2
CHRONIQUE DES ARTS.
ment l’exagération menue et chargée des
derniers Valois et des derniers temps de
l’École de Fontainebleau expirante.
Le cadre sculpté du tombeau, son arran-
gement architectural et ornemental, est bien
du temps de Cousin, il pourrait être de lui ;
votre texte prouve qu’au lieu d’une possibi-
lité il y a probabilité, certitude même. J’en
ai fait la supposition, vous la confirmez.
Mais la statue même est en dehors ; elle est
antérieure à Goujon, elle est du temps de
François Ier; Cousin l’a-t-il faite sous Fran-
çois Ier? La grosse question est là et reste
tout entière.
Je n’ai pas besoin de vous dire que si je
me défends, ce n’est pas pour mon opinion,
mais pour ce que je crois la vérité. Ce que
je demande c’est la preuve de deux choses,
la preuve positive et, s’il se peut, pas unique,
que Cousin a été non pas l’inspirateur di-
rect d’une sculpture, — je l’ai accordé
d’avance dès 1858, — mais un sculpteur au
propre, un modeleur et un tailleur de marbre
effectif, et aussi la preuve que la statue, qui
est archi-antérieure, qui n’est qu’employée
et mise en œuvre dans une décoration pos-
térieure, est son œuvre ; de plus, ce qui serait
bien nécessaire à la démonstration, qu’il a fait
d’autres choses de sculptures et d’impor-
tantes, même de sublimes, parce qu’on ne
fait pas un chef-d’œuvre comme celui-là sans
être non-seulement un grand sculpteur, mais
un sculpteur habituel, exercé, fécond et
même uniquement un sculpteur.
Voilà, en gros et en courant, mon opinion
ancienne et siïbsistante, pas du tout pour
faire du paradoxe et de l’originalité, mais
parce que, jusqu’à la production de véritables
preuves, je ne peux pas arriver à en avoir
une autre. Je n’en reste pas moins votre tout
dévoué en Cousin malgré ma qualité d’hé-
rétique, brûlable sur la place publique
d’Auxerre.
Le point en discussion est grave, comme
on le voit ; le document nouveau apporté
par M. Lobet est important, les raisons
données par M. de Montaiglon sont sé-
rieuses. Aux critiques versés dans la con-
naissance du xvie siècle nous en remettons
la décision. Nous n’entrerons pas dans le
débat ; ce que nous voulons simplement
aujourd’hui, c’est de faire savoir àtousles
intentions de M. Lobet, afin que les fer-
vents de l’art se mettent en campagne et
apportent chacun leuç pierre à l’édifice
qu’on voudrait élever à un de nos artistes
les plus éminents. Que les Bourguignons
fouillent les archives de leurs villes, de
leurs presbytères, de leurs châteaux, les
comptes des fabriques d’église, des études
de notaire, et nous ne doutons point qu’ils
ne trouvent quelques faits nouveaux qui
pourraient être adressés soit au bureau
du Journal de V Yonne, soit à la Société
des sciènces et arts d’Auxerre, soit à la
Société archéologique de Sens ou à la Ga-
zette des Beaux-Arts.
F. Del. Tall.
' CORRESPONDANCE DE MARSEILLE.
Notre exposition continue d’être’ ouverte
au public, mais elle ne fait pas grande sen-
sation, même dans le monde artistique,
quoiqu’elle offre plusieurs couvres remar-
quables. La faute en est d’abord à la saison
trop avancée, qui fait qu’à part quelques
amateurs, la foule ne se soucie point de
profiter des quelques heures de plein jour
où l’on peut voir complètement les tableaux,
car les salons de l’ancienne préfecture, qu’on
a affectés à cette exposition, ne sont pas
extrêmement favorables pour les mettre en
évidence, et plusieurs restent plongés dans
un demi-jour regrettable. Ensuite, le local
n’est pas dans une rue très-fréquentée, et
l’on ne se détourne guère pour rendre visite
à cette exhibition qui dort dans une soli-
tude presque complète. Il faut que notre
. Société artistique choisisse à l’avenir un
autre local ou qu’elle renonce à ces exposi-
tions si courues autrefois, aujourd’hui si
délaissées ; un essai de deux années consé-
cutives l’a prouvé suffisamment.
