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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1832 (Nr. 62-112)

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Numéro 97 (13 Septembre 1832)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26416#0212

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• Numéro 97.-

Tout ce qui concerne la re'daction doit être adresse', franco,
à M. Louis Desnoyers {Davilie), Rédacteur en chef,
au Bureau de la Caricature, galerie Ve'ro-Dodat.


AASTIG A T fiIDËPiDO MORES.

.1 5 SEPTEMBRE 1 8

Les réclamations, abonnemens et envois d’argent doivent
être adressés, franco, au Bureau de la Caricature,
galerie Véro-Dodat, au-dessus du grand Magasin de
Lithographies d’Audliit.

MORALE, RELIGIEUSE, LITTERAIRE ET SCENIQUE.

^sggSSaaa^amE

SALMIGONDIS JUDICIAIRES.

( Proverbe que j’ai fait pour que vous le lisiez, quoiqu’il soit Un peu long, ce dont je vous

demande bien pardon.)

Il paraît qu’il y a confusion , désordre , anarchie dans les prisons,
ainsi que dans les greffas , si innombrables y sont les détenus et
les pièces de procédure. Tout cela, hommes et dossiers , est empilé
pêle-mêle , comme les livres dépareillés des bouquinistes. Cela donne
une idée exacte de ce que devait être l’univers, la veille du premier
jour de la création.

Or, de cet imbroglio de crimes et. de criminels , il résulte , pour
les juges d’instruction , les quiproquos les plus désolons ! C’est à ne plus
s'y reconnaître. Voici quelques-unes de ces scènes , que nous repro-
duisons sans aucune intention satirique, mais uniquement comme
tableaux de mœurs , et. pour préparer quelques matériaux au premier
Molière qui pourra surgir dans la suite des siècles. Ainsi soit-il !

SCÈNE PREMIÈRE.

( Le cabinet du juge d’instruction. Trois nulle six cent cinquante-trois
dossiers sont parsemés sur le plancher , ou empilés de manière
à former des montagnes de crimes. C’est un coup-dœil superbe,
sans compter les pièces de conviction , telles que sabres, pistolets ,
chapeaux , beitons , souliers , sabots , pommes cuites , chaudrons ,
lèchefrites, casseroles, journaux et portraits de Sa Majesté.)

Le Juge, se frottant les mains. — Allons, allons, je vois avec
plaisir que le crime donne toujours bien ! La justice est plus occupée
que jamais , et c’est bon signe; la justice est le premier besoin des
peuples! Mais véritablement, à voir celte énorme quantité de procès-
verbaux, on serait tenté de croire que plus on en expédie, plus il en
reste. 11 n’y a qu’une chose qui m’embarrasse, c’est le peu d’ordre qui
existe dans le classement, par rang de taille, de toutes ces scélératesses.
Avec, ça que, trop souvent, plusieurs dossiers d’affaires, toutes diffé-
rentes , se trouvent réunis par erreur, et que telle pièce de l’un est
intercalée, par hasard, parmi les pièces de l’autre. C’est le diable
ensuite pour débrouiller tout ça ! Ajoutez que les noms et prénoms
des scélérats sont écrits, la plupart du temps, d’une manière illisible.
Enfin, c’est égal ! A la garde de Dieu ! (Au gendarme de service,
aptes avoir épelé l’étiquette d’un dossier. ) Faites venir Jean... oui ,
c’est bien Jean... Jean Balaru... ou Balara... ouBalura... ou Bulara...
enfin, quelque chose d’approchant.

( Le gendarme sort, descend dans les catacombes de la prison , en

parcourt tous les souterrains, fait la valeur de deux lieues et demie;

et, après trois heures cl'absence , revient suivi d’un criminel. )

Le Gendarme. — Voici, mon magistrat. C’est ce que j’ai trouvé de
plus ressemblant. Le scélérat prétend qu’il se nomme bien Jean , mais
qu’il ne s’appelle ni Balaru , ni Balara , ni Balura, ni Bulara ; mais
ça ne prouve rien. Les scélérats , ça nie toujours. Le fait est qu’il
avoue qu’il se nomme Patouillard. Or donc, Palouillard et Balara, ça
se ressemble comme deux gouttes d’eau. Ça doit être lui. Et voilà!

Le Juge. — Oui, oui. Au surplus, nous allons bien voir. (Au cri-
minel) Jean Balaru.... ou Balara.... ou Balura.... ou Bulara.... ou
enfin Patouillard, ce qui revient au même, vous êtes accusé d’avoir
tenté de renverser.

Le Criminel l'interrompant. —C’est vrai, mon juge.

Le Juge. — Il en convient!... Et pourquoi, jeune séditieux, avez-
vous tenté de le renverser?

Le Criminel. — Parce qu’il m’avait donné t-un coup de pied.

Le Juge. — Comment, comment! un coup de pied !

Le Criminel. —Oui, mon juge. Ecoutez, j’ vas vous raconter
l’histoire. Or donc, faut vous figurer que ce jour-là, il n’était pas très-
solide, je vous en réponds!...

Le Juge.—Très-solide, très-solide !... C’est possible, mais enfin
ce n’était pas une raison—

Le Criminel.—• Fais-z’excuse, mon juge; à preuve que c’est lui
qui m’a provoqué.

Le Juge. — C’est encore possible...; mais ce n’était pas non plus
une raison....

Le Criminel. — Fais-z’excuse, mon juge. Il n’est pas défendu de
se revenger, peut-être! Or donc, je passais-t’à côté de lui sans son-
ger-z-à rien du tout, et vlan! voilà-t-il pas qu’il me lâche un grand
coup de pied dans l'épine des reins!... Ma foi alors....

Le J uge. — Dans 1 épine des reins?...

Le Criminel. —Oui, mon juge. Je veux que la crique me croque
si c’est pas vrai! A preuve que je puis vous en montrer la place, qui
est encore toute noire.... Vous allez voir.... ça sera bientôt fait, sauf
vot’ respect... (/et le criminel se tourne et se dispose à montrer au
juge l’épine de ses reins.)

Le Juge. — Non , non, c’est inutile!

Le Criminel. —Comme il vous plaira, mon juge. Pour lors, ma
foi, la moutarde me monte au nez! Je le prends l’au collet, et vlan,
je le renverse d’un tour de main ! Comme ça, voyez-vous... (//prend
le juçe au collet )

Le Juge, se débattant. — Mais que diable, laissez donc!

Le Criminel. —Ne faite» pas attention, mon juge, c’était pour vous
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