CHRONIQUE DES ARTS.
3
L’exécution des figures est de M. Eudes, et
celle des ornements de M. Madroux.
La seconde, dans le style de l’époque de
Louis XVI, est d’un caractère plus franc et
d’un aspect en général plus léger. Composé
dans les ateliers de MM. Christofle, ce service
a été exécuté pour les figures par M. Ma-
thurin Moreau, et pour les ornements, par
M. Madroux. .
Ces deux beaux services, qui porteront en
Allemagne le goût et l’art français, sont pour
notre industrie une conquête pacifique dont
on doit se féliciter.
*
* *
Le Siècle annonce aux souscripteurs de la
statue de Voltaire que cette œuvre, confiée
aux soins de la maison Barbedienne, est sur
le point d’être achevée et sera, comme on
l’avait dit, placée aux aboutissants de la
rue de Rennes et de l’Institut. Le modèle
adopté, qui est celui de Houdon, doit être
prochainement exposé dans la cour de
l’Institut.
*
* *
M. Bracquemond enverra au prochain Sa-
lon un tableau dont il a puisé le sujet dans le
Don Juan de Molière. Don Juan offre un louis
au pauvre pour lui faire jurer Dieu, le vieillard
refuse. « Jure donc,» luidittout basSgana-
relle en le poussant du coude. Cette scène
se passe à l’entrée d’une forêt d’un très-
beau caractère. M. Bracquemond enverra
également au Salon les aquarelles prélimi-
naires des eaux-fortes.
*
* * ■
Les acquisitions faites à l’Exposition des
Beaux-Arts, annexée à l’Exposition interna-
tionale maritime du Havre, en 1868, se sont
élevées à un chiffre total de 41,000 francs.
La ville a acquis pour 7,500 francs : Les
Ecus, par Émile Lévy; le Café des Turcos,
par Charles Lhuillier ; la Rivière à Pont-
VÉvêque, par César de Cock. Les acquisitions
de la Société des Amis des arts se sont éle-
vées à 10,100 francs; et celles des amateurs
à 23,400 fr.
Parmi les œuvres principales vendues nous
signalerons : un Relais de chasse, par Eu-
gène Lambert; une Nature morte, par Mon-
ginot; un Marais à Vireux-le-Grand, par
Appian; deux paysages, par Blin; le Drapeau
du 9P de ligne, par Eug. Bellanger; Cour
de ferme, par César de Cock ; Deux têtes d’é-
tude, par Amaury-Duval ; Environs de Dieppe,
par Victor Dupré; Chrysanthèmes, par Stein-
heil; Alpes de Retlembach, par Von Thoren;
Vue de Grandcamp, par Veyrassat.
La Société des Amis des arts du Havre
pense organiser en 1870, sous le patronage
de la ville, une exposition des beaux-arts
moins nombreuse mais plus choisie que
celle de 1868,qui comptait près de 1,300 nu-
méros. Elle est convaincue que les acqui-
sitions seront d’autant plus importantes
que les œuvres exposées seront plus sé-
rieuses.
*
* *
Une statue va être élevée à M. Dupin sur
la grande place de Varzy, chef-lieu de canton
de la Nièvre, où l’ancien procureur général
a vu le jour.
Il est représenté debout, revêtu de son
costume et de ses insignes. Dans sa main
gauche, légèrement relevée, il presse un
feuillet sur lequel sont inscrits ces mots :
Sub lege libertas ; c’était là, du reste, sa de-
vise, et il paraît l’affirmer en montrant de
la main droite les tables de la loi.
Près de ces tables, sur le socle, on voit un
livre portant au dos cette inscription : Libre
défense des accusés.
Cette statue est l’œuvre de M. Émile Bois-
seau.
*
* *
La Société littéraire et artistique de Bor-
deaux a bien mérité de son nom. Elle a or-
ganisé une loterie dont tous les lots étaient
des œuvres d’art choisies avec soin; tableaux,
dessins et gravures. On y remarquait des
paysages de MM. Auguin et Baudit : le Sou-
venir de Crimée, de M. H. Pradelles; la. Basse-
cour, de M. Jules Contant; la Bécasse, de
Mmc Fleury; la Tête de jeune fille, de M. An-
tony Serre ; l'Ivresse de Silène, de M. Antoine
Gibert ; le Rieur (buste en terre cuite), de
M. Carpeaux; le médaillon en parienston,
de M. Maggesi.
Parmi les dessins nous signalerons des
œuvrés de MM. Bresdin, Léo Drouyn, La-
noue, Maison, et de Mmc Rudel.
