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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1832 (Nr. 62-112)

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Numéro 112 (27 Décembre 1832)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26416#0300

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893

LA CARICATURE.

89£»

une torche de poix résine, avant l’invention des autres modes d’éclai-
rage-, puis avoir figuré en qualité de flambeau sur le grand candé-
labre du temple de Jérusalem ; puis être devenu chandelle de cinq
à la livre, puis cierge pascal, puis maréchal de France, et m’être
porté moi-même, à la main , aux processions du jubilé. Comme vous
le voyez, j’ai toujours eu une existence fort brillante. Ma gloire,
toutefois, commence un peu à s’éteindre, et je ne serais point étonné
que je devinsse un jour simple bougie de cave. Et voilà. »

— « Quant à moi, s’écria M. Ma..., j’ai été l’os des os et la chau-
de la chair de tous les ministres de Tibère, de Néron, de Caracalla ,
dTIéliogabale, et même du cheval de Caligula. Et voilà. »

— « Moi, dit ensuite une grande demoiselle, je me souviens d’avoir
été ia chaste Suzanne et la fidèle Lucrèce. C’est étonnant comme j’ai
changé ! Et voilà. »

— « C’est comme moi, s’écria Fanfan -, j’ai été Achille, j’ai été Anni-
bal, j’ai été Alexandre, que sais je? une foule de héros. On ne s’en
douterait pas. Et voilà. »

— « Hé bien! ce n’est pas comme moi, s’écria M. Athalin. Je ne
crois pas avoir permuté du tout. Le fait est que je ne me rappelle pas
avoir jamais été rien. Et voilà. »

— M. Guizot prit la parole et dit : « J’ai toujours été fort inintelli-
gible dans mes doctrines. Je me rappelle avoir été le sphinx qui pro-
posait des énigmes aux passans; et c’est à moi que l’on doit l’inven-
tion de la charade et du logogryphe. J’ai été ensuite l’obscure sybille
de Cumes, puis le trépied du temple de Delphes, de dessous lequel
sortaient ces fameux oracles auxquels personne ne comprenait rien ;
c’est moi aussi qui dictai l’Apocalypse à saint Jean5 moi enfin qui ai
fait les cours d’histoire delà Sorbonne, et qui embrouille si bien
maintenant les affaires du roi-citoyen. Et voilà. »

Ainsi parla le chef de la doctrine, et comme aucun ne comprenait,
on allait le prier de répéter son histoire, lorsque M. de Mouton-civet
prit la parole, et tout juteux, tout bouffi, tout tuméfié d’orgueil et
de santé, beugla les mugissemens suivans : — « Messieurs, dit-il. j’ai
débuté dans l’existence par être le taureau de Pasiphaé, par suite
de quoi je fus mis à la broche et mangé par des marmitons ; je devins
marmiton alors, puis navet, puis concombre, puis citrouille, puis
marmite, chaudron, poêle et casserole ; puis rinçure de vaisselle,
puis je ne sais quoi, puis chou, au moyen de quoi, ayant été mangé
au 18e siècle par un prince de sang royal, je fis dès lors partie delà
famille , et suis devenu ensuite le marmiton en chef de la royauté
citoyenne. Et voilà. »

En prononçant ccs derniers mots, M. de Mouton-civet s'enfla
d’outre-cuidance comme un ballon gonflé de gaz. Les assistans eurent
peur qu’il ne fît explosion. Heureusement, il était fortement sanglé
dans son corset, et il ne creva point.

M. Roui raconta alors comme quoi il avait été futaille avant d’être
marchand de vin; M. de Kératry, comme quoi il s’était vu jadishomme
des bois ; M. Madrier de Monte-Haut, comme quoi il avait été asperge
de si haute venue, qu’on l’avait déposé au cabinet d’Histoire naturelle
qui fut incendié par Omar ; M. Jaubert, comme quoi il avait été au-
truche ; M. Ganncron, bécasse ; M. Viennet, perruche ; M. Barthe ,
girouette ; M. deSchonen, l’oursMartin; et M. deLam...,la mâchoire
dont se servit Samson. Ensuite de quoi, madame la baronne raconta
qu’elle se souvenait d’avoir été graine de chanvre, puis chanvre, puis
cravate de chanvre, puis nœud coulant, puis potence, puis enfin la
fameuse marquise de Beauvilliers, avant de naître baronne de l’espa-
gnolette.

