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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1832 (Nr. 62-112)

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Numéro 73 (22 Mars 1832)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26416#0071

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Numéro 75.-

Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé, franco,
à M. A. Audidert, Rédacteur en chef de lu Caricature,
rue Bergère , n. 19.

mmmr

— 22 mars 1852.

Les réclamations et envois d’argent doivent être adressés,
franco, au grand Magasin de Garicaturcs .TAuihert,
galerie Véro-Dodat.

CA ST IG A T RIDENDO MOUES.

MORALE, RELIGIEUSE » LITTERAIRE ET SCENIQUE.

Ceux de nos Souscripteurs dont l’abonnement expire à la
fin de Mars sont invités à le renouveler sans retard, s'ils ne
veulent point éprouver d’interruption.

LE PHILIPOTIN.

Le Philipotin n’est ni petit ni grand , ni gros ni fluet ; seulement il
est mâle par le sexe. Il a une tête, parce que tout le monde en a une ;
mais aucun trait saillant ne la caractérise particulièrement, pas plus que
les autres membres de son individu, de la propriété desquels il ne se-
rait pas précisément sûr, si quelqu’un venait à se donner la peine de
la lui contester.

Doué de pareils agrémens personnels, lePhilipotin devait prendre
sa place dans ce monde, par la raison que chacun a la sienne5 il se fit
épicier. C’était en i8i5 ; après avoir fait emplette d’une enseigne , il
fallut faire celle d’une couleur politique, le Philipotin connaissait
beaucoup de Bonapartistes: un soir, l’un d’eux l’appela libéral, il
monta tout exaspéré dans sa chambre, cria : vive l'Empereur ! entre
ses deux matelas, et, le lendemain, il prit un quart d’abonnement
au Constitutionnel.

Puis, la France perdit Louis XVIII, et le Philipotin perdit son
oncle-, elle prit Charles X, et le Pliilipotin prit une femme ; puis elle
chassa Charles X, et le Philipotin chassa sa cuisinière. Cette identité
d’événemens fut le seul genre de rapports que le Philipotin eut jamais
avec le gouvernement parjure.

Arrivé au 27 juillet, le Philipotin ne sut que devenir, le Constitu-
tionnel n’ayant pas paru : il s’abstint donc. Le 28, il fit un tour dans
ses caves, pour vérifier letat normal de ses fromages et de ses huiles.
Dans la soirée du 29 , son indignation éclata dans toutes ses dimen-
sions , et on ne put l’empêcher d’aller prendre le Louvre qn’cn l’as-
surant que les patriotes en étaient déjà maîtres depuis le matin.

A dater de ce jour seulement, commence ,lâ vie politique du Phi-»
lipotin. Ayant été chez une mauvaise pratique, pour se faire solder
un compte arriéré , il demanda son argent, on lui offrit un fauteuil ;
il présenta son mémoire, on lui proposa un brevet; il était venu
simple épicier sans insigne, il s’en retourna décoré de juillet. Alofâ,
il prit une moitié,d'abonnement au Constitutionnel.

Les promesses patriotiques qu’il y lut tout au long le ravirent
d'aise, parce que tout le monde était ravi; niais ce fut bien autre
chose, et ce fut alors du ravissement à Son seul compte particulier,
lorsqu’une main royale serra sa main citoyenne» Pendant quinze jours
on ne put le décider à nettoyer cc fragment historique de son être; Je
jour qu’il s’y résigna on l’entendit s’écrier : « Ah ! voilà le véritable
« monarque des épiciers. Le Constitutionnel ne l’a pas encore dit ;
k mais c’est ça ! »

Dès ce moment, ce ne fut plus, pour le Philipotin, que rêves
d’ordre public, crispations de revues, de gardes, d’exercice, d’arres-
tation et de palrouillotisme. Le bonnet de police remplaça la casquette
de loutre, il ne quitta plus le pantalon à baguettes. Il lui arriva même
nnc fois de répondre : Portes armes! à quelqu’un qui lui demandait
du chocolat.

Certain jour, cependant, un événement vint chagriner l’enthou-
siasme du Philipotin. Dans une charge brillante de sa compagnie contre
quelques citoyens sans défense, sa baïonnette frappa Tun d’eux, et
l’étendit sur le pavé. — « Comment! se dit le Philipotin, moi, l’homme
« le plus pacifique de la terre, voilà que j’ai tué un homme, quand
« je ne me sentirais pas le courage d’égratigner un Cosaque! » Et il
fut trouver sa pratique pour lui soumettre ses scrupules.

Quand celle-ci l’eut écouté : — « D’abord, lui répondit-elle, en-
« voyez-moi demain trois pains de sucre et dix livres de bougies. »
Ensuite, elle lui expliqua comme quoi ce n’était point un homme,
mais un perturbateur, un ennemi du trône et du comptoir, dont il
avait débarrassé la patrie, laquelle ne manquerait pas , en cette cir-
constance, de lui adjuger le Panthéon à domicile : c’est-à-dire la croix
de la Légion-d’Honneur.

Mais, comme le Philipotin semblait encore conserver des doutes ,
et faisait certaines réflexions qu'il ne devaitpas avoir puisées au Cons-
titutionnel, sa pratique l’assura qu’elle se ferait fort de l’associer, lui
et madame son épouse, aux joies du trône . aux bals de la cour, où
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