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nos hardes et nos provisions étoient toutes mouillées : après un souper
difficile à obtenir, nous nous couchâmes comme nous pûmes vers les
deux heures du matin. Le lendemain, après nous être sèches, nous
nous rendîmes à Métubis en deux heures de marche, rencontrant au-
tant de villages que la veille.
Le général avoit un travail à faire avec les cheikhs des environs,
un éclaircissement à prendre, et une explication à avoir sur des fautes
passées : il fut résolu que nous ne nous mettrions en route que le len-
demain ; Métubis ofFroit d'ailleurs sous quelques rapports un aliment à
la curiosité : il est possible d'abord qu'elle ait été bâtie sur les ruines
de l'antique Métélis ; et, d'un autre côté, par la licence connue et
permise de ses mœurs, elle a succédé à Canope, et à la même répu-
tation. Nos recherches furent vaines quant aux antiquités ; tout ce
que nous y trouvâmes de granit étoit employé à moudre le grain, et
paroissoit y avoir été apporté d'autre part pour être consacré à cet usage :
on nous parloit de ruines au Sud-Est, à une lieue et demie ; il étoit
tard, notre intérêt se reporta sur l'autre curiosité ; nous demandâmes
en conséquence aux cheikhs de nous faire amener des aimés, qui sont
des espèces de bayaderes semblables à celles des Indes : le gouvernement
du pays, des revenus duquel elles faisoient peut-être partie, mettoit
quelque difficulté à leur permettre de venir ; souillées par les regards
des infidèles, elles pouvoient diminuer de réputation, perdre même leur
état : ceci peut donner la mesure de l'objection d'un Franc dans l'es-
prit d'un Musulman, puisque ce qu'il y a de plus dissolu chez eux
peut encore être profané par nos regards ; mais quelques vieux torts à
réparer, la présence d'un général, et sur-tout de deux cents soldats,
levèrent les obstacles ; elles arrivèrent, et ne nous laissèrent point apper-
cevoir qu'elles eussent partagé les considérations politiques et les scru-
M .pules
■
nos hardes et nos provisions étoient toutes mouillées : après un souper
difficile à obtenir, nous nous couchâmes comme nous pûmes vers les
deux heures du matin. Le lendemain, après nous être sèches, nous
nous rendîmes à Métubis en deux heures de marche, rencontrant au-
tant de villages que la veille.
Le général avoit un travail à faire avec les cheikhs des environs,
un éclaircissement à prendre, et une explication à avoir sur des fautes
passées : il fut résolu que nous ne nous mettrions en route que le len-
demain ; Métubis ofFroit d'ailleurs sous quelques rapports un aliment à
la curiosité : il est possible d'abord qu'elle ait été bâtie sur les ruines
de l'antique Métélis ; et, d'un autre côté, par la licence connue et
permise de ses mœurs, elle a succédé à Canope, et à la même répu-
tation. Nos recherches furent vaines quant aux antiquités ; tout ce
que nous y trouvâmes de granit étoit employé à moudre le grain, et
paroissoit y avoir été apporté d'autre part pour être consacré à cet usage :
on nous parloit de ruines au Sud-Est, à une lieue et demie ; il étoit
tard, notre intérêt se reporta sur l'autre curiosité ; nous demandâmes
en conséquence aux cheikhs de nous faire amener des aimés, qui sont
des espèces de bayaderes semblables à celles des Indes : le gouvernement
du pays, des revenus duquel elles faisoient peut-être partie, mettoit
quelque difficulté à leur permettre de venir ; souillées par les regards
des infidèles, elles pouvoient diminuer de réputation, perdre même leur
état : ceci peut donner la mesure de l'objection d'un Franc dans l'es-
prit d'un Musulman, puisque ce qu'il y a de plus dissolu chez eux
peut encore être profané par nos regards ; mais quelques vieux torts à
réparer, la présence d'un général, et sur-tout de deux cents soldats,
levèrent les obstacles ; elles arrivèrent, et ne nous laissèrent point apper-
cevoir qu'elles eussent partagé les considérations politiques et les scru-
M .pules
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