Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

La chronique des arts et de la curiosité — 1869

DOI Heft:
Nr. 19 (9 Mai)
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.26661#0128
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
2

CHRONIQUE DES ARTS.

—Vetter : Portrait; — Vautier : la Rixe apai-
sée ;—Worms : un Talent précoce ; Bien venu
qui apporte ; — Xydias : Pâtre de la cam-
pagne de Naples; — Venot d’Auteroche :
Jacintha; — Vollon : Après le bal.

A. B. Appian: Avant la pluie et Un soir; —
Bouguereau : Entre la richesse et l’amour;

— Beaumont (Ed. de) : Pourquoi pas? —
Allemand : Intérieur d’un cabinet; —Arbo:
les Cuirassiers de Watei’loo; —Aligny : Vue
de Capri ; — Abraham Tancrède : les Roches
du Gibet; — Barrias : Portrait „de M... —
Baudit : l’Étang de Lacanau.

B. Bonvin : Religieuse; — Boratynski :
Rêverie ; — Busson : Château de Lavardin ;
Brandon : le Jour du sabbat et la Leçon du
Talmud; — Roilly : Saint Joseph et l’Enfant
Jésus; — Berchère : Hallage et le Caire; —
Bellet du Poisat : La Muse et les Dunes en
Hollande ; — Baudry : Portrait de M. Gar-
nier, arcnitecte de l’Opéra; —Browne : Tri-
bunal à Damas; Danseuses nubiennes; —
Bertrand (James) : Mort de Virginie; La pe-
tite Curieuse; — Breton (Émile) : un grand
Pardon breton; les mauvaises Herbes; —
Bernier : Landes de Kerlagadic; Fontaine en
Bretagne; — Brion : Mariage protestant; —
Belly : Fête religieuse au Caire; Pêche des
dorades; — Bonheur (Auguste) : le Chemin
perdu; — Brunet-Houard : Intérieur de mé-
nagerie; — Berthon : la Barbière de Chalel-
Guyon.

B. C. Breton ( Émile ) : Soleil couchant ;
Entrée de village; — Brown : le Comte de
Saxe ; — Billet : la Partie de M. le maire; —
Curzon : Vue de Sorrente; Bords du Clain ;

— Beauvais : Pécheur; — Courdouan ; Côtes
de Provence; — Courajod : Deuil; — Cot :
Portrait de Mme ... — Claude : Rendez-vous
de chasse; — Chinlreuil : l’Espace.

C. Comte : Louis XI malade; — Chevrier :
Portrait ; — Claude : Récit d’un chasseur ;

— Cabat : Après l’ondée; solitude; — Ca-
banel : deux Portraits de femme; — Chenu :
le Garde ; — Ceriez ; Visite au monastère ;

— Cornu : le Duc de Luynes; — Calderon ;
Portrait de l’auteur..

BURGER-THORÉ.

Bürger est mort! Deux mois d’une mala-
die ont détruit son corps si robuste, son in-
telligence si vive et si jeune encore! Il par-
lait de donner à la Gazette des Beaux-Arts
de nouveaux articles sur les galeries Suer-
mondt et van Loon, lorsque le mal l’a couché
sur le lit qu’il devait échanger contre une
bière. I! n’était pas âgé cependant ; né à la
Flèche, le 23 juin 1807, Étienne-Joseph-
Théophile Thoré avait fait de bonnes études
à l’École militaire de sa ville natale, sous la
direction d’un de ses oncles. Avocat à vingt
ans; à vingt trois ans, substitut de procureur
du roi près le tribunal civil de la Flèche, il
renonça bientôt à cette carrière, si peu en
rapport avec ses idées et son tempérament,
pour prendre une part active à la politique
et devenir un publiciste distingué, ardent
et parfois excessif.

Mais nous n’avons pas à nous occuper ici
de sa vie politique ; il aimait sincèrement,
vivement les arts, et c’est par eux que sa
mémoire vivra longtemps.

