Tout ce qui concerne la rédaction doit être adresse', franco,
à M. Louis Desnoyers (Derville), Rédacteur en chef,
au Bureau de la Caricature, galerie Véro-Dodat.
Les réclamations, abonnemens et envois d’argent doivent
être adressés, franco, au Bureau de la Caricature,
galerie Yéro-Dodat, au-dessus du grand Magasin de
Lithographies d’Aubeht.
C4STK3AT RIDEKDO MORES.
MORALE , RELIGIEUSE, LITTERAIRE ET SCENIQUE,
avis.
Nous rappellerons à nos abonnés que le moyen d’éviter tout retard
dans la réception du journal, cest de ne pas attendre le dernier mo-
ment pour renouveler leur souscription.
Ceux de nos souscripteurs qui s'abonneront pour un an , ou six
mois au moins , jouiront d'un avantage ; ils n’auront, qu’à nous donner
avis de leur volonté, et nous ferons toucher le montant de la souscrip-
tion , sans frais.
Apportant la plus grande attention à T exécution et au départ de
nos bandes, nous invitons les souscripteurs de la Caricature qui ne
recevraient pas les numéros auxquels ils ont droit, à faire légale-
ment. constater cette absence, afin de nous donner les moyens d'exer-
cer nos poursuites contre qui de droit.
LES FAUX DIEUX DE L’OLYMPE,
Il nous est arrivé d’amuser nos lecteurs en leur rapportant les singu-
lières interprétations données à nos croquades par quelque flâneur
arreté devant les carreaux d’Aubert. Nous avons entendu l’explication
que nous allons reproduire. Elle est très-loin , sans doute , du sens que
les auteurs ont attaché à leur dessin ; mais il faut avouer que les
erreurs de costume lui prêtent une apparence de vérité qui a pu
tromper quelques personnes.
« Oh! le beau Jupiter, disait le cicérone ! comme il gras ! quel bel
homme ! C’est la flatterie qui lui verse l’ambroisie.
Apollon chante à ses pieds. L’artiste a peut-être pensé & M. Vie:
net ; ce qui le prouverait, c’est la cigale qu’on décernai; ans mauvai
chanteurs, et que je vois près de lui.
Le beau Neptune tient sont trident ( ou sa tricanule ) comme un
maréchal de France tiendrait son bâton.
Thémis a l’œil de M. Bart... C’est bien lui qu’om a voulu faire , car
sa balance n’a qu’un plateau.
Cette tête de veau que nous voyons sur l’autre plan , qui est-ce ?
Parbleu ! c’est Bacchus , l’Amphytrion des centres, c’est Girodinde.
Plus loin , le Moniteur répand ses pavots sur le monde. Excellente
image de la nuit !
Assis sur un canon, le dieu Mars brandit un cierge de procession.
Et les Furies secouent, l’une, ses mandats de saisie : c’est la bête
noire de la presse, la Furie aux bouquets-, l’autre , son triangle d’acier,
son fer de Guizotine : c’est la Furie doctrinaire.
Ici, le dieu Pan , le dieu potager, soude tranquillement dans son
chalumeau ; il a seulement l’air de souder avec le nez, mais cela note
rien à sa grâce naturelle.
Vulcain-Périgord forge des chaînes et des protocoles ; il est assis
sur les filets dont il entortille le monde ; il a l’air de se reposer sur ses
lauriers. Une fleur de lis est tatouée sur son bras droit : si nous
Eouvions voir le bras gauche, nous y trouverions sans ù,ute un
on net rouge.
Sur le devant, ce petit dieu qui s’enfuit , c’est Mercure qui vole
des pieds et des mains. Sa figure, d’un tiers trop petite, exprime
bien le goût des affaires d’argent.
L’Amour du Juste-Milieu est un monstre aveugle , qui traîne un
carquois chargé des traits pesans du Nouvelliste et du Journal de Paris.
