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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 1)

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Gindriez, Charles: Les Fouilles du Mont Beuvray, [1]: l'art de l'émaillerie chez les Gaulois
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https://doi.org/10.11588/diglit.16904#0086

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7o

L'ART.

conservent leurs dessins '. » C'est ici que les découvertes substan-
tielles de M. Bullot ont une autorité de'cisive; elles prouvent
jusqu'à l'évidence que ces textes désignent des bronzes émaillés,
et qu'un de leurs principaux, centres de fabrication était juste-
ment la ville si merveilleusement retrouvée, si miraculeusement
évoquée, la Bibracte du mont Bèuvray.

La forteresse gauloise est une espèce de ville. Les maisons,
généralement bâties sur la pente de la vallée et de plain-pied
sur la façade, s'enterrent de deux mètres à l'arrière. Les fonda-
tions sont en maçonnerie de pierres sans chaux, tandis que les
façades se composent d'une grossière ossature de bois raidie par
des cloisons en pisé. Les fenêtres sont inconnues ; la lumière
faisait comme tout le monde, et passait par la porte. Un certain
ordre préside à la distribution des métiers. Les métallurgistes
occupent un quartier de la ville, les forgerons un autre ; c'est

« remplis de charbon ; à côté de spécimens complètement ter-
« minés, on en voyait d'autres à peine ébauchés ; d'autres en
« pleine fabrication, l'un môme encore enveloppé de terre cuite ;
« tout autour des fragments d'émail brut, des creusets de terre,
« des grès à polir, une quantité considérable de déchets, des
« bavures, des rognures provenant de la taille, des coques
« vitreuses qui conservaient l'empreinte des dessins du bronze,
« et par-dessus tout, le témoin même des opérations, véritable
« fossile de nos terrains historiques, nous voulons parler de la
« médaille qui en fixe l'âge et l'époque -. » —■ Ainsi la fortune
livrait à l'honorable directeur des fouilles les instruments, l'ate-
lier et la maison d'un émailleur gaulois ; chaque chose était à sa
place, et tout était prêt comme la veille, seulement le feu s'était
éteint, et le maître ne s'était pas réveillé. L'occasion lui sembla
trop jolie d'ouvrir une boutique à deux mille ans en arrière, à
Bibracte, en pleine Gaule, pour que la tentation ne fût pas trop
forte. Il résolut donc d'être cet orfèvre qui manquait seul dans

r. Philostrati, Icon. lib. F, ep. xxvm.
2. Page 5.

}. Fils de l'ancien directeur de la cristallerie de Baccarat.

aussi dans un quartier spécial, parmi ces maisons basses, obscures,
enterrées, que les fabricants de bronzes gravés ou émaillés exer-
çaient leur charmante et délicate industrie. En 1868, de petits
clous ornés dont la tète demi-sphérique était incisée d'entailles
régulières avaient vivement excité l'attention ; on croyait y
reconnaître les restes d'une substance rouge adhérente au métal.
Peu à peu d'autres découvertes étaient venues se joindre aux
précédentes ; le champ des conjectures se trouvait agrandi sans
être mieux éclairé. Se renseigner était difficile ; dans cette ville
endormie on trouvait plus de sonnettes que de portiers. La
curiosité était donc à son comble, lorsque l'atelier, l'outillage, le
four, les produits mêmes d'un orfèvre émailleur, découverts dans
une maison de cette région, déchirèrent tous les voiles en livrant
tous leurs secrets.

« Les ustensiles gisaient pêle-mêle ; les fours étaient encore

la maison, prit la suite des affaires, ralluma les fourneaux et (it
de cet art oublié une synthèse qui est un bijou.

Pour cette entreprise difficile, la patience et l'érudition d'un
archéologue ne pouvaient suffire ; M. Henry de Fontenay 3 ap-
porta, avec son concours bienveillant, un esprit curieux et cher-
cheur, des connaissances spéciales sur la matière, les ressources
enfin et les tours de main de la chimie et de la science. Les sa-
vants sont des guides sûrs, mais des compagnons terribles; Dieu
sait par quels épouvantables chemins ils vous mènent aux cimes !
Mais ceux qui ont le courage de les suivre savent quelle récom-
pense on trouve enfin à tant de peine, et quelle soudaine et char-
mante émotion dans ces horizons si péniblement cherchés, puis si
magnifiquement découverts. Après tout, quelques passages
abrupts, quelques formules escarpées ne sont pas une affaire,
pourvu qu'on monte ; et cette légère fatigue sera, comme dans
tous les voyages, pour beaucoup dans notre plaisir d'arriver.
(La fin prochainement.) Ch. Gindriez.
 
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