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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1832 (Nr. 62-112)

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Numéro 69 (23 Février 1832)
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Numéro 0 9.

Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé, franco,
à M. A. Audibert, Rédacteur en chef de la Caricature,
rue Bergère , i). 19.

février 185$.

Los réclamations et envois d’argent doivent être sdtèssés,
franco, au grand Magasin de Caricatures d’AuBEier,
galerie Véro-Dodat.

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r

MORALE , RELIGIEUSE, LITTERAIRE ET SCEMQUE

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Caricatures.

LES NEUF MIRACLES NEUFS.

En ce temps-là, M. de Saint-Aulaire ditau Saint-Père le Pape :
— « Saint-Pere le Pape, le royaume des cieux vous appartient, c’est
possible ; mais j’ai bien peur que celui de la terre ne finisse par vous
échapper. Vos Èomagnols sont têtus comme des Limousins. JNous leur
avons écrit, M. de Metternich et moi, pour les engager à la soumis-
sion. Inutile ! Je ne sais pas ce qu ils ont fait de la lettre ; mais ce qu il
y a de sûr, c’est qu’ils ne valent pas mieux après qu’avant. Je ne vois
plus qu’un moyen de vous maintenir in secula seculorum. »

— « Amen ! lit le Saint-Père. »

— « Ce moyen, c’est un miracle. Les Romagnols ont été élevés
dans la crainte du pape et dans celle du diable. Ils ont perdu la pre-
mière, ils se moquent de vos foudres; ils répondent à vos saints-
canons, par des coups de canons, fort peu sains, ma foi! mais ils
conservent encore quelque terreur de l’huile bouillante et des grince-
mensde dents. Je ne doute pas qu’un prodige de vous ne les surprenne
agréablement, et ne les ramène à l’obéissance. Faites-nous donc un
miracle, Très-Saint-Père le Pape! Il nous faut un miracle ! Et quand
j’ai l’honneur de vous dire un miracle, je n’entends point un de ces
miracles de pacotille, un de ces phénomènes à la poudre fulminante,
comme nous en avons tant vus, en France, du temps de nos mission-
naires, Fi donc ! les peuples sont blasés là-dessus. Ils ne veulent plus
dn réchauffé.-Ce qu’il nous faut, c’est un miracle qui n’ait pas encore
servi ; allons, à Fœuvre, Très-Saint-Père le Pape ! Et donnez-nous ceia
dans les belles qualités. »

— « Vous en parlez bien à votre aise, répondit en latin le Saint-
Père le Pape. Vous vous imaginez, vous autres profanes, qu’un mira-
cle se fait comme on boit un verre de vin. Je voudrais bien vous voir
à ma place! C’est qu’hélas, dans ce genre-là comme dans tous les
autres, toute la moisson du beau est faite depuis long-temps. C’est à
peine s’il y reste à glaner quelques exorcismes. L’abbé Guyon s est
fait moquer ; et M. de Hohenlohe, lui-même, s’est vu forcé , taute de
mieux, de se jeter dans les chemins de traverse du phénoménal, dans
^a thaumaturgie romantique, dans le miracle médicinal. Mais M, Du-
puytren faisait mille fois mieux. »

— « C’est égal, Très-Saint-Père le Pape, essayez toujours. Que
sait-on ? En fait de miracle, il ne faut souvent qu’un hasard. »

— « J’essaierai, répliqua, toujours en latin, le Saint-Père le Pape :

essajabo. »

En effet, il essaya , essayait.

Les cardinaux furent assemblés. Ils discutèrent, en latin, sur le
genre et la qualité du miracle à faire. L’un d’eux proposa de faire venir
M. de Lameth en poste, afin de le ressusciter ; l’autre voulait qu’on fît
disparaître une montagne; celui-ci demandait qu’il parût des comètes
de toutes les couleurs, des bleues, des vertes, des amarantes; celui-
là souhaita que désormais les poules fissent des canards, et récipro-
quement; ce cinquième opina pour que le soleil se levât carré; ce
sixième demanda deux ou trois lunes; ce septième dormit; la fin du
monde souriait fort au huitième; et le neuvième était d’avis que les
Cardinaux s’abstinssent de nourriture pendant quarante jours et
quarante nuits. Le neuvième fut mis à la porte. En un mot, tous les
miracles ci-dessus furent jugés trop difficiles ou trop dispendieux. On
fit un autre choix ; et quand le programme en fut dressé, le Saint Père
le fit afficher à tous les coins de rues , comme s’il se fût agi d’un opéra
nouveau. 11 ordonna, également en latin, une neuvaine et un jeûne
général dans tous les étals qui lui restaient. Après quoi, il déjeûna ,
se rendit à Saint-Pierre, et s’entoura de toutes les lumièresde l’église.
Je veux parler des cierges. La neuvaine commença.

Le premier jour, le Saint-Père le Pape voulut essayer, essayare,
de faire son miracle , mais il ne fit qu’lira hoquet.

Les bonnes femmes , entendant cela , crurent d’abord que c’était le
début de quelque coup de tonnerre, mais cela, n’ayant, pas deëuite,
elles ne firent que la moitié du signe de la ceàillL

Le second jour, le Saint-Père le Pape guérit un malade, qui lui
mourut entre les bras une demi-heure aprèlwjGfl.fut à rccorftmeticer.

Le troisième jour, le Saiu't-Fère le Papé fendit*aveugle un botgnc,
en lui jetant, dans l’œil qui lui restait, quelques gouttes d’eau-bénite,
accompagnées du goupillon.. r.- cl

Le quatrième jour, la statue de Saint-Cçéjjin.branla la tête d’une
manière fort originale. Malheureusement il là branla si fort, quelle
finit par rouler à terre, entraînant à sa spjte..une longue ficelle. Le
miracle avait raté. ' q

Le cinquième jour, le Saint-Père le Papq. inocula ie< don des
langues à une femme du peuple qui né sûVaîC pas même la sienne.
« —-Parle anglais, lui fit-il toujours eu latin. —'la, fit-elle. —
« Parle allemand, fit-il.—lès, fit-elle. » La malheureuse s’était
trompée de langues ; mais ce n’est pas étonnant, quand on les sait
toutes.

Le sixième jour, le Saint-Père le Pape voulut donner à son trou-
peau la joie de voir le diable. Mais le diable y mit de la mauvaise
volonté. Ce gaillard-là est malin comme un singe. Le Saint-Père le
Pape avait beau l’évoquer, rien ne paraissait, pas même le bout de
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