*
* *
Dans le quartier de Ménilmontant, rue
Henri Chevrau, 10, on vient d’ouvrir une
bibliothèque populaire riche de 7,000 vo-
lumes et de 100,000 gravures ou dessins.
Elle est ouverte tous les jours, dimanches
et fêtes exceptés, de 7 heures et demie à
10 heures du soir.
Enrichir les bibliothèques populaires de
recueils de gravures pouvant servir à
l’instruction artistique des ouvriers est une
excellente innovation qui, nous l’espérons,
se propagera. Mais pourquoi ces bibliothè-
ques ne seraient-elles pas ouvertes le di-
manche pendant la journée?
*
* *
Il résulte des renseignements puisés dans
les archives départementales des Landes et des
Basses-Pyrénées par M. Reymond, archiviste
de Pau, et communiqués par lui à la Revue
de Gascogne, qu’Arnaud de Molès, le célèbre
peintre des admirables vitraux de la cathé-
drale d’Àuch, est né à Saint-Séver.
La ville de Toulouse et même celle d’Auch
s’attribuaient la gloire d’avoir été la patrie
du grand peintre verrier, gloire que Saint-
Séver est actuellement fondée à revendiquer,
preuves en main.
BIBLIOGRAPHIE.
JOURNAUX.
La France, 20 janvier: Paul Huet, par
M. Bonnin.
Les Débats., 22 janvier; Paul Huet,.par
M. Charles Clément.
LIVRES.
Le Musée universel, par Édouard Lièvre,
avec le concours des écrivains et des artistes
les plus distingués. — Chez Goupil, 1868.
Un vol. grand in-4° carré.
La dernière livraison de cette publication,
dont nous avons souvent et sympathiquement
entretenu nos lecteurs, contient la reproduc-
tion d’un dessin d’Ingres pour une de ses
compositions les plus singulières, Francesca
di Rimini; l’eau-forte est de M. Didier, le
texte explicatif de M. Charles Blanc ; l’original
appartient à M. Eugène Lecomte. — La seconde
planche de cette livraison, qui clôt si hono-
rablement le premier volume et donne pour
les suivants les meilleures espérances, est
une eau-forte de M. Jules Jacquemart, d’après
une plaque émaillée de M. Solon-Milès, de
Sèvres : la Vigilance, souriante et preste,
ouvre sa porte au bruit que sonne sur une
cloche de cristal le marteau d’un amour. Cette
composition est aussi recherchée que gra-
cieuse. 'M. Jules Jacquemart a exprimé avec
sa justesse habituelle les demi-transparences
et les demi-opacités de la porcelaine blanche
rapportée sur fond bleu. C’est une bonne for-
tune pour M. Lièvre que d’avoir réuni en une
seule œuvre le double spécimen du talent de
deux artistes qui marquent le plus honorable-
ment dans la jeune génération.
Ph. B.
Flore ornementale, par M. V. lluprich-
Robert. — Paris, Dunod, 1869, in-4°.
Les livraisons 21 à 25 de cet ouvrage qui
offre, sous une forme austère, des matériaux
aussi variés qu’utiles pour les décorateurs,
viennent de paraître. Voici le sommaire des
quinze planches gravées au trait qu’elles con-
tiennent.
Feuilles. — Chanvre.
Bourgeons. — Vigne-Vierge, Marronnier
blanc, ternis du Japon, Photinia de la Chine,
Rose du Bengale, Potiron.
Fleurs. — Narcisse des bois, Iris xyphioïde.
Boulons, graines. — Primevère de la Chine,
Populage des marais.
Compositions.— Céleri cultivé, Chèvrefeuille
des jardins, Persil commun, Frises.
Ph. B.
Annuaire pour la science de l’art, publié
par M. A. de Jahn. Première année, 1868.
Leipzig, Scemann. 4 livraisons par an.
Ce recueil est consacré aux recherches
spéciales, aux documents inédits, et se rend
par là indispensable à tous ceux qui s’oc-
cupent de l’histoire des arts. Les noms de ses
collaborateurs sont une garantie suffisante
de sa valeur; il suffit 'de citer parmi eux
MM. Lübke, Crowe ét Cavalcaselle, His-Heus-
ler, Wolgmann, H. Grimm, et l’analyse de son
contenu montre tout l’intérêt et toute la va-
riété de son programme. Nous citerons, parmi
les travaux les plus importants, les manuscrits
de Durer au British Muséum, par M. de.3ahn,
tableaux, dessins et miniatures de l’Espagne,
par M. Waagen. Cet article, la dernière pro-
duction de l’illustre savant, renferme une
étude fort intéressante sur Juan de Borgogna,
élève de Jehan Foucquet, et auteur des pein-
tures murales qui se trouvent dans la salle
du chapitre de la cathédrale de Tolède. —
Une excursion à Ravenne, par M. Rahn, — les
Manuscrits de l’architecte et de l’historien
d’art portugais Francisco d’Ollanda, par
K. Fournier, etc., etc.
E. M.
Histoire de la faïence de Rouen, par André
Pottier, grand in-4” avec figures en couleur.
