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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1832 (Nr. 62-112)

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Numéro 70 (1er Mars 1832)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26416#0053

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«g»0 Numéro 70. •—

Tout ce qui concerne la re'daction doit être adresse', franco,
à M. A. Audibert, Re'dacteur en chef de la Caricature,
rue Bergère , n. 19.

C. ASTIti AT RIPEKDO MORES.

MARS 1832.

Les réclamations et envois d’argent doivent être adressés,
franco, au grand Magasin de Caricatures d’Aubert,
galerie Véro-Dodat.

MORALE , RELIGIEUSE , LITTERAIRE ET SCENIQUE.

SES


Caricatura.

MUNIFICENCES JOE MOIS.

La reconnaissance des rois a cela de fort bon, qu’elle est rare, ce
qui en centuple le prix ; et qu’ensuite elle éclate sous des formes bien
plus originales que la vôtre ou la mienne. Les rois, en général, sont
des gens fort plaisans. D’abord, ils sont fort plaisans d’être rois. M’a-t-on
rendu quelque service, à moi, petit, petit : je dis merci, je salue,
je m’en vais ; et, l’occasion venant, je rends service à mon tour. Rien
n’est plus vulgaire, plus triviaL

Les rois reçoivent, mais ne rendent pas de services 5 ils rémunèrent,
ils gratifient. Ils gratifient selon les lieux.

Et, par exemple, Sa Majesté Maroquinoise vous gratifiera de douze
douzaines de peaux, en signe de son auguste satisfaction. C’est très-
bien. Là, du moins, vous pouvez user votre chaussure au service de
l’État, ainsi qu’a fait M. Dupin ; sans craindre qu’une ingrate patrie
vous néglige ensuite comme un va-nu-pieds. Il est de fait que la
France doit à M. Dupin une grande réparation : la réparation de ses
souliers.

En Chine, Sa Majesté vous envoie un gâteau de riz. La largeur du
présent est en exacte proportion avec l’étendue de votre mérite. Le
pâtissier de la cour a différens moules de reconnaissance ; et c’est âu
pouce qu’il mesure le dévouement. Heureux le patriote chinois, qui
peut digérer une brioche de vingt-cinq livres! C’est la plus grande
dimension connue de la gratitude impériale. Cela ne s’accorde qu’aux
services à perte de vue.

En Égypte, la vertu se paie en bêtes plus ou moins féroces. Le boa,
revient de droit au simple fonctionnaire qui n’a inventé qu’une cons-
piration ; l’hyppopotame, à la fidélité sans bornes ; le tigre, au dé-
vouement connu par de nombreuses dénonciations ; et ainsi de suite
jusqu’au rhinocéros, faveur exclusivement réservée au talent le plus
gigantesque, au mérite le plus pyramidal. Il n’y a plus rien après le
rhinocéros, si ce n’est la fille du Pacha. Celui qui obtient le rhino-
céros, peut mourir désormais. Il a assez vécu pour la gloire , à moins,

toutefois, qu’il ne pousse l’ambition jusqu a la paire de rhinocéros, et
qu’il 11e veuille le mâle et la femelle.

En Turquie, cela diffère encore. Sa Hautesse vous fait cadeau
d’une Odalisque toute neuve, ou bien vous fait mettre à la porte de
la Porte: ce qui, relativement aux habitudes tranchantes des succes-
seurs deMahomet, est la plus grande faveur, selon moi, quelle puisse
vous accorder.

Dans le pays de Tombouctou, s’il faut en croire M. Caillet, le chef
vous emprunte votre femme pour quelques jours, et daigne contri-
buer à l’accroissement de votre petite famille. Quel honneur! quel
honneur ! je suis votre humble serviteur !

Dans un état voisin de Tombouctou, c’est tout l’inverse. La prin-
cesse, qui est une grande diablesse de négresse, ayant des breloques
de montre à son nez camus, vous offre la table , le logement, etc. ,
aux frais de son gouvernement.

En Russie , le Czar ne vous donne rien, ce qui est déjà beaucoup
de sa part.

En Autriche, on vous nomme barjn. J’aime mieux les gâteaux de
Pékin, et presqu’autant la négresse, ou les prix Monthyon.

En Angleterre, on vous chamarre de croix et de rubans , et même
on vous comprend dans quelque fournée de pairs, ce qui se rappro-
che un peu du système chinois. Seulement, c’est vous qu’on fait ga-
lette.

Le Saint-Père , lui, vous fait baiser son pied pour de l’argent. Sa
Sainteté gagne doublement à ce qu’on lui rende des services.

Le roi d’Espagne, qui est grelu, vous fait baiser sa main ; et, ne
pouvant vous nommer noble, car tous les Espagnols sont nés nobles,
il vous admet à l’honneur de le voir manger, boire, dormir, ou chan-
ger de chemise. Le changement de chemise est tout ce qu’il y a de
plus flatteur.

Je n’en finirais pas.

Tant il y a que nous autres, nous n’avons rien à envier, Dieu
merci! aux Maroquins, aux Chinois, aux Turcs, aux Egyptiens, aux
Nègres, etc., pour ce qui est de la reconnaissance. Nous ne par-
lerons pas de la royauté, qui est irresponsable, jusqu’à nouvel ordre.
En France, il est convenu que la royauté ne peut mal faire : c’est une
fiction , comme chacun peut s’en convaincre. Nous ne parlerons donc
que de la gratitude ministérielle.
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