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Denon, Dominique Vivant
Voyage dans la basse et la haute Égypte, pendant les campagnes du général Bonaparte (Band 1) — London, 1802

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https://doi.org/10.11588/diglit.3786#0093

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falloit que la fête eût lieu à l'instant : sur l'observation que l'on n'auroit
jamais assez de temps pour faire les préparatifs, le général lui dit que si ce
qui restoit de temps ne suffisoit pas pour ordonner la fête, il sufnroit pour
conduire le moufti aux fers. La fête fut proclamée dans un quart-d'heure ;
la ville fut illuminée, et les chants de piété furent unis à ceux de l'alégresse
et de la reconnoissance.

Après souper, nous fûmes invités à nous rendre dans le quartier
du premier magistrat civil, où nous trouvâmes dans la rue tout l'ap-
pareil d'une fête Turque : la rue étoit la salle d'assemblée, qui s'alongeoit
ou se raccourcissoit suivant le nombre des assistants ; une estrade cou-
verte de tapis fut occupée par les personnes distinguées ; des feux, joints
à une quantité de petites lampes et de grands cierges, formoient une

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bizarre illumination ; d'un côté, il y avoit une musique guerrière, com-
posée de petits hautbois courts et criards, de petites timbales, et de grands
tambours albanois ; de l'autre, étoient des violons, des chanteurs ; et
au milieu, des danseurs Grecs, des serviteurs chargés de confitures, de
café, de sirop, d'eau de rose, et de pipes : tout cela complétoit l'appareil
de la fête.

Dès que nous fûmes placés, la musique guerrière commença : une
espèce de coryphée jouoit deux phrases de musique que les autres répé-
toient en chœur à l'unisson ; mais, soit faute de mouvement dans l'air, soit
manie de le broder, la seconde mesure étoit déjà une cacophonie aussi
désagréable pour des oreilles bien organisées qu'enchanteresse pour celles
des Arabes. Ce que je remarquai, c'est que le coryphée reprenoit toujours
le même chant avec l'importance et l'enthousiasme d'un improvisateur
inspiré, et, quand ses nerfs sembloient ne pouvoir plus supporter l'exaltation
de l'expression qu'il vouloit y mettre, le chœur venoit à son secours, et
toujours avec la même dissonance ; les violons, plus supportables, jouoient

ensuite


 
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