Nos tableaux de l’exposition font donc
moins de bruit que certains tableaux du
Louvre. Toutefois j’en connais un , —
mais il ne figure pas à notre exposition, —
qui a eu jusqu’ici une malheureuse des-
tinée et bien étrange. C’est une grande et
magnifique toile de Topineau-Lebrun , ce
peintre condamné à mort pour avoir con-
spiré contre les jours de Napoléon I*r.
Son tableau représentant la Mort des
Gracques fut peint sous la première répu-
blique et donné par le gouvernement au
musée de Marseille. On ne sait trop com-
ment cette toile disparut un jour du
musée, et l’on ne s’en occupa plus jus-
qu’à la Restauration. A cette époque, le
ministre de l’intérieur s’en préoccupa et
ordonna à l’administration municipale de
Marseille de le replacer dans notre musée.
Mais, malgré des ordres précis, le tableau
ne fut pas remis à la place qu’il n’occupe
que dans le catalogue ; il disparut même de
nouveau, et dernièrement, par un heureux
hasard, il fut trouvé par un amateur de
peinture entre les mains d’un détenteur
ignorant, et acheté par lui. Mais les tableaux
ont sans doute leur destinée, comme les
livres; les efforts du nouvel acquéreur n’ont
pu le tirer de l’obscurité où le chef-d’œuvre
de Topineau-Lebrun semble destiné à crou-
pir. La ville de Marseille n’a fait aucune dé-
marche pour le racheter, elle est même
restée sourde à toute proposition, et ce
tableau aux proportions grandioses, qui
ornerait si bien notre nouveau musée, a
été de nouveau roulé, attendant au fond
d’un grenier sa résurrection.
Canillac.
SOCIÉTÉ DES AMIS DES ARTS
DE LA MOSELLE.
EXPOSITION DE PEINTURE ET DE SCULPTURE
DE 1869.
La Société des Amis des Arts de la Moselle
a décidé, dans sa séance de décembre, qu’une
exposition de peinture et de sculpture aurait
lieu cette année à Metz. Elle s’ouvrirait le
1er mai prochain et se fermerait le 20, pour
' laisser à MM. les artistes exposants la faculté
d’envoyer leurs œuvres à l’exposition de
Strasbourg.
MM. les amateurs et artistes, sans distinc-
tion d’origine, sont invités à envoyer à Metz,
à l’hôtel de ville, cinq jours au moins avant
l’ouverture de l’exposition, les ouvrages des-
tinés à être exposés.
La Société prend à sa charge les frais d’en-
voi et de retour des objets d’art qui lui sont
adressés par la voie la plus directe, dont le
poids, y compris la caisse, ne dépassera
point 75 kilogr., et lorsque le lieu d’expédi-
tion ne sortira pas d’un rayon de Zj 0 myria-
mètres.
La Société ne paye les frais de transport,
à l’arrivée des objets, que sur la production
des lettres de voiture, et ne bonifie aucun
remboursement. t
Les envois qui ne seraient arrivés qu’après
l’ouverture de l’exposition auraient à sup-
porter les frais de transport, d’envoi et de
renvoi.
Pour prévenir autant que possible l’af-
fluence d’ouvrages indignes d’être exposés,
le Conseil d’administration votera l’admis-
sion ou le rejet des ouvrages dont le mérite
serait douteux.
Les copies ne seront admises que par ex-
ception et sur une décision spéciale du Co-
mité.
Les artistes devront ajouter à leurs envois,
pour éviter toute confusion, la description
la plus exacte du sujet et l’indication du
prix. En outre, la destination de l’objet,
dans le cas où il ne serait point vendu, et
l’adresse de l’envoyeur seront fixées à l’inté-
rieur du couvercle. Les ouvrages dont le
prix ne serait point indiqué lors de l’envoi
seront considérés comme ne devant pas être
vendus.
La Société des Amis des Arts de'la Moselle,
ayant mission d’encourager indistinctement
tous les arts, invite également MM. les ar-
tistes graveurs, lithographes et photographes
à envoyer leurs oeuvres, ou la reproduction
de compositions originales.
