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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1832 (Nr. 62-112)

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Numéro 109 (6 Décembre 1832)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26416#0282

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• ——o Numéro 109. ««*“-

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Tout ce qui concerne la rédaction doit être adresse', franco,
à M. Louis Desnoyers (Deiville), Rédacteur en chef,
au Bureau de la Caricature, galerie Vé o-Dodat.

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3me AHNÉE.

CASTÏG AT BIDEKDO MOHÜS,

0 DÉCEMBRE 185$

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Les réclamations, abonncmens et envois d’argent doivent
être adressés, franco, au Bureau de la Caricature,
galerie Vcro-Bodat, au-dessus du grand Magasin de
Lithographies d’Aubert.

POLITIQUE, MORALE 9 LITTERAIRE ET SCENIQUE.

isaw

SALMIGONDIS.

L’habitude, c’est tout.

Pincez-vous de la guitare ? Cessez un mois seulement de gràbottcr
ce roi des instrumens, cet instrument que j’appelle roi, non parce qu’il
en est le meilleur, mais bien le pire; et alors, essayez de nous pincer
un petit air ! Chaque corde paraîtra un câble à vos doigts désappris.
Autant vaudrait que vous nous pinçassiez quelque petit nocturne sui-
tes cordages d’un navire. Vous n’ètes plus bon qu’à accompagner le
fameux couplet de la Parisienne :

Soldat du drapeau tricolore ,

D’Orléans, toi qui l’as porté.

Etes-vous fin danseur, et pourriez-vous, au besoin, en vous plaçant
tète en bas, pieds en l’air, sur le sommet d’une montagne, servir de
télégraphe, et suffire seul à annoncer, par entrechats, jetés-battus et
pas de si-sol, les victoires futures du prince Rosolin ? Hé bien ! essayez
du repos, et lancez-vous ensuite! Ce sera comme si vous vous étiez
mis dix livres de plomb aux jambes. Vous aurez désormais toute la
grâce d’un Savoyard. Vous ne serez plus apte qu’à danser la courante
à la cour de Sa Majesté.

Etes-vous prestidigitateur ? Possédez-vous tous les secrets de la gi-
becière, tous les arcanes du gobelet, toutes les ruses de la muscade,
toutes les vertus de la poudre de perlin-pin-pin ? Etes-vous un filou de
bon ton ? Connaissez-vous la puissance du coup de pouce, et pouvez-
vous accaparer les rois en jouant à l’écarté, seule circonstance où en
effet les rois soient bons à quelque chose ? Hé bien ! faites comme le
peuple après son œuvre immense,c’est-à-dire après qu’il eut, dit-on ,
créé une royauté qui devait lui fournir aisance et travail ; en un mot,
croisez-vous les bras. Adieu l’adresse de la gibecière et du gobeletI A.dieu
les vertus sans pareilles de la poudre de perlin-pin-pin ! Adieu la
prestesse du coup de pouce ! Vous n’êtes plus bon qu’à escamoter des
programmes de juillet; vous n’ètes plus bon qu’à filouter les contri-
buables , plus bon qu’à passer des marchés onéreux ; toutes choses
qui demandent beaucoup de perversité, mais de talent fort peu.

Enfin , êtes-vous un général de naissance, un de ces héros prédes-
tinés qui viennent au monde avec des épaulettes de général, comme
certains autres avec une bosse ou une verrue ; parla raison qu’ils sont

progéniture de prince ; en un mot, seriez-vous le général Egalité lui-
même ; seriez-vous même le plus grand capitaine du siècle ; seriez-
vous le baron Athalin ou le prince Rosolin , que, si vous vous laissez
aller à la fainéantise, il n’y a plus moyen que vous vous permettiez
désormais le plus mince fait d'armes. Je suis bien sûr qu’à l’heure
qu’il est le général Egalité, si courageux qu’il soit resté comme
homme, ne pourrait plus, comme général, se tirer du moindre dé-
filé, ordonnancer la plus petite retraite, gagner la moindre escar-
mouche, ni surtout, lui second, faire son trou dans une armée en-
nemie, au risque de n’en pas ressortir. Et pour ce qui est du ba-ron
Athalin, sa longue lacune d’exploits m’explique parfaitement pour-
quoi il ne peut plus rien faire de bien,depuis sa victoire de Marengo.

Or, Fanfan ne pince pas de la guitare, je me plais à le croire dans
l’intérêt des sociétés qu’il fréquente ; et s’il est possible qu’il cultive la
prestidigitation comme talent d’agrément, et qu’il escamote des bou-
lettes à la satisfaction générale (et Dieu sait si, cela étant, il doit en man-
quer au sein de sa famille ! ), au moins, le ciel me gardé de supposer
qu’il triche à l’écarté, et qu’il connaisse l’art du coup de pouce ! C’est
un art, celui-là, qui n’est pas fait pour lui ; il n’en a pas besoin. Mais,
ce qu’il y a de certain , c’est qu’il cultive la danse et la gloire avec un
égal succès, la danse surtout; et qu’il ne doit ces éclatans succès,
dans l’un et dans l’autre genre, qu’à la seule habitude. S’il cessait un
instant de faire des jetés-battus ou de lâcher le haut fait, son jarret
se rouillerait, et ses reins ne seraient plus de force à porter sa charge
de lauriers.

Car, je vous le répétée, l’habitude, c’est tout.

Donc, ne vous étonnez plus de la mesquinerie de la dernière émeute,
de ce coup de pistolet sans balle, de cette insurrection réduite à sa
plus simple expression. Les faiseurs ordinaires s’étaient rouillé la main
depuis long-temps qu’ils étaient là sans rien faire. Ne vous étonnez
pas non plus de la pauvreté de cette triste comédie qu’on a représentée
après le si plaisant mélodrame du Pont-Royal. Je veux parler de la
revue d’ensuite. Il était facile de voir que la royauté avait perdu, faute
d’exercice, un peu de cet aplômb de démarche, de cette grâce de
salut, de cette aisance de tête, d’avant-bras et de chapeau, qui la dis-
tinguaient dans les précédentes. On voyait bien aussi, au peu d’in-
tensité des vivat, que la garde nationale s’était quelque peu enrçuée
dans un trop long silence.
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