DOI Heft:
Numéro 92 (9 Août 1832)
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J4
-— Numéro 92. «
Tout ce qui concerne la rédaction doit être adresse', franco,
à M. Louis Desnoyers (Derville), Rédacteur en chef,
au Bureau de la Caricature, galerie Véro-Dodat.
CASTÏGXT RinKNPO MORES,
Les réclamations, abonnemens et envois d’argent doivent
être adresses, franco, au Bureau de la Caricature,
galerie Vcro-Dodat, au-dessus du grand Magasin de
Lithographies d’Aubert.
MORALE , RELIGIEUSE , LITTERAIRE ET SCENIQUE.
_-—-- —™—JMQeægtgZ
TABLEAUX DE FANTAISIE.
LES 48 INTERROGATOIRES D’UN SCÉLÉRAT.
( La scène se passe dans le cabinet d’un juge d’instruction , entre le
scélérat, jeune homme de 16 à 17 ans, qui a l’air d’un grand inno-
cent , et le juge d'instruction qui a T air d’un grand coupable. )
Première séance.
M. Déjacomique. Introduisez le prévenu. (Ze prévenu est introduit,.
M. Déjacomique achève le Constitutionnel, mange une côtelette, finit
une bouteille, et cause avec son greffer, durant une bonne heure; après
quoi, il regarde à sa montre, se lève et dit :)— Remettez le prévenu
au secret.
Deuxième séance.
M. Déjacomique. Introduisez l’accusé. ( L'accusé est introduit..
M. Déjacomique achève le Constitutionnel et mange une côtelette ;
après quoi, il regarde à sa montre, et dit :) — Remettez l’accusé au
secret.
Troisième séance.
M. Déjacomique. Introduisez le criminel. (Le criminel est introduit.
M. Déjacomique achève le Constitutionnel et mange une côtelette ;
après quoi : )—Eugène Ledoux , quel est votre nom ?
Le criminel. Eugène Ledoux.
M. Déjacomique. Il en convient ! Ecrivez, greffier , qu’Eugène
Ledoux avoue se nommer Eugène Ledoux. C’est là un aveu de la
plus haute gravité ! ( M. Déjacomique achève sa bouteille , se récure
les ongles , cause avec son greffer, regarde à sa montre , se lève et
dit : j — Qu’on remette le criminel au secret.
Quatrième séance.
M. Déjacomique. Introduisez le scélérat. ( Le scélérat, est introduit.
M. Déjacomique achève le Constitutionnel, et mange une côtelette,
après quoi : ) — Eugène Ledoux , comment vous nommez-vous ?
Le scélérat. Eugène Ledoux.
M. Déjacomique. Ecrivez que le scélérat, vivement pressé par nos
questions, a fini par confesser qu’il se nomme Eugène Ledoux.
(A/. Déjacomique achève sa bouteille, regarde à sa montre, se lève et
dit : ) —• Qu’on remette le scélérat au secret !
(Ze scélérat est reconduit. Ici meme scène se renouvelle quarante-
trois fois encore, ce qui fait quarante sept séances, à Teffet d'éclairer
la justice. Enfin, M. Déjacomique, non satisfait des vives lumières
que lui ont procurées ces nombreux interrogatoires , se décide à porter
plus avant le flambeau de Vinvestigation. )
quarante-huitième et dernière séance.
M. Déjacomique. Qu’on introduise l’infâme. (L’infâme est introduit.
M. Déjacomique achève le Constitutionnel, et tout en mangeant sa
côtelette, en buvant sa bouteille, en se récurant les ongles, et en plai-
santant avec son greffer, il procède, la bouche pleine , à l'interro-
gatoire suivant). — Eugène Ledoux, vous avez 17 ans, vous êtes étu-
diant , vous demeurez rue Saint-Jacques. Quel est votre âge , votre
profession , votre domicile?
L’infame. 17 ans, étudiant, demeurant rue St-Jacques.
M. Déjacomique. Ecrivez que le scélérat, dûment confronté avec
lui-même, a fini par confesser qu’il a 17 ans, qu’il est étudiant et
qu’il demeure rue St-Jacques. Or, Eugène Ledoux, vous êtes accusé
d’avoir pris part, les 5 et 6 du mois de juin dernier, à un complot
tendant au renversement du gouvernement. Qu’avez-vous à répon-
dre ?
Eugène Ledoux. J’ai à répondre que.
M. Déjacomique. Silence! Ecrivez que l’accusé a paru visiblement
ému. — Voici maintenant les charges qui s’élèvent contre vous. Et
d’abord , où étiez-vous pendant les journées précitées?
Eugène Ledoux. A Paris.
M. Déjacomique. Ecrivez que l’accusé avoue qu’il était à Paris.
Première preuve , puisque c’est à Paris qu’a eu lieu l’insurrection, et
qu’il était à Paris.
Eugène Ledoux. Mais....
M. Déjacomique. Silence! C’est du moins une coïncidence fort sin-t-
gulière, et que le jury aura à apprécier dans sa sagesse. Il résulte
ensuite, de divers rapports d’agens de police, que, dans la soirée
du 5, vous avez été vu, au café Gobillard, buvant un verre de
punch, tout seul à votre table.
