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Denon, Dominique Vivant
Voyage dans la basse et la haute Égypte, pendant les campagnes du général Bonaparte (Band 1) — London, 1802

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https://doi.org/10.11588/diglit.3786#0075

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îouk, ci-devant seigneur et maître du village, se trouvoit en un moment
meublée, à la mode du pays, en nattes, tapis, et coussins ; un nombre de
serviteurs apportoit d'abord de l'eau fraîche parfumée, des pipes et du café ;
une demi-heure après, un tapis étoit étendu; tout autour on formoit un
bourlet de trois ou quatre espèces de pain et de gâteaux, dont tout le centre
étoit couvert de petits plats de fruits, de confitures, et de laitage, la plupart
assez bons, sur-tout très parfumés. On sembloit ne faire que goûter de
tout cela ; effectivement en quelques minutes ce repas étoit fini : mais deux
heures après le même tapis étoit couvert de nouveau d'autres pains et
d'immenses plats de riz au bouillon gras et au lait, de demi-moutons mal
rôtis, de grands quartiers de veaux, des têtes bouillies de tous ces animaux,
et de soixante autres plats tous entassés les uns sur les autres : c'étaient des
ragoûts aromatisés, herbes, gelées, confitures, et miel non préparé. Point
de sièges, point d'assiettes, point de cuillers ni de fourchettes, point de
gobelets ni de serviettes ; à genoux sur ses talons, on prend le riz avec les
doigts, on arrache la viande avec ses ongles, on trempe le pain dans les
ragoûts, et on s'en essuie les mains et les lèvres ; on boit de l'eau au pot :
celui qui fait les honneurs boit toujours le premier; il goûte de mêmeie
premier de tous les plats, moins pour vous prouver que vous ne devez pas
le soupçonner que pour vous faire voir combien il est occupé de votre
sûreté, et le cas qu'il fait de votre personne. On ne vous présente une
serviette qu'après le dîner, lorsqu'on apporte à laver les mains; ensuite
l'eau de rose est versée sur toute la personne; puis la pipe et le café.

Lorsque nous avions mangé, les gens du second ordre du pays venoienfc
nous remplacer, et étoient eux-mêmes très rapidement relevés par d'autres :
par principe de religion un pauvre mendiant étoit admis, ensuite les ser-
viteurs, enfin tous ceux qui vouloient, jusqu'à ce que tout fût mangé. S'il
manque à ces repas de la commodité et cette élégance qui aiguillonne

L'appétit,
 
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