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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1832 (Nr. 62-112)

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Numéro 75 (5 Avril 1832)
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597

LA CARICATURE.

598

JJiandje*.

IV0! 151 ET 152. —

SUITE ET FIN DE LA MARCHE DE GROS , GRAS ET BÊTE.

Le premier groupe se compose d’une Justice borgne et sourde, dont
la balance penche prodigieusement. A l’air faux et commun de la
déesse, on croirait reconnaître M. Bartlie. Une vieille Folie, un jaco-
bin dans l'enfance, paraît souffler dans l’oreille de Thémis quelques
balivernes, que la sotte prend pour mots d’Evangile.

A coté, deux Procureurs-Généraux s’évertuent à chasser le Jury de
i83o et les Journaux qu’il acquittait. Serait-ce une manière de dire
que le jury de i832 est vendu corps et âme au pouvoir? Je ne le
pense pas, car personne n’a le droit de le dire, et c’est le Code à la
main que Grandville dessine.

Voyez la pauvre Hérédité et l’Expiation. Elles portent le deuil en
attendant le retour des bons usages et des larmes périodiques.

Puis, toute joyeuse et guillerette, la Censure défendue par la loi,
mais protégée par le pouvoir. Elle a le nez de M. d’Argout et le re-
gard louche du garde-dcs-sccaux.

Ici, comme dit Grandville, l’assiette de dessert. C’est une pyramide
de friandises : tout est sucre, miel et gueulardises, dans ce gâteau de
ventrus. Les traitemens, plus chers que la vie, en sont la base, et
Dieu sait si cette base est large ! Les préfectures, les recettes, les di-
rections générales sont les petits accessoires , la poudre de caramel,
(jui bouche les interstices du gâteau. Il est garni de croix-d’honneur
et de rubans rouges, couleur qui rappelle agréablement les assommés,
les pourfendus, les lardés de Paris, de Lyon, de Grenoble, de Car-
cassonne , etc., etc., etc., etc. Au-dessus des croix-d’honneur, des
baïonnettes, des seringues, des télégraphes et des châteaux royaux,
surmontés de l’urne électorale, source de tout lé bonheur dont nous
jouissons en ce jour.

Une chose m’a étonné dans ce gâteau, ce sont des pelles qui m’ont
l’air passablement épigrammalique. Si Grandville et Forest avaient
voulu dire que ces maladroits finiront comme ils ont commencé?...
Us en sont bien capables !

Un Etat-Major traîne tout ça. On disait que l’Etat-Major n’était bon
à rien , Grandville a voulu prouver le contraire. La Tribune sait bien
à quoi sert un Etat-Major. Un jour M. Belmontet parla dans ce journal
deM. de Lobau, c’est dire qu’il s’en moqua et il fit bien. A sa place
j’en aurais fait tout autant, et je ne crois même n’avoir pas à me
reprocher d’en avoir jamais manqué l’occasion. Qu’arriva -1 - il ?
L’État-Major courut tout rouge chez M. Belmontet. M. Tourton
général.... — Pardon. Général, dites-vous?— Oui! — Bah! pas
possible ! — Si fait, général de la garde nationale. —- Ah ! à la bonne
heure! — Je disais donc, M. Tourton voulait pourfendre M. Belmon-
tet, M. Montalivet, le frère du ministre, voulait en faire une chair à
pâté. M. Belmontet (qui devait avoir bien peur!!! si j’en juge par
inoi-même) se battit le lendemain avec M. Jacqueminot.

— Et la Tribune? — Plaît-il! — Je dis, la Tribune? — La Tri-
bune attend encore les crânes qui devaient la manger.

Après l’État-Major et son gâteau, voici un Paillasse qui ressemble à
ce Chinois de député qui nous dit un jour que l’impôt était notre meil-
leur placement de fonds. Si Grandville a vu M. Rémusat, je croirais
volontiers que c’est lui qu’il a représenté.

La Paix qui va partir, emmènera la Banqueroute, grosse coquine
si laide à voir que nos amis l’ont montrée par derrière. Le dieu de
tous les gouvernemens corrompus, l’Agiot lui donne la main.

Cette marche triomphale est close par les Chouans, les Brigands
papalins et les Indulgences patibulaires du cardinal Albani.

Voilà comment Grandville dénoue la farce politique qui se joue
sous nos yeux ; farce qui ne saurait finir que par des larmes et du
sang, et devant laquelle cependant nous rions comme des fous.

Ch. Pii.

Ucmrét#.

C’est avec un poignant regret que les amis de la belle poésie voient
s’éloigner de la lice le vigoureux athlète qui avait su la dompter au
point d’en faire l’harmonieux instrument d’une polémique vivace d’ac-
tualité ; qui l'avait rendue docile jusqu’à la plus exacte périodicité.
La Némésis a paru pendant une année tout entière ; sa cinquante-
deuxième livraison est la dernière. M. Barthélemy, épuisé par les fati-
gues d’un travail aussi prodigieux, ne peut penser maintenant qu’a
rétablir par le repos et les soins une santé délâbrée. C’est encore ici
l’enveloppe humaine, mesquine et impuissante, qui comprime les
vastes élans d’une de ces âmes énergiques et expansives auxquelles une
seule existence ne suffit pas !.... Plus de Béranger! plus de Barthé-
lemy ! deuil pour la poésie patriotique !

Mais, revenons à l’auteur de la satire contemporaine, pour rece-
voir scs adieux, ses aveux et ses souhaits.

Un autre surgira ; déjà près de me taire
J’appelle de mes vœux un nouveau sagittaire,

Le champ de la satire est long à de'fricher.

Je remets mon carquois aux mains d’un autre archer,
Qu’un heureux successeur descende dans ma lice,

L’arc que j’ai dépose n’est pas celui d’Ulysse,

Tout jeune homme au doigt fort, qui sent sa puberté,
Comme moi peut le tendre au cri de liberté.

Il me faut maintenant, pour retremper ma vie,

Pour ressaisir la paix au poète ravie,

Il me faut ce doux bruit que fait sur les essieux
La roue , aux clous de fer, roulant sous d’autres cieux ;
Il me faut au printemps ce vent frais qui restaure
Et joue au grand chemin dans les plis de la store,

Et ces panoramas que l’agile prison
Déroule à chaque instant au changeant horison.

Oh ! quand j’aurai revu les collines aimées,

Les îles de parfum sur mon golfe semées,

Les bois harmonieux dont le feuillage amer
Imite avec sa voix l’orchestre de la mer;

Alors, si revient l’heure où tout homme se lève,

Où l’on fait de sa plume une pointe de glaive,

Si, pour venger encor les droits du peuple enfreins,

Il faut mettre sur pied un corps d’alexandrins,

Je prendrai de nouveau le casque et la cuirasse ;

Dans l’arène battue où j’imprimai ma trace ,

Je viendrai, comme Entelle, aux yeux des combattans
Roidir un bras connu qui combattit sept ans.

M
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