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https://doi.org/10.11588/diglit.3786#0338
31G
têtes en attitudes de cariatides. On a à regretter que ce monument par-
ticulier soit si dégradé, sur-tout dans son intérieur, et que ce qui reste de
la décoration de son extérieur soit aussi fruste : les sculptures qui décorent
les murailles extérieures, comme dans la partie du temple de Karnak que
j'ai soupçonné être un palais, représentent des figures de rois menaçant des
grouppes de captifs prosternés.
Toujours précédant la troupe et pressé par sa marche, je courus aux
deux colosses, dont je fis une vue avec l'effet du soleil levant à la même
heure où l'on avoit coutume de venir pour entendre parler celui deMemnon;
ensuite j'allai au palais isolé, appelé le Memnonium, dont je fis la vue*
Pendant que je m'oublîois à observer, on oublioit de m'avertir, et je
m'apperçus que le détachement étoit déjà à une demi-lieue en avant;
je me remis au galop pour le rejoindre. La troupe étoit fatiguée, et Ton
remettoit en question si l'expédition des tombeaux auroit lieu : je dévorois
en silence la rage dont j'étois animé ; et je crois que ce silence obtint plus
que ce que m'auroit dicté le mécontentement que j'éprouvois, car on se
mit enfin en route sans autre discussion. Nous traversâmes d'abord le
village de Kournou, l'ancienne Nécropolis : en approchant de ces demeures
souterraines, pour la troisième fois les incorrigibles habitants nous saluè-
rent encore de plusieurs coups de fusils. C'étoit le seul point de la Haute
Egypte qui refusât de reconnoître notre gouvernement ; forts de leurs de-
meures sépulcrales, comme des larves, ils n'en sortoient que pour effrayer
les humains; coupables de nombre d'autres crimes, ils cachoient leurs
remords, et fortifioient leur désobéissance de l'obscurité de ces excava-
tions, qui sont si nombreuses, qu'à elles seules elles attesteroient l'innom-
brable population de l'antique Thebes. C'étoit en traversant ces humbles
tombeaux que les rois étoient portés à deux lieues de leur palais, dans la
silencieuse vallée, qui alloit devenir leur paisible et dernière demeure :
cette vallée, au nord-ouest de Thebes, se rétrécit insensiblement ; flanquée
2 de
têtes en attitudes de cariatides. On a à regretter que ce monument par-
ticulier soit si dégradé, sur-tout dans son intérieur, et que ce qui reste de
la décoration de son extérieur soit aussi fruste : les sculptures qui décorent
les murailles extérieures, comme dans la partie du temple de Karnak que
j'ai soupçonné être un palais, représentent des figures de rois menaçant des
grouppes de captifs prosternés.
Toujours précédant la troupe et pressé par sa marche, je courus aux
deux colosses, dont je fis une vue avec l'effet du soleil levant à la même
heure où l'on avoit coutume de venir pour entendre parler celui deMemnon;
ensuite j'allai au palais isolé, appelé le Memnonium, dont je fis la vue*
Pendant que je m'oublîois à observer, on oublioit de m'avertir, et je
m'apperçus que le détachement étoit déjà à une demi-lieue en avant;
je me remis au galop pour le rejoindre. La troupe étoit fatiguée, et Ton
remettoit en question si l'expédition des tombeaux auroit lieu : je dévorois
en silence la rage dont j'étois animé ; et je crois que ce silence obtint plus
que ce que m'auroit dicté le mécontentement que j'éprouvois, car on se
mit enfin en route sans autre discussion. Nous traversâmes d'abord le
village de Kournou, l'ancienne Nécropolis : en approchant de ces demeures
souterraines, pour la troisième fois les incorrigibles habitants nous saluè-
rent encore de plusieurs coups de fusils. C'étoit le seul point de la Haute
Egypte qui refusât de reconnoître notre gouvernement ; forts de leurs de-
meures sépulcrales, comme des larves, ils n'en sortoient que pour effrayer
les humains; coupables de nombre d'autres crimes, ils cachoient leurs
remords, et fortifioient leur désobéissance de l'obscurité de ces excava-
tions, qui sont si nombreuses, qu'à elles seules elles attesteroient l'innom-
brable population de l'antique Thebes. C'étoit en traversant ces humbles
tombeaux que les rois étoient portés à deux lieues de leur palais, dans la
silencieuse vallée, qui alloit devenir leur paisible et dernière demeure :
cette vallée, au nord-ouest de Thebes, se rétrécit insensiblement ; flanquée
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