L’exposition de chacun de ces derniers
artistes ne devra pas, autant que possible,
dépasser un mètre carré de surface.
La Société consacrera une partie des fonds
dont elle peut disposer, à l’acquisition d’œu-
vres d’art qui seront ensuite réparties, par
la voie du sort, entre tous les souscripteurs.
Le Président,
E. DE Bouteiller.
CONCOURS.
A Anvers euvrira en 1869 le concours de
Rome dans la sculpture.
Le concours est accessible à tout artiste
belge par la naissance ou la naturalisation
et âgé de moins de trente ans.
Le lauréat recevra pendant quatre ans
une pension de 3,500 fr. pour continuer
ses études à l’étranger.
Le jury pourra en outre décerner un se-
cond prix et une mention honorable.
Le second prix consiste en une médaille
d’or de la valeur de 300 fr. ; il peut être
accordé en partage, ainsi que la mention
honorable.-
Six concurrents seulement seront admis
au concours. Si le nombre inscrit dépasse ce
chiffre, le concours définitif sera précédé
d’un concours préparatoire et les six con-
currents qui auront remporté les premières
places pourront seuls lutter pour le grand
prix.
L’ouverture du concours, soit prépara-
toire, soit définitif, aura lieu le lundi 5 avril,
à midi, à l’Académie royale des beaux-arts
à Anvers.
Les demandes d’inscription seront reçues
jusqu’au samedi 21 mars, à midi.
NOUVELLES.
Le cours d’archéologie de M. Beulé est
ouvert tous les mardis à trois heures, à la
Bibliothèque impériale.
M. Beulé expose cette année l’Histoire
de l’Art pendant la fin du premier siècle de
l’ère chrétienne.
*
* *
Le cours d’esthétique et d’histoire de
l’Art que professe M. Taine à l’École des
beaux-arts est ouvert. M. H. "111116 traite
cette année de l’Art grec.
*
* *
On peut visiter, du 10 au 20 janvier,
dans l’atelier de M. Jobbé-Duval, l’ensemble
décoratif du plafond de la 6e chambre du
palais de justice de Rennes.
*
% *
L’exécution en marbre du buste de Ros-
sini, qui sera placé à la bibliothèque de
l’Institut, a été commandée par le ministre
des beaux-arts au sculpteur Dantan jeune.
*
* *
M. Falguière vient de recevoir du minis-
tère d’État la commande de la statue en
pied de Corneille, destinée au Théâtre-Fran-
çais.
*
* *
A la salle des conférences, boulevard d es
Capucines, M. J. Grangedor fera, vendredi
prochain 22 janvier, une étude sur Eugène
Delacroix, sa vie et son œuvre.
*
* *
Gabriel Tyr, l’éminent artiste au pinceau
duquel on doit les belles compositions qui
décorent la chapelle des Dames de Saint-
Joseph, aux Chartreux, à Lyon, et celle de
Montgré, a laissé quelques œuvres qui vont
être mises en vente aux çnchères publiques,
à Saint-Étienne, le 20 janvier. Gabriel Tyr
est mort très-pauvre.
*
* *
Les musées de Lyon, qui jusqu’alors fer-
maient à trois heures du soir, resteront dé-
sormais ouverts au public jusqu’à quatre
heures du soir, les dimanche et jeudi de
chaque semaine.
*
# *
Parmi les 42 millions de francs légués à
divers établissements par l’américain Pea-
body, nous remarquons ; 5,400,000 fr. à
l’Institut dè Baltimore; 810,000 fr. au col-
lège d’Yale, pour fonder un musée d’anti-
quités américaines; 270,000 fr. au collège
d’Haward pour un musée analogue.
*
* *
La Vie à grandes guides, — un titre net
et franc comme le livre lui-même,—après
avoir paru en morceaux détachés dans la
Vie parisienne, vient d’être publié avec un
costume nouveau à la Librairie internatio-
nale. M. Hadol a commenté avec entrain le
texte de M. Georges Mancel, qui ne laissait,
en fait d’esprit, guère à glaner à son dessi-
nateur. Ce livre doit prendre sa place, dans
la bibliothèque, sur le rayon qui renferme
déjà les Romans de mœurs du xvme siècle.