Dans le coin , une Vénus nous peint la corruption. Elle tient et
caresse sur ses genoux Némésis désarmée , et accompagnée de plu-
sieurs autres.
Un vieil abbé enrichi figure l’Avarice.
La Discorde tient sa poire à la main.
La Cupidité , appuyée sur le temple des agioteurs , sourit à l’espoir
d’une hausse ou d’une baisse qu’elle prépare.
Sébastiani est dignement remplacé par un paon. C’est un intérim
dont personne ne s’apercevra.
Momus, le pauvre Momus, n’est pas prodigieusement gai ; il res-
semble à M. Dupin indécis s’il acceptera ou refusera un portefeuille.
Sa marotte , c’est un soulier avec lequel il croit avoir sauvé le monde.
Cet homme ou plutôt ce dieu, aux formes athlétiques, c’est Hercule.
Il est revêtu de sa peau de lion , et s’appuie sur une lourde massue
qui porte cette inscription : Discours.
La tremblante Paix est reconnaissable par son rameau, par le
lièvre, symbole de la frayeur , et par son air humble et suppliant.
Dans le fond , Saturne, le Temps, détrôné par son fils , émigre
en emportant la meilleure des républiques. Ce dieu se retire aux
États-Unis. (Ne serait-ce pas Lafayette? )
Le Zodiaque est une manière comique de nous rappeler qu’en juin,
la Balance penchait ; qu’en juillet, le Lion dormait ; que nous mar-
chions à reculons en août, et qu’en septembre nos dieux n’ont encore
pris aucun parti.
Mais ce que j’aime le mieux , disait toujours l’orateur du trottoir ,
c’est l’aigle bâtard et ses foudres , c’est Cerbère, agent de police , qui
garde l’enfer des patriotes , et, surtout, c’est le siège de la Sagesse ,
qui reste vaquant dans l’Olympe de nos dieux. »
Or, nous n’avons pas besoin d’ajouter que rien de tout cela n’a été
dans notre pensée. Nous n’avons voulu faire qu’un pur croquis d’ima-
gination.
Eugène Morisseau.
à M. Louis Desnoyers (Derville), Rédacteur en chef,
au Bureau de la Caricature, galerie Véro-Dodat.
Les réclamations, abonnemens et envois d’argent doivent
être adressés, franco, au Bureau de la Caricature,
galerie Yéro-Dodat, au-dessus du grand Magasin de
Lithographies d’Aubeht.
C4STK3AT RIDEKDO MORES.
MORALE , RELIGIEUSE, LITTERAIRE ET SCENIQUE,
avis.
Nous rappellerons à nos abonnés que le moyen d’éviter tout retard
dans la réception du journal, cest de ne pas attendre le dernier mo-
ment pour renouveler leur souscription.
Ceux de nos souscripteurs qui s'abonneront pour un an , ou six
mois au moins , jouiront d'un avantage ; ils n’auront, qu’à nous donner
avis de leur volonté, et nous ferons toucher le montant de la souscrip-
tion , sans frais.
Apportant la plus grande attention à T exécution et au départ de
nos bandes, nous invitons les souscripteurs de la Caricature qui ne
recevraient pas les numéros auxquels ils ont droit, à faire légale-
ment. constater cette absence, afin de nous donner les moyens d'exer-
cer nos poursuites contre qui de droit.
LES FAUX DIEUX DE L’OLYMPE,
Il nous est arrivé d’amuser nos lecteurs en leur rapportant les singu-
lières interprétations données à nos croquades par quelque flâneur
arreté devant les carreaux d’Aubert. Nous avons entendu l’explication
que nous allons reproduire. Elle est très-loin , sans doute , du sens que
les auteurs ont attaché à leur dessin ; mais il faut avouer que les
erreurs de costume lui prêtent une apparence de vérité qui a pu
tromper quelques personnes.
« Oh! le beau Jupiter, disait le cicérone ! comme il gras ! quel bel
homme ! C’est la flatterie qui lui verse l’ambroisie.
