DOI issue:
Numéro 98 (20 Septembre 1832)
DOI Page / Citation link: https://doi.org/10.11588/diglit.26416#0218
- Numéro 98.
Tout ce qui concerne la rédaction doit être adresse, franco,
à M. Louis Desnoyers (Derville), Rédacteur en chef*
au Bureau de la Caricature, galerie Vcro-Dodat.
CAST1GAT UlUEEDO MORES.
Les réclamations, abonneinens et envois d’
être adressés, franco, au Bureau de la Caricature,
galerie Véro-Dodat, au-dessus du grand Magasin de
Lithographies d’Aveeut.
20 SEPTEMBRE 1 8
MORALE, RELIGIEUSE, LITTERAIRE ET SCENIQUE.
AVIS.
Nous rappellerons à nos abonnés que le moyen d’éviter tout retard
dans la réception du journal, c'est de ne pas attendre le dernier mo-
ment pour renouveler leur souscriptionj
Ceux de nos souscripteurs qui s'abonneront, pour un an , ou six
mois du moins, jouiront, d'un avantage ; ils n’auront qu’à nous donner
avis de leur volonté, et nous ferons loucher le montant de la souscrip-
tion , sans frais.
Apportant la plus grande attention à l'exécution et au départ de
nos bandes, nous invitons les souscripteurs de la Caiucatcré qui ne
recevraient pas les numéros auxquels ils ont droit, à faire légale-
ment constater cette absence, afin de nous donner les moyens d'exer-
cer nos poursuites contie qui de droit.
-—-
D2 LA RÉTRACTATION.
Chaque semaine est surtout remarquable en un point. Celle-ci,
par exemple, se distinguera par ses mitraillades; celle-là par ses
assommades; celte autre par ses saisies, ses réquisitoires et ses
amendes; cette autre enfin, par ses bourrades, ses noyades ou ses
taillades.
Tant il y a que la semaine qui vient de s’écouler se distingue entre
toutes par le nombre de ses Rétractations. La Rétractation a pris un
développement inconnu jusqu’alors, et pour peu que cela continue,
adieu le duellisme! adieu le tir! le commerce de pistolets, de balles
de liège et de capsules ! adieu ! Je ne donnerais pas cent sous, désor-
mais, du fameux restaurant du bois de Boulogne, asile de paix et
d’innocence, où tant de grandes colères se sont noyées dans le Cham-
pagne; où tant de jalousies, de rancunes, de haines impérissables
sont venues s’assouvir sur le beef-steack aux pommes de terre.
Or, la Rétractation a pris, durant cette semaine, une forme toute
nouvelle; quelque chose de naïf et de gauchement pastoral. C’est à
M. quelle doit, par imitation, ce caractère tant soit peu ridi-
cule. Voici pourquoi.
M. ***, dans son jeune temps, s’était incarné tricolore. Chapeau
tricolore, habit tricolofe, ceinture tricolore, panache tricolore ,
visage tricolore, gants tricolores, tout était tricolore sur lui. C’était
pis qu’un mulet de Provence à son premier voyage. D’où il advint,
quand il eût déserté, que ses grands parens le tancèrent d’impor-
tance pour avoir fait le jacobin; à quoi il répondit, avec cette tar-
tufferie politique qui l’a toujours caractérisé depuis, à savoir, qu’il
avait toujours abhorré, exécré, abominé les couleurs tricolores. «—» Mais
cependant, mon parent, vous vous en êtes coiffé; vous vous êtes
chaussé, babillé, culotté, chemisé tricolore, avec une affectation
qui, certes, dépassait de beaucoup les bornes de la nécessité. •— C’est
vrai; mais si je portais ccs odieuses couleurs, ce n’était que pour
mieux les avilir, les ridiculiser, les infamer. — C’est possible._Et
surtout, pour avoir occasion de leur être parjure. —- Oh ! alors, c’est
bien différent!... votre Rétractation me suffit.... je vous rends ma
très-haute estime.... embrassons-nous, mon parent. »
Une autrefois, M. *** eut occasion de faire une profession de
foi dans un sens tout contraire. Il la fit; il leva bras et jambes ; il re-
protesta de son amour pour ccs glorieuses couleurs; il rejura qu’il les
avait aimées toujours, adorées, regrettées , vénérées. Et puis, il pro-
mit une foule de belles choses. Il eût promis deux sous à un pauvre,
tant ce jour-là, il avait de laisser-aller ! Mais la nécessité passée, ce fut
tout autre chose. — « Connais pas, répondit-il à toutes les somma-
tions qui lui furent faites d’exécuter ses promesses. — Mais souvenez-
vous donc que vous avez promis ceci! — Connais pas. — Que vous
avez promis cela ! — Connais pas. — Mais cependant.... — Connais
pas, vous dis-je. Il se peut qu’en effet vous m’ayez demandé toutes
ces choses, et que je vous aie répondu oui, ou quelque chose d’appro-
chant; mais vous avez mal interprété mes paroles; je les rétracte;
Car pour ce qui serait de promesses de ce genre, connais pas, connais
pas, connais pas. »
Ainsi de suite. Passons à d’autres espèces de Rétractations.
— Les patriotes Lyonnais, dit l’honorable M. Bertin, sont tous
des voleurs de fourchettes et de cuillers d’argent.
Sur quoi, l’un de ces patriotes, arrivé par le télégraphe, je crois, se
présente immédiatement à lui : —« Monsieur, je suis l’un de ces voleurs
de fourchettes... —Enchanté, Monsieur, de faire votre connaissance...