11 fournit des notes originales et mordantes
sur 1 époque que traverse la nouvelle société
française.
*
* *
Nous avons fait part récemment à nos
lecteurs de la mort regrettable du peintre-
verrier Alfred Gérente. Son œuvre sera, dans
la Gazette, l’objet d’une étude spéciale. Les
22 et 23 janvier courant, on vendra, à l’hô-
tel Drouot, les curiosités qu’il possédait.
Nous convions nos lecteurs à cette vente,
qui renferme des morceaux comme les ar-
tistes seuls savent les recueillir. Nous signa-
lerons en gros des meubles anciens, des vi-
traux, de belles faïences et des porcelaines,
des objets en fer ouvragé et un tapis ma-
gnifique de table du xvie siècle, en étoffe
brodée en soie. Un bahut du xive siècle a
été reproduit par M. VioIlet-le-Duc dans son
Dictionnaire du mobilier.
*
* *
A l’exposition de fin d’année, suivie
comme à l’ordinaire d’une distribution de
médailles faite au nom de la ville de Paris,
nous avons remarqué, parmi les ouvrages
exécutés dans l’École de dessin du premier
arrondissement pour les femmes, sous l’in-
telligente direction de Mme Mac-Nab, des
études de gravures sur bois faites par de
jeunes filles préparées à l’exercice de cet art
délicat par un exceIIentprofesseur,M.Riault.
Le cours de gravure récemment établi
dans cette école par sa directrice, sous le
patronage de l’administration municipale,
deviendra, nous l’espérons, le complément
utile d’un enseignement analogue établi
déjà, l’un pour les jeunes filles et l’autre
pour les jeunes gens, dans les deux Écoles,
impériales et spéciales de dessin.
*
* *
Le peintre de batailles et de chevaux le
plus populaire de l’Angleterre, Abraham
Cooper, vient de mourir à l’âge de quatre-
vingt-deux ans. Fils d’un petit commerçant,
CHRONIQUE DES ARTS.
ment l’exagération menue et chargée des
derniers Valois et des derniers temps de
l’École de Fontainebleau expirante.
Le cadre sculpté du tombeau, son arran-
gement architectural et ornemental, est bien
du temps de Cousin, il pourrait être de lui ;
votre texte prouve qu’au lieu d’une possibi-
lité il y a probabilité, certitude même. J’en
ai fait la supposition, vous la confirmez.
Mais la statue même est en dehors ; elle est
antérieure à Goujon, elle est du temps de
François Ier; Cousin l’a-t-il faite sous Fran-
çois Ier? La grosse question est là et reste
tout entière.
Je n’ai pas besoin de vous dire que si je
me défends, ce n’est pas pour mon opinion,
mais pour ce que je crois la vérité. Ce que
je demande c’est la preuve de deux choses,
la preuve positive et, s’il se peut, pas unique,
que Cousin a été non pas l’inspirateur di-
rect d’une sculpture, — je l’ai accordé
d’avance dès 1858, — mais un sculpteur au
propre, un modeleur et un tailleur de marbre
effectif, et aussi la preuve que la statue, qui
est archi-antérieure, qui n’est qu’employée
et mise en œuvre dans une décoration pos-
térieure, est son œuvre ; de plus, ce qui serait
bien nécessaire à la démonstration, qu’il a fait
d’autres choses de sculptures et d’impor-
tantes, même de sublimes, parce qu’on ne
fait pas un chef-d’œuvre comme celui-là sans
être non-seulement un grand sculpteur, mais
un sculpteur habituel, exercé, fécond et
même uniquement un sculpteur.
Voilà, en gros et en courant, mon opinion
ancienne et siïbsistante, pas du tout pour
faire du paradoxe et de l’originalité, mais
parce que, jusqu’à la production de véritables
preuves, je ne peux pas arriver à en avoir
une autre. Je n’en reste pas moins votre tout
dévoué en Cousin malgré ma qualité d’hé-
rétique, brûlable sur la place publique
d’Auxerre.
