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Numéro 79
Tout ce qui concerne la re'daction doit être adressé, franco,
à M. A. Audibert, Rédacteur en chef de la Caricature,
rue Bergère, n. 19.
CAStlfcAÎ nÏDENDO MORES,
5 mai 1852.
Les réclamations, abonnemens et envois d’argent doivent
être adressés, franco, chez M. Aubert, au grand Ma-
gasin de Caricatures, galerie Véro-Dodat.
MORALE, RELIGIEUSE, LITTÉRAIRE ET SCENIQUE*
«s
Caricature®.
L’HOSPITALITÉ
A LA FAÇON DE BARBAIU.
PARALLELE, ET CONSEQUENCES IMMEDIATES DE LÀ LOI DU 2Ô AVRIL l832.
( La scène se passe sur toutes les grandes routes de France. )
PERSONNAGES : CINQ GENDARMES, UN GÉNÉRAL RUSSEj UN GENERAL POLONAIS, tJNE SENTI-
NELLE PRUSSIENNE, UN SABRE ET UNE BAÏONNETTE.
Roule de Paris. Le Gekdarmb est à cheval, CoihugiRski est à pied, dans la houe.
Premier Gendarme. — Halte-la! Qui es-tu?
Couraginski. — Général polonais, blessé au siège de Varsovie.
Le Gendarme. — Ça ne me regarde pas. Ou vas-tu ?
Couraginski. — A Paris, où le gouvernement français m’envoie.
Le Gendarme. — Ça ne me regarde pas. Il y a émeute à Paris. Le
télégraphe m’a dit : « Fais filer les Polonais sur Lille. » File donc
sur Lille.
Couraginski. — Mais c’est une violation des droits de I humanité !
Le Gendarme. — Ça ne me regarde pas. En vertu de la loi du
26 avril i832 , file sur Lille !
Couraginski. — Mais la population parisienne m’attend....
Le Gendarme. — Ça ne me regarde pas. File sur Lille, ou je te
coupe la figure en zig-zag, au nom de... qui de droit!
Couraginski. — France, France, est - ce ainsi que tu accueilles
tes frères d’armes ! ( Il rebrousse chemin.')
Le Gendarme, à un autre personnage, mollement étendu dans une
chaise de poste. — Halte-là! qui êtes-vous?
Oùrsikoff. — Russe, nommé général à la prise de Varsovie, et
voyageant en France pour sa santé, son plaisir et l’instruction de son
gouvernement.
Le Gendarme. — Salut, mon général ! Pourrait-on, sans indiscré-
tion , savoir où vous allez ?
Oùrsikoff. — De Paris à Lille, où lés autorités m’attendent.
Le Gendarme. — Quoi y faire, sans vous commander?
Oùrsikoff. — Y lever le plan de la ville, et m’y gaudir avec cettè
danseuse de l’Opéra.
Le Gendarme. *— Mais votre passeport, sauf réspcct ?
Oùrsikoff, *— Je n’en ai point. Voici la permission de mon ambas-
sadeur, et l’invitation de mon gouvernementaux agens de la force pu-
blique en France, de me prêter main-forte et assistance, en cas de
besoin. Or, j’ai besoin, prête-moi assistance.
Le Gendarme. — Suffit, mon général. ( Le gendatme lui prête as-
sistance en cas de besoin.)
(Route de Lille.)
Second Gendarme, à Couraginski.— Halte-là ! Il y a émeute à Lille.
File sur Perpignan, ou je te coupe la figure en zig-zag, au nom de...
qui de droit ! (A un autre personnage en chaise de poste.) Salut, mon
général!... oui, mon général, je vas vous prêter assistance,,en cas de
besoin. ( Il lui prête assistance en cas de besoin.)
( Route de Perpignan.)
Troisième Gendarme , à Couraginski. — Halte-là ! Il y a émeute à
Perpignan. File sur Cherbourg, ou je te coupe la figure en ziz-zag,
au nom de... qui de droit! (A un autre personnage en chaise de
poste. ) Oui, mon général. ( Il lui prête assistance en cas de besoin.)
( Route de Cherbourg. )
Quatrième Gendarme, à Couraginski.—'Halte-là! Il y a émeute à
Cherbourg. File sur Metz, ou je te coupe la figure en zig-zag, au
nom de... qui de droit! (A Oùrsikoff.) Salut, mon général! (Il lui
prête assistance, toujours en cas de besoin.)
(Route de Metz.)
Cinquième Gendarmé , à un pauvre piéton. — Halte-là ! Qui es-tu ?
Couraginski. — Général polonais, blessé au....
Le Gendarme. — Ça ne me regarde pas ! Il y a émeute à Metz, il y
a émeute partout. Le télégraphe m’a dit : « Fais filer les Polonais hors
de France. « File donc hors de France, en vertu de la loi du 26 avril
i832 !