-— Numéro 92. «
Tout ce qui concerne la rédaction doit être adresse', franco,
à M. Louis Desnoyers (Derville), Rédacteur en chef,
au Bureau de la Caricature, galerie Véro-Dodat.
CASTÏGXT RinKNPO MORES,
Les réclamations, abonnemens et envois d’argent doivent
être adresses, franco, au Bureau de la Caricature,
galerie Vcro-Dodat, au-dessus du grand Magasin de
Lithographies d’Aubert.
MORALE , RELIGIEUSE , LITTERAIRE ET SCENIQUE.
_-—-- —™—JMQeægtgZ
TABLEAUX DE FANTAISIE.
LES 48 INTERROGATOIRES D’UN SCÉLÉRAT.
( La scène se passe dans le cabinet d’un juge d’instruction , entre le
scélérat, jeune homme de 16 à 17 ans, qui a l’air d’un grand inno-
cent , et le juge d'instruction qui a T air d’un grand coupable. )
Première séance.
M. Déjacomique. Introduisez le prévenu. (Ze prévenu est introduit,.
M. Déjacomique achève le Constitutionnel, mange une côtelette, finit
une bouteille, et cause avec son greffer, durant une bonne heure; après
quoi, il regarde à sa montre, se lève et dit :)— Remettez le prévenu
au secret.
Deuxième séance.
M. Déjacomique. Introduisez l’accusé. ( L'accusé est introduit..
M. Déjacomique achève le Constitutionnel et mange une côtelette ;
après quoi, il regarde à sa montre, et dit :) — Remettez l’accusé au
secret.
Troisième séance.
M. Déjacomique. Introduisez le criminel. (Le criminel est introduit.
M. Déjacomique achève le Constitutionnel et mange une côtelette ;
après quoi : )—Eugène Ledoux , quel est votre nom ?
Le criminel. Eugène Ledoux.
M. Déjacomique. Il en convient ! Ecrivez, greffier , qu’Eugène
Ledoux avoue se nommer Eugène Ledoux. C’est là un aveu de la
plus haute gravité ! ( M. Déjacomique achève sa bouteille , se récure
les ongles , cause avec son greffer, regarde à sa montre , se lève et
dit : j — Qu’on remette le criminel au secret.
Quatrième séance.
M. Déjacomique. Introduisez le scélérat. ( Le scélérat, est introduit.
M. Déjacomique achève le Constitutionnel, et mange une côtelette,
après quoi : ) — Eugène Ledoux , comment vous nommez-vous ?
Le scélérat. Eugène Ledoux.
M. Déjacomique. Ecrivez que le scélérat, vivement pressé par nos
questions, a fini par confesser qu’il se nomme Eugène Ledoux.
(A/. Déjacomique achève sa bouteille, regarde à sa montre, se lève et
dit : ) —• Qu’on remette le scélérat au secret !
(Ze scélérat est reconduit. Ici meme scène se renouvelle quarante-
trois fois encore, ce qui fait quarante sept séances, à Teffet d'éclairer
la justice. Enfin, M. Déjacomique, non satisfait des vives lumières
que lui ont procurées ces nombreux interrogatoires , se décide à porter
plus avant le flambeau de Vinvestigation. )
quarante-huitième et dernière séance.
M. Déjacomique. Qu’on introduise l’infâme. (L’infâme est introduit.
M. Déjacomique achève le Constitutionnel, et tout en mangeant sa
côtelette, en buvant sa bouteille, en se récurant les ongles, et en plai-
santant avec son greffer, il procède, la bouche pleine , à l'interro-
gatoire suivant). — Eugène Ledoux, vous avez 17 ans, vous êtes étu-
diant , vous demeurez rue Saint-Jacques. Quel est votre âge , votre
profession , votre domicile?
L’infame. 17 ans, étudiant, demeurant rue St-Jacques.
M. Déjacomique. Ecrivez que le scélérat, dûment confronté avec
lui-même, a fini par confesser qu’il a 17 ans, qu’il est étudiant et
qu’il demeure rue St-Jacques. Or, Eugène Ledoux, vous êtes accusé
d’avoir pris part, les 5 et 6 du mois de juin dernier, à un complot
tendant au renversement du gouvernement. Qu’avez-vous à répon-
dre ?
Eugène Ledoux. J’ai à répondre que.
M. Déjacomique. Silence! Ecrivez que l’accusé a paru visiblement
ému. — Voici maintenant les charges qui s’élèvent contre vous. Et
d’abord , où étiez-vous pendant les journées précitées?
Eugène Ledoux. A Paris.
M. Déjacomique. Ecrivez que l’accusé avoue qu’il était à Paris.
Première preuve , puisque c’est à Paris qu’a eu lieu l’insurrection, et
qu’il était à Paris.
Eugène Ledoux. Mais....
M. Déjacomique. Silence! C’est du moins une coïncidence fort sin-t-
gulière, et que le jury aura à apprécier dans sa sagesse. Il résulte
ensuite, de divers rapports d’agens de police, que, dans la soirée
du 5, vous avez été vu, au café Gobillard, buvant un verre de
punch, tout seul à votre table.