Ce fut tout jeune qu’il commença à s’en
occuper. Fixé à Paris avant 1830, il habita
quelques années, rue Taitbout, dans la mai-
son de Dreux-Dorcy, une mansarde au
sixième étage, porte à porte avec Rousseau.
Il prit rang dans l’armée romantique et il
en devint un des plus chaleureux champions
en politique, en littérature et en art. Ses
admirations, comme ses antipathies, étaient
franches, loyales, enthousiastes, entières; il
n’aimait et ne détestait rien à demi. La jeu-
nesse était à cette époque vivace et enflam-
mée. Elle discutait de tout et partout, dans
les foyers de théâtres, dans les cabinets de lec-
ture, dans les boudoirs, dans les mansardes,

dans les jardins du Palais-Royal, des Tuile-
ries, du Luxembourg, sur les boulevards,
dans les tavernes. Thoré ne fut pas un des
moins discuteurs, un des moins ardents de
cette valeureuse époque. Aussi connut-il le
tout Paris d’un quart de siècle, les plus ex-
centriques et les plus illustres. Étant un des
principaux fondateurs du Comité des gens
de lettres, il fut en rapport avec toute la
littérature militante. Comme artiste, il se lia
avec Eugène Delacroix, Decamps, Ary Schef-
fer, Camille Roqueplan, Gigoux, Marilhat,
Rousseau, Dupré, Diaz, Couture, Daumier,
David d’Angers, Rude, Barye, Préault...

De 1832 à 1848, il rendit compte des
salons dans la Revue de Paris, le Journal
du peuple, l’Artiste, le Constitutionnel, le
Siècle, la Revue du Progrès, le Réformateur,
la Loi... Partout et toujours il combattit la
théorie de l’art pour l'art, dont il ne s’ac-
commodait point, et soutint celle de l’art
pour l’homme.

Exilé en 1852, il passa de longues années
sur la terre étrangère à étudier les écoles du
Nord. Sous le nom de W. Bürger, il conquit
une nouvelle célébrité, et, dans ses livres sur
les musées de Hollande, sur les galeries d’A-
remberg et de Suermondt, sur les collections
anglaises, il a fait preuve d’une érudition
profonde. Infatigable au travail, il passait
des journées entières à feuilleter des livrets,
des catalogues, à écrire les résultats de ses
recherches; actif comme au temps de sa
jeunesse, il allait sans cesse en Flandre, en
Allemagne, en Pays-Bas, revisiter une gale-
rie, revoir un tableau, comme un autre irait
à Saint-Cloud ou à Versailles. C’est à cette vie
agitée, tourmentée, sans mesure, sans règle,
qu’il a gagné la maladie qui nous l’a enlevé,
alors qu’il lui restait tant de choses à nous
apprendre. Dans le Temps, dans la Revue ger-
manique, dans l’Indépendance, il suivait le
mouvement de l’art contemporain, tandis
que dans la Revue universelle des arts, dans
la Revue allemande de M. Lutzow, et surtout
dans la Gazette des Beaux-Arts, il écrivait sur
les maîtres anciens., qui l’avaient consolé
pendant ses années d’exil. C’est ainsi qu’il a
reconstitué l’œuvre de Hobbema,de Van der
Meer, des Hais... Sur Rembrandt, pour lui
le maître par excellence, il avait rassemblé
des notes considérables. Dans quel état d’a-
vancement laisse-t-il cet ouvrage, qui devait
être son œuvre capitale? On l’ignore; mais
nous le saurons dans quelque temps par
M. Marius Chaumelin, car c’est à ce critique
distingué qu’échoit le soin délicat de publier
ces notes.

A ce travail de recherchés sur les œuvres
des maîtres, poursuivi avec un zèle, un cou-
rage prodigieux, l’esprit de Bürger fit une
évolution nouvelle. « Tout ce qu’on écrit,
disait il y a peu de jours M. Charles Blanc,’
sur la peinture des maîtres, en dehors
des documents, des faits, des dates, des
notes, des signatures, des monogrammes,
lui semble appartenir aujourd’hui à la
fantaisie pure, à l’art aimable et innocent
de faire des phrases plus ou moins ori-
ginales, plus ou moins entraînantes. Et
ce disant, notre ami ne songe pas qu’il
se raille lui-même, car non-seulement il était
comme les autres, et souvent mieux que les
autres, un littéraire , il y a vingt-cinq ans,
mais aujourd’hui encore il s’oublie quelque-
fois jusqu’à traduire les sentiments que lui
inspire un tableau; il apprécie, Dieu me
pardonne, tel chef-d’œuvre de Van Eyck, et
après qu’il nous a morigénés amicalement
dans une page humoristique, je le surprends
en flagrant délit d’heureuse inconséquence,
revenant à son ancienne maîtresse, la litté-
rature esthétique, et lui refaisant avec grâce
un doigt de cour. »

Hélas ! la Gazette des Beaux-Arts n’aura
plus à insérer de Bürger des pages pleines
d’humour, remplies de renseignements pré-
cieux ; Thoré est mort !

