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ancienne peut-être que les pyramides de Memphis, existe cependant encore,
tant le climat de l'Egypte est favorable aux monuments ; ce qui seroit
dévoré par quelques uns de nos hivers résiste victorieusement ici au poids
destructeur d'une masse de siècles.
Aventure arrivée a l'Auteur.
Il est des heures malencontreuses où tous les mouvements que l'on fait
sont suivis d'un danger ou d'un accident. Comme je revenois de cette
tournée pour rentrer à Bénésouef, le général me charge d'aller porter un
ordre à la tête de la colonne : je me mets au galop ; un soldat qui marchoit
hors des rangs m'entend venir, se tourne à gauche comme je passois à sa
droite, et par ce mouvement me présente sa baïonnette que je n'ai plus le
temps d'éviter, et dont le coup me soulevé de ma selle, et le contre-coup
jette le soldat par terre : voilà un savant de moins, dit-il en tombant ; car
pour nos soldats en Egypte tout ce qui n'étoit point militaire étoit savant :
quelques piastres que j'avois dans la petite poche de la doublure de mon
habit m'avoient servi de bouclier; j'en fus quitte pour un habit déchiré.
Arrivé à la tête de la colonne, j'y trouve Paidc-de-camp Rapp : nous étions
bien montés, le pas de nos chevaux avoit devancé l'infanterie ; c'étoit à la
tombée du jour ; plus on approche du tropique et moins il y a de crépuscule,
le soleil plongeant perpendiculairement sous l'horizon, l'obscurité suit
immédiatement ses derniers rayons. Les Bédouins infestoient la campagne;
nous appercevons quelques points dans la plaine qui étoit immense ; Rapp
me dit, nous sommes mal ici, regagnons la colonne, ou franchissons l'espace,
et arrivons à Bénésouef. Je savois que le parti le plus hardi étoit celui que
préféroit
ancienne peut-être que les pyramides de Memphis, existe cependant encore,
tant le climat de l'Egypte est favorable aux monuments ; ce qui seroit
dévoré par quelques uns de nos hivers résiste victorieusement ici au poids
destructeur d'une masse de siècles.
Aventure arrivée a l'Auteur.
Il est des heures malencontreuses où tous les mouvements que l'on fait
sont suivis d'un danger ou d'un accident. Comme je revenois de cette
tournée pour rentrer à Bénésouef, le général me charge d'aller porter un
ordre à la tête de la colonne : je me mets au galop ; un soldat qui marchoit
hors des rangs m'entend venir, se tourne à gauche comme je passois à sa
droite, et par ce mouvement me présente sa baïonnette que je n'ai plus le
temps d'éviter, et dont le coup me soulevé de ma selle, et le contre-coup
jette le soldat par terre : voilà un savant de moins, dit-il en tombant ; car
pour nos soldats en Egypte tout ce qui n'étoit point militaire étoit savant :
quelques piastres que j'avois dans la petite poche de la doublure de mon
habit m'avoient servi de bouclier; j'en fus quitte pour un habit déchiré.
Arrivé à la tête de la colonne, j'y trouve Paidc-de-camp Rapp : nous étions
bien montés, le pas de nos chevaux avoit devancé l'infanterie ; c'étoit à la
tombée du jour ; plus on approche du tropique et moins il y a de crépuscule,
le soleil plongeant perpendiculairement sous l'horizon, l'obscurité suit
immédiatement ses derniers rayons. Les Bédouins infestoient la campagne;
nous appercevons quelques points dans la plaine qui étoit immense ; Rapp
me dit, nous sommes mal ici, regagnons la colonne, ou franchissons l'espace,
et arrivons à Bénésouef. Je savois que le parti le plus hardi étoit celui que
préféroit