Le point en discussion est grave, comme
on le voit ; le document nouveau apporté
par M. Lobet est important, les raisons
données par M. de Montaiglon sont sé-
rieuses. Aux critiques versés dans la con-
naissance du xvie siècle nous en remettons
la décision. Nous n’entrerons pas dans le
débat ; ce que nous voulons simplement
aujourd’hui, c’est de faire savoir àtousles
intentions de M. Lobet, afin que les fer-
vents de l’art se mettent en campagne et
apportent chacun leuç pierre à l’édifice
qu’on voudrait élever à un de nos artistes
les plus éminents. Que les Bourguignons
fouillent les archives de leurs villes, de
leurs presbytères, de leurs châteaux, les
comptes des fabriques d’église, des études
de notaire, et nous ne doutons point qu’ils
ne trouvent quelques faits nouveaux qui
pourraient être adressés soit au bureau
du Journal de V Yonne, soit à la Société
des sciènces et arts d’Auxerre, soit à la
Société archéologique de Sens ou à la Ga-
zette des Beaux-Arts.
F. Del. Tall.
' CORRESPONDANCE DE MARSEILLE.
Notre exposition continue d’être’ ouverte
au public, mais elle ne fait pas grande sen-
sation, même dans le monde artistique,
quoiqu’elle offre plusieurs couvres remar-
quables. La faute en est d’abord à la saison
trop avancée, qui fait qu’à part quelques
amateurs, la foule ne se soucie point de
profiter des quelques heures de plein jour
où l’on peut voir complètement les tableaux,
car les salons de l’ancienne préfecture, qu’on
a affectés à cette exposition, ne sont pas
extrêmement favorables pour les mettre en
évidence, et plusieurs restent plongés dans
un demi-jour regrettable. Ensuite, le local
n’est pas dans une rue très-fréquentée, et
l’on ne se détourne guère pour rendre visite
à cette exhibition qui dort dans une soli-
tude presque complète. Il faut que notre
. Société artistique choisisse à l’avenir un
autre local ou qu’elle renonce à ces exposi-
tions si courues autrefois, aujourd’hui si
délaissées ; un essai de deux années consé-
cutives l’a prouvé suffisamment.
Nos tableaux de l’exposition font donc
moins de bruit que certains tableaux du
Louvre. Toutefois j’en connais un , —
mais il ne figure pas à notre exposition, —
qui a eu jusqu’ici une malheureuse des-
tinée et bien étrange. C’est une grande et
magnifique toile de Topineau-Lebrun , ce
peintre condamné à mort pour avoir con-
spiré contre les jours de Napoléon I*r.
Son tableau représentant la Mort des
Gracques fut peint sous la première répu-
blique et donné par le gouvernement au
musée de Marseille. On ne sait trop com-
ment cette toile disparut un jour du
musée, et l’on ne s’en occupa plus jus-
qu’à la Restauration. A cette époque, le
ministre de l’intérieur s’en préoccupa et
ordonna à l’administration municipale de
Marseille de le replacer dans notre musée.
Mais, malgré des ordres précis, le tableau
ne fut pas remis à la place qu’il n’occupe
que dans le catalogue ; il disparut même de
nouveau, et dernièrement, par un heureux
hasard, il fut trouvé par un amateur de
peinture entre les mains d’un détenteur
ignorant, et acheté par lui. Mais les tableaux
ont sans doute leur destinée, comme les
livres; les efforts du nouvel acquéreur n’ont
pu le tirer de l’obscurité où le chef-d’œuvre
de Topineau-Lebrun semble destiné à crou-
pir. La ville de Marseille n’a fait aucune dé-
marche pour le racheter, elle est même
restée sourde à toute proposition, et ce
tableau aux proportions grandioses, qui
ornerait si bien notre nouveau musée, a
été de nouveau roulé, attendant au fond
d’un grenier sa résurrection.
Canillac.
SOCIÉTÉ DES AMIS DES ARTS
DE LA MOSELLE.
EXPOSITION DE PEINTURE ET DE SCULPTURE
DE 1869.