A. Le Brament, Rouen, 1868. — Première
partie.
L’article posthume d’André Pottier sur « la
faïence de Rouen au xvne siècle » que vient
de publier la Gazette des Beaux-Arts, donne
une suffisante idée dumérite de Y Histoire de la
faïence de Rouen, dont la première partie vient
de voir le jour, pour que nous n’y insistions
pas. On voit que ce sont les parties' à diffé-
rents degrés d’avancement d’un livre sur le
chantier, que des amis de l’auteur ont recueil-
lies, classées et reliées ensemble après sa
mort, plutôt qu’une œuvre homogène, égale-
ment achevée dans tout son ensemble. Mais
comme tous les documents et toutes les pièces
à l’appui y sont intercalées, cette Histoire de
la faïence de Rouen rendra autant de ser-
vices aux érudits et aux curieux que si Andié
Pottier y eût mis la dernière main et imposé
une certaine unité de composition.
Les planches, exécutées en chromotypogra-
phie par les procédés de M. Silbermann, de
Strasbourg, d’après les dessins à l’aquarelle
de MUe Émilie Pottier, exécutées dans un sen-
timent plutôt archéologique que pittoresque,
sont d’une grande exactitude et donnent une
idée.fort juste des originaux,
Le texte, imprimé par M. A. Hérissey,
d’Évreux, avec des caractères dans le style
du xvir siècle, décoré de têtes de pages et de
fleurons empruntés aux faïences de l’époque
dont traite chaque chapitre, fait le plus grand
honneur aux presses normandes d’où est sorti
ce livre exclusivement provincial.
A. D.
La Gazette des Beaux-Arts a publié dans
son numéro du lef janvier.
I. Nouvelles études sur la Galerie Suer-
mondt, à Aix-la-Chapelle, par M.W.
Burger (7 gravures).
IL Mademoiselle Godefroid, par M. Léon
Arbaud.
III. Un coffret à bijoux de Marie Stuart, par
M. Victor Luzarche (4 gravures).
IV. Sonnets et eaux-fortes, par M. Paul
Mantz (1 gravure).
V. Eisen par MM. Edmond et Jules de
Goncourt (2 gravures).
VI. État de dépenses de la maison de Don
Philippe d’Autriche (1549-1551), par
M. Édouard de Beaumont (2 gra-
vures).
VIL La faïence de Rouen au xvir siècle,
par M. André Pottier (6 gravures).
Ce numéro contient deux gravures tirées
hors texte ; VHomme à l’œillet, remarquable
gravure au burin, par M. Gaillard, d’après
une peinture de .Van Eyckjet Silence et nuit
des bois, gracieuse eau-forte due à M. Hé-
douin.
Les abonnés d’un an à la Gazette des
Beaux-Arts reçoivent gratuitement la Chro -
nique des arts et de la curiosité.
Le Directeur : ÉMILE GAL1CHON
--
MOUVEMENT DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ.
COLLECTION DE M***.
TABLEAUX ANCIENS.
(18 janv.).
Commissaire-Priseur : Me Ch. Pillet.
Expert: M. P. Jacques.
I. Aeken. La Vierge et son fils. Signé dans le bas,
à gauche: Jhéronimus Bosch. (Bois (forme cintrée).
H. 31 c.; L. 20 c.) 740 fr.
4. Bloemen. Le Marché aux chevaux. (Toile. H.
71 c.; L 95 c.) 510 fr.
8. Dael. Fruits et Fleurs. Signé à gauche et daté.
(Toile. H. 74 c.; L. 59 c.) 1,460 fr.
II. Fyt. Nature morte. (Toile. H. 99 c.; L. 118 c.)
I, 050 fr.
12.-Gibiers et Instruments de chasse. (Toile.
H. 82 c.; L. 100 c.) 1,035 fr.
15. Hals. Portrait d’une grande Dame hollandaise.
Daté, 1631. (Toile. H. 105 c.; L. 71 c.) 2,820 fr.