Apollon chante à ses pieds. L’artiste a peut-être pensé & M. Vie:
net ; ce qui le prouverait, c’est la cigale qu’on décernai; ans mauvai
chanteurs, et que je vois près de lui.
Le beau Neptune tient sont trident ( ou sa tricanule ) comme un
maréchal de France tiendrait son bâton.
Thémis a l’œil de M. Bart... C’est bien lui qu’om a voulu faire , car
sa balance n’a qu’un plateau.
Cette tête de veau que nous voyons sur l’autre plan , qui est-ce ?
Parbleu ! c’est Bacchus , l’Amphytrion des centres, c’est Girodinde.
Plus loin , le Moniteur répand ses pavots sur le monde. Excellente
image de la nuit !
Assis sur un canon, le dieu Mars brandit un cierge de procession.
Et les Furies secouent, l’une, ses mandats de saisie : c’est la bête
noire de la presse, la Furie aux bouquets-, l’autre , son triangle d’acier,
son fer de Guizotine : c’est la Furie doctrinaire.
Ici, le dieu Pan , le dieu potager, soude tranquillement dans son
chalumeau ; il a seulement l’air de souder avec le nez, mais cela note
rien à sa grâce naturelle.
Vulcain-Périgord forge des chaînes et des protocoles ; il est assis
sur les filets dont il entortille le monde ; il a l’air de se reposer sur ses
lauriers. Une fleur de lis est tatouée sur son bras droit : si nous
Eouvions voir le bras gauche, nous y trouverions sans ù,ute un
on net rouge.
Sur le devant, ce petit dieu qui s’enfuit , c’est Mercure qui vole
des pieds et des mains. Sa figure, d’un tiers trop petite, exprime
bien le goût des affaires d’argent.
L’Amour du Juste-Milieu est un monstre aveugle , qui traîne un
carquois chargé des traits pesans du Nouvelliste et du Journal de Paris.
Dans le coin , une Vénus nous peint la corruption. Elle tient et
caresse sur ses genoux Némésis désarmée , et accompagnée de plu-
sieurs autres.
Un vieil abbé enrichi figure l’Avarice.
La Discorde tient sa poire à la main.
La Cupidité , appuyée sur le temple des agioteurs , sourit à l’espoir
d’une hausse ou d’une baisse qu’elle prépare.
Sébastiani est dignement remplacé par un paon. C’est un intérim
dont personne ne s’apercevra.
Momus, le pauvre Momus, n’est pas prodigieusement gai ; il res-
semble à M. Dupin indécis s’il acceptera ou refusera un portefeuille.
Sa marotte , c’est un soulier avec lequel il croit avoir sauvé le monde.
Cet homme ou plutôt ce dieu, aux formes athlétiques, c’est Hercule.
Il est revêtu de sa peau de lion , et s’appuie sur une lourde massue
qui porte cette inscription : Discours.
La tremblante Paix est reconnaissable par son rameau, par le
lièvre, symbole de la frayeur , et par son air humble et suppliant.
Dans le fond , Saturne, le Temps, détrôné par son fils , émigre
en emportant la meilleure des républiques. Ce dieu se retire aux
États-Unis. (Ne serait-ce pas Lafayette? )
Le Zodiaque est une manière comique de nous rappeler qu’en juin,
la Balance penchait ; qu’en juillet, le Lion dormait ; que nous mar-
chions à reculons en août, et qu’en septembre nos dieux n’ont encore
pris aucun parti.
Mais ce que j’aime le mieux , disait toujours l’orateur du trottoir ,
c’est l’aigle bâtard et ses foudres , c’est Cerbère, agent de police , qui
garde l’enfer des patriotes , et, surtout, c’est le siège de la Sagesse ,
qui reste vaquant dans l’Olympe de nos dieux. »
Or, nous n’avons pas besoin d’ajouter que rien de tout cela n’a été
dans notre pensée. Nous n’avons voulu faire qu’un pur croquis d’ima-
gination.
Eugène Morisseau.