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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1832 (Nr. 62-112)

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Numéro 67 (9 Février 1832)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26416#0035

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Numéro 6 7 c 0«BB

Tout ce qui concerne la rédaction doit ctrc adresse, franco,
à M. A. Audibert, Rédacteur en chef de la Caricature,
rue Bergère, n. iq.

CASTiVaT RIDENBO MORES.

Les réclamations et envois d’argent doivent être adressés,
franco, au grand Magasin de Caricatures (I’Acbert,
galerie Vc'ro-Dodat.

MORALE , RELIGIEUSE , LllTTERAIRE ET SCENIQUE.

. -.. niiiiiET’i'yiinm^S^-^W^-^MaMaBcTT-w... ——--

§) Caricatura.

UN RÊVE DE COURTISAN,

OU

LE GÉNIE DE L’ARITHMÉTIQUE.

Vingt-cinq millions passés ! On sent de reste que c’est là un total
beaucoup trop mesquin pour une monarchie comme la notre, consi-
dérée comme abstraction , comme principe politique, et e.n présence
surtout de notre prospérité actuelle. Cette une vraie dérision, une
mauvaise plaisanterie parlementaire, et, tranchons le mot, une vilenie,
que d’avoir marchandé une royauté comme on ferait une aune de
calicot ou une paire de pantoufles. Il devrait y avoir un prix tout
fait pour les royautés, comme il y en a pour les brioches. Vous vou-
lez une brioche ? C’est six sous. Vous voulez une royauté? C est qua-
rante millions. Ni plus, ni moins 5 je n’en rabattrais pas d’un sou ;
c’est à prendre ou à laisser.

Tel est l’avis aussi de l’un des administratenrs provisoires des revenus
de la couronne. Ce Colbert de la garde-robe, ce Sully de la cuisine et de
l’écurie, est persuadé comme nous, que c’en est fait de la majesté des
souvenirs et de l’éclat du trône, malgré les trois millions de diamans, si
l’on ne trouve quelque moyen, de suppléer à la médiocrité de la liste
civile. Et ce moyen, il l’a trouvé, dit-il : économies, d’une part, dans
le service intérieur de la cour ; et meilleure exploitation, de l’autre,
des domaines de l’état. Nous allons citer quelques extraits de son plan,
lesquels prouvent l’existence au château d’une bien haute capacité
arithmétique.

Mais, avant tout, que les malheureux ne s’effraient pas de ces mots
d’économie. Us pourront continuer d’être brûlés, eux et leurs gran-
ges ; d’être grêlés et incendiés, tout comme par le passé. Qu’ils ne
changent en rien leurs habitudes ; l’intérêt qu’inspiraient leurs mal-
heurs ne changera pas non plus. Si leur village est englouti, leurs
récoltes détruites, leurs habitations incendiées, la monarchie n’en
versera pas moins, entre les mains du maire de leur commune, une
larme et les cent écus d’usage. La monarchie française persistera à
faire les choses en grand. La monarchie n’est point une ravau-
deuse. Que donc ils se rassurent, et surtout qu’ils se fassent assurer.

Or, voici les projets de l’administrateur susdit, lesquels ne sont

connus encore que de lui et de moi, et ne sauraient, comme vous
pensez bien, obtenir l’approbation du maître.

Économies : i° La monarchie française ne brûlera plus que de la
chandelle ; et toutes les lumières devront être éteintes sitôt neuf
heures du soir. 20 Les domestiques de la monarchie française ne se
moucheront plus qu’avec leurs doigts, afin de diminuer les frais de
blanchissage. 3° Le service des cuisines est supprimé. La monarchie
à nçaise se fera restaurer, comme jadis, à tant par tête, par le res-
taurateur du coin. 4° Les hommes de peine de la monarchie auront
soin de ne pas marcher sans motif, afin de ménager leur chaussure.
5° Dans le cas où l’on se déciderait à remonter une côur, la place
de porte-coton sera définitivement supprimée. La monarchie fran-
çaise fera comme elle pourra pour s’en passer; etc., etc., etc.

Améliorations : i° On étalera dans les châteaux, palais et bâtimens,
quels quels, des fabriques utiles, telles que poteries, buanderies, fila-
tures, manufactures de peignes, de clyssoirs et de manches de cou-
teaux , etc., lesquelles travailleront au compte de la monarchie.
20 Des étalons seront placés partout où il se pourra, même dans les
bibliothèques et galeries d’arts non encore employées ; lesquels éta-
lons exerceront sur place et iront en ville, au profit de la monarchie
française. 3° Il sera planté dans les parcs et jardins de plaisance des
choux, carottes, navets, concombres, ognons et pommes de terre,
pour être vendus sur la place deslnnocens, au profit de la monarchie.
4° Des boutiques seront pratiquées autour de tous les monumens pu-
blics qui seront susceptibles de cet établissement, et louées au profit
de la monarchie. 5° Vu l’avantage réel à ce que la rentrée des fruits
se fasse exactement, à cette fin qu’ils soient placés immédiatement et
produisent intérêt, les locataires de la monarchie devront acquitter
leurs termes à la minute d’échéance. Jusqu’à présent, l’intendant a eu
la bonté de ne jamais leur accorder le plus léger délai, mais il se voit
forcé d’être encore plus rigoureux à l’avenir. 6° Le jardin des Tuileries
sera, par sa position, l’objet d’une exploitation toute particulière. On
y établira des montagnes russes, des balançoires, des restaurans , des
cafés, des bals, des guinguettes, des cabinets particuliers et des
fosses inodores, avec un droit d’entrée à la porte , le tout au profit de
la monarchie française.

Enfin ( et ceci paraît vrai, du moins, si tout le reste n’est encore
qu’un rêve de harpie, qu’une élucubration de sujet féal), enfin, di-
sons-nous, les cabinets de lecture, que jusqu’à présent la monarchie
avait cédés gratuitement, dit-on, à de pauvres diables sans liste ci-
vile, seront loués et les pauvres diables mis à la porte, si mieux ils
n’aiment payer chacun la somme annuelle de quatre mille francs.
Total, douze mille. Ainsi, dorénavant, quand vous lirez un Natio-
nal, un Courrier, une Tribune, une Caricature, dans le jardin susdit ,
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