17. Kalf. Nature morte. (Toile. H. 74 c.; L. 90 c.)
675 fr.
25. Mignon. Nature morte. Signé à droite. (Toile.
H. 61 c..; L. 55 c.) 400 fr.
28. Netscher. Portrait d’un Amiral hollandais.
(Bois. H. 45 C.; L. 38 c.) 1,520 fr.
29. Nikkelen. Intérieur d’un Temple protestant.
Signé dans le bas à gauche. (Bois. H. 45 c.; L. 38 c.)
400 fr.
33. Roos. Paysage avec animaux. (Toile. II. 105 c.;
L. 112 c.) 920 fr.
36. Siberechts. Paysage avec animaux. (Toile.
II. 31 c.; L. 57 e.) 1,420 fr.
38. Stoop. Bataille. Signé à droite. (Bois. II. 51 c.;
L. 72 c.) 685 fr.
41. Tilborgb.Kermesse. (Toile. H. 102 c.; L. 135c.)
I, 460 fr.
45. Weenix. Gibier. (Toile. H. 96 c.; L. 77 c.)
830 fr.
46. Wynantz. Paysage. (Bois. H. 25 c.; L. 32 c.)
1,400 fr.
ÉCOLE FRANÇAISE.
47. Boilly. La Mansarde. Tableau gravé. (Toile.
• H. 40 c.; L. 32 c.) 500 fr.
48. Bonington. Paysage. Marine. (Toile. H. 87 c.;
L. 42 c.) 970 fr.
52. Desportes. Nature morte. (Toile (forme cintrée).
H. 198 C.; L. 108 c.) 1,450 fr.
53. -Nature morte. (Toile. II. 33 c.; L. 41 c.)
410 fr’.
55. Greuze. Portrait présumé de Diderot. (Toile
(forme ovale). H. 59. c.; L. 48 c.) 1,720 fr.
59. Mallet. Le Bonheur de la Paternité. (Bois.
H. 18 c.; L. 23 c.) 470 fr.
60. -Les deux Amants. (Bois. H. 18 c.;L. 23 c.)
570 fr.
61. Marne. Intérieur villageois. (Bois. H. 21 c.;
L. 29 c.) 410 fr.
64. Nattier. Portrait d’une Fille de Louis XV.
(Toile (forme ovale). H. 64 c.; L. 53 c.) 3,500 fr.
66, Octavien. Le Repos dans le parc. Signé en bas
dans le milieu. (Toile. II. 79 c.; H. 63 c.) 590, fr.
67. Oudry. Le Chien d’arrêt. fToile. H. 118 c.; L.
198 c.) 500 fr.
VENTE DES TABLEAUX
DE M. LE COMTE D’HAUBERSART.
Commissaire-priseur : Mc Delbergue-Cormont.
Expert: M° J.-M. Dnios.
Uuysdael. — Le Torrent. Un torrent dont les eaux
rapides se brisent contre des quartiers de rochers dis-
persés çà et là, coule au fond d’un ravin entre deux
monticules boisés et reliés au Second plan par une
passerelle en planches. Sur les terrains de droite s’é-
lève un énorme chêne parmi des massifs de verdure.
(Toile. H. 98 c.; L. 81 c.) 8,200 fr.
Backiiuysen. — Marine. A quelque distance d’une
digue en bois, qui occupe la droite et à l’extrémité de
laquelle sont deux petites figures, voguent en pleine
mer, toutes voiles déployées, un bâtiment de guerre
et une barque de pécheur. Dans le lointain on aper-
çoit un trois-mâts et d’autres navires. (Toile.
II. 66 c.; L. 81 c.) 8,000 fr.
Hugtenburch. — Attaque d’un convoi militaire.
Deux partis de cavalerie sont aux prises sur ia pente
d’un mamelon qui occupe le premier plan. Au milieu
de la mêlée, un cavalier dirige un pistolet sur son
adversaire armé d’un sabre et monté sur un cheval
blanc. Au second plan, à droite, des fantassins sont
embusqués sur la lisière d’un bois. (Toile. II. 74 c.;
L. 87 c.) 900 fr.
Berckeyden. — Place d’une ville de Hollande. Sur
une place publique bordée d’habitations particulières,
et avoisinant une église qui domine la composition,
sont dispersées de nombreuses ligures : magistrats,
ecclésiastiques, bourgeois, marchande de fruits, ca-
valiers suivis de leurs chiens, etc. (Toile. H. 68 c.;
L. 89 c.) 5,000 fr.
Jamais un tableau de ce maître n’avait atteint ce
chiffre.
