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Denon, Dominique Vivant
Voyage dans la basse et la haute Égypte, pendant les campagnes du général Bonaparte (Band 1) — London, 1802

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https://doi.org/10.11588/diglit.3786#0320

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grillée, achevèrent de composer un repas fort passable à qui eût en
appétit, mais il me manquoit absolument dans le désert, j'y vivois de
limonade, que je faisois le plus souvent sur mon chameau, mettant des
tranches de citron dans ma bouche avec du sucre, buvant de Peau
par-là-dessus. Nos Arabes connoissoient jusqu'aux moindres recoins qui
produisoient quelque pâture ; ils savoient à quel degré de croissance
dévoient être arrivées telles plantes à une lieue de l'endroit où nous
passions, ils envoyoient leurs chameaux s'en repaître : du reste ces
pauvres animaux mangent une seule fois dans le jour une petite ration
de fèves qu'ils ruminent le reste des vingt-quatre heures ou en marchant,
ou couchés sur un sable brûlant, sans montrer un instant d'impatience ;
l'amour seul leur donne quelques mouvements de violence, sur-tout aux
femelles, dans lesquelles les passions me parurent plus vives : j'ai remarqué
une chose extraordinaire, c'est que la fatigue irrite leur tempérament au
lieu de l'atténuer, je me suis cru obligé de faire un dessin des suites
de cette irritation pour lever les doutes que des formes étranges peuvent
donner sur quelques circonstances des amours des chameaux, et pour
prouver que le désir redresse en eux la direction rétrograde qui nous avoit
surpris d'abord dans la conformation du mâle.

Notre retour fut encore plus rapide ; débarrassés de l'artillerie et de
toute charge, nous marchions plus lestement, prenant encore sur les
haltes et sur notre sommeil : nous revînmes en deux journées et demie;
mais à la dernière demi-journée nous ne pouvions plus aller ; j'étois
exténué de fatigue et desséché ; ce ne fut qu'en mangeant des
pastèques et en me plongeant dans le Nil que je pus me désaltérer.
Après huit jours de séjour dans le silence du désert, les sens sont réveillés
par les moindres sensations ; je ne puis exprimer celle que j'éprouvai
lorsque, la nuit, couché sur le bord du Nil, j'entendis le vent frissonner
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