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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1832 (Nr. 62-112)

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Numéro 105 (8 Novembre 1832)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26416#0259

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3m6 ANNÉE.

—Numéro 105. -

Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé, franco,
à M, Louis Desnoyers (Déraillé), Rédacteur en chef,
au Bureau de la Caricature, galerie Yéro-Dodat.

CASTICAT RIDEKDO MORES.

— 8 NOVEMBRE 1852. --

Les réclamations, abonnemens et envois d’argent doivent
être adressés, franco, au Bureau de la Caricature,
galerie Véro-Dodat, au-dessus du grand Magasin de
Lithographies d’Àvbert.

POLITIQUE, MORALE, LITTERAIRE ET SCENIQUE.

PARIS EN ÉTAT RE CIERGE.

Il ne manque qu’une seule chose au maintien de la tranquillité pu-
blique, c’est que cette tranquillité soit troublée. Jæ besoin d’une
éméute se fait généralement sentir.

Dieu! ùne émeute ! Qui leur donnera une émeute! Une émeute
quelle quelle, grande ou petite, rouge du blanche, avec ou sans coups
de fusils, avec ou sans barricades, avec ou sans enfans de trois ans ;
une émeute au caillou, au tesson de bouteille, au sabre ou au bâton ,
n’importe * quelque chose enfin qui puisse rallier à l’ordre de choses,
pour quelques semaines encore, les peureux, les tremblards, les ta-
merlans ?

Car, voyez-vous, il n’y a pas de gouvernement possible sans mi-
nistère ; pas de ministère possible sans enthousiasme 5 et pas d’en-
thousiasme possible sans émeute.

Je me trompe 5 il y a une autre manière encore d’exciter l’enthou-
siasme : c’est de faire de grandes et belles choses, de gagner des ba-
tailles, de rendre le peuple heureux. Hé bien ! je ne sais pourquoi,
mais ils ont eu beau se trémousser clans ce genre-là, rien n’a pu leur
réussir. C’est en vain qu’en fait de victoires, ils ont remporté celles
de Jemmapes et de Valmy ; en vain que le prince Rosolin a déjà con-
quis la Belgique, qu’il va la conquérir de nouveau, que même il s’en
fera une habitude si cela est nécessaire -, c’est en vain, qu'en fait de
grandes choses, ils ont bouleversé le jardin des Tuileries, gâché la fa-
çade du palais, transformé en caserne le pavillon de l’Horloge, et sur-
tout creusé ces admirables fossés qui entourent le monarque-citoyen, à
la place d’institutions républicaines 5 c’est en vain, qu’en fait de bon-
heur populaire, ils ont promis à l’indigence des sommes énormes
qu’ils promettent encore, qu’ils promettront toujours, tant ils sont gé-
néreux ; vainement enfin que grâce à eux , le commerce a repris une
nouvelle activité, particulièrement sur la place du Châtelet ; tout cela
est comme non-avenu. Le peuple se moque de Jemmapes et de Valmy ;
il se rit des éternelles conquêtes de la Belgique ; il hausse les épaules
en passant devant les Tuileries 5 il baisse tristement la tête sur la
place du Châtelet; et il crache dans les fossés pour y faire des petits
ronds. Les grenouilles de la monarchie obtiennent seules son suffrage ;
intéressant animal qui entoure également la monarchie-citoyenne.

Comme vous le voyez, il n’y a plus que l’émeute; car l’émeute a
cela de bon, quelle peut tout suppléer. Avec une émeute chaque jour,
un gouvernement serait parfaitement tranquille. L’émeute jette la ter-
reur parmi les bas de coton ; elle époutevasse la canelle ; elle froisse le
cinq pour cent ; elle effraie le calicot; elle épouvante la filoselle; enfin
tout ce qui ne comprend guères, en fait de liberté, que la liberté de
circuler dans les rues ; tout cela, épicier, bonnetier, courtier-marron,
marchand de peaux de lapin, etc. , se jette, au premier bruit d’é-
meute, dans le plateau de la balance qui lui semble verser , afin d’en
rétablir l’équilibre. Mais l'équilibre ne se rétablit pas ; épicier ,
bonnetier , courtier , marchand de peaux , etc. , tout cela est fort
pesant de sa nature ; et le plateau ministériel finit toujours par l’em-
porter.Et alors,l’état de siège.Et alorsjes grands bulletins de victoire.

Et alors, les commissions militaires, les arrestations, les visites do-
miciliaires, tout ce qui fait le charme d’une monarchie entourée d’ins-
titutions et de sergens de ville. Et alors, tout ce que vous avez vu.

Et enfin cette terreur panique , cette colique , cette tranchée gé-
nérale , ce borboryme universel qu éprouvé en temps d'émeutes' la
classe mitoyenne. Il y a des journalistes qui appellen t cela de l’enthou-
siasme. C’est fort. Il y a même des gouvernemens qui sont assez peu
difficiles pour s’en contenter. C’est encore plus fort.

Malheureusement, cette colique d’enthousiasme ne dure guères.
C’est l’affaire de quelques jours. Le borboryme une fois passé, chacun
reprend ses sens et son bon sens ; chacun rentre dans son opinion ,
s’il en a une, et dans son indifférence, s’il n’en a pas.

De là, la dure nécessité que des émeutes fréquentes entretiennent
la classe moyenne dans cet utile amour, ou plutôt dans cette utile
tranchée pour l’ordre des choses.

Or, nous en sommes là. L’enthousiasme de juin est éteint; la
colique est passée ; les tremblards recommencent même à murmurer.
Comment faire pour leur redonner çette bienfaisante colique ?

Hélas ' je ne vois qu’une émeute. Avec une émeute rien n’est dé-
sespéré encore. Sans émeute, je ne donnerais pas deux sous de l’ordre
de choses.

C’est bien ce que pensent aussi tous nos profonds gouvernarlleurs.
Ils donneraient beaucoup , soyez-en sûrs, pour une émeute , pour un
semblant d’émeute , pour une velléité d’émeute, pour quoi que soit
qui eût l’air de ressembler à une apparence de rassemblement. Trois
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