3
L’exécution des figures est de M. Eudes, et
celle des ornements de M. Madroux.
La seconde, dans le style de l’époque de
Louis XVI, est d’un caractère plus franc et
d’un aspect en général plus léger. Composé
dans les ateliers de MM. Christofle, ce service
a été exécuté pour les figures par M. Ma-
thurin Moreau, et pour les ornements, par
M. Madroux. .
Ces deux beaux services, qui porteront en
Allemagne le goût et l’art français, sont pour
notre industrie une conquête pacifique dont
on doit se féliciter.
*
* *
Le Siècle annonce aux souscripteurs de la
statue de Voltaire que cette œuvre, confiée
aux soins de la maison Barbedienne, est sur
le point d’être achevée et sera, comme on
l’avait dit, placée aux aboutissants de la
rue de Rennes et de l’Institut. Le modèle
adopté, qui est celui de Houdon, doit être
prochainement exposé dans la cour de
l’Institut.
*
* *
M. Bracquemond enverra au prochain Sa-
lon un tableau dont il a puisé le sujet dans le
Don Juan de Molière. Don Juan offre un louis
au pauvre pour lui faire jurer Dieu, le vieillard
refuse. « Jure donc,» luidittout basSgana-
relle en le poussant du coude. Cette scène
se passe à l’entrée d’une forêt d’un très-
beau caractère. M. Bracquemond enverra
également au Salon les aquarelles prélimi-
naires des eaux-fortes.
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* * ■
Les acquisitions faites à l’Exposition des
Beaux-Arts, annexée à l’Exposition interna-
tionale maritime du Havre, en 1868, se sont
élevées à un chiffre total de 41,000 francs.
La ville a acquis pour 7,500 francs : Les
Ecus, par Émile Lévy; le Café des Turcos,
par Charles Lhuillier ; la Rivière à Pont-
VÉvêque, par César de Cock. Les acquisitions
de la Société des Amis des arts se sont éle-
vées à 10,100 francs; et celles des amateurs
à 23,400 fr.
Parmi les œuvres principales vendues nous
signalerons : un Relais de chasse, par Eu-
gène Lambert; une Nature morte, par Mon-
ginot; un Marais à Vireux-le-Grand, par
Appian; deux paysages, par Blin; le Drapeau
du 9P de ligne, par Eug. Bellanger; Cour
de ferme, par César de Cock ; Deux têtes d’é-
tude, par Amaury-Duval ; Environs de Dieppe,
par Victor Dupré; Chrysanthèmes, par Stein-
heil; Alpes de Retlembach, par Von Thoren;
Vue de Grandcamp, par Veyrassat.
La Société des Amis des arts du Havre
pense organiser en 1870, sous le patronage
de la ville, une exposition des beaux-arts
moins nombreuse mais plus choisie que
celle de 1868,qui comptait près de 1,300 nu-
méros. Elle est convaincue que les acqui-
sitions seront d’autant plus importantes
que les œuvres exposées seront plus sé-
rieuses.
*
* *
Une statue va être élevée à M. Dupin sur
la grande place de Varzy, chef-lieu de canton
de la Nièvre, où l’ancien procureur général
a vu le jour.
Il est représenté debout, revêtu de son
costume et de ses insignes. Dans sa main
gauche, légèrement relevée, il presse un
feuillet sur lequel sont inscrits ces mots :
Sub lege libertas ; c’était là, du reste, sa de-
vise, et il paraît l’affirmer en montrant de
la main droite les tables de la loi.
Près de ces tables, sur le socle, on voit un
livre portant au dos cette inscription : Libre
défense des accusés.
Cette statue est l’œuvre de M. Émile Bois-
seau.
*
* *
La Société littéraire et artistique de Bor-
deaux a bien mérité de son nom. Elle a or-
ganisé une loterie dont tous les lots étaient
des œuvres d’art choisies avec soin; tableaux,
dessins et gravures. On y remarquait des
paysages de MM. Auguin et Baudit : le Sou-
venir de Crimée, de M. H. Pradelles; la. Basse-
cour, de M. Jules Contant; la Bécasse, de
Mmc Fleury; la Tête de jeune fille, de M. An-
tony Serre ; l'Ivresse de Silène, de M. Antoine
Gibert ; le Rieur (buste en terre cuite), de
M. Carpeaux; le médaillon en parienston,
de M. Maggesi.
Parmi les dessins nous signalerons des
œuvrés de MM. Bresdin, Léo Drouyn, La-
noue, Maison, et de Mmc Rudel.
