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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 1)

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Desnoireterres, Gustave: Essai d'iconographie voltairienne
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https://doi.org/10.11588/diglit.16904#0194

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ESSAI

D'ICONOGRAPHIE VOLTAIRIENNE

(SUITE ) 1

Vers ce temps (car Ton ne s'est pas préoccupé de préciser l'époque)2, Voltaire, dans une
petite excursion, s'était arrêté à Colonges, un village à cinq lieues de Genève. Le hasard voulut
que le même jour un peintre fit halte dans la même auberge : il n'avait ni pinceaux ni crayons,
mais un charbon devait suffire, et il se mettait à reproduire de verve sur le manteau de la che-
minée l'étrange et caractéristique figure. A peu de temps de là, de jeunes étourdis apercevant cette
tête affublée d'une énorme perruque, affublée elle-même d'un ample bonnet fourré, allaient la bar-
bouiller sans scrupule, lorsque l'hôtesse courant à eux s'écria : C'est Voltaire! Ceux-ci demeurent
comme frappés, à ces mots, d'un respect religieux. L'un d'eux prend la poste, ramène de Genève
un vitrier qui met le portrait à l'abri de toute atteinte. Le buste était de grandeur naturelle
et peut-être (dit l'auteur de la lettre qui consigne cette petite aventure) le plus ressemblant qu'on
ait fait. On mit au bas les quatre vers suivants, qui n'ont de bon que l'intention :

Mon œil le reconnaît, c'est lui-môme, c'est lui

Qui de la vérité fut le plus ferme appui !

O toi, qui dans ces lieux viens mettre pied à terre,

Trop heureux, ne pars pas sans contempler Voltaire3.

Autre indemnité aux noirceurs des envieux et des zoïles. Le roi de Prusse, qui s'était repris
d'une belle tendresse pour Voltaire, avait fait exécuter, dans sa manufacture de porcelaines, une
statue ce de son ancien serviteur » et la lui envoyait vers la fin de 1774, avec cette inscription :
Viro immortali. Preste à la riposte, en madrigaux aussi bien qu'en épigrammes, le poëte répondait
à la galanterie royale par ce quatrain :

Vous êtes généreux : vos bontés souveraines
Me font de trop riches présents ;
Vous me donnez dans mes vieux ans
Une terre dans vos domaines.

Ce buste, comme beaucoup d'autres reliques voltairiennes, avait passé dans les mains de
Mmt de Villette, chez laquelle Beuchot dit l'avoir vu, en 1822.

Cette même année 1774, le salon de Voltaire s'enrichissait (mais est-ce bien le mot?) d'un
étrange tableau, qu'on peut voir du reste encore à Ferney, le Triomphe de Voltaire. C'est Vol-
taire offrant sa Henriade à Apollon, en présence de ses ennemis fouettés par les Furies. M"10 de
Genlis, qui alla relancer le patriarche dans son castel, deux ans plus tard, nous a laissé une des-

1. Voir l'Art, 1° année, tome III, pages 145, 19), 251 et 241 ; tome IV, page 58. — Qu'il nous soit permis de glisser ici un erratum quelque
peu attardé. Tome III, page 241, on me fait dire, lignes 6 et 7 : Parmi les nombreuses reliques pieusement conservées par Mmo de Fontaine
« l'ange gardien »..., etc. Ce n'est pas « Mms de Fontaine » qu'il faut lire, mais bien « le comte d'Argental », auquel Voltaire donnait à tout
propos, dans ses lettres, ce titre flatteur et mérité. On voit que la chose est un peu différente.

2. Vers 1770; voir l'Art, 2° année, tome IV, page 60.

Mémoires secrets pour servir à l'histoire de la République des lettres (Londres, John Adamson), tome XVII, page 290; du 20 juillet 1781.
— Les annotateurs des Mémoires de Longchamp et de Wagnière (tome II, page 42) affirment avoir vu ce portrait, tel qu'il est décrit ici, en 1777.
 
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