Émile Galichon.

»

L’IMAGERIE DE L’AVENIR '.

» I

DU DESSIN COMME MOYEN D’ÉDUCATION.

Quelques grands esprits, à partir du dix-
huitième siècle plus particulièrement, se
préoccupèrent des arts du dessin et de leur
action sur les masses. Diderot, dans ses
Salons et ses nombreux écrits sur la pein-
ture, croyait foire acte de philosophe en
montrant les aspirations des artistes de
son temps, et ce fut par les mêmes idées
que Gœthe s’entourait d’estampes sur le
mérite desquelles il aimait à s’entretenir avec
son fidèle Eckeimann.

L’époque actuelle a suivi ces sentiers.
Élucidée par les uns , vulgarisée par les
autres, de plus en plus la connaissance de
l’art est venue se joindre aux connaissances
humaines. L’importance du Beau a été con-
statée, et l’industrie elle-même, on Ta vu par
diverses tentatives, ne demande qu’à rom-
pre avec la tradition et à faire entrer la plus
grande somme d’art dans les objets les plus
humbles. «

Aussi comprend-on le mot du ministre de
l’instruction publique qui, à la réception du
1er janvier 1869, disait aux pro/esseurs qu’il
entretenait de ses divers projets : « J’em- ♦
ploierai des dessinateurs pour remettre dans
la bonne voie l’imagerie populaire. »

Certains pourront sourire de l’attention
pour des images placées si bas sur l’échelle
des arts ; ceux qui savent quelle peut être
leur portée sur de jeunes esprits applaudi-
ront à cette tentative d’enseignement nou-
veau2.

Préoccupé depuis de longues années de
ce qui fut le musée du pauvre, sa poésie,
sa bibliothèque, je me demande en vertu
de quelle loi le chef-lieu des Vosges est
devenu une fabrique d’art corrompu, quand
jadis Épinal donnait naissance à des pro-
duits un peu barbares, mais naïfs. Ne faut-
il pas en rapporter l’action à une excessive
centralisation et à un de ces renversements
dont la poésie populaire nous donne trop de
preuves?

Les paysans veulent goûter aux saveurs
des villes; il est vrai que les villes aspirent
aux fraîches senteurs de la campagne. Nous
recherchons les chants composés par le
peuple; le peuple s’intéresse à de méchantes
imitations d’Offenbach. Nous évoquons la
mémoire et les œuvres des maîtres primi-
tifs, de ceux qui peignent sincèrement le
masque de l’homme; les élégances faciles
et légèrement entachées de corruption d’un
Gavarni pénètrent au village.

II est utile de veiller à l’éducation du
peuple par l’image, mais l’artiste, aujour-
d’hui, est-il propre à foire cette éducation ?

Je ne le crois pas : il lui faudrait des idées
dont il ne s’est pas préoccupé, et pour leur
donner naissance et empêcher que leur dé-
veloppement ne devienne dangereux à
l’exercice d’un art restreint, ne convien-
drait-il pas de commencer par l’éducation
de l’artiste lui-même?

Idée et Peinture semblent ddhx ennemies,
Tune dévorant l’autre, quand peinture et
idée devraient se prêter un mutuel appui.

La plupart des artistes méconnaissent
l’idée; leur répulsion vient, sans doute, de
ce que l’application ne leur paraît pas né-
cessaire à la peinture. Il semble qu’ils n’en
auraient que foire, et que penser constitue-
rait un bagage inutile.

Pourtant toute idée ‘trouve son applica-

1. Cet article est détaché du volume que M. Cham-
fleury publiera prochainement à la librairie Dentu,
sur Y Histoire de l’Imagerie populaire, volume qui
résume des études entreprises depuis longues an-
nées.