*
* *
Dans le quartier de Ménilmontant, rue
Henri Chevrau, 10, on vient d’ouvrir une
bibliothèque populaire riche de 7,000 vo-
lumes et de 100,000 gravures ou dessins.
Elle est ouverte tous les jours, dimanches
et fêtes exceptés, de 7 heures et demie à
10 heures du soir.
Enrichir les bibliothèques populaires de
recueils de gravures pouvant servir à
l’instruction artistique des ouvriers est une
excellente innovation qui, nous l’espérons,
se propagera. Mais pourquoi ces bibliothè-
ques ne seraient-elles pas ouvertes le di-
manche pendant la journée?
*
* *
Il résulte des renseignements puisés dans
les archives départementales des Landes et des
Basses-Pyrénées par M. Reymond, archiviste
de Pau, et communiqués par lui à la Revue
de Gascogne, qu’Arnaud de Molès, le célèbre
peintre des admirables vitraux de la cathé-
drale d’Àuch, est né à Saint-Séver.
La ville de Toulouse et même celle d’Auch
s’attribuaient la gloire d’avoir été la patrie
du grand peintre verrier, gloire que Saint-
Séver est actuellement fondée à revendiquer,
preuves en main.
BIBLIOGRAPHIE.
JOURNAUX.
La France, 20 janvier: Paul Huet, par
M. Bonnin.
Les Débats., 22 janvier; Paul Huet,.par
M. Charles Clément.
LIVRES.
Le Musée universel, par Édouard Lièvre,
avec le concours des écrivains et des artistes
les plus distingués. — Chez Goupil, 1868.
Un vol. grand in-4° carré.
La dernière livraison de cette publication,
dont nous avons souvent et sympathiquement
entretenu nos lecteurs, contient la reproduc-
tion d’un dessin d’Ingres pour une de ses
compositions les plus singulières, Francesca
di Rimini; l’eau-forte est de M. Didier, le
texte explicatif de M. Charles Blanc ; l’original
appartient à M. Eugène Lecomte. — La seconde
planche de cette livraison, qui clôt si hono-
rablement le premier volume et donne pour
les suivants les meilleures espérances, est
une eau-forte de M. Jules Jacquemart, d’après
une plaque émaillée de M. Solon-Milès, de
Sèvres : la Vigilance, souriante et preste,
ouvre sa porte au bruit que sonne sur une
cloche de cristal le marteau d’un amour. Cette
composition est aussi recherchée que gra-
cieuse. 'M. Jules Jacquemart a exprimé avec
sa justesse habituelle les demi-transparences
et les demi-opacités de la porcelaine blanche
rapportée sur fond bleu. C’est une bonne for-
tune pour M. Lièvre que d’avoir réuni en une
seule œuvre le double spécimen du talent de
deux artistes qui marquent le plus honorable-
ment dans la jeune génération.
Ph. B.
Flore ornementale, par M. V. lluprich-
Robert. — Paris, Dunod, 1869, in-4°.
Les livraisons 21 à 25 de cet ouvrage qui
offre, sous une forme austère, des matériaux
aussi variés qu’utiles pour les décorateurs,
viennent de paraître. Voici le sommaire des
quinze planches gravées au trait qu’elles con-
tiennent.
Feuilles. — Chanvre.
Bourgeons. — Vigne-Vierge, Marronnier
blanc, ternis du Japon, Photinia de la Chine,
Rose du Bengale, Potiron.
Fleurs. — Narcisse des bois, Iris xyphioïde.
Boulons, graines. — Primevère de la Chine,
Populage des marais.
Compositions.— Céleri cultivé, Chèvrefeuille
des jardins, Persil commun, Frises.
Ph. B.
Annuaire pour la science de l’art, publié
par M. A. de Jahn. Première année, 1868.
Leipzig, Scemann. 4 livraisons par an.
Ce recueil est consacré aux recherches
spéciales, aux documents inédits, et se rend
par là indispensable à tous ceux qui s’oc-
cupent de l’histoire des arts. Les noms de ses
collaborateurs sont une garantie suffisante
de sa valeur; il suffit 'de citer parmi eux
MM. Lübke, Crowe ét Cavalcaselle, His-Heus-
ler, Wolgmann, H. Grimm, et l’analyse de son
contenu montre tout l’intérêt et toute la va-
riété de son programme. Nous citerons, parmi
les travaux les plus importants, les manuscrits
de Durer au British Muséum, par M. de.3ahn,
tableaux, dessins et miniatures de l’Espagne,
par M. Waagen. Cet article, la dernière pro-
duction de l’illustre savant, renferme une
étude fort intéressante sur Juan de Borgogna,
élève de Jehan Foucquet, et auteur des pein-
tures murales qui se trouvent dans la salle
du chapitre de la cathédrale de Tolède. —
Une excursion à Ravenne, par M. Rahn, — les
Manuscrits de l’architecte et de l’historien
d’art portugais Francisco d’Ollanda, par
K. Fournier, etc., etc.
E. M.
Histoire de la faïence de Rouen, par André
Pottier, grand in-4” avec figures en couleur.
