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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1832 (Nr. 62-112)

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Numéro 76 (12 Avril 1832)
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Numéro 7 6. «

Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé, franco,
à M. A. àudibekt, Rédacteur en chef de la Caricature,
rue Bergère , n. 19.

CA ST IG AT RIDENDO MORES.

être adressés, franco, chez M. Auih.ht. au grand Ma-
gasin de Caricatures, galerie Véro-Dodat.

MORALE, RELIGIEUSE, LITTERAIRE ET SCENIQUE.

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(Caricature Ci.

EPITRE AUX CHIFFONNIERS,

SOBVELLE ÉDITION, KEVBE, COKRICEE, NETOTÉe , CAMPHREE ET CONSIDÉRABLEMENT CHLORUREE j

PAR M. VIENNET, ACADÉMICIEN DÉSINFECTÉ.

Le chiffonnier, c’est le hibou de la civilisation ; mais ce n’est pas de
cela qu’il s’agit. Le chiffonnier a un grand tort envers le gouverne-
ment, c’est d’avoir faim. Le chiffonnier a faim; il a faim comme le
Roi, comme les ministres, comme les préfets, comme les gardes-
cliampêtres; et même il a faim beaucoup plus souvent que le Roi et
les gardes-champêtres.

Or, quand le chiffonnier a faim, le chiffonnier crie ; quand le chif-
fonnier crie, son épouse crie; quand son épouse crie, ses enfans
crient; quand une personne crie, il y a émeute; quand il y a
émeute, la société est en péril; quand la société est en péril, la cas-
sonade baisse de prix. La société est donc en péril, car on crie, car
il y a émeute, car les chiffonniers ont faim, car la cassonade a baissé
de prix. Le chlore seul est en hausse.

Les chiffonniers ont faim , pourquoi? parce qu’ils n’ont pas à man-
ger. Us n’ont pas à manger, pourquoi? parce qu’il y a une police. Il y
a une police, pourquoi? je n’en sais rien.

Tant il ya que les chiffonniers ont faim. Ce qu’apprenant, M.Périer
s’écria : —Voilà de bien grands malotrus! qu’on fasse venir M. Vien-
ne!.

On fit venir M. Viennet, et il lui dit : —M.Viennet, vous entre-
tenez, je le sais, des relations littéraires avec les chiffonniers.—
Il est vrai, répondit l’académicien. Je leur ai adressé jadis une
lettre en vers qui, j’ose le croire, est parvenue à son adresse.—
Hé bien! faites-leur en distribuer les exemplaires restans, car ils
ont faim. — Impossible : ils les ont tous depuis long-temps.
— Hé bien donc, allez les haranguer, vous dont les ouvrages leur

sont précieux. — Je vais les haranguer, car mes ouvrages leur sont
précieux.

M. Viennet monta dans un nouveau tombereau, et s’étant fait
amener sur le quai de la Féraille, il harangua les chiffonniers à peu
près en ces termes :—Mes amis, je suis monsieur Viennet, le député-
académicien , l’auteur moi-même de la fameuse épître que je vous
dédiai. — Bravo ! bravo ! et de la Philippide aussi.

—Oui, mes amis, oui, oui. Je suis enchanté que tous mes ouvrages
vous soient connus; et qu’ils aient contribué à jeter quelque con-
solation sur votre existence. C’est là le vrai but de la bonne et saine
littérature, comme nous l’entendons, mes confrères et moi. Hé
bien ! donc, puisqu’il en est ainsi , vous ne fermerez point l’oreille
à mes avis. Et d’abord, ne vous rassémblez pas en si grand nombre
sur la voie publique; c’est contraire aux sages prescriptions de l’au-
torité, relativement au choléra.

— Mais on nous a remplacés par des tombereaux. Nous n’avons
plus de domicile.

—• C’est égal, mes amis, rentrez chez vous; vous y serez moins ex-
posés au choléra.

— Mais nous n’avons {dus de pain.

—- C’est égal, mes amis, vivez bien; ne mangez que des choses saines
et substantielles ; du veau rdti, par exemple, du bœuf, du poulet; mais
pas de canard , oh! diable! pas de canard! le canard est un animal
extrêmement indigeste. L’autorité vous supplie, dans" votre intérêt
même, de ne pas manger de canard, ni de dinde truffée. La truffe est
échauffante et lourde. Promeltez-moi donc de ne manger ni canards,
ni truffes. Ensuite, buvez du bon vin, pour vous fortifier contre le
choléra !

— Mais nous n’avons pas même de l’eau.

— C’est égal, mes amis ; buvez du bon vin , du vin de Bourgogne,
du clos Vougeot, du Chambertin. Mêlez-y,si vous voulez, un peu
d’eau de Seltz. Abstenez-vous de vin de Champagne ; et surtout point
de café , ni de liqueurs après dîner. Vous pouvez néanmoins boire un
peu de punch à la mélisse. C’est un très-bon cholérifuge. En troi-
sième lien, tenez-vous chaudement.

— Mais nous n’avons pas d’habits.

— C’est égal, mes amis. Portez de la flanelle sur la chair même.
Couvrez-vous d’habits bien épais, bien fins, bien moelleux, avec un
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