2. Les premières planches parues, destinées aux
écoles et publiées sous le patronage du ministre de
l’instruction publique, sont purement scientifiques.

Le sentiment viendra sans doute, dans d’autres ou-
vrages, prêter son appui à la science.

tion. Il y a une dizaine d’années, un pein*
tre de mes amis pressentait que l’art a un
autre but que la fabrique de petits tableaux
pour orner les appartements. — Que faire?
disait-jl.

L’industrie, qui s’est emparée de l’em-
pire du monde et des capitaux, dispose de
plus d’espace que les cathédrales et attend
un artiste digne de couvrir les murailles
vides de ses temples.

Est-ce que les produits tirés des entrailles
de la terre ne sont pas intéressants à pein-
dre sur les murs d’une gare? Beaux tableaux
que le travail de l’homme dans les mines !

Il est des lignes fertiles en grands hommes
de toute nature ; le sol a donné naissance à
des intelligences particulières. Voilà de
beaux portraits. Que de monuments inté-
ressants sur le parcours ! Voilà des architec-
tures à combiner aux scènes industrielles,
aux paysages, aux personnages célèbres, aux
grandes scènes historiques.

— Si un artiste, me disait un administra-
teur de chemin de fer, exposait au Salon
l’esquisse d’une semblable conception, je
ne doute pas que nos grandes Compagnies
ne fournissent les moyens de la réaliserK

Mais la plupart des peintres, en face d’un
tel programme, sont effrayés de sa réalisa-
tion. .Il faut faire ployrer tant d’éléments
divers : paysages, monuments, grands
hommes, travaux industriels, scènes histo-
riques, à des compositions qui n’offrent
guère de ressources à un symbolisme de
convention, et l’éducation artistique mo-
derne ne prépare pas à réaliser de telles
compositions.

Pour appartenir à un ordre beaucoup '
plus humble, l’Imagerie populaire offre
d’aussi grandes difficultés. Formuler un
programme ne suffit pas ; un programme
est quelquefois une lisière, quelquefois une
barrière. Il s’y trouve des vides qui écartent
souvent les intelligences préparées à con-
courir. Ce n’est pas à l’heure dite que le
véritable artiste est en mesure d’obéir à un
programme. Combien de temps demande
1 idée avant d’être incorporée, de circuler
dans les veines, d’échauffer le cerveau, de
mettre la main en activité!

On pourrait cependant tenter plus d’une
application.

En 1848, alors que la nation crut pouvoir
se gouverner elle-même, de nombreux
plans d’étfucation du peuple furent mis en
avant, dont la plupart restèrent à l’état de
projet. Ce n’étaient pas tant les hommes qui
manquaient à la jeune République que
l’élan de la dation. En 1793 les grands pro-
jets abondent : aussitôt ils sont mis en pra-
tique. En 1848 les esprits, surpris par une
révolution inattendue, se demandent avec
anxiété si le peuple et les bourgeois con-
sentiront à se laisser modeler par des insti-
tutions nouvelles!

Un des rates hommes qui, dans l’exercice
de ses fonctions, prouva combien de ré-
formes étaient nécessaires dans l’adminis-
tration des musées, M. Frédéric Villot, mit
au service de la République les multiples
connaissances qu’une vie consacrée à l’art
permettait de faire servir à l’enseignement
des masses. Entre autres projets, M. Villot
proposait de fonder une école de gravure
en bois. Les chefs - d’œuvre du Louvre se-
raient reproduits sur de grandes planches
avec l’accentuation robuste que les graveurs
de Titien et de Rubens ont donnée aux ou-
vrages de ces maîtres. Eugène Delacroix,
encore jeune et toujours enthousiaste, s’of-
frait à dessiner lui-même en larges traits, à
la plume, le Naufrage de la Méduse, pour
répandre, par des fac-similé en bois, cette
importante composition dans le peuple.
D’autres tableaux, propres à échauffer le

1. Quelques journaux ont annoncé récemment que
les gares allaient être livrées à des décorateurs char-
gés de représenter des motifs de la nature de ceux
que j’indiquai en 1861 dans les Grandes figures
d’hier et d’aujourd’hui.
 
Annotationen