A. Le Brament, Rouen, 1868. — Première
partie.
L’article posthume d’André Pottier sur « la
faïence de Rouen au xvne siècle » que vient
de publier la Gazette des Beaux-Arts, donne
une suffisante idée dumérite de Y Histoire de la
faïence de Rouen, dont la première partie vient
de voir le jour, pour que nous n’y insistions
pas. On voit que ce sont les parties' à diffé-
rents degrés d’avancement d’un livre sur le
chantier, que des amis de l’auteur ont recueil-
lies, classées et reliées ensemble après sa
mort, plutôt qu’une œuvre homogène, égale-
ment achevée dans tout son ensemble. Mais
comme tous les documents et toutes les pièces
à l’appui y sont intercalées, cette Histoire de
la faïence de Rouen rendra autant de ser-
vices aux érudits et aux curieux que si Andié
Pottier y eût mis la dernière main et imposé
une certaine unité de composition.
Les planches, exécutées en chromotypogra-
phie par les procédés de M. Silbermann, de
Strasbourg, d’après les dessins à l’aquarelle
de MUe Émilie Pottier, exécutées dans un sen-
timent plutôt archéologique que pittoresque,
sont d’une grande exactitude et donnent une
idée.fort juste des originaux,
Le texte, imprimé par M. A. Hérissey,
d’Évreux, avec des caractères dans le style
du xvir siècle, décoré de têtes de pages et de
fleurons empruntés aux faïences de l’époque
dont traite chaque chapitre, fait le plus grand
honneur aux presses normandes d’où est sorti
ce livre exclusivement provincial.
A. D.
La Gazette des Beaux-Arts a publié dans
son numéro du lef janvier.
I. Nouvelles études sur la Galerie Suer-
mondt, à Aix-la-Chapelle, par M.W.
Burger (7 gravures).
IL Mademoiselle Godefroid, par M. Léon
Arbaud.
III. Un coffret à bijoux de Marie Stuart, par
M. Victor Luzarche (4 gravures).
IV. Sonnets et eaux-fortes, par M. Paul
Mantz (1 gravure).
V. Eisen par MM. Edmond et Jules de
Goncourt (2 gravures).
VI. État de dépenses de la maison de Don
Philippe d’Autriche (1549-1551), par
M. Édouard de Beaumont (2 gra-
vures).
VIL La faïence de Rouen au xvir siècle,
par M. André Pottier (6 gravures).
Ce numéro contient deux gravures tirées
hors texte ; VHomme à l’œillet, remarquable
gravure au burin, par M. Gaillard, d’après
une peinture de .Van Eyckjet Silence et nuit
des bois, gracieuse eau-forte due à M. Hé-
douin.
Les abonnés d’un an à la Gazette des
Beaux-Arts reçoivent gratuitement la Chro -
nique des arts et de la curiosité.
Le Directeur : ÉMILE GAL1CHON
--
MOUVEMENT DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ.
COLLECTION DE M***.
TABLEAUX ANCIENS.
(18 janv.).
Commissaire-Priseur : Me Ch. Pillet.
Expert: M. P. Jacques.
I. Aeken. La Vierge et son fils. Signé dans le bas,
à gauche: Jhéronimus Bosch. (Bois (forme cintrée).
H. 31 c.; L. 20 c.) 740 fr.
4. Bloemen. Le Marché aux chevaux. (Toile. H.
71 c.; L 95 c.) 510 fr.
8. Dael. Fruits et Fleurs. Signé à gauche et daté.
(Toile. H. 74 c.; L. 59 c.) 1,460 fr.
II. Fyt. Nature morte. (Toile. H. 99 c.; L. 118 c.)
I, 050 fr.
12.-Gibiers et Instruments de chasse. (Toile.
H. 82 c.; L. 100 c.) 1,035 fr.
15. Hals. Portrait d’une grande Dame hollandaise.
Daté, 1631. (Toile. H. 105 c.; L. 71 c.) 2,820 fr.
