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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1832 (Nr. 62-112)

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Numéro 96 (6 Septembre 1832)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26416#0206

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Numéro 96.

Tout ce qui concerne la rédaction doit être adresse', franco,
à M. Louis Desnoyers (Derville), Rédacteur en chef,
au Bureau de la Caricature, galerie Ve'ro-Dodat.

CASTIGAT RIRENDO MORES.

6 SEPTEMBRE

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Les réclamations, abonnemens et envois d’argent doivent
être adressés, franco, au Bureau de la Caricature,
galerie Véro-Dodat, au-dessus du grand Magasin de
Lithographies d’Aubert.

MORALE, RELIGIEUSE, LITTERAIRE ET SCENIQUE.

DES SIX ÉTAGES DU CRIME.

Ainsi que la vertu, le crime a six degrés.

L’Ambigu nous l’avait déjà prouvé, ainsi qu’il doit vous en souve-
nir; mais M. Persil n’a sans doute point trouvé la preuve suffisante.
Il vient de reprendre le mélodramme en sous-œuvre, et d’en donner
une nouvelle représentation devant la Cour d’Assises ; laissant de côté,
d’ailleurs, tout ce qui regarde la vertu. Il est facile de voir, à l’étude
spéciale que M. Persil a faite du crime, qu’il a dû quelque peu né-
gliger celle de la vertu.

Mais en revanche aussi, comme cet homme-là possède le crime !
manie le crime! anatomise le crime! comme, alors qu’il en parle, il
paraît plein de son sujet ! On l’a dit avec raison , si le crime n’existait
pas, M. Persil l’inventerait. Je soutiens qu’il est diablement difficile
de rester innocent, quelque honnête homme qu’on soit d’ailleurs,
pour peu que M. Persil veuille bien s’en mêler. Amenez-lui Platon ,
amenez-lui Socrate, amenez-lui tous les sages de la Grèce ,et tous les
saints du paradis; je gage qu’en vingt paroles, M. Persil en fait
des scélérats fieffés ! Il vous prouvera que Platon a tué père et mère,
que Socrate a volé un mouchoir de poche, et que saint Barnabé a
crié vive la république ! M. Persil prouverait même que vous avez
enlevé les tours de Notre-Dame, quitte à prouver, une autre fois, que
les tours de Notre-Dame ont été enlevées. Ce dernier point, d’ailleurs,

importerait fort peu.

C’est surtout dans le dernier procès du National, que M. Persil a
bien montré à tous ce dont il est capable. M. Persil est capable de
tout. Si M. Persil se fait jamais Saint-Simonien, et que le père En-
fantin veuille jauger sa capacité , afin de l’employer selon, le révé-
rend père sera vraiment embarrassé de lui fixer telle ou telle voca-
tion le trouvant propre a tout, a faire des bottes comme des réquisi-
toires, à peindre des enseignes comme à noircir un criminel, à
étriller des chevaux comme à bouchonner le gouvernement. Quant à
moi, je le ferais travailler dans la partie des cuirs. Il aurait moins

d’apprentissage à faire.

C’est donc à savoir que MM. Iiingray et Paulin , l’un imprimeur,
l’autre gérant du National, lesquels n’ont pas encore l’honnenr d’être

des saints du paradis, mais sont tout bonnement de braves et dignes
patriotes, étaient accusés par M. Persil d’une demi-douzaine de
crimes superbes. Il y avait de quoi choisir. Notre monarchie à bon
marché aime assez le luxe en fait de crimes, et M. Persil n’est pas
de ces procureurs du roi qui vous disent tout bêtement : « M. un
tel a commis tel crime, et voilà. » Qu’est-ce en effet qu’un crime
unique! cela n’entraîne qu’une peine unique! c’est de la misère! cela
ne mérite pas qu’on en parle ! M. Persil a bien plus d’imagination.
M. Persil dit aux jurés : « Ces criminels que vous voyez-là , hommes
« fort estimables du reste, ont commis une demi-douzaine de scélé-
« ratesses. Us ont fait ceci; que s’ils n’ont pas fait ceci, ils ont fait
« cela; que s’ils n’ont pas fait cela, ils ont fait telle autre chose; que
« s’ils n’ont pas fait telle autre chose, ils ont du moins fait quelque
« chose. Car, Messieurs, il est impossible qu’ils n’aient rien fait, et
« que vous décidiez que des criminels sont innocens. »

C’est qu’en effet, M. Persil bâtit ses réquisitoires comme on bâtit
une maison. Au rez-de chaussée, la simple excitation à la haine et au
mépris du gouvernement; dans les combles, la provocation au ren-
versement de l’ordre de choses ; et même en guise de toit, la provo-
cation suivie d’effets. L’intervalle de la cave aux mansardes est rempli,
d’ordinaire, par l’outrage à la morale publique, l’outrage à la garde
nationale, l’outrage à la troupe de ligne, l’outrage à MM. les gardes
champêtres, l’outrage à une classe de citoyens, l’outrage à la per-
sonne du Roi ; que sais-je? par une foule de ces crimes que vous pou-
vez facilement vous permettre sans cesser d’être un homme honnête.

Par malheur, l’exécution ne répond pas toujours au plan. M. Per-
sil se sert de mauvais matériaux pour bâtir ses réquisitoires.

Les extraits de journaux , les paragraphes, les phrases, les demi-
phrases, et les mots mêmes qu’il y prend çà et là, et qu’il empile à sa
façon, en guise de pierres de taille et de moëllons , n’ont aucune
liaison commune ; et son éloquence, c’est-à-dire son mortier , est de
pire qualité. Aussi, quelque habileté qu’il mette à disposer le tout,
de manière à séduire l’œil des jurés, tout croule d’habitude au
moindre choc de la défense. C’est la quatrième fois, pour sa part,
qu’on l’enterre sous les ruines d’accusations dont l’échafaudage lui
avait coûté d’énormes frais d’imagination. Il finira, tôt ou tard,
par y rester enfoui à tout jamais. Ainsi soit-il!

C’est qu’au fait, ce que M. Persil a de mieux, comme logicien ,
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