Donnez-vous donc la peine de vous asseoir... — Ne faites pas attention,
ce n’est pas nécessaire. Je vous apporte une Rétractation formelle que
Tout ce qui concerne la rédaction doit être adresse, franco,
à M. Louis Desnoyers (Derville), Rédacteur en chef*
au Bureau de la Caricature, galerie Vcro-Dodat.
CAST1GAT UlUEEDO MORES.
Les réclamations, abonneinens et envois d’
être adressés, franco, au Bureau de la Caricature,
galerie Véro-Dodat, au-dessus du grand Magasin de
Lithographies d’Aveeut.
20 SEPTEMBRE 1 8
MORALE, RELIGIEUSE, LITTERAIRE ET SCENIQUE.
AVIS.
Nous rappellerons à nos abonnés que le moyen d’éviter tout retard
dans la réception du journal, c'est de ne pas attendre le dernier mo-
ment pour renouveler leur souscriptionj
Ceux de nos souscripteurs qui s'abonneront, pour un an , ou six
mois du moins, jouiront, d'un avantage ; ils n’auront qu’à nous donner
avis de leur volonté, et nous ferons loucher le montant de la souscrip-
tion , sans frais.
Apportant la plus grande attention à l'exécution et au départ de
nos bandes, nous invitons les souscripteurs de la Caiucatcré qui ne
recevraient pas les numéros auxquels ils ont droit, à faire légale-
ment constater cette absence, afin de nous donner les moyens d'exer-
cer nos poursuites contie qui de droit.
-—-
D2 LA RÉTRACTATION.
Chaque semaine est surtout remarquable en un point. Celle-ci,
par exemple, se distinguera par ses mitraillades; celle-là par ses
assommades; celte autre par ses saisies, ses réquisitoires et ses
amendes; cette autre enfin, par ses bourrades, ses noyades ou ses
taillades.
Tant il y a que la semaine qui vient de s’écouler se distingue entre
toutes par le nombre de ses Rétractations. La Rétractation a pris un
développement inconnu jusqu’alors, et pour peu que cela continue,
adieu le duellisme! adieu le tir! le commerce de pistolets, de balles
de liège et de capsules ! adieu ! Je ne donnerais pas cent sous, désor-
mais, du fameux restaurant du bois de Boulogne, asile de paix et
d’innocence, où tant de grandes colères se sont noyées dans le Cham-
pagne; où tant de jalousies, de rancunes, de haines impérissables
sont venues s’assouvir sur le beef-steack aux pommes de terre.
Or, la Rétractation a pris, durant cette semaine, une forme toute
nouvelle; quelque chose de naïf et de gauchement pastoral. C’est à
M. quelle doit, par imitation, ce caractère tant soit peu ridi-
cule. Voici pourquoi.
M. ***, dans son jeune temps, s’était incarné tricolore. Chapeau
tricolore, habit tricolofe, ceinture tricolore, panache tricolore ,
visage tricolore, gants tricolores, tout était tricolore sur lui. C’était
pis qu’un mulet de Provence à son premier voyage. D’où il advint,
quand il eût déserté, que ses grands parens le tancèrent d’impor-
tance pour avoir fait le jacobin; à quoi il répondit, avec cette tar-
tufferie politique qui l’a toujours caractérisé depuis, à savoir, qu’il
avait toujours abhorré, exécré, abominé les couleurs tricolores. «—» Mais
cependant, mon parent, vous vous en êtes coiffé; vous vous êtes
chaussé, babillé, culotté, chemisé tricolore, avec une affectation
qui, certes, dépassait de beaucoup les bornes de la nécessité. •— C’est
vrai; mais si je portais ccs odieuses couleurs, ce n’était que pour
mieux les avilir, les ridiculiser, les infamer. — C’est possible._Et
surtout, pour avoir occasion de leur être parjure. —- Oh ! alors, c’est
bien différent!... votre Rétractation me suffit.... je vous rends ma
très-haute estime.... embrassons-nous, mon parent. »
Une autrefois, M. *** eut occasion de faire une profession de
foi dans un sens tout contraire. Il la fit; il leva bras et jambes ; il re-
protesta de son amour pour ccs glorieuses couleurs; il rejura qu’il les
avait aimées toujours, adorées, regrettées , vénérées. Et puis, il pro-
mit une foule de belles choses. Il eût promis deux sous à un pauvre,
tant ce jour-là, il avait de laisser-aller ! Mais la nécessité passée, ce fut
tout autre chose. — « Connais pas, répondit-il à toutes les somma-
tions qui lui furent faites d’exécuter ses promesses. — Mais souvenez-
vous donc que vous avez promis ceci! — Connais pas. — Que vous
avez promis cela ! — Connais pas. — Mais cependant.... — Connais
pas, vous dis-je. Il se peut qu’en effet vous m’ayez demandé toutes
ces choses, et que je vous aie répondu oui, ou quelque chose d’appro-
chant; mais vous avez mal interprété mes paroles; je les rétracte;
Car pour ce qui serait de promesses de ce genre, connais pas, connais
pas, connais pas. »
Ainsi de suite. Passons à d’autres espèces de Rétractations.
— Les patriotes Lyonnais, dit l’honorable M. Bertin, sont tous
des voleurs de fourchettes et de cuillers d’argent.
Sur quoi, l’un de ces patriotes, arrivé par le télégraphe, je crois, se
présente immédiatement à lui : —« Monsieur, je suis l’un de ces voleurs
de fourchettes... —Enchanté, Monsieur, de faire votre connaissance...
Donnez-vous donc la peine de vous asseoir... — Ne faites pas attention,
ce n’est pas nécessaire. Je vous apporte une Rétractation formelle que