17. Kalf. Nature morte. (Toile. H. 74 c.; L. 90 c.)
675 fr.
25. Mignon. Nature morte. Signé à droite. (Toile.
H. 61 c..; L. 55 c.) 400 fr.
28. Netscher. Portrait d’un Amiral hollandais.
(Bois. H. 45 C.; L. 38 c.) 1,520 fr.
29. Nikkelen. Intérieur d’un Temple protestant.
Signé dans le bas à gauche. (Bois. H. 45 c.; L. 38 c.)
400 fr.
33. Roos. Paysage avec animaux. (Toile. II. 105 c.;
L. 112 c.) 920 fr.
36. Siberechts. Paysage avec animaux. (Toile.
II. 31 c.; L. 57 e.) 1,420 fr.
38. Stoop. Bataille. Signé à droite. (Bois. II. 51 c.;
L. 72 c.) 685 fr.
41. Tilborgb.Kermesse. (Toile. H. 102 c.; L. 135c.)
I, 460 fr.
45. Weenix. Gibier. (Toile. H. 96 c.; L. 77 c.)
830 fr.
46. Wynantz. Paysage. (Bois. H. 25 c.; L. 32 c.)
1,400 fr.
ÉCOLE FRANÇAISE.
47. Boilly. La Mansarde. Tableau gravé. (Toile.
• H. 40 c.; L. 32 c.) 500 fr.
48. Bonington. Paysage. Marine. (Toile. H. 87 c.;
L. 42 c.) 970 fr.
52. Desportes. Nature morte. (Toile (forme cintrée).
H. 198 C.; L. 108 c.) 1,450 fr.
53. -Nature morte. (Toile. II. 33 c.; L. 41 c.)
410 fr’.
55. Greuze. Portrait présumé de Diderot. (Toile
(forme ovale). H. 59. c.; L. 48 c.) 1,720 fr.
59. Mallet. Le Bonheur de la Paternité. (Bois.
H. 18 c.; L. 23 c.) 470 fr.
60. -Les deux Amants. (Bois. H. 18 c.;L. 23 c.)
570 fr.
61. Marne. Intérieur villageois. (Bois. H. 21 c.;
L. 29 c.) 410 fr.
64. Nattier. Portrait d’une Fille de Louis XV.
(Toile (forme ovale). H. 64 c.; L. 53 c.) 3,500 fr.
66, Octavien. Le Repos dans le parc. Signé en bas
dans le milieu. (Toile. II. 79 c.; H. 63 c.) 590, fr.
67. Oudry. Le Chien d’arrêt. fToile. H. 118 c.; L.
198 c.) 500 fr.
VENTE DES TABLEAUX
DE M. LE COMTE D’HAUBERSART.
Commissaire-priseur : Mc Delbergue-Cormont.
Expert: M° J.-M. Dnios.
Uuysdael. — Le Torrent. Un torrent dont les eaux
rapides se brisent contre des quartiers de rochers dis-
persés çà et là, coule au fond d’un ravin entre deux
monticules boisés et reliés au Second plan par une
passerelle en planches. Sur les terrains de droite s’é-
lève un énorme chêne parmi des massifs de verdure.
(Toile. H. 98 c.; L. 81 c.) 8,200 fr.
Backiiuysen. — Marine. A quelque distance d’une
digue en bois, qui occupe la droite et à l’extrémité de
laquelle sont deux petites figures, voguent en pleine
mer, toutes voiles déployées, un bâtiment de guerre
et une barque de pécheur. Dans le lointain on aper-
çoit un trois-mâts et d’autres navires. (Toile.
II. 66 c.; L. 81 c.) 8,000 fr.
Hugtenburch. — Attaque d’un convoi militaire.
Deux partis de cavalerie sont aux prises sur ia pente
d’un mamelon qui occupe le premier plan. Au milieu
de la mêlée, un cavalier dirige un pistolet sur son
adversaire armé d’un sabre et monté sur un cheval
blanc. Au second plan, à droite, des fantassins sont
embusqués sur la lisière d’un bois. (Toile. II. 74 c.;
L. 87 c.) 900 fr.
Berckeyden. — Place d’une ville de Hollande. Sur
une place publique bordée d’habitations particulières,
et avoisinant une église qui domine la composition,
sont dispersées de nombreuses ligures : magistrats,
ecclésiastiques, bourgeois, marchande de fruits, ca-
valiers suivis de leurs chiens, etc. (Toile. H. 68 c.;
L. 89 c.) 5,000 fr.
Jamais un tableau de ce maître n’avait atteint ce
chiffre.