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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 2)

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Colvin, Sidney: Études sur quelques maîtres graveurs du XVᵉ et du XVIᵉ siècle, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16909#0169

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ÉTUDES

SUR QUELQUES MAITRES GRAVEURS

DU XVe ET DU XVIe SIÈCLE1

I

LE MAITRE DIT « DES SUJETS TIRÉS DE BOCCACE ».
BOCCACE ET MAINARDO CAVALCANTI.

ette planche que nous présentons sous ce
titre à nos lecteurs est la reproduction,
exécutée par M. Amand-Durand, avec toute
la perfection du procédé devenu si célèbre
entre ses mains, d'une gravure au burin
peu connue de l'ancienne école flamande.
Le sujet en est tiré du livre latin de Boccace,
De casibus illustrium virorum et mulierum,
livre qui a joui d'une grande popularité à la
fin du moyen âge, et dont il existe en plu-
sieurs langues des traductions, tant im-
primées que manuscrites, qui datent du
xve siècle. Dans le prologue de ce traité,
prologue et dédicace à la fois, l'auteur a
voulu rendre compte de toutes les hésita-
tions qu'il déclare avoir subies avant de
pouvoir se fixer sur le choix de la personne
à qui il voulait faire hommage de son tra-
vail. Enfin, après avoir passé en revue tous
les grands de la terre pour les déclarer tous également indignes, il s'arrête sur un simple citoyen
de Florence, sur son compère le chevalier Mainardo Cavalcanti. Demandons à l'auteur lui-
même l'exposé de ses motifs, ou plutôt à l'un de ses vieux traducteurs français, qu'on identifie
avec Pierre Favre, curé d'Aubervilliers près Saint-Denis vers le milieu du xve siècle :

« O chevalier, » s'écrie donc Boccace, en s'adressant à son ami Mainardo, « ô chevalier,
prens ceste œuvre emprainte de mon engin, en quoy sont traitteez les maleureuses fortunes des
nobles hommes en especial. Car ceste œuvre a ete longuement devers moy oyseuse, car je ne me
pouvoye accorder a quel homme je la vousisse premièrement envoyer, affin qu'il donnast aucune
beauté à son nom, et que par le secours de ses aydes elle venist en apert par meilleurs eurs que
par les miens. Certainement nous escripteurs desirons et sommes constrains par une couverte
gloire de anoblir et alongier nos foiblcs libres par les meilleurs aydes que nous pouvons. Et entre
les autres nous les intitulons a empereur ou a Evesque, a Roy ou a aucun prince ainsi comme
se les livres en acquissent grande gloire. Pour ce j'ay quiz et cerchie longuement lequel de plusieurs

t. Les études sur les anciens maîtres graveurs de l'Allemagne, des Pays-Bas et de l'Italie, dont nous publions aujourd'hui la première,
formeront autant de chapitres épars que leur auteur, M. Sidney Colvin, professeur à l'université de Cambridge, a l'intention de réunir plus
tard dans un travail systématique. Ce travail aura pour but d'illustrer l'évolution primitive de l'art de la gravure en taille-douce, en faisant
surtout ressortir les relations qui ont subsisté entre le plus grand maître de cet art, Albert Durer, et les autres maîtres plus ou moins
célèbres qui l'ont précédé, entouré ou suivi.

Lettre tirée d'un manuscrit de la bibliothèque de Nancy.
Dessin et gravure de Jean Mouton.
 
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