Couraginski. — Mais les citoyens de Metz m’attendent.... Mais ma
feuille de route est pour Metz.... Mais, à force de marches et contre-
Numéro 79
Tout ce qui concerne la re'daction doit être adressé, franco,
à M. A. Audibert, Rédacteur en chef de la Caricature,
rue Bergère, n. 19.
CAStlfcAÎ nÏDENDO MORES,
5 mai 1852.
Les réclamations, abonnemens et envois d’argent doivent
être adressés, franco, chez M. Aubert, au grand Ma-
gasin de Caricatures, galerie Véro-Dodat.
MORALE, RELIGIEUSE, LITTÉRAIRE ET SCENIQUE*
«s
Caricature®.
L’HOSPITALITÉ
A LA FAÇON DE BARBAIU.
PARALLELE, ET CONSEQUENCES IMMEDIATES DE LÀ LOI DU 2Ô AVRIL l832.
( La scène se passe sur toutes les grandes routes de France. )
PERSONNAGES : CINQ GENDARMES, UN GÉNÉRAL RUSSEj UN GENERAL POLONAIS, tJNE SENTI-
NELLE PRUSSIENNE, UN SABRE ET UNE BAÏONNETTE.
Roule de Paris. Le Gekdarmb est à cheval, CoihugiRski est à pied, dans la houe.
Premier Gendarme. — Halte-la! Qui es-tu?
Couraginski. — Général polonais, blessé au siège de Varsovie.
Le Gendarme. — Ça ne me regarde pas. Ou vas-tu ?
Couraginski. — A Paris, où le gouvernement français m’envoie.
Le Gendarme. — Ça ne me regarde pas. Il y a émeute à Paris. Le
télégraphe m’a dit : « Fais filer les Polonais sur Lille. » File donc
sur Lille.
Couraginski. — Mais c’est une violation des droits de I humanité !
Le Gendarme. — Ça ne me regarde pas. En vertu de la loi du
26 avril i832 , file sur Lille !
Couraginski. — Mais la population parisienne m’attend....
Le Gendarme. — Ça ne me regarde pas. File sur Lille, ou je te
coupe la figure en zig-zag, au nom de... qui de droit!
Couraginski. — France, France, est - ce ainsi que tu accueilles
tes frères d’armes ! ( Il rebrousse chemin.')
Le Gendarme, à un autre personnage, mollement étendu dans une
chaise de poste. — Halte-là! qui êtes-vous?
Oùrsikoff. — Russe, nommé général à la prise de Varsovie, et
voyageant en France pour sa santé, son plaisir et l’instruction de son
gouvernement.
Le Gendarme. — Salut, mon général ! Pourrait-on, sans indiscré-
tion , savoir où vous allez ?
Oùrsikoff. — De Paris à Lille, où lés autorités m’attendent.
Le Gendarme. — Quoi y faire, sans vous commander?
Oùrsikoff. — Y lever le plan de la ville, et m’y gaudir avec cettè
danseuse de l’Opéra.
Le Gendarme. *— Mais votre passeport, sauf réspcct ?
Oùrsikoff, *— Je n’en ai point. Voici la permission de mon ambas-
sadeur, et l’invitation de mon gouvernementaux agens de la force pu-
blique en France, de me prêter main-forte et assistance, en cas de
besoin. Or, j’ai besoin, prête-moi assistance.
Le Gendarme. — Suffit, mon général. ( Le gendatme lui prête as-
sistance en cas de besoin.)
(Route de Lille.)
Second Gendarme, à Couraginski.— Halte-là ! Il y a émeute à Lille.
File sur Perpignan, ou je te coupe la figure en zig-zag, au nom de...
qui de droit ! (A un autre personnage en chaise de poste.) Salut, mon
général!... oui, mon général, je vas vous prêter assistance,,en cas de
besoin. ( Il lui prête assistance en cas de besoin.)
( Route de Perpignan.)
Troisième Gendarme , à Couraginski. — Halte-là ! Il y a émeute à
Perpignan. File sur Cherbourg, ou je te coupe la figure en ziz-zag,
au nom de... qui de droit! (A un autre personnage en chaise de
poste. ) Oui, mon général. ( Il lui prête assistance en cas de besoin.)
( Route de Cherbourg. )
Quatrième Gendarme, à Couraginski.—'Halte-là! Il y a émeute à
Cherbourg. File sur Metz, ou je te coupe la figure en zig-zag, au
nom de... qui de droit! (A Oùrsikoff.) Salut, mon général! (Il lui
prête assistance, toujours en cas de besoin.)
(Route de Metz.)
Cinquième Gendarmé , à un pauvre piéton. — Halte-là ! Qui es-tu ?
Couraginski. — Général polonais, blessé au....
Le Gendarme. — Ça ne me regarde pas ! Il y a émeute à Metz, il y
a émeute partout. Le télégraphe m’a dit : « Fais filer les Polonais hors
de France. « File donc hors de France, en vertu de la loi du 26 avril
i832 !
Couraginski. — Mais les citoyens de Metz m’attendent.... Mais ma
feuille de route est pour Metz.... Mais, à force de marches et contre-