La Société des Amis des Arts de la Moselle
a décidé, dans sa séance de décembre, qu’une
exposition de peinture et de sculpture aurait
lieu cette année à Metz. Elle s’ouvrirait le
1er mai prochain et se fermerait le 20, pour
' laisser à MM. les artistes exposants la faculté
d’envoyer leurs œuvres à l’exposition de
Strasbourg.
MM. les amateurs et artistes, sans distinc-
tion d’origine, sont invités à envoyer à Metz,
à l’hôtel de ville, cinq jours au moins avant
l’ouverture de l’exposition, les ouvrages des-
tinés à être exposés.
La Société prend à sa charge les frais d’en-
voi et de retour des objets d’art qui lui sont
adressés par la voie la plus directe, dont le
poids, y compris la caisse, ne dépassera
point 75 kilogr., et lorsque le lieu d’expédi-
tion ne sortira pas d’un rayon de Zj 0 myria-
mètres.
La Société ne paye les frais de transport,
à l’arrivée des objets, que sur la production
des lettres de voiture, et ne bonifie aucun
remboursement. t
Les envois qui ne seraient arrivés qu’après
l’ouverture de l’exposition auraient à sup-
porter les frais de transport, d’envoi et de
renvoi.
Pour prévenir autant que possible l’af-
fluence d’ouvrages indignes d’être exposés,
le Conseil d’administration votera l’admis-
sion ou le rejet des ouvrages dont le mérite
serait douteux.
Les copies ne seront admises que par ex-
ception et sur une décision spéciale du Co-
mité.
Les artistes devront ajouter à leurs envois,
pour éviter toute confusion, la description
la plus exacte du sujet et l’indication du
prix. En outre, la destination de l’objet,
dans le cas où il ne serait point vendu, et
l’adresse de l’envoyeur seront fixées à l’inté-
rieur du couvercle. Les ouvrages dont le
prix ne serait point indiqué lors de l’envoi
seront considérés comme ne devant pas être
vendus.
La Société des Amis des Arts de'la Moselle,
ayant mission d’encourager indistinctement
tous les arts, invite également MM. les ar-
tistes graveurs, lithographes et photographes
à envoyer leurs oeuvres, ou la reproduction
de compositions originales.
L’exposition de chacun de ces derniers
artistes ne devra pas, autant que possible,
dépasser un mètre carré de surface.
La Société consacrera une partie des fonds
dont elle peut disposer, à l’acquisition d’œu-
vres d’art qui seront ensuite réparties, par
la voie du sort, entre tous les souscripteurs.
Le Président,
E. DE Bouteiller.
CONCOURS.
A Anvers euvrira en 1869 le concours de
Rome dans la sculpture.
Le concours est accessible à tout artiste
belge par la naissance ou la naturalisation
et âgé de moins de trente ans.
Le lauréat recevra pendant quatre ans
une pension de 3,500 fr. pour continuer
ses études à l’étranger.
Le jury pourra en outre décerner un se-
cond prix et une mention honorable.
Le second prix consiste en une médaille
d’or de la valeur de 300 fr. ; il peut être
accordé en partage, ainsi que la mention
honorable.-
Six concurrents seulement seront admis
au concours. Si le nombre inscrit dépasse ce
chiffre, le concours définitif sera précédé
d’un concours préparatoire et les six con-
currents qui auront remporté les premières
places pourront seuls lutter pour le grand
prix.
L’ouverture du concours, soit prépara-
toire, soit définitif, aura lieu le lundi 5 avril,
à midi, à l’Académie royale des beaux-arts
à Anvers.
Les demandes d’inscription seront reçues
jusqu’au samedi 21 mars, à midi.
NOUVELLES.
Le cours d’archéologie de M. Beulé est
ouvert tous les mardis à trois heures, à la
Bibliothèque impériale.
M. Beulé expose cette année l’Histoire
de l’Art pendant la fin du premier siècle de
l’ère chrétienne.
*
* *
Le cours d’esthétique et d’histoire de
l’Art que professe M. Taine à l’École des
beaux-arts est ouvert. M. H. "111116 traite
cette année de l’Art grec.
*
* *
On peut visiter, du 10 au 20 janvier,
dans l’atelier de M. Jobbé-Duval, l’ensemble
décoratif du plafond de la 6e chambre du
palais de justice de Rennes.
