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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1832 (Nr. 62-112)

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Numéro 74 (29 Mars 1832)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26416#0076

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Numéro 74. *

Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé, franco,
à M. A. Audibert, Rédacteur en chef de la Caricature,
rue Bergère, n. 19-

29 mars 1852.

Les réclamations,
être adressés,
gasin de Caricatures,

d’argent doivent
, au grand Ma-

CASÎÏGAT RÏDENDO MORES.

MORALE , RELIGIEUSE , LITTERAIRE ET SCENIQUE.

Ceux de nos Souscripteurs dont l’abonnement expire à la
fin de Mars sont invités à le renouveler sans retard, s'ils ne
veulent point éprouver d’interruption.

Caricature©.

INTÉRIEUR DU PHILIPOTIN.

Tout chez le Philipotin respire les sentimens qui l’animent. Une
longue file de portraits inonde sa salle à manger. On croit à des por-
traits de grands parens : ce sont ceux du monarque et de son auguste
et nombreuse famille.

Deux grands tableaux décorent le salon : ce sont les célèbres batailles
de Jemmapes et de Valmy. D’autres, de plus petite dimension, les
entourent : ils retracent différentes scènes de la vie politique, voya-
geuse et scholastique de Monseigneur le duc d’Orléans. Le Philipotin
vous prend oar la main, vous explique chaque trait l’un après l’autre.
Si, dans le feu de la narration, la mémoire lui manque, il en est
quitte pour retourner le tableau : l’analyse du sujet est écrite der-
rière tout au long.

L’ameublement du Philipotin se ressent également du bon goût
de ses inclinations. Le papier de son salon est composé d’une Suite de
petites raies rouges, blanches et bleues, ce qui donne à cette salle
l'apparence d’une tente. Il a aussi trouvé moyen de faire garnir tout
un meuble en étoffe tricolore. De sorte qu’on dirait ses coussins et ses
fauteuils recouverts aux dépens de ses matelas.

Une des choses qui, dans l’origine, agitèrent le plus la vie du Phi-
lipotin , ce fut le choix d’un costume définitif, dont l’ensemble et
toutes les parties le missent à l’abri des soupçons, des méprises, et
surtout de l’inconvénient d’être assommé comme Un ennemi du trône
et du comptoir. Dans les temps de crises à propos de chapeaux et de
culottes, il envoyait de trois heures en trois heures connaître en bon

lieu quelle était la mise légale. C’est à cela qu’il doit sa conservation
personnelle, et celle de la considération de son ancienne pratique.

Maintenant, les principes du Philipotin sont un peu plus arrêtés,
parce qu’il commence à en comprendre les généralités. Ainsi, jamais
un accessoire de couleur blanche ou verte ne fera partie de la toilette
de sa femme, ce qui donne à la mise de cette dame une apparence
toute singulière et inusitée. Le chiffre V n’est que rarement prononcé,
et toujours à voix basse, chez le Philipotin. Enfin, il a intimé à sa
cuisine l’ordre de ne jamais servir une poire sur sa table, sous peine
de la livrer à la rigueur des lois.

Restait à affubler aussi Poulotin de sa teinte de patriotisme. Poulo-
tin, c’est le fds du Philipotin, gaillard de six ans, qui perd plus de
mouchoirs qu’il n’en use; mais qui donne les plus belles espérances,
attendu que, quand le maréchal Lobau lui permettait d’accompagner
son père à la revue, il criait : Vive le roi-citoyen ! jusqu a complète
extinction de voix de tous ses petits camarades.

L’habiller en garde national, c’est une idée vulgaire. Elle devait,
par cela même, se présenter à l’esprit du Philopotin ; mais elle gran-
dit, s’accrut, et produisit un projet fort distingué, que le Philipotin
s’empressa de mettre à exécution. Ce fut de réunir toutes les armes de
l’honorable garde nationale en la personne de Poulotin, héritier di-
rect et unique de ses espérances présentes et futures. En conséquence,
il lui a fait faire sept uniformes. Le lundi, Poulotin est grenadier ; le
mardi, il est artilleur ; le mercredi, il est voltigeur ; le jeudi, il est
chasseur; le vendredi, il est de la banlieue ; le samedi, il est pompier;
et le dimanche, brillant de galons, il est garde à cheval démonté.

Dans les premiers temps de ce luxe national, Poulotin pouvait à bon
droit passer pour un des soldats-citoyens in partibus les mieux équi-
pés du quartier; mais chaque jour a amené, depuis, un accident ou
un accroc au pantalon, à la veste ou à l’habit d’un uniforme spécial,
lequel, n’étant pas exactement réparé dans le délai voulu, a fini par
occasionner le mélange des genres. En sorte qu’à présent, Poulotin
réunit pêle-mêle en sa personne tous les emblèmes de la respectable
garde nationale, sans plus les échelonner par chaque saint de la se-
maine. De quoi il serait vertement réprimandé, s’il avait, comme ce
brave citoyen à l’uniforme aussi peu régulier, l’honneur de mon-
ter la garde devant la loge du portier des Tuileries.

Alfred Couduedx.
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