qu'il les expose, ne sont point suffisantes pour qu'on
se méprenne sur les véritables motifs de l'abstention, sinon de
l'Allemagne du moins de la Prusse, à l'Exposition universelle
de Paris. Cette distinction que nous prenons la liberté de faire
entre la partie et le tout, nous n'en trouvons pas trace dans les
Annales prussiennes. Elle a cependant sa valeur, et l'Exposition
de Munich, dont M. Sussmann-Helborn fait état, a prouvé que
les expositions allemandes, les seules qu'il' admette, ne sont
guère plus favorables à l'industrie prussienne que les exposi-
tions universelles. Un collaborateur d'un germanisme non sus-
pect nous a donné à cet égard des détails édifiants auxquels
nous renvoyons nos lecteurs et nous bornons là cette discus-
sion que nous n'avons, nulle envie de passionner. C'est surtout
à titre de document que nous avons reproduit les passages les
plus curieux de l'article des Annales prussiennes.

Italie. — On annonce une nouvelle édition de Vasari,
annotée par M. Carlo Puri et le savant Gaetano Milanesi, dont
les précieux commentaires et les recherches érudites ont déjà
élucidé tant de questions laissées sans solution par le célèbre
historien des peintres de la Renaissance italienne. Cette nouvelle
édition sera publiée à Florence, chez Sansoni. Le premier
volume paraîtra très-prochainement.

1. L'Art et l'Industrie de l'Allemagne à l'exposition de Munich. (Voir ['Art, année 1S76, tome IV, pages 92 et 138.)

Le Directeur-Gérant, EUGÈNE VÉRON.
 
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