*
% *
L’exécution en marbre du buste de Ros-
sini, qui sera placé à la bibliothèque de
l’Institut, a été commandée par le ministre
des beaux-arts au sculpteur Dantan jeune.
*
* *
M. Falguière vient de recevoir du minis-
tère d’État la commande de la statue en
pied de Corneille, destinée au Théâtre-Fran-
çais.
*
* *
A la salle des conférences, boulevard d es
Capucines, M. J. Grangedor fera, vendredi
prochain 22 janvier, une étude sur Eugène
Delacroix, sa vie et son œuvre.
*
* *
Gabriel Tyr, l’éminent artiste au pinceau
duquel on doit les belles compositions qui
décorent la chapelle des Dames de Saint-
Joseph, aux Chartreux, à Lyon, et celle de
Montgré, a laissé quelques œuvres qui vont
être mises en vente aux çnchères publiques,
à Saint-Étienne, le 20 janvier. Gabriel Tyr
est mort très-pauvre.
*
* *
Les musées de Lyon, qui jusqu’alors fer-
maient à trois heures du soir, resteront dé-
sormais ouverts au public jusqu’à quatre
heures du soir, les dimanche et jeudi de
chaque semaine.
*
# *
Parmi les 42 millions de francs légués à
divers établissements par l’américain Pea-
body, nous remarquons ; 5,400,000 fr. à
l’Institut dè Baltimore; 810,000 fr. au col-
lège d’Yale, pour fonder un musée d’anti-
quités américaines; 270,000 fr. au collège
d’Haward pour un musée analogue.
*
* *
La Vie à grandes guides, — un titre net
et franc comme le livre lui-même,—après
avoir paru en morceaux détachés dans la
Vie parisienne, vient d’être publié avec un
costume nouveau à la Librairie internatio-
nale. M. Hadol a commenté avec entrain le
texte de M. Georges Mancel, qui ne laissait,
en fait d’esprit, guère à glaner à son dessi-
nateur. Ce livre doit prendre sa place, dans
la bibliothèque, sur le rayon qui renferme
déjà les Romans de mœurs du xvme siècle.
11 fournit des notes originales et mordantes
sur 1 époque que traverse la nouvelle société
française.
*
* *
Nous avons fait part récemment à nos
lecteurs de la mort regrettable du peintre-
verrier Alfred Gérente. Son œuvre sera, dans
la Gazette, l’objet d’une étude spéciale. Les
22 et 23 janvier courant, on vendra, à l’hô-
tel Drouot, les curiosités qu’il possédait.
Nous convions nos lecteurs à cette vente,
qui renferme des morceaux comme les ar-
tistes seuls savent les recueillir. Nous signa-
lerons en gros des meubles anciens, des vi-
traux, de belles faïences et des porcelaines,
des objets en fer ouvragé et un tapis ma-
gnifique de table du xvie siècle, en étoffe
brodée en soie. Un bahut du xive siècle a
été reproduit par M. VioIlet-le-Duc dans son
Dictionnaire du mobilier.
*
* *
A l’exposition de fin d’année, suivie
comme à l’ordinaire d’une distribution de
médailles faite au nom de la ville de Paris,
nous avons remarqué, parmi les ouvrages
exécutés dans l’École de dessin du premier
arrondissement pour les femmes, sous l’in-
telligente direction de Mme Mac-Nab, des
études de gravures sur bois faites par de
jeunes filles préparées à l’exercice de cet art
délicat par un exceIIentprofesseur,M.Riault.
Le cours de gravure récemment établi
dans cette école par sa directrice, sous le
patronage de l’administration municipale,
deviendra, nous l’espérons, le complément
utile d’un enseignement analogue établi
déjà, l’un pour les jeunes filles et l’autre
pour les jeunes gens, dans les deux Écoles,
impériales et spéciales de dessin.
*
* *
Le peintre de batailles et de chevaux le
plus populaire de l’Angleterre, Abraham
Cooper, vient de mourir à l’âge de quatre-
vingt-deux ans. Fils d’un petit commerçant,