M. d’Argout éternua alors les paroles suivantes : — « Mon histoire,
messieurs, est extrêmement simple, ou plutôt elle est double. Je suis
un être mixte, un composé du règne animal et du règne minéral.
Voici comment. Cette partie de mon être actuel que vous appelez
mon corps, mes bras et mes jambes, était carotte autrefois,légume très-
gracieux, et que les Egyptiens avaient fort en honneur. Pour me prou-
ver toute leur vénération, ils me ratissèrent, m’enterrèrent, et bâti-

rent sur moi cette superbe pyramide qui me sert actuellement de nez.
Atchoum ! Je végétai ainsi pendant plusieurs siècles ; il me revint
petit à petit des racines ; ces racines se transformèrent en bras et en
jambes, et alors un violent tremblement de terre ayant eu lieu, je fus
naturellement exhumé et remis de bout; ensuite de quoi, grâce à
l’excellent ciment des anciens, la dite pyramide me resta plaquée sur
la figure, comme vous voyez, où elle ne s’est que très-peu déformée ,
et où elle fait en ce moment les délices et l’admiration de tous les
connaisseurs. Atchoum! Et voilà, »

Enfin , M. Cassette s’exprima ainsi à son tour : — « Ma destinée ,
depuis la création, a été pleine des plus étranges vicissitudes. J’ai été
successivement dindon, moellon, truelle, sac de plâtre, équerre,
mortier, gâcheur et maçon. C’est en cette qualité que je pris part à la
bâtisse de la tour de Babel, des jardins suspendus de Babylone, de la
grande muraille de la Chine et delà Bastille de Paris. Je me distinguai

O O

aussi dans un autre genre. C’estanoi quifusNabuchodonosor, et que la
Providence changea en bête : il m’en est toujours resté quelque chose
depuis; comme aussi d’avoir été Judas et d’avoir trahi et vendu notre
Seigneur pour trente deniers; comme encore d’avoir été l’avare dont
parle Plaute, et l’harpagon qui servit de type à Molière; comme enfin
d’avoir été poire. Du reste, je n’ai pas besoin de vous dire ce que je
suis maintenant. Mais que deviendrai-je plus tard? que deviendrons-
nous tous tant que nous sommes? Qui sait? Nous rentrerons bientôt
peut-être dans le néant. J’en ai le secret pressentiment. Hâtons-nous
donc d’empiler des écus ; car, après le mortier,

Rien n’est beau que l’argent, l’argent seul est aimable.

Et voilà! »

fHiwdjesL

L. Deuv.

— Nos 252 ET 253.

M.

A l’approche du jour de l’an, nous croyons devoir vous rappeler la
maison que nous avons fondée il y a deux aus sous le titre de la Ca-
ricature, à l’enseigne du Bon Coing, aujourd’hui la source des dou-
ceurs, maison qui se charge de la confection et de l’envoi à domicile
de tous les joujoux politiques, drolatiques, épigrammatiques et dia-
boliques , de tous présens symboliques et généralement de tout ce
qui concerne la partie fantastique du commerce des beaux-arts.

Sous ce pli vous trouverez quelques échantillons de nos produits ;
ce sont les croquis des étrennes offertes à certains hauts et puissans
personnages de la cour à bon marché.

Le premier groupe se compose d’une belle boîte à nez, c'est une
espèce de chancellière portative ; d’un théâtre français, réduit aux
proportions les plus petites possible ; il s’ouvre et se ferme à volonté ;
les marionnettes marchent à la baguette : nous osons dire que c’est
ce qui s’est fait de mieux en ce genre. Il se compose encore d’un vio-
lon de deux sous, d’un petit flageolet, et de plusieurs autres attributs
qui peignent un amour éclairé des beaux-arts ; une belle paire de ci-
seaux à censurer; une vie de Rembrand, pour mettre à l’abri des
âneries qu’on peut commettre en parlant de ce peintre célèbre. Les
cendres du drapeau tricolore et le tombeau des arts vous disent assez
que ce présent est celui des artistes au ministre du commerce.

Lin mouton, un boule-dogue et un crapeau, animaux d’une ressem-
blance flatteuse, vous disent, aussi bien que le clyssoir, à qui l’autre
est adressé : c’est à M. Mouton de Gobeau.

C’est toujours avec un nouveau plaisir que M. Chose reçoit le té-
moignage d’affection que lui donne gratis, par notre intermédiaire, la
classe prolétaire. Si les présens ne